Environnement : le cas inquiétant de l’eau en Australie

L’eau, ou “l’or bleu”, est la ressource la plus convoitée au monde. L’ONU estime que d’ici 2030, sa demande mondiale va augmenter de 50% et que 40% de la population souffrira de pénuries. L’Australie étant le pays le plus plat et le plus chaud de la planète, ce territoire connaît une sécheresse intense qui s’aggrave à cause du réchauffement climatique.

Avec un maximum de 49.9°C, ces cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Paradoxalement, l’Australie est également le quatrième plus grand consommateur d’eau au monde selon l’OCDE. Alors la ressource se raréfie et doit être préservée. Le gouvernement australien (droite libérale) a pris différentes mesures en réponse à ce problème. En 2007 est voté le Water Act, qui évalue la quantité d’eau disponible dans chaque État et la répartit entre les différents acteurs. Mais cela ne suffit pas, on décide alors de privatiser l’eau pour réduire sa consommation.

Cette idée provient d’un professeur d’économie de l’université d’Adélaïde, Mike Young. Il décide de mettre l’eau sur un marché afin qu’elle dépende d’un prix fixé par celui-ci. La ressource est cotée en bourse et donc sa valeur fluctue. Elle baisse lors de rares épisodes pluvieux, mais augmente de manière générale avec la sécheresse. Tout le monde peut ainsi acheter des litres d’eau, ce qui profite à de nombreux financiers ou investisseurs qui décident de spéculer. On estime que la valeur de l’eau a doublé en cinq ans mais bien sûr ce taux est plus important dans les régions les plus arides comme en Nouvelle Galles du Sud, où son prix a été multiplié par neuf en deux ans. Aujourd’hui en moyenne, sa valeur s’estime à 350 euros le mégalitre. Cette décision est largement soutenue par les ONG écologistes, qui espèrent que les prix élevés feront réduire le gaspillage.

Cependant, la privatisation est un désastre social. En réalité, la consommation d’eau n’a pas baissé car les fermiers et les entreprises utilisent la ressource par pure nécessité. La hausse des prix a simplement augmenté les inégalités sociales. L’Australie étant l’une des plus grandes puissances agricoles au monde, exporte 70% de sa production. De nombreux paysans n’ayant plus les moyens de payer l’eau se sont donc retrouvés ruinés, entraînant la baisse des cultures locales au profit de géants de l’agriculture industrielle. En conséquence, l’utilisation de pesticides et les prises d’eau trop importantes dans les nappes et fleuves provoquées par la spéculation ont entraîné la dégradation de la biodiversité. La privatisation est donc également un échec au plan écologique. Mais si cette politique perdure, c’est bien pour les avantages économiques dont bénéficient certains acteurs comme Waterfind, la première bourse de l’eau au monde placée dans le quartier des Affaires d’Adelaïde. Tom Rooney, PDG de Waterfind défend sa position de la manière suivante « N’est-ce pas bien de donner une valeur à l’eau ? En lui fixant un prix, on apprend à mieux la respecter ». Son objectif : étendre ce marché à l’échelle mondiale.

On en déduit que l’écologie est difficilement conciliable avec l’économie de l’Australie. De plus, pour un véritable changement écologique, il faudrait que le pays s’éloigne de ses secteurs traditionnels tels que l’exploitation des minerais, qui représente de nombreux emplois et une somme de revenus colossale pour le pays.

Savine