Rencontre avec Arnaud Rykner : jeudi 03 février 2011

Le Wagon

Arnaud Rykner viendra rencontrer les élèves du Comité de lecture des lycées Barthou et Saint-Cricq le jeudi 03 février, de 12h à14h au CDI du lycée Louis Barthou.

« Le Wagon » est son 6ème roman et figure dans la sélection du Prix des accros livres 2010-2011.

C’est l’histoire terrible et inconcevable d’un jeune homme de 22 ans qui raconte l’enfer vécu dans l’un des derniers convois de déportés, en juillet 1944.

Un témoignage intense, poignant et douloureux.

Arnaud Rykner publie par ailleurs des essais et des éditions critiques chez José Corti, au Seuil et Gallimard. Il est également metteur en scène et directeur du laboratoire Lettres, Langages et Arts de l’Université de Toulouse.

Arnaud Rykner sera ensuite l’invité de la Librairie du Parvis3, à 18h, pour une rencontre dédicace.

Sukkwan Island de David Vann : hystérie collective ?

Avec un titre aussi américain (qui n’est pas sans rappeler le Shutter Island de D. Lehane), le livre de David Vann ne pouvait que nous décevoir. Pourquoi ? Parce que cela fait longtemps que la littérature américaine se résume (et c’est dramatique) à P. Roth (qui attend patiemment son Nobel) et J. Irving. Evidemment, cela est absurde et faux, mais il est légitime de se demander ce que viennent faire dans la cour des grands (qui sont aujourd’hui proches de devenir des mythes) de nouveaux auteurs, alors que tout avant eux semble avoir été fait et (très) bien fait.

Eh bien David Vann nous prouve brillamment qu’il n’a rien à envier à ceux que l’on pourrait considérer (à tort) comme ses maîtres. Son livre (et c’est très rare) ne peut pas être lâché. Alors, bien sûr, son roman pâtit parfois du fait que l’auteur est encore un débutant, que c’est un premier roman, et qu’il ne maîtrise pas encore les artifices, ou plutôt les roueries qui, on le sait sans soi même les maîtriser, tranchent entre un bon roman et une merveille littéraire. Les descriptions, trop longues et souvent inutiles, alourdissent considérablement le cours du récit.

Reste quand même, plusieurs mois après la lecture, un indicible sentiment de rancœur, d’écoeurement presque, sans nul doute recherché avec succès par l’auteur, ainsi qu’une formidable réflexion sur l’éphémérité de la vie humaine, et plus encore celle d’un enfant. Inutile de dire, qu’avec autant de talent, on promet à David Vann un long et brillant avenir littéraire. Pour l’exemple, on peut remarquer le subtil changement de narrateur, vers le milieu du roman, dont un coup de feu est l’annonciateur.

L’histoire peut paraître simple, cet imbroglio de désamour père fils, de divorce mal digéré,  de décrépitude adolescente, d’hystérie familiale, qui finit (évidemment) par le drame qu’une quatrième de couverture oh combien maladroite nous avait trop tôt annoncé. Et pourtant rien n’est moins prévisible que ce que l’auteur, à l’esprit visiblement torturé par une enfance apocalyptique, a prévu pour nous. L’apparente sobriété de la forme – oui, et peut-être aussi du fond – cache en fait l’extrême complexité du thème abordé, mais surtout de sa portée. Ce livre est donc une merveille de ce dont la littérature a tant besoin, ce qu’elle réclame avec avidité et rapacité et que si peu d’auteur savent lui donner : le renouveau. La deuxième partie de l’œuvre est passionnante, menée d’une main de maître, à une vitesse folle, le lecteur est sans cesse plongé à la limite entre la vie et la mort, cette limite que la littérature aime tant décrire – avec plus ou moins de succès, précisons-le.

Si la figure paternelle est passionnante, celle du fils, qui est pourtant censée être la principale, laisse quelque peu à désirer : on attendait un peu plus de tragique, de ressentiment envers tout ce que sa famille peut (ou pas) lui apporter.

