La compagnie La Machine

Carte mentale de la structure de la compagnie à Toulouse

=> Essayer de représenter en carte mentale la structure de la compagnie La Machine à travers ses fonctions.

D’un côté il y a le public, et de l’autre le politique : la recherche du rayonnement, du plus grand nombre, de l’attractivité. Nous avons par conséquent plusieurs échelles dans ce dispositif culturel : l’échelle du quartier, de l’immédiateté, l’échelle de la ville et du regroupement, l’échelle internationale et la compétition entre les ville et les pays. Mais au centre, les Véritables Machinistes qui font le spectacle au quotidien.

1/ Dans cette carte mentale il manque les Véritables Machinistes. Mais où va-t-on les disposer ?

2/ Comment s’opère la « magie du rêve » ?

La place du Véritable Machiniste dit VM

Montée des eaux

Cartographie de la montée des eaux, © https://coastal.climatecentral.org

Un centre d’étude américain, Climate Central, propose une lecture de la montée des eaux à l’horizon 2030 (jusqu’à 2100) en fonction de paramètres plus ou moins critiques sur tout le globe.

Au regard d’autres pays, la France n’est pas particulièrement touchée par la montée des eaux, en dehors de quelques territoires au nord et sur les côtes ouest. Par exemple, nous nous abstiendrons d’investir entre Calais et la Belgique, dans la région bordelaise, et autour de la Rochelle. Même le bassin de la Seine subira des inondations jusqu’au Val de Reuil. En revanche, en ce qui concerne une partie de l’Inde où des régions entières vont être submergées, les choses seront différentes, et beaucoup plus dramatiques.

=> https://coastal.climatecentral.org

Submersion au nord de l’Europe, © https://coastal.climatecentral.org

A partir de ces prospectives il est possible d’envisager des solutions, des scénarios, d’imaginer des architectures et des dispositifs architecturaux capables de s’adapter à ces nouvelles conditions géographiques.

Ainsi, il faudra à la fois penser au déplacement des populations, à l’accueil des vagues de migration climatique, et au relogement des populations inondées.

Enfin, pour les septiques, rendez-vous dans dix ans…

Gérer les coquilles

Tout est dans l’image…

Le travail d’écriture est un travail parfois fastidieux. Il faut sans cesse traquer les coquilles et les erreurs. Notons qu’il n’y a pas de fautes, qui elles relèvent du domaine du pêché, mais des erreurs qui peuvent être corrigées. Au-delà du style et de la poétique littéraire, il existe des techniques d’écriture et surtout des règles. Voyons ensemble deux d’entre-elles.

L’ouvrage le plus important s’intitule le Grevisse. Nous le devons à un grammairien belge, Maurice Grevisse (1895-1980) qui a consacré sa vie au bon usage de la grammaire française.

D’abord, voyons la place de la virgule. Huit pages sont consacrées à la place de la virgule. Nous ne faisons ici que pointer cette complexité assez logique.

La virgule fait partie de la ponctuation. Elle sert à aérer la lecture du texte et à séparer les propositions entre elles. « La virgule marque une pause de peu de durée à l’intérieur de la phrase » nous dit Grevisse. Et il ajoute plus loin que « la virgule s’emploie obligatoirement entre les termes coordonnées sans conjonction (mots, syntagmes, propositions) » . Mais la conjonction or vit autre chose de particulier. Précédée d’une ponctuation plus forte que la virgule, elle permet de renforcer à l’oral la marque du retournement évoqué.

On comprend que la virgule sert de support à l’oralité. Elle permet des respirations mais aussi des accentuations. Par exemple, devant et et ou, nous ne mettrons pas de virgule lorsque l’un ou l’autre sont positionnés dans le dernier terme d’une phrase. « Je pars à cheval, courir par les monts et les vaux, suivre ma route et prendre les sentiers détournés » (de moi).

