Naxalisme : la résurgence indienne du Maoïsme

La majorité des mots qui finissent avec le suffixe -isme, rentre dans la composition de mots désignant des doctrines, des dogmes, des idéologies ou encore des théories que ce soit dans le domaine de la religion, la politique, la science, la philosophie ou bien encore l’art. Ça peut être utilisé dans d’autres cas aussi comme pour désigner une qualité, un état, un comportement, une maladie, une langue ou un métier. Mais ce n’est pas ça qui va nous intéresser aujourd’hui.

Ici, nous parlerons d’un mot qui finit en -isme comme communisme, libéralisme, hédonisme, darwinisme, christianisme, islamisme, royalisme, judaïsme, bouddhisme, taoïsme… Bon ça suffit ! Sinon on risque d’y passer la journée.

Donc le mot en question a une connotation plus politique. Aujourd’hui, je vous présente le Naxalisme.

La première réaction pour au moins la majorité d’entre vous serait : « Ah… je ne connais pas. » ou bien, « le quoi ?! ».

Rassurez–vous ! C’est totalement normal puisque moi-même je ne connaissais pas cela avant de l’avoir découvert dans un dictionnaire sur le thème de l’Inde. Oui oui, dans un dictionnaire et au hasard mais ça fait bien les choses…

DONC ! Qu’est–ce que le Naxalisme ?

Une rebelle naxalite pendant une manifestation marquant les 40 ans du mouvement, à Calcutta, le 25 mai 2007. (Photo Jayanta Shaw. Reuters)

Le mouvement politique, le Naxalisme, tire son origine de la petite ville de Naxalbari, située au Nord du Bengale-Occidental en Inde.

C’est un mouvement communiste, fortement inspiré des techniques révolutionnaires de Mao Zedong. Oui oui, Ariana Grande a ses fans alors pourquoi pas Mao Zedong ? Bref re-voilà donc le « petit livre rouge ».

L’insurrection des maoïstes en Inde contre le gouvernement a commencé à émerger en 1967. C’est un mouvement qui incarne progressivement la colère des habitants les plus pauvres du pays (c’est souvent des paysans) contre les grands propriétaires de terrains. Le mouvement prend de l’ampleur à partir du 3 mars 1967, avec l’attaque des paysans, dirigés par Kanu Sanyal, sur une grange à riz à Naxalbari. Ils en avaient peut-être assez d’avoir tout le temps faim…

C’est un conflit de 5 jours qui aura sans aucun doute des répercussions sur une large majorité des territoires les plus paupérisés.

Justement, le 18 mai 1967, la rébellion naxalite s’est nettement formée dans différents villages, différentes régions. Le mouvement connaît alors de nombreuses divisions entre les années 60 et 70. Celui-ci s’organise en plusieurs factions avec chacune un leader. Certaines factions choisissent d’exprimer leur idéologie par les armes tel que le CPILM unity Organisation. D’autres préfèrent exprimer leur idéologie dans des débats politiques comme le CPI-ML liberation, même si c’est un échec. Mais c’est bien d’avoir essayé…

Sinon, la première et sans aucun doute la principale, fut le CPI (M) en 1969, c’est-à-dire le Communist party of India Marxist – Leninist, dirigé par Charu Majumbar (ou Mazumbar) qui est soutenu par la Chine.

Bien que ça s’exprime de différentes manières, les objectifs restent similaires : les naxalites souhaitent le développement d’une société communiste qui s’inspire des idées de Mao Zedong ou encore l’éradication des hiérarchies qui existent grâce au système de castes, de classes ou d’indigénéité.

Leur influence s’étend donc du Bengale-Occidental et de l’Audhra Pradesh jusqu’à l’Oriss. De Bihar jusqu’à Kérala et Madhya Pradesh puis Uttar Pradesh ou encore Ponjab.

En tout, ça concernerait environ 165 districts de 13 États.

CC Wikipédia – 2007. Districts de l’Inde affectés par les insurrections naxalites en 2007.

C’est entre 1970 et 1971 que la violence atteint son paroxysme. Si bien que ça ne laisse aucune place à la négociation pour régler les injustices sociales qui persistent dans le pays.

Comme vous le savez, le monde n’est pas tout beau tout rose. On ne vous cache pas que lorsqu’il y a de la violence, et même beaucoup de violence, il y a souvent des morts.

Rien que pour la ville de Calcutta (ou Kolkata), on a dénombré près de 139 morts dont 41 militants du CPI (M) en 1970.

Enfin, rien que sur les 5 premières années de conflit, il y a déjà eu environ 15000 morts.

Cependant, le gouvernement indien a fait de son mieux pour calmer le conflit et a entamé des répressions, amenant donc à de nombreuses arrestations de militants et de leaders naxalites comme Charu Mazumbar en 1972 ou très récemment Kishun Pandit, le 8 avril 2022, dans le district sud-est de New Delhi, Pul Prahlad Pur.

Malgré les tentatives de répression de la part de l’État, les idées naxalites persistent toujours sur les territoires les plus paupérisés. En 2000, les factions se sont rassemblées pour consolider le mouvement naxalite et les conflits ont repris de plus belle jusqu’en 2007 puis très légèrement jusqu’à aujourd’hui.

Le plus grand défi social et politique de l’État fut donc 40 années de lutte armée contre le naxalisme.

Mais pour réellement régler ce conflit, le gouvernement devra prendre des mesures afin de réduire les injustices et les inégalités qui persistent entre les paysans et les riches industriels, ou les propriétaires des grands terrains entre autres.

Lisa

Sources : https://www.ege.fr/infoguerre/2008/04/rebellion-naxalite-en-inde

https://blogterrain.hypotheses.org/4527

https://asialyst.com/fr/2016/05/03/inde-le-naxalisme-aux-origines-du-maoisme-indien/

https://www.monde-diplomatique.fr/2007/12/GOUVERNEUR/15393