Mais le père, donc, est tout simplement ensorcelant. Rien ni personne ne peut le cerner, lui qui est déchiré entre l’amour de son fils, une farouche hostilité vis-à-vis du monde qui l’entoure et un égoïsme inqualifiable. Le lecteur se plaira à tenter de le comprendre, de l’analyser, alors même qu’il va de l’évidence que ce personnage est tout simplement incompréhensible, comme en témoignent ses pleurs nocturnes qui terrorisent son fils et que, le matin, le père semble avoir oublié. Tout ce que le père a d’amour, il le voue à son fils ; le reste n’est que déni d’appréhension, et de lui-même.

Comment réagit-il face au drame ? De manière on ne peut plus banale, en fait. Peut-être, surtout, que l’amour est affreusement banal, même chez un personnage que l’on sait hors du commun. Alors, on comprend ce qu’il a d’étrange, voire de malsain, chez ce personnage, qui s’oppose incessamment à ce qu’il avait montré quelques pages auparavant. Ce père au comportement imprévisible, glauque, à l’humour si noir qu’il en devient répugnant. On se souviendra notamment de : « Le gamin n’avait pas si bonne mine, t’es un sacré père et un vrai comique », ou encore : « J’ai un gamin en pleine croissance avec moi, un gamin costaud » alors que, rappelons-le, le gamin en question n’est plus de ce monde – pour utiliser un euphémisme qui choquera moins les âmes candides qui n’avaient pas, dès la troisième page, prévu le drame. Voilà comment réagit cet homme torturé face au drame le plus désastreux qui puisse arriver à un père.

Pourtant, au fil des pages, le lecteur comprend vite que, malgré les apparences, rien n’est écrit, et que, finalement, l’horizon romanesque est on ne peut plus ouvert, et c’est ce qu’il y a d’excitant avec un livre de cette ampleur. Au final, ce voyage n’aura fait qu’exacerber et mettre au grand jour les douleurs que chacun, dans la vie quotidienne, refoulait allègrement.

David Vann nous livre donc un premier ouvrage oppressant, à l’ambiance si bien décrite qu’elle en devient grisante, un livre qui prend aux tripes ; aucune fioriture, aucun mot de trop. Il est heureux qu’il n’ait pas tenu à cœur à l’auteur (et surtout à l’éditeur) que son ouvrage fasse plus de pages, car, ne nous voilons pas la face, cela est très souvent le cas, et l’éditeur (si la faute lui revient) est alors responsable d’un gâchis phénoménal. On est évidemment impatient de savoir ce que ce dernier a encore à nous offrir.

Sukkwan Island de David Vann, Gallmeister 2010.

Axel Maybon, classe de terminale 703, lycée Barthou de Pau, janvier 2011.

La Carte et le territoire de Michel Houellebecq ou la littérature de la révolte

La Carte et le territoire de Michel Houellebecq, Flammarion, 2010On n’ouvre pas le dernier Houellebecq inopinément. Sans raison. On en a forcément entendu parler, même avant l’attribution tant attendue du Goncourt. Alors, bien entendu, cela change considérablement notre manière d’aborder le livre. Et, même, le seul nom de « Houellebecq » sur la couverture déchaîne déjà les passions et les polémiques.

Mais cette fois, rien n’est à jeter. Ce livre est parfait, tout simplement. Encore une fois, la perfection en fera bondir certains, et j’entends les dents grincer. Qui peut écrire un livre parfait ? De nos jours, s’entend. Pas beaucoup d’écrivains, il est vrai. On apprécie toujours, par exemple, l’écriture sublime de Le Clezio, mais on est trop souvent déçu par le contenu – même si le Nobel le sacralise absolument. On est toujours emporté par l’histoire d’un polar, mais souvent mal servie par une mise en forme bâclée. Alors, qu’est-ce qui peut satisfaire ce lecteur, certes vorace, mais avide de perfection, de beauté inspirée ? Balayez vos a priori, qu’ils soient positifs ou négatifs, et entrez dans l’univers houllebecquien, magnifiquement tragique. On a entendu beaucoup de choses ces temps-ci sur un livre qui aura au moins eu le mérite d’avoir fait un peu parler de la littérature dans les médias nationaux. Des choses plus ou moins vraies, plus ou moins fondées. Des attaques gratuites, des élucubrations d’intellectuels séniles. Bref.

A la vérité, je n’avais pu m’empêcher, avant d’ouvrir La Carte et le Territoire, de relire un des chef- d’œuvre de Houellebecq, Les Particules Elémentaires (Flammarion). Bien sûr, il serait totalement vain de vouloir comparer les deux ouvrages qui ne traitent pas du même sujet et qui n’ont, en soi, rien en commun, et pourtant leurs pages sont habitées par le même appétit de vérité ultime, la même volonté de réponses définitives aux problèmes scientifiques de l’humanité, la soif de révolte.