Mais c’est aussi la virgule dans la subordination, la virgule est les termes libres, et en définitives, les principes où l’on ne met pas de virgules. « Entre le sujet et le prédicat, entre le verbe et ses compléments essentiels, entre la copule et l’attribut »…

Comme j’essaie de le souligner, l’emploi de la virgule est un art qui doit se comprendre dans l’oralité du texte. Pour bien maîtriser sa place, il faut lire dans sa tête ou à haute voix.

Deuxième point : la maîtrise du subjonctif. Comme le remarque Maurice Grevisse, ou peut-être son gendre André Goosse, « beaucoup d’écrivains vivants restent fidèles aux deux temps (imparfait et plus-que-parfait), qui sont comme une marque de la langue littéraire ». Une règle que j’utilise, sans qu’elle soit généralisable, est d’utiliser le présent avec le subjonctif présent, le passé avec le subjonctif passé, et le plus-que-parfait avec le subjonctif plus-que-parfait, et ainsi de suite. Parce qu’en fait, tout dépend de l’intention, de la durée des actions et de leurs antériorités mutuelles.

Cette dernière remarque appelle les réflexions de Pierre Bourdieu à propos de Ce que parler veut dire. La maîtrise de la langue, parlée comme orale, est un élément de pouvoir.

 

=> Bourdieu Pierre, Ce que parler veut dire, Paris : Fayard, 1982

=> Grevisse Maurice, Le bon usage, 16ème édition refondue par André Gosse, Louvain-la-Neuve : De Boeck, 2016

 

Attractions : préparez vos carnets de rêve

Haut de l’affiche officielle, © Compagnie La Machine, 2019

Le week-end du 25, 26 et 27 octobre aura lieu un événement culturel sur la piste des Géants à côté de la Halle de La Machine à Montaudran.

Cet événement est l’occasion de présenter l’espace sur lequel nous allons naviguer durant le workshop du 4 au 7 novembre prochain.

Pour ceux qui pourront venir, vous trouverez des attractions sur le thème des manèges, de la fête, du feu, et du rêve. Vous pourrez aussi vous entrainer à observer, prendre des notes, des photos, des croquis et discuter avec les gens. Une très bonne entrée en matière, tout en s’amusant.

Et si vous cherchez bien, vous me trouverez…

Extrait de l’affiche officielle, © Compagnie La Machine, 2019

Lectures, citations, organisation des citations

Emmanuel Lepage, Voyage aux îles de la Désolation, Futuropolis, 2011

« Ce qui est étrange avec le voyage, c’est qu’on ne comprend qu’après – et encore pas toujours – ce qu’on est allé chercher » est-il écrit au début de la bande dessinée d’Emmanuel Lepage intitulée Voyage aux îles de la Désolation. Ce livre raconte la vie à bord du Marion Dufresne, ce navire chargé de correspondre avec les îles Kerguelen, notamment pour l’approvisionnement. Mais j’ai trouvé que cette citation pouvait correspondre à beaucoup d’entre les étudiants partis loin de chez eux… et aux autres aussi. Parce que la recherche est comme un voyage intérieur.

Et voilà justement l’exemple d’une citation issue d’un ouvrage qui pourrait être judicieusement incorporée au mémoire de Master.

Ce matin nous avons donc abordé la question de savoir à quoi vont servir les livres et les articles que chacun va lire (est en train de lire) ?

• Ils vont servir à emmagasiner un savoir, et une expertise venant d’ailleurs;

• Ils vont aider à comprendre une thématique parce que d’autres ont déjà réfléchi sur cette thématique;

• Ils vont former la matière grise qui va venir enrichir le mémoire;

• Les citations vont servir d’outil d’analyse sur le principe d’écriture suivant :

Comme le souligne Emmanuel Lepage, « ce qui est étrange avec le voyage, c’est qu’on ne comprend qu’après – et encore pas toujours – ce qu’on est allé chercher » (Lepage, 2011 : 7).

ou bien encore,

Nous sommes d’accord avec Emmanuel Lepage lorsqu’il écrit que « ce qui est étrange avec le voyage, c’est qu’on ne comprend qu’après – et encore pas toujours – ce qu’on est allé chercher » (Lepage, 2011 : 7).

ou bien,

Pouvons nous être d’accord avec Emmanuel Lepage lorsqu’il écrit que « ce qui est étrange avec le voyage, c’est qu’on ne comprend qu’après – et encore pas toujours – ce qu’on est allé chercher » (Lepage, 2011 : 7) ?

