Les femmes sont-elles destinées à subir des inégalités ?

De manière générale, les filles sont majoritaires dans les spécialités littéraires tandis que les garçons optent plutôt pour des spécialités scientifiques. Comprendre les inégalités hommes/femmes relève du devoir de chacun. C’est avec ces connaissances qu’on peut faire évoluer la société et favoriser l’égalité des genres. Aborder ce sujet à l’échelle du lycée me parait utile, pour que chaque personne se sente concernée. Pour cela, nous allons faire un focus sur les choix de spécialités entre filles et garçons au lycée.

Les prémices de ces inégalités

La socialisation est le processus qui permet à l’enfant (pendant la socialisation primaire) mais aussi à l’adulte (pendant la socialisation secondaire) d’intérioriser des normes et des valeurs. D’après M. Buscatto dans Sociologies du genre, cette socialisation est différenciée selon le genre. En effet, les filles et les garçons ne sont pas éduqués de la même manière, que ce soit par la famille, mais aussi par l’école.

De même, ils sont influencés par la façon dont les médias véhiculent eux aussi des clichés. N’avez-vous pas déjà remarqué les stéréotypes sur les filles et les garçons dans les publicités ? Par exemple, dans les catalogues pour jouets, les pages sont souvent différenciées par les couleurs bleues et roses et les produits proposés semblent être destinés seulement aux filles ou seulement aux garçons.

L’École et la famille socialisent également les enfants. N’avez-vous jamais entendu un parent se mettre en colère contre sa fille car elle est jugée trop bruyante ? Les filles sont éduquées de manière à devenir calmes et polies. On a tendance à dire aux garçons d’être courageux, forts, compétitifs, tandis qu’on demande aux filles de se faire discrètes et d’être studieuses. Cela s’apparente à la célèbre citation de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». Être une femme relèverait d’une construction sociale apprise par l’enfant pour se conformer à un idéal féminin.

Les résultats de cette socialisation différenciée

On observe que cette socialisation différenciée avantage les filles jusqu’au lycée. En effet, les valeurs et les normes qu’on leur inculque leur servent à remplir leur rôle de bonne élève. Un bon élève requiert toutes les qualités qu’on enseigne aux filles : elles sont ainsi « plus disciplinées, plus attentives, plus précautionneuses, plus à l’aise dans l’interaction, plus travailleuses » (Buscatto, M. Sociologies du genre),

Alors, si les filles sont si douées au cours de leurs études, où est le problème ?

On remarque que le choix de certaines spécialités est genré. Un garçon est plus enclin à choisir des spécialités scientifiques en raison des valeurs qu’il a acquises. Cependant une fille de par sa socialisation, éprouve plus de sensibilité et de goût pour les matières littéraires. Par exemple, en 2021, 76,7 % des élèves de spécialité Langues (AMC et LLCE) au lycée Jean Vilar étaient des filles tandis que 23,3 % étaient des garçons. Dans une spécialité plus scientifique comme NSI, en 2022, environ 90 % des élèves étaient des garçons.

Faire une classe préparatoire est une évidence pour certains garçons, alors que les filles, malgré leurs bons résultats, ne se dirigent pas automatiquement vers de « grandes études » ou encore vers des spécialités scientifiques qui leur permettraient de s’ouvrir des portes pour leur orientation.

Ces dernières sont souvent dirigées vers les métiers du « care », c’est-à-dire les métiers du soin à la personne comme infirmière ou sage-femme. Ainsi une fille qui pourrait continuer ses études est encouragée à aller vers la voie du soin. Ces métiers sont souvent peu rémunérés et éprouvants dans les tâches demandées.

D’autre part, en moyenne les femmes gagnent 24,4 % de moins que les hommes. Cela peut s’expliquer dans la pratique de leur métier, car elles sont celles qui prennent l’initiative de demander un temps partiel pour s’occuper des enfants. Leur vie familiale se mêle à leur vie professionnelle et les contraint à prendre soin de la maison et de leur famille. Ainsi, les femmes sont moins payées à cause de leur temps partiel.

Ces inégalités sont-elles présentes au lycée Jean Vilar ?

Voici un tableau représentant le pourcentage de filles de premières dans chaque spécialité sur l’année 2022 au lycée Jean Vilar.

Pourcentage de filles par spécialité de la voie générale2022
Arts (Théâtre)81,3
HGGSP58,8
HLP77,1
Langues68,8
Maths44,5
NSI10,4
Physique-Chimie43,5
SES57,3
SVT55,3
Total53,0

Étonnement et même heureusement, on observe une répartition assez équilibrée au sein du lycée.

Dans les spécialités littéraires on retrouve effectivement une majorité de filles comme en Arts (Théâtre) avec 81,3 % ou encore en HLP avec 77,1 %.

Cependant dans les spécialités scientifiques, les pourcentages sont assez équivalents. Par exemple, en 2022, 44,5 % des élèves de premières en spécialité mathématiques au lycée Jean Vilar étaient des filles.

On pourrait supposer qu’au sein de leurs familles, les filles élèves à Jean Vilar sont encouragées à prendre des spécialités scientifiques et que l’environnement scolaire est propice à l’égalité des genres.

Quelles solutions à l’échelle de notre lycée ?

Évidemment, cela n’est pas vrai pour tous les lycées, et nous pouvons réfléchir à préserver cet équilibre entre les hommes et les femmes au sein du lycée. Par exemple, une enquête sur la perception que les élèves ont de cette égalité, pourrait être réalisée.

Des cours de soutien pour les élèves en difficultés dans certaines matières seraient également un moyen de veiller à leur réussite. Cela s’adresserait à tous les élèves qui manquent de confiance en eux par exemple, et leur permettrait d’avoir une écoute plus individuelle en fonction des besoins de l’élève mais aussi de mieux comprendre les notions importantes. Peut-être que ces moments de soutien pourraient être tenus par les élèves les plus à l’aise en cours qui auraient une volonté d’aider ceux en difficultés, sous la forme d’un tutorat. Pour les inciter à y participer, une valorisation sur Parcoursup serait un levier de motivation. Cela pourrait créer un statut de pair-aidant entre les lycéens.

En conclusion, la socialisation genrée pénalise les filles dans leur orientation et même dans leur travail. On sait maintenant que ces inégalités ne transparaissent pas au lycée Jean Vilar et qu’on devrait chercher à préserver cette dimension-là.

Certaines initiatives se sont déjà concrétisées dans l’enceinte du lycée. Cette semaine (du 04/03 au 08/03/24) est dédiée à l’égalité des genres. De nombreuses affiches sont présentes dans le lycée sur des femmes pionnières du féminisme et du changement. De plus, tous les jours, une musique soutenant le combat féministe, remplace la sonnerie. Ces musiques permettent de se démarquer des autres semaines de l’année et de mettre en avant la cause féministe.

Zareena