Rien ne sert, non plus, de vouloir résumer La Carte et le Territoire car ce qu’il reste du livre, quelques semaines après l’avoir lu, est bien plus profond que la « simple » histoire de Jed Martin, cet artiste iconoclaste, qui ne connaît pas de maître. On peut cependant insister sur l’originalité de ses entreprises, sur son esprit tour à tour fin, désuet et candide. Mais la révolution romanesque n’est pas là. Il est incroyable de penser que Houellebecq dépoussière l’art du roman à chacune de ses publications, presque sans y toucher, il innove encore et toujours. Son image ne lui nuit pas, bien au contraire il la cultive, ce symbole de l’écrivain misanthrope, et il le prouve encore une fois dans ce livre. Mais peu importe. En effet, j’ai été frappé de voir, au cours des dernières semaines et même des derniers mois, au cours desquels nous avons tous eu la possibilité de voir Houellebecq quelque part, combien les journalistes l’interrogeaient pitoyablement, ne cessant de tenter de lui faire dire le mot de trop, lui qu’on sait si prompt à s’emporter et à exagérer ses pensées. Ce faisant, les journalistes montrent leur incompétence, leur inculture et leur dévouement, navrant à pleurer, au culte de la sacro-sainte audience.

Ainsi, avec les incessants et subtils retours en arrière qui lui tiennent tant à cœur – encore un point commun avec Les Particules – Houellebecq raconte les années décisives de la vie de Jed Martin. Mais ce roman ne ressemble à rien, ne copie personne – contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire –, ne cherche rien de particulier. Il se suffit à lui-même. Contrairement à d’habitude, Houellebecq semble ne rien vouloir démontrer – chercherait-il à plaire ? –, ne ponctuant plus son récit de sentences pseudo philosophiques qui alourdissaient considérablement son livre. A la différence des Particules, il est intéressant de noter que l’auteur s’attache peu à décrire l’enfance de son protagoniste, enfance qui joue pourtant un rôle prépondérant dans ses choix – le suicide maternel, notamment.

Houellebecq nous offre donc une œuvre audacieuse, empreinte à un courage inhérent non seulement à la personnalité de l’auteur, mais aussi et surtout aux thèmes précurseurs du livre – et de son œuvre en général. Un regard ironique, sarcastique balaye le monde actuel, jonglant habilement entre les références aussi multiples qu’inattendues – on retiendra notamment Bill Gates, Steve Jobs, Pernaut… – et une auto dérision qui, il y avait fort à parier là-dessus, a beaucoup fait parler d’elle. Il faut tout de même être d’une extrême sagesse intellectuelle pour réussir un portrait aussi tragique et destructeur de soi même. Faut-il être fou pour mettre en scène son propre assassinat ? J’ose à peine imaginer à quel point cela a dû être jouissif à écrire, et encore une fois peu d’auteurs auraient été capables de réussir aussi brillamment ce qu’il est légitime de considérer aujourd’hui comme un magistral tour de force.

La figure d’Olga paraît elle aussi d’une importance capitale. Sa beauté et son arrogance toute slaves font d’elle un personnage atypique donc intéressant. Il semblerait que Houellebecq ait eu besoin de dégager de ce fatras de personnages masculins tous plus débauchés et idiots les uns que les autres – bien que célèbres pour la plupart, ce qui, en soi, ne s’oppose pas – une personnalité féminine pour le moins irradiante, afin de donner à son roman une dimension sinon plus universelle du moins plus totale en ce qui concerne la fameuse peinture des travers du monde qu’il semble tant affectionner.

Si on peut détester le « houellebecquement correct », on ne peut rester insensible à la spontanéité et à l’indéniable vie qui anime ses personnages. En somme, du Houellebecq partout, mort ou vivant, mais toujours du Houellebecq. Comment interpréter cette omniprésence, qui vire à l’omnipotence, parfois franchement prétentieuse mais si délicieusement auto dérisoire ? D’aucuns y verront peut-être la marque d’un être vaniteux, horriblement imbu de sa personne, mais l’important n’est pas là. L’important est qu’il fallait oser et que Houellebecq l’a fait. Il est intéressant de remarquer que, dans un tout autre registre, et avec une plume et une verve oh combien (cette fois) moins efficaces, Amélie Nothomb met en scène dans son dernier roman, Une forme de vie (Albin Michel), un personnage astucieusement nommé « Amélie Nothomb » mais qu’elle maltraite un peu moins que Houellebecq ne le fait avec le sien dans La Carte et le Territoire.