Voyez l’idée ?

 

L’espace public comme idéologie

Cette semaine, j’ai proposé une méthode pour déchiffrer un article, à partir des outils de surlignage disponibles sur certains logiciels. Sur papier, il suffit de s’armer de la panoplie des surligneurs Stabilo Boss ®. Je vais donner un autre exmple à partir d’une note de lecture rédigée autour de l’ouvrage de l’anthropologue espagnol, Manuel Delgado. Les couleurs ne sont là que pour renforcer la visibilité des citations.

=> Manuel DELGADO, L’espace public comme idéologie, trad.. Chloé Brendlé, Toulouse : Les réveilleurs de la nuit, CMDE, 2016

Quatre chapitres composent ce livre de 134 pages, initialement publié à Barcelone en 2011. Il s’agit du premier ouvrage traduit en français de cet anthropologue espagnol, représentant du courant actuel de l’anthropologie sociale. Nous connaissions son existence à travers un article publié en langue française articulé autour de l’histoire de l’anthropologie urbaine où les travaux français dirigés par Jacques Gutwirth et Colette Pétonnet étaient abondamment cités.

Seul, le premier chapitre aborde la question de l’espace public sous l’angle de la critique épistémologique. Les autres chapitres portent sur la ville et, dirons-nous, une politique anthropologique urbaine. Nous ne verrons ici que le premier chapitre.

Dans ce premier chapitre, l’auteur déconstruit la notion d’espace public en commençant par rechercher l’origine de son emploi à travers des textes importants des années 1960 à 1980. Peu d’auteurs y font référence, se référant davantage à espace collectif ou espace urbain. Erving Goffman aborde cette notion « d’espace des et pour des relations en public », mais le couple Lyn et John Lofland en donne une définition précise et claire : « par espace public, j’attends ces endroits d’une ville auxquels, la plupart du temps, tout le monde a accès légalement. J’entends par là les rues de la ville, ses parcs, ses lieux de commodité publics. J’entends aussi les bâtiments publics ou les « zones publiques » des bâtiments privés » (p. 28). Se superpose à cette notion, la sphère publique qui constitue le volet politique des rapports sociaux en public pour aboutir à deux sortes de définitions de l’espace public : « espace public comme ensemble de lieux en libre accès », et « l’espace public comme milieu où se développe une forme spécifique de lien social et de relation avec le pouvoir » (p. 29).

Cette notion comporte donc une forte connotation politique et des rapports au politique, dans ce que Delgado nomme une « sphère de coexistence pacifique » (p. 30). Il associe cette notion à celle de la société qu’il définit comme « l’association libre et égalitaire de sujets conscients de leur interdépendance, qui établissent entre eux des liens de reconnaissance mutuelle » (p. 31) qu’il associe à la notion de citoyen discutée dans le dernier chapitre. Au centre de se dispositif se trouve une idéologie pacificatrice, proche de la classe moyenne, qui absorbe les rapports de domination dans une approche de démocratie participative où chacun peut avoir accès au contrôle de son existence. « Ils ne considèrent pas l’exclu et l’abus comme des facteurs structurels, mais comme de simples accidents ou contingences d’un système de domination qu’ils pensent perfectible sur le plan éthique » (p. 32).

L’espace public devient un espace démocratique où le citoyen est acteur d’une médiation tendant à assouplir les rapports de domination ou même à les effacer. « Les stratégies de médiation hégéliennes servent en réalité, selon Marx, à camoufler toute relation d’exploitation, tout dispositif d’exclusion, ainsi que le rôle des gouvernements dans la dissimulation et le maintien de toutes sortes d’asymétries sociales » (p. 33), pour un but inavoué qui serait de « faire respecter les intérêts d’une classe dominante » (p. 34).

