Un projet de construction de barrage sur le Rhône en amont de Lyon, Rhônergia, a été lancé le vendredi 1er décembre. Des consultations publiques ont donc débuté et se termineront le 29 février. Ce type de construction pose question : faut-il continuer de construire des barrages hydrauliques ?
Premièrement, quel est le but de construire un barrage hydraulique sur le Rhône ? Les barrages hydrauliques ont plusieurs buts. Ils peuvent simplement barrer une rivière pour détourner le cours de l’eau ou pour créer un lac artificiel en retenant l’eau. Un barrage peut aussi servir à créer de l’électricité, par exemple, ou à ralentir le cours d’eau, ce qui permet d’y installer des activité touristiques fluviales ou à réguler le cours d’eau pour éviter les crues. Pour finir, l’eau retenue dans les barrages peut être utilisée pour l’irrigation. Concernant le projet Rhônergia, le barrage doit servir à générer de l’électricité. On estime que l’énergie produite permettrait d’alimenter 60 000 habitants en électricité (… hors chauffage et eau sanitaire, donc plutôt 10 000 habitants si l’on considère l’ensemble de leurs besoins).
Cependant, même si la liste ci-dessus peut sembler positive, les conséquences de la construction de barrages hydrauliques peuvent être importantes. Les barrages hydrauliques perturbent les écosystèmes, en empêchant par exemple aux poissons de passer un certain point de la rivière ou du fleuve. Les animaux et algues vivant au fond de l’eau sont aussi délogés par le changement du courant et l’installation des structures. Enfin l’installation des barrages nécessite la bétonisation des rives du cours d’eau.
Des collectivités locales dénoncent le projet Rhônergia. Selon eux, le barrage serait une catastrophe écologique. En effet, 25km de rives du Rhône (la dernière portion du fleuve dont les rives ne sont pas artificialisées) devraient être bétonnées pour permettre de réguler les crues. La modification du lit et du débit du fleuve aurait un impact négatif sur le paysage et la biodiversité locale. De plus, les chantiers occasionnés toucheraient apparemment des sites archéologiques, la vallée du Rhône abritant en effet des vestiges gallo-romains importants. Les fonds récoltés pour ce projet sont immenses. 330 millions d’euros seraient ainsi consacrés au chantier. Clément Pradier, coordinateur du collectif « Stop Barrage Rhônergia » et travaillant sur la transition environnementale et énergétique, affirme que le « projet de rendement énergétique [est] assez faible du point de vue du coût« , surtout que l’inflation risque de le faire encore monter, et considérant en plus que la durée de vie d’un barrage n’est que d’une petite centaine d’année.
Il n’est pas simple de se forger un avis sur la question : malgré l’impact négatif des barrages sur les écosystèmes, ceux-ci nous fournissent de l’électricité « propre », ce qui permet une décarbonisation de notre production d’énergie. Cependant, n’est-ce pas une solution à court terme s’ils détruisent par ailleurs la biodiversité ?
Antoine
