Robert Desnos, « J’ai tant rêvé de toi », explication
mercredi, décembre 19th, 2012Robert Desnos, “J’ai tant rêve de toi”
“A la mystérieuse”, Corps et biens (1930)
Introduction
Critiquant la toute-puissance de la raison, les surréalistes se sont plongés avec élan dans l’exploration des rêves. La revue qu’ils publient à partir de 1924, La révolution surréaliste, laisse une large place aux récits de rêve. Robert Desnos, lui-même, avait acquis au sein du groupe la réputation d’une grande réceptivité aux états de demi-sommeil, ou de rêves hypnotiques et était considéré par ses amis comme une sorte de voyant ou de médium. André Breton n’hésita pas à écrire , dans le premier Manifeste du Surréalisme (1924): “Aujourd’hui Desnos parle surréaliste à volonté. La prodigieuse agilité qu’il met à suivre oralement sa pensée nous vaut autant qu’il nous plaît de discours splendides et qui se perdent, Desnos ayant mieux à faire qu’à les fixer. Il lit en lui à livre ouvert et ne fait rien pour retenir les feuillets qui s’envolent au vent de sa vie”. C’est au cours de années 1926 qu’il compose les poèmes dédiés “A la mystérieuse”, dont fait partie le texte “J’ai tant rêve de toi”.
De quelle manière Robert Desnos présente-il ici le rêve? Nous verrons qu’il retrouve ici une inspiration sans doute plus traditionnelle, puisqu’il reprend ici le lyrisme amoureux amorcé par Verlaine et développé par Eluard, mais que fort de son expérience explore également les dangers du rêve, même s’il affirme au final ne pouvoir s’en échapper, dans l’impossibilité même de renoncer à l’amour qui en justifie l’existence.