On retiendra de ce livre un prophétisme inouï, une vision parfaitement neuve du monde ; tout y est, de l’évocation de William Morris, au dépeuplement urbain, en passant par la déchéance certaine du système capitaliste, radical paradoxe avec le comportement des personnages, leurs choix (comme en témoignent les premières œuvres de Jed Martin). Rien ne saurait mieux décrire l’état de malaise quasi végétatif dans lequel le monde se trouve actuellement et dont la population souffre indéniablement, et le lecteur saura apprécier à sa juste valeur la constante situation de mise en danger dans laquelle l’auteur prend le risque de se mettre en permanence, mais il se fourvoierait en pensant qu’il s’agit d’une quelconque provocation, ou volonté de contre-culture, car il n’en est rien : le lyrisme houellebecquien (car c’est de cela qu’il s’agit) est celui, on l’aura compris, de la révolte intelligente et raisonnée. Tout est, en fait, si divinateur et inspiré, qu’on en vient à confondre Houellebecq et son personnage, qui se rencontrent, se jugent sans doute, s’aiment et se détestent tout à la fois.

Pour ceux qui n’affectionnent pas vraiment le genre du polar, la troisième partie du roman pourra légitimement vous décevoir, mais il n’est pas anodin de penser que la victime n’est personne d’autre que Houellebecq lui-même, dans une très longue métaphore. Houellebecq dont la plume s’adapte à merveille au style du polar. Ainsi, l’Académie Goncourt, après avoir si longtemps ignoré le génie manifeste de Houellebecq (quand on sait que depuis 1998 il court après une récompense), semble ne plus vouloir se décrédibiliser un peu plus chaque année, en couronnant enfin (après l’échec de l’an dernier dont les cendres sont encore chaudes) un livre digne d’intérêt que la fanfare de la commercialisation à outrance n’a pas, pour une fois, gravement entachée.

Cependant, certaines questions restent en suspens : pourquoi tous les personnages, le moment venu, décident-ils de repartir vivre dans leur maison parentale ? Faut-il y voir un message ? Jed Martin est-il un artiste ou un observateur particulièrement efficace de notre société ?

Un roman total, intelligent, une méditation subtile (qui n’est pas entravée, comme l’auraient voulu certains, par les différentes polémiques qui se sont abattues sur le roman et son auteur, mais qui ne sont en fait que le témoin du génie) sur le bonheur d’une vie, sur sa valeur même. Mais rien ne sert d’intellectualiser un Houellebecq en phase de reconnaissance.

La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq, Flammarion, 2010.

Axel Maybon, décembre 2010, terminale 713 (Lycée Barthou)

Prix des accros livres : la sélection 2010-2011

Vous l’attendiez …

La voici …

La liste définitive des livres qui figureront, cette année, dans la sélection du Comité de lecture pour l’attribution du Prix des accros livres.

Plusieurs étapes ont marqué cette sélection : d’abord une première proposition de livres par Marianne Coutrix, attachée de communication à la librairie du Parvis3, notre partenaire dans ce projet ; puis ce sont les élèves, les professeurs, les deux documentalistes de Barthou et de Saint-Cricq et enfin les bibliothécaires de la Bibliothèque Intercommunale de Pau-Pyrénées, Marie-Claude Pilloix et Didier Courtade, qui ont enrichi, par leurs propositions, cette première liste. Les élèves ont ensuite exprimé, lors d’une première rencontre en octobre, leur préférence pour tel ou tel ouvrage et c’est, riche de toutes ces informations, que la liste définitive vient enfin d’être établie…

Sur les 35 livres en lice au départ, 12 titres ont finalement été choisis, six livres pour les élèves du lycée Barthou et six autres pour les élèves du lycée Saint-Cricq.