Ainsi posé, l’espace public serait la « matérialisation concrète de l’illusion citoyenne » par laquelle les classes dominantes cherchent à « obtenir l’approbation des classes dominées en se prévalant d’un instrument – le système politique – capable de convaincre les dominés de sa neutralité. Elle consiste également à produire le mirage de la réalisation de l’unité souhaitée entre la société et l’Etat » (p. 34). Les mécanismes de médiation ne sont là qu’au service de l’Etat pour asseoir sa domination. A ce propos, il n’est pas innocent de voir se profiler l’idée d’une classe moyenne et de vouloir y mettre le plus grand nombre. Cela renvoie aussi à l’idée développée par Pierre Bourdieu selon laquelle les dominés sont dominés par leur domination, le travail de domination étant beaucoup plus efficace lorsqu’il agit sans répression ou que la répression vient de la classe dominée. Dans la mise en place du mécanisme, la transformation des attributs de l’espace en espace idéologiquement pensé permet de passer de la notion d’appropriation à celle d’incivilité dans un rapport citoyen au « vivre ensemble ». Dans ce prolongement, « le conflit ne peut être perçu que comme un anomalie » (p. 39).

Delgado pose ensuite la question de l’anonymat comme outil permettant d’estomper les différences, et de faire croire à une moyennisation des sujets, dans ce qu’il appelle une « fraternité imaginaire universelle » (p. 41). Devenue anonyme, l’individualité du passant est gommée, « les différences de statut et de classe ont été bannies » (p. 41) dans ce que Delgado nomme un « effet d’optique démocratique ». Cette idéologie ne résiste pas à l’épreuve du réel. Dans l’espace public, certains sont stigmatisés, niés, et ont l’apparence d’un non-citoyen. L’espace public se transforme en arène, en une scène publique qui attribue un marquage social qui « accentue dans beaucoup de cas leur vulnérabilité » (p. 42).

Derrière cette notion, la théorie des sciences sociales joue un rôle important puisqu’elle formalise et diffuse la notion. De Durkheim à l’école de Chicago, l’auteur dresse un portait des différents courants des sciences sociales qui ont contribué à produire et diffuser cette idéologie. « Souvenons-nous, nous dit l’auteur, que “le public“ est dans une large mesure comme domaine voué à la dilution des grandes luttes de religion qui caractérisent le XVIIè siècle, c’est-à-dire comme milieu voué à la réconciliation et au consensus entre les secteurs sociaux aux identités et intérêts opposés » (p. 44).

Delgado utilise ensuite le concept de “foule“ et en fait une comparaison avec cet autre agrégat social qu’est le public. C’est parce que la foule est inquiétante, et qu’elle constitue un élément irresponsable – infantile – considéré comme la principale actrice des émeutes et des révolutions par la psychologie qui s’en empare au XIXe siècle, que celle-ci forgera, en opposition, la notion d’opinion publique, définie comme l’« opinion du public comme ensemble discipliné et responsable d’individualités, la catégorie de base pour la gestion étatique des foules » (p. 45). Le « grand projet bourgeois de pacification généralisée des relations sociales » est en marche avec l’appui des principaux porteurs des théories sociales en Europe comme Outre-Atlantique. On le voit, les efforts pour convertir les “acteurs“ en “citoyens“ responsables et pacifistes fleurissent dans nos villes et nos quartiers. Ainsi, les politiques sont-ils aidés dans leur démarche par les architectes et autres médiateurs, qui véhiculent une pédagogie de la citoyenneté et du civisme. Des actions dans l’espace public, sous forme de fêtes, ont pour visée la diffusion de valeurs communes à la classe dominante, cherchant à neutraliser et pacifier le reste de la communauté humaine. L’auteur nous donne comme exemple l’action de la ville de Barcelone qui souhaite « préserver l’espace public comme lieu de vivre ensemble et de civisme » (p. 48), mais qui n’est en fait qu’un paravent qui masque en réalité des mesures de tolérance zéro vis-à-vis des populations les plus pauvres, marginales et précaires.

Devant l’affichage de ces valeurs morales, le mécontentement et le refus d’un consensus, d’une partie de la population, passent pour de l’incivilité et un refus de se convertir à cet « idéalisme de l’espace public » (p. 49). La responsabilité n’est plus du côté de la société, mais de l’individu a-social.

© Noël Jouenne, février 2017 (déjà paru en octobre 2017)

Le cours de Clara

Les escaliers, UJM, © NJ 2019

La semaine dernière, Clara Sandrini a consacré une partie de la séance au cours sur le plan.

Nous retrouvons son PDF ici.

Ce cours s’adresse en priorité aux étudiants en retour de mobilité S97, mais également aux étudiants inscrits en S77 car l’anticipation leur permettra de prendre en compte différents éléments à venir.

Comment choisir un livre ?

L’équipe du séminaire aux pieds de l’université Jean Jaurès, Toulouse, © NJ 2019

Et voilà une première image de l’équipe du séminaire mercredi dernier lors de la « marche en ville ». Après cette balade, que peut-on se poser comme question ? Par exemple : que connaissons-nous de la ville ? De notre ville ou de la ville ? La ville vue comme une juxtaposition de quartiers, de morceaux de ville, mais qui font ville. Comment appréhender la ville dans ses aspects les plus retranchés, dans ses variations intimes ?

Il faut de l’expérience, du temps passé à observer, à regarder et à voir (ce qui n’est pas la même chose). Pour cela, on va s’équiper d’outils méthodologiques (on y viendra dans une quinzaine), et d’outils théoriques : le livre.

Une question qui peut paraître toute bête, mais qui, en fait, en dit long : comment choisir un livre ?

La dernière fois, j’ai parlé d’éditeur et l’on comprend assez rapidement que si un éditeur en vaut un autre, en revanche, son poids académique n’est pas le même. Mais cela peut paraître être une question secondaire au regard de l’auteur.

L’observation passe parfois par la photographie, jardin de Niel, Toulouse, © NJ 2019

Lorsque l’on ne connaît pas son sujet, et que l’on a une idée très approximative de ce que l’on cherche, le premier réflexe est d’aller à la bibliothèque pour chercher un livre en rapport avec son sujet. Evidemment, il ne faut pas s’attendre trouver l’ouvrage qui va répondre à toutes les questions, mais il faudra plutôt chercher par petites touches.

Il peut exister des cas où l’étudiant croule littéralement sous les informations. Par exemple, dans le domaine de la ville intelligente, smart city, il existe de très nombreuses publications qui font que l’on a du mal à savoir lesquelles lire en premier. Dans ce cas précis, on peut commencer par lire toutes les dernières publications, et remonter à la source. Mais dans les cas les plus fréquents, on commencera par reprendre l’histoire du sujet à travers les premiers livres sur le sujet. On classera donc les textes par ordre chronologique.

L’auteur appartient à un champ scientifique, à un courant scientifique, à une chapelle idéologique, à un courant politique et religieux, à une classe sociale. Il a par conséquent beaucoup de raisons de vouloir influencer par son savoir et ses écrits. La neutralité n’existe pas et c’est en lisant un texte d’un auteur que chacun va se faire un point de vue sur l’argumentation et sur, finalement, l’auteur. De proche en proche, et grâce à la bibliographie que l’on trouve en fin d’ouvrage, on va pouvoir se construire sa propre bibliographie. Mais c’est finalement parce que l’on a beaucoup lu que l’on peut cerner véritablement un sujet.

Voyez que la difficulté se transforme, et qu’à partir de la question de savoir comment choisir un livre, on arrive à celle du choix de l’auteur. Et cela dans chaque discipline. Or, la richesse de l’enseignement de l’architecture tient à la diversité des disciplines convoquées : architecture, bien sûr, mais aussi sciences sociales (sociologie, géographie, ethnologie, démographie), sciences humaines (philosophie, histoire), sciences appliquées (résistances des matériaux, mathématiques, écologie, science des sports), sans oublier les arts plastiques.

Les enseignants sont là pour guider l’étudiant dans ses choix, mais c’est à lui, en définitives, de faire ses propres choix, qui contribueront à construire sa personne.

La bibliographie : l’éternel retour

Sans titre, © NJ 2019

Chaque année c’est pareil, les étudiants ont du mal à comprendre le sens et les objectifs de la bibliographie. Donc, on y revient.

A quoi ça sert ?

La bibliographie permet d’évaluer vos capacités de lecture, d’apprécier vos lectures et les supports théoriques que vous avez utilisé dans votre mémoire. C’est pourquoi elle est importante, mais il ne faut ni tricher ni en ajouter. La bibliographie doit refléter votre pensée. Elle s’organise à partir de vos lectures qui ont un rapport plus ou moins évidant avec le sujet de votre mémoire. Mais comme ces lectures servent à alimenter votre réflexion, et que par analogie vous pouvez aller chercher des idées assez loin du sujet, plus vous en avez mieux c’est. Ça c’est un principe théorique.

Ensuite, vous devez trouver du sens à votre bibliographie, mais le lecteur aussi. Pour cette raison, il faut l’organiser de manière conventionnelle, et c’est là que ça devient drôle. D’abord parce que la plupart des revues ou des éditeurs ont leur propre critères de classement, d’autre part, parce que ces critères évoluent, notamment à cause ou grâce à l’Internet.

Classer votre bibliographie par ordre alphabétique des auteurs.

A,

B,

C

Le nom propre est indispensable si l’on veut savoir qui a écrit l’article ou le livre. Par exemple :

HERODOTE, 1964, Œuvres complètes, Paris : Gallimard, 1876 p.

HERODOTE : Nom de l’auteur en majuscule. Ici, il n’a pas de prénom, sinon on écrit soit la première lettre de son prénom, soit son prénom en entier. Cas particulier lorsque le prénom commence par la même lettre, pour le distinguer on écrit les deux premières lettres si il s’agit de consonnes, comme par exemple Patrick et Philippe. Sinon comment distinguer Patrick GABORIAU et Philippe GABORIAU ? Lorsqu’il s’agit d’un ouvrage collectif, on note les auteurs s’ils ne sont pas plus de quatre ou cinq, après ça devient long. Alors on note et alii pour signifier qu’il y en a d’autres.

1964 : L’année d’édition, parce qu’Hérodote ça date d’avant Jésus Christ. Mais là il s’agit d’une traduction, et d’une édition française. On pourrait ajouter le traducteur et la collection, mais ici on devrait pouvoir s’en sortir. Lorsque l’ouvrage est réédité, on notera quelque part l’année de la première édition, soit après l’année, soit après le titre.

Œuvres complètes : Le titre est en italiques, parce qu’il s’agit d’un ouvrage entier de l’auteur. S’il s’agissait d’un article, il serait écrit entre guillemets, et le titre de l’ouvrage serait porté plus loin. Le nom de la revue est en italiques.

Paris : Ville d’édition. Dans certains vieux livres, on ne trouve que la ville, d’éditeur était alors un imprimeur. Aujourd’hui, les villes ont leur importance car chaque éditeur est lié à une ville. Gallimard, Flammarion, L’Harmattan pour Paris, Actes Sud pour Arles, Agone et Parenthèses pour Marseille, etc. Pour les éditions universitaires c’est pareil, PUF pour Presses Universitaires de France à Paris, PUR pour Presses Universitaires de Rennes, PUL pour Presses Universitaires de Lyon, ou PUM Presses Universitaires du Mirail pour Toulouse, etc. Ça peut être aussi Londres, New-York, Berlin… pour les éditions étrangères.

Gallimard : C’est l’éditeur, qui donne une indication sur l’idéologie véhiculée. Je m’explique. On peut rapidement classer les éditeurs selon leur couleur ou leur tendance politique. Certains auteurs cherchent à augmenter leur capital symbolique (voir Bourdieu) et se retournent vers des éditeurs « prestigieux ». Mais c’est aussi une affaire de réseaux… Des maisons d’éditions il y en a des dizaines.

