L’Histoire du Rap

En 1997-98 le mouvement hip-hop a bien évolué, le graph et la danse ont presque disparu, les compétitions aussi et les textes sont plus revendicatifs, construits et parlent de la vie quotidienne. On assiste à une véritable explosion de rap dans le monde.
En France, des labels se fondent, des crews se forment, on assiste à la naissance rap bizness qui fait des ravages aux Etats-Unis.
Les artistes de l’ancienne école reviennent avec un nouveau style comme IAM et NTM donnant au rap français sa propre identité. Fini le temps où on copiait les américains.
De nombreux nouveaux groupes apparaissent souvent par le biais de crews très puissants comme le Secteur Ä, le Côté Obscur ou Time Bomb : Arsenik, Hamed Daye, Fonky Family, 3ème œil, KDD, Oxmo Puccino, Lunatic, Expression Direkt, La Brigade.
La radio Skyrock devient LA radio rap en France et va énormément participer à la promotion des nouveaux groupes.
Le rap français se divise alors en deux : le rap commercial qui passe partout et génère beaucoup d’argent et le rap underground qui sera même boycotté et qui ne rapporte presque rien mais où les MC aiguisent leur style qui plaît à la masse.
Cette séparation souvent involontaire est symbolisée par Stomy Bugsy qui est passé du rap le plus hardcore au rap le plus commercial. Mais ce ne sont pas les artistes qui dérivent, non, ce sont les maisons de disques qui, attirées par le bon filon du rap, sortent les titres les plus commerciaux des albums et véhiculent une image fausse de l’artiste.
On assiste alors, malgré les ventes et la popularité, à une sorte de crise du rap. Les américains se tirent dessus et se déchirent au détriment de la qualité et de l’innovation tandis qu’en France le rap est kidnappé par les maisons de disque qui exploitent certains rappeurs pris dans l’engrenage du succès et de l’argent. C’est alors que les labels indépendants se forment et des groupes s’unissent contre cette médiatisation et ces maisons de disque qui tuent le rap.
En même temps de très bons albums sortent comme le 4ème de NTM qui fait l’effet d’une bombe, comme les albums d’Arsenik, Ideal J, Busta Flex, Zoxea … . Des compils comme « Sad hill » et « ma cité va crack-er » relancent le vrai rap et réunissent des rappeurs célèbres et des inconnus de toute la France. Les concerts dans de grandes salles se multiplient démontrant le talent des rappeurs pour la scène.
Le rap est maintenant ancré dans le paysage musical français et a forcé la porte de tous les foyers envers et contre tous, et des débuts de réticence se font sentir dans les hautes sphères. On assiste donc au boycott drastique du rap et à la censure, les concerts sont de plus en plus interdits et les rappeurs ont une mauvaise image. La mode est en train de passer et le rap peut se libérer.
En 1999, la nouvelle école lâche ses premières bombes épaulée par les anciens et par Skyrock (qui devient presque indispensable pour lancer un album).
On assiste au succès de Pit Baccardi, Freeman, La Brigade, 3ème œil, Bisso na Bisso, Saïan Supa Crew et bien sûr du 113 et de leur crew la Mafia k-1 fry. Le 113 réussit un exploit en étant littéralement adulé par les adeptes du rap et en même temps en remportant 2 Victoires de la musique.
Le rap renaît ici et Outre Atlantique où la guerre coast to coast (ayant entraîné la mort de 2Pac et de BIG) est terminée, l’avancée se poursuit vers le nouveau millénaire qui promet d’être riche en albums de qualité. Terminé le temps où on enregistrait dans des caves sur des vinyles de James Brown ; aujourd’hui, on enregistre en studio avec des productions musicales d’aussi bonne qualité que les textes. Certains anciens du rap ont même leurs propres studios et produisent des instrus déchirantes pour les autres comme Dr Dre, RZA, Akhenaton… . La communauté rap contrôle entièrement la sortie des disques du concept à la distribution. Le rap est le style musical le plus libre et indépendant.
En 2000, il devient facile de faire du bon rap, les portes sont ouvertes, les anciens ont créé des labels pour produire les nouveaux et le rap est la musique la plus appréciée chez tous les jeunes. Le rap commercial disparaît et les rappeurs sont de plus en plus indépendants. Le rap est populaire dans le monde entier et d’autres pays s’y mettent comme l’Angleterre, le Canada, l’Allemagne, la Belgique, le Suisse et les pays d’Afrique (notamment l’Algérie et le Sénégal).
Le nombre de rappeurs augmente d’autant plus que chaque membre de groupe sort en solo et se met de plus en plus à la production. photo Sniper
Etant donnée l’ampleur du phénomène, il devient impossible de citer les bons albums et tous les groupes mais une chose est sure : les productions sont d’une qualité exceptionnelle et la progression continue, chaque album est mieux que le précédent.
En 2002, la carte du rap français et américain est établie, il n’y a plus de nouveaux crews, les artistes du moment sont dans l’underground depuis longtemps et les quelques nouveaux sons intègrent les grands crews. Par contre, c’est au niveau du son que le rap évolue, les instrus deviennent plus électroniques et s’accélèrent. Les textes deviennent plus incisifs et portent moins de messages. La violence est plus présente et il semblerait que le rap français se dirige vers le gansta rap comme les américains il y a 10 ans tandis que ces derniers entrent dans une phase plutôt « star system » où les rappeurs génèrent des millions et prennent en peu la grosse tête et sombrent dans le décadence à l’image de nombreux clips.
Alors que le rap français paraît bien lancé, on commence à entendre parler de guerre et d’histoires de fric.
Skyrock qui était la seule radio à oser passer du rap à l’époque et qui a énormément aidé certains artistes commence à dériver en favorisant les artistes qui vendent. Heureusement, elle se rattrape la nuit en laissant libre antenne aux artistes.

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