Lycée BARTHOU :

- Les Racines déchirées : Histoires de Petina Gappah .- Trad. du Zimbabwéen par Anouk Neuhoff .- Plon, 22/04/2010 [Feux croisés] .- 230p.
- La Carte & le territoire de Michel Houellebecq .- Flammarion, 03/09/2010 .- 428p.
- Les Assoiffées de Bernard Quiriny .- Seuil, 19/08/2010 .- 396p.
- Le Wagon de Arnaud Rykner .- Rouergue, 09/2010 [La brune]. 138p.
- Les Derniers jours de Stefan Zweig de Laurent Seksik.- Flammarion, 06/01/2010 .- 187p. Sortie en poche en février 2011
- Sukkwan Island de David Vann .- Trad. De l’Américain par Laura Derajinski .- Gallmeister, 2010 .- 191p.

Les Assoiffées de Bernard Quiriny, Seuil, 2010

Lycée SAINT CRICQ :

- Bifteck de Martin Provost .- Phébus, 19/08/2010 .- 124p.
- La Vie en sourdine de David Lodge .- Trad. Par M.etY. Couturier .- Rivages, 07/04/2010 .- 460p.
- La Fortune de Sila de Fabrice Humbert .- Le Passage, 19/08/2010 .- 316p. .-
- Ouragan de Laurent Gaudé .- Actes Sud, 18/08/2010 .- 188p.
- Le froid modifie la trajectoire des poissons de Pierre Szalowski .- Héloïse d’Ormesson, 26/08/2010 .- 221p.
- Le Cœur régulier de Olivier Adam .- L’Olivier, 18/10/2010 .- 231p.

Tous les livres ont été sélectionnés en fonction des critères suivants :

- Les livres de la rentrée littéraire.
- Le vote des membres du comité.
- La diversité des éditions et des collections.
- Un à deux livres traduits.
- Un équilibre entre le nombre de pages à lire pour Barthou (1604) et pour Saint-Cricq (1540).
- La variété des sujets abordés et des univers proposés.

Un grand merci à nos partenaires, la librairie du Parvis3 et la Bibliothèque Intercommunale de Pau-Pyrénées pour l’intérêt et le soutien portés à ce projet et à l’implication de chacun.

Bonnes lectures à tous et à très bientôt pour notre première rencontre littéraire …

Sandrine Riou et Dominique Gehanne, vos documentalistes de Barthou et de Saint-Cricq

Un choix particulièrement difficile !

Le quatrième Prix des accros livres 2009-2010 a été attribué à … Véronique Ovaldé pour son livre « Ce que je sais de Vera Candida« , aux éditions de L’Olivier, 2009.

Ce magnifique roman l’a emporté à 15 voix contre 11, pour « Dautres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère, P.O.l, 2009. Deux heures de débat ont été nécesaires pour les départager à l’issue desquelles nous étions encore nombreux à ne pas savoir pour lequel des deux voter…

Alors que le choix des deux ouvrages en lice l’an passé, «  Syngue Sabour : la pierre de patience  » de Atiq Rahimi et «  Mari et femme  » de Regis de Sà Moreira avait été beaucoup plus évident à déterminer, les deux romans primés respectivement par le lycée Barthou et par le lycée Saint-Cricq ont suscité, cette année, de très nombreuses interrogations. Car si l’un nous transporte dans un ailleurs où la dure réalité côtoie un monde exubérant, à l’allure d’un conte, l’autre nous plonge dans un univers qui nous est tellement proche que les vies déchirées qu’il raconte nous touchent au plus profond de nous-mêmes.

Deux récits incomparables, tant par leur univers que par leur style ou par l’effet qu’il produisent chez le lecteur. Alors pour coucher, noir sur blanc, le titre qui a remporté notre adhésion, chaque membre du comité à dû finalement se poser cette évidente mais fondamentale question : « Qu’attendons-nous véritablement d’un livre ? » …

Et c’est donc l’univers foisonnant de Véronique Ovaldé qui l’a emporté avec l’histoire de ces trois femmes en lutte pour échapper à leur inéluctable destinée.

« Ce que je sais de Vera Candida« , le nouveau Prix des accros livres 2009-2010, est le livre à lire de cette fin d’année…

Un grand merci à la Bibliothèque Intercommunale de Pau-Pyrénées qui nous a accueilli dans ses locaux pour cette dernière rencontre, merci à Marie-Claude Pilloix, Didier Courtade de la BIPP, Marianne Coutrix de la librairie du Parvis3, aux professeurs des deux lycées et bien entendu à tous les élèves, toujours fidèles aux rendez-vous !

