Musiques Contemporaines

 

« Dans notre monde de certitudes, seul l’art contemporain nous permet de douter. Ouf ! », Jean-Michel Ribes, homme de théâtre

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 COURS

I Présentation

Parler de musique contemporaine, c’est parler des musiques apparues après la seconde Guerre Mondiale et donc celles créées aussi aujourd’hui.

En 1945, le monde est en reconstruction ; matérielle, mais aussi psychologique. Dans ce contexte, de jeunes compositeurs veulent faire « table rase » du passé en recherchant des solutions radicales :

–      Ils rejettent toute trace de consonance* et élaborent leurs propres langages musicaux.

–    Les nouvelles technologies permettent une variété de timbres infinie et jamais entendue (sons de synthèse ou bruits enregistrés).

–    Le rythme acquiert une importance nouvelle et se complexifie grâce à l’emploi des percussions.

–      Les mathématiques ou la physique acoustique interviennent dans la composition.

–      Le hasard apparaît dans les œuvres qui deviennent de plus en plus indéterminées.

La musique n’est plus un divertissement qui exprime des émotions, mais une sculpture sonore qui invite à la réflexion par sa construction intellectuelle.

 

II Repères historiques et culturels

–       Shoah et Hiroshima en 1945.

–       Guerre froide de 1945 à 1991.

–       La jeunesse devient un groupe à part entière qui se construit une culture, des idéaux, des revendications : culture hippie, mai 68, musique rock (apparue en 1955)…

–       1969 : Neil Armstrong marche sur la lune.

–       11 septembre 2001.

–     Inventions du micro-ondes, de l’informatique, de la carte à puce, du mp3, d’internet…

–       En sciences : génétique moderne, mécanique quantique, résolution du dernier théorème de Fermat[1]

III Principaux compositeurs

En France :

–       Olivier Messiaen (1908-1992), compositeur, organiste improvisateur et passionné par les chants d’oiseaux.

–       Pierre Boulez (1925), chef d’orchestre spécialiste des compositeurs modernes et contemporains, musique instrumentale.

–          Pierre Henry (1927), musique concrète.

 

Autre :

–       John Cage (1912-1992), américain, expériences sonores autour du bruit.

–       György Ligeti (1923-2006), roumain/hongrois : a écrit dans tous les genres.

–       Karlheinz Stockhausen (1928-2007), allemand, musique électro-acoustique.

–       Krzizstof Penderecki (1933), polonais, musique atonale, puis plus consonante.

–       Steve Reich (1936), américain, musique répétitive.

ECOUTES :

Oeuvre de référence : Thrène  à la mémoire des victimes d’Hiroshima, Krzystof Penderecki (né en 1933)

Un thrène est une déploration antique chantée lors de funérailles. Aujourd’hui très rare dans la composition, on peut noter que le premier thrène décrit est celui pour Hector dans l’Illiade d’Omère.

Penderecki (prononcer Pènderétski) est un compositeur polonais menant également une carrière de chef d’orchestre. D’abord partisan d’une esthétique sérielle (dissonante et complexe), il simplifie son langage et lui apporte plus de douceur comme dans son Requiem polonais.[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=4l672HYgzow[/youtube]

Plusieurs films ont utilisés sa musique comme Wojciech Has (Le Manuscrit trouvé à Saragosse), William Friedkin (L’Exorciste), Stanley Kubrick (Shining), Andrzej Wajda (Katy?) ou plus récemment Martin Scorsese (Shutter Island).

 

Dans Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima, Penderecki rend hommage aux victimes des bombardements. La formation est un simple orchestre à cordes et l’intensité émotionnelle qu’elle suscite a rendu le jeune compositeur célèbre.

Le compositeur cherche l’ultra dissonance au début de l’oeuvre, il la rend presque insupportable à entendre. ce n’est qu’après que le calme se fait et qu’il va jouer sur tous les sons et bruits que peuvent émettre les cordes.

Sur la vidéo suivante, vous pourrez suivre la partition. Vous vous apercevrez qu’elle ne ressemble pas à un partition classique, elle est particulièrement graphique et beaucoup de liberté est laissée aux interprètes.

 

Oeuvre complémentaire n°1 : Clapping Music, Steve Reich (né en 1936)

Reich appartient au mouvement américain de la « musique répétitive » ou minimaliste selon les commentateurs.

Le principe de cette pièce est simple : deux percussionnistes frappent dans leurs mains une même cellule rythmique répétées. Ils sont en phase au début, mais régulièrement l’un des deux musiciens décale la cellule d’un demi temps. Les rythmes deviennent alors complètement différents à chaque décalage jusqu’à revenir en phase. Autrement dit, comment faire du très élaboré avec un matériau simple.

Pour l’illustrer, voici le compositeur (à droite) en duo avec le percussionniste, David Cossin :

 

La vidéo suivante utilise un procédé graphique très lisible pour comprendre la pièce :

 

On pourrait comparer cette musique à cette expérience de physique :

 

Plus insolite, Clapping music avec un numéro de jonglage :

 


[1] « Il n’existe pas de nombres entiers non nuls x, y, z tel que xn + yn = zn. » Démontré en 2004 par Andrew Wiles.