1876 p. : Ce n’est pas l’année d’édition mais le nombre de pages. Pourquoi indiquer le nombre de pages, pour faire sérieux. On peut s’en passer, sauf lorsqu’il s’agit d’un article, car il faut indiquer à quel endroit il se trouve dans une revue ou dans un livre collectif.

Voyons maintenant un article :

HASSOUN, Jean-Pierre (2005), « Dernières séances au palais Brongniart (1988 et 1998) Événement et contre-événement« , Ethnologie française, tome XXXV, Vol. 4, pp. 627-642

=> Munissez-vous de patience et commencez à rédiger votre bibliographie.

Aborder la ville à son rythme

La Garonne, la prairie des filtres, le Pont Neuf, quelles légendes adopter ? Toulouse, © NJ 2019

Découvrir une ville c’est s’y perdre disait l’autre, c’est s’y perdre en marchant.  Ce texte de Pascal Amphoux nous aidera à parcourir la ville à la recherche de traces, d’indices, de limites et de données qui font la ville, en l’abordant par la marche. Cette activité motrice retrouvée sera aussi l’occasion de se questionner sur les fonctions de la marche en ville, alors que l’accélération du temps social pousse les urbains à recourir à d’autres outils de la mobilité comme les « engins mobiles individuels ».

Dans ce texte, l’auteur propose de découvrir trois notions qui s’attachent à la mobilité : la motricité, la mouvance et l’émotion. Que reste-t-il de ces notions aujourd’hui, compte tenu des évolutions techniques de ces dernières années ?

La motricité, vers un retour à la marche ; longtemps ignorée par les études portant sur la mobilité, la marche à pied est aujourd’hui de retour, portée par un discours et des valeurs lui étant favorable. Peut-être pouvons-nous développer cette idée que l’on peut accoler aux mouvements écolos, aux injonctions pour retrouver un corps sain (marcher, bouger, manger moins, etc.).

La mouvance s’accorde avec l’espace social et socialisé. La marche devient par conséquent une pratique sociale qui tend à urbaniser la nature, surtout lorsque la marche s’effectue sur les pourtours des villes. On se reportera à l’article complémentaire de Philippe Sahuc sur les Chemins périurbains et des aménités qu’ils procurent, notamment dans les formes de sociabilité et les nouvelles pratiques face à l’environnement. Par exemple, la diminution de la tolérance vis-à-vis des pratiques anciennement « normales » dans la nature, comme la coupe d’une branche, ou la progression hors des sentiers battus, etc. qui se caractérise aujourd’hui par des rappels à l’ordre…

L’émotion est enfin le moteur de cette composante. L’étymologie elle même renvoie à la notion de mouvement (motio), et participe à sa manière au rêve. Pour reprendre l’anthropologue Pierre Sansot, « ce n’est pas moi qui rêve la ville, c’est la ville qui rêve en moi ». Là encore, on pourra rapprocher ce texte de celui de Sahuc et de la notion d’aménités. Par aménités, on entend les formes d’attrait du paysage, tout ce qui procure du bien être, de l’affabilité, du charme. Cette notion relève sans doute d’une subjectivité qu’il faut objectiver. Cependant, en termes de patrimoine, par exemple, nous avons des appuis solides. Le texte de Philippe Sahuc est en cela remarquable car il est à la fois concret, informatif et formatif.

Une lecture comparée restera enrichissante. Nous irons par conséquent en ville, à la recherche de traces, et, pourquoi pas, d’aménités.

=> Pascal Amphoux, (2004), « Marcher en ville », Annales de la recherche urbaine, 97, pp. 137-140

=> Philippe Sahuc, (2010), « Chemins périurbains: aménités vécues et enjeux réels », Natures Sciences Sociétés, 18, pp. 147-157

=> Pierre Sansot, (1971), Poétique de la ville, Paris, Klindsieck

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