Que les vacances à venir soient riches en lectures estivales !

Ce que je sais de Vera Candida, ou la jungle des sentiments

Que dire d’un roman qui se donne des airs de conte moderne ?

Tout commence sur ce continent imaginaire, où une température tropicale côtoie étrangement un urbanisme européen. Mais où est vraiment le début ? Ce début, c’est peut-être Rose, le début de toute une lignée de femmes dont le sort est lié à on ne sait quel destin funeste, sans doute dicté par une force qui nous échappe.

D’abord, c’est ce je qui intrigue, dans Ce que je sais de Vera Candida. Et ce je ne serait-il pas lui-même cette sombre puissance qui régit la vie de l’héroïne ? On s’attendrait à des explications, et ce ton insupportablement allusif ne nous fournit de réponse que dans la mesure où nous, lecteurs, nous acceptons d’entrer dans un monde truffé d’invraisemblances, ce qu’une écriture faussement moderne nous empêche maintes fois de faire, ne pouvant comprendre, sans doute, une poésie qui nous dépasse.

Cependant, il faut reconnaître que le manichéisme fait mouche et que les hommes, méchants, bêtes, foncièrement inutiles et la source de tous les problèmes, sont tout de même un maillon défectueux de la chaîne de la vie. Selon toute vraisemblance, on ne peut pas reprocher à l’auteur, sans doute pétrie de bonnes intentions, d’avoir écarté, volontairement ou non, toute trace de subtilité car le roman, fort de ses rebondissements qui frisent le burlesque sans jamais tomber dedans, est un bloc d’humanité et, admettons-le, un hommage à toutes ces femmes qui souffrent.

Mais Vera Candida, certes malmenée par le sort, certes animée par une force insondable, certes aussi naïve que sa génitrice, décide-t-elle vraiment de casser ce que le sort, dans une terrible régularité, a décidé d’infliger à sa famille, comme le prétend la quatrième de couverture ? Bien au contraire, Vera Candida se dérobe en quittant son lieu de naissance, elle n’assume pas ce qu’elle est, elle ne tente même pas d’honorer son nom et de se distinguer des autres en tentant de résister à ce qui fait la triste, mais jusque-là assumée, réputation de sa famille.

La mort de Violette, sa mère, n’a pas été un avertissement qui aurait pu se transformer en sublime métaphore de la vie et des choix qu’elle entraîne, payés par des conséquences que nul ne peut mesurer. Non, cette mort est encore plus sublime que cela. Cette mort est le centre du livre et sans cesse Vera Candida se rapporte à cette mère qu’elle n’a connue que lorsqu’elle était petite. Violette est, vraisemblablement, le personnage le plus vrai, le plus réaliste de ce roman. Les quelques pages qui lui sont consacrées sont les plus belles du livre, et il est dommage que l’on ne s’épanche pas plus sur son cas.

Non, ce ne sont pas des femmes sans cœur que ce roman tente, bon an, mal an, de décrire. Ces femmes sont le résultat à la fois d’une génétique qui leur est franchement défavorable et d’une éducation ratée. Dans un milieu malsain, une chape de plomb au-dessus de la tête, Vera Candida, sa mère et sa grand-mère, un vague sourire au bord des lèvres, alignées pour une dernière photo, avec derrière elles un manoir en ruine et une mobylette appuyée contre un mur lézardé.

Axel Maybon, première 611 du Lycée Barthou, juin 2010

Prix des accros livres : dernière ligne droite !

Le vote final du Prix des accros livres aura lieu le mardi 08 juin de 12h à 14h à la Bibliothèque Intercommunale du square Paul Lafond (à côté du lycée) au 3ème étage. La bibliothèque qui sera en travaux nous ouvrira ses portes exceptionnellement. Rendez-vous à 12h-12h10 devant l’entrée de la bibliothèque, en haut des marches.

Les élèves de Barthou peuvent s’inscrire pour les paniers repas jusqu’au vendredi 04 juin 10h, au CDI ou par mel.

Palmarès du vote de Barthou

Le vendredi  07 mai 2010, les membres du comité de lecture du lycée Barthou ont procédé au premier tour du vote du Prix des accros livres 2009-2010.

Après dépouillement des votes, le classement est le suivant :

1- D’autres vies que la mienne de Emmanuel Carrère obtient 7 voix en première position.

2– Les Jours, les mois, les années de Yan Lianke obtient 6 voix en première position.

3– L’Erreur est humaine de Woody Allen obtient 2 voix en première position.

4– Jan Karsky de Yannick Haenel obtient 4 voix en deuxième position (et 3 voix en troisième).

5- La Pluie avant qu’elle tombe de Jonathan Coe obtient 4 voix en deuxième position (et 2 voix en troisième).

6– Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye obtient 2 voix en deuxième position.

7– L’Identité obscure de Jacques Ancet obtient 2 voix en troisième position.

Il ne nous reste plus maintenant  qu’à découvrir le livre primé par les membres du comité du lycée Saint-Cricq, « Ce que je sais de Véra candida » de Véronique Ovaldé avant l’ultime étape du vote final qui désignera, enfin, le 4ème Prix des accros livres !

A vos marques … Lisez !

Vote du 7 mai 2010

Après dépouillement du vote des participants du comité de lecture, le livre primé par le lycée Saint-Cricq est :

Ce que je sais de Véra Candida de Véronique Ovaldé.

Bulletins exprimés : 18 répartis comme suit :

Ce que je sais de Véra Candida de Véronique Ovaldé obtient 8 votes

Des Hommes de Laurent Mauvignier obtient 5 votes

Mon père est femme de ménage de Saphia Azzedine obtient 3 votes

L’homme qui ne savait pas dire non de Serge Joncour obtient 2 votes.

Prochaine rencontre du lycée Barthou : premier tour

La prochaine réunion du lycée barthou aura lieu le vendredi 07 mai 2010 de 12h à 13h, dans la grande salle de travail du CDI.

Les internes et les demi-pensionnaires ont jusqu’au mardi 04 mai pour réserver les plateaux repas.

Au programme de cette rencontre littéraire nous parlerons de « La Pluie avant qu’elle tombe » de Jonathan Coe et de « L’identité obscure » de Jacques Ancet avant de clore la séance par le premier tour du vote pour la sélection de Barthou.

L’ouvrage qui aura été plébiscité par les élèves de Saint-Cricq sera échangé avec le nôtre avant l’ultime vote qui désignera l’heureux élu du Prix des accros livres 2009-2010.

Rappel des 13 livres de la sélection (dont un en option pour le lycée Barthou) :

Lycée BARTHOU :

- Jan Karski / Yannick Haenel, Gallimard, 03/09/2009.- [L’Infini]

- La pluie avant qu’elle tombe / Jonathan Coe, Gallimard, 08/01/2009 [Du monde entier].- Jamila et Serge Chauvin, trad.

- L’Erreur est humaine / Woody Allen, J’ai lu, 16/2008.- [J’ai lu Nouvelles].- Richard, Nicolas, trad.

- Trois femmes puissantes / Marie Ndiaye, Gallimard, 08/2009 [Blanche].

- Les Jours, les mois, les années / Lianke, Yan, Edition Philippe Picquier, 16/02/2009. Guilbaud, Brigitte trad.

- D’autres vies que la mienne / Emmanuel Carrère, POL, 05/03/2009.

- L’Identité obscure / Jacques Ancet , Lettres vives, 01/2009. [Terre de poésie] (en option)

Lycée SAINT CRICQ :

- Une année étrangère / Brigitte Giraud, Stock,08/2009.

- Mon père est femme de ménage / Saphia Azzedine. Edition Léo Sheer, 08/2009.

- L’Homme qui ne savait pas dire non / Serge Joncourt, Flammarion, 08/2009.

- Ce que je sais de Vera Candida / Véronique Ovaldé, Editions de l’Olivier, 08/2009.

- Un Roman français / Frédéric Beigbeder, Grasset, 19/08/2009.

- Des hommes / Laurent Mauvignier, Editions de Minuit, 03/09/2009.

Une belle palette d’ouvrages pour enrichir agréablement vos vacances …

Bonnes lectures à tous !

A découvrir sur le blog : le commentaire d’Emmanuel Carrère concernant l’article d’Axel Maybon intitulé « D’autres vies que la mienne, ou l’espoir d’une vie meilleure ».