Lettre : G.Sand/C.Dion

En 1833, George Sand, pseudonyme d’Aurore Maupin, rencontre Alfred de Musset au cours d’un dîner. Ce sont deux écrivains. Ils tombent amoureux et vivent une liaison à Paris pendant plusieurs mois.  A l’occasion d’un séjour à Fontainebleau ,Musset est pris d’hallucinations dans la forêt,  aux Gorges de Franchart. En décembre, ils partent ensuite à Venise mais leur relation se dégrade : tour à tour malade, ils se trompent mutuellement. George Sand rédige une lettre où elle exprime son amour malgré la rupture..

Le début de cette très longue lettre a inspiré à Céline Dion une très belle chanson d’amour.

Le début de la lettre de George Sand à Alfred de Musset.

Non, mon enfant chéri, ces trois lettres ne sont pas le dernier serrement de main de l’amante qui te quitte, c’est l’embrassement du frère qui te reste. Ce sentiment-là est trop beau, trop pur et trop doux pour que j’éprouve jamais le besoin d’en finir avec lui. (…)Que mon souvenir n’empoisonne aucune des jouissances de ta vie, mais ne laisse pas ces jouissances détruire et mépriser mon souvenir. Sois heureux, sois aimé. Comment ne le serais-tu pas ? Mais garde-moi dans un petit coin secret de ton cœur et descends-y dans tes jours de tristesse pour y trouver une consolation ou un encouragement. Tu ne parles pas de ta santé. cependant tu me dis que l’air du printemps et l’odeur des lilas entre dans ta chambre par bouffées et fait bondir ton cœur d’amour et de jeunesse. Cela est un signe de santé et de force, le plus doux certainement que la nature nous a donné. Aime donc, mon Alfred, aime pour tout de bon. Aime une femme jeune, belle et qui n’ait pas encore aimé, pas encore souffert. Ménage-la, et ne la fais pas souffrir. Le cœur d’une femme est une chose si délicate quand ce n’est pas un glaçon ou une pierre ! Je crois qu’il n’y a guère de milieu et il n’y en a pas non plus dans ta manière d’aimer et d’estimer. C’est en vain que tu cherches à te retrancher derrière la méfiance, ou que tu crois te mettre à l’abri par la légèreté de l’enfance. Ton âme est faite pour aimer ardemment, ou pour se dessécher tout à fait. (…)

Adieu, mon joli petit ange, écris-moi, écris-moi toujours de ces bonnes lettres qui ferment toutes les plaies que nous  nous sommes faites et qui changent en joies présentes nos douleurs passées; Je t’embrasse.

George Sand

La chanson de Céline Dion : Lettre de George Sand à Alfred de Musset.

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Venise, 12 mai 1834
Non, mon enfant chéri
Ces trois lettres ne sont pas
Le dernier serment de main de l’amant qui te quitte
C’est l’embrassement du frère qui te reste
Ce sentiment-là est trop beau, trop pur et trop doux
Pour que j’éprouve jamais le besoin d’en finir avec lui
Que mon souvenir n’empoisonne aucune des jouissances de ta vie
Mais ne laisse pas ces jouissances détruire et mépriser mon souvenir
Sois heureux, sois aimé, comment ne le serais-tu pas?
Mais garde-moi dans un petit coin secret de ton cœur
Et descends-y dans tes jours de tristesse
Pour y trouver une consolation ou un encouragement
Aime autant qu’on maltraite
Aime pour tout de bon
Aime une femme, jeune et belle
Et qui n’ait pas encore aimé

Ménage-la, et ne la fais pas souffrir
Le cœur d’une femme est une chose si délicate
Quand ce n’est pas un glaçon ou une pierre
Je crois qu’il n’y a guère de milieu
Et il n’y en pas non plus
Dans ta manière d’aimer

Ton âme est faite pour aimer ardemment
Ou pour se dessécher tout à fait
Tu l’as dit cent fois
Et tu as eu beau t’en dédire

Rien, rien n’a effacé cette sentence-là
Il n’y a au monde que l’amour
Qui soit quelque chose
Peut-être m’as-tu aimé avec haine
Pour aimer une autre avec abandon
Peut-être celle qui viendra
T’aimera-t-elle moins que moi
Et peut-être sera-t-elle plus heureuse
Et plus aimée

Peut-être ton dernier amour
Sera-t-il le plus romanesque et le plus jeune
Mais ton cœur, mais ton bon cœur, ne le tue pas, je t’en prie,
Qu’il se mette tout entier dans tous les amours de ta vie
Afin qu’un jour tu puisses regarder en arrière et dire comme moi
« J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois… mais j’ai aimé »

 

 Pour aller plus loin consulter le site du Ministère de la Culture sur George Sand.

 

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