L’afflux massif des populations vers la capitale dans un pays pauvre : mythe ou réalité?

L’exemple du Sénégal (PMA, IDH<0,6) : sa capitale et ses régions.
(Situer les régions du Sénégal)

Source :  le recensement du Sénégal de 2013.

L’étude d’une matrice des migrations interrégionales sur les 10 dernières années (tirée du document « annexes » du recensement)

Comment lire ce graphique?
L’ex de la 1ère ligne : parmi les habitants résidant actuellement dans la région de Dakar, il y a 10 ans 2 095 394 s’ y trouvaient déjà, 26285 étaient dans la région de Ziguinchor, etc…On peut donc avec ces chiffres mesurer les mouvements migratoires entre les régions du Sénégal et prendre notamment la mesure de l’attractivité de la capitale.

Sur la période considérée (2003-2013) :

1) La région de Dakar est-elle la plus attractive?
OUI…mais
Il faut avoir ici une lecture verticale du tableau. On observera par exemple que la région de Zinguinchor  a envoyé plus de 26000 habitants vers Dakar et près de 5500 vers Thiès.
On constate sans surprise à travers toutes les colonnes que Dakar arrive en tête des destinations mais il existe tout de même 3 exceptions (Louga, Kaffrine, Kedougou). Les migrations préférentielles vers la capitale sont donc une dominante mais pas une règle absolue.

 

2) Les départs vers la capitale sont-ils plus nombreux que dans le reste du pays?
NON
Dakar a reçu environ 2 fois moins de migrants que toutes les autres régions du Sénégal additionnées (220 000 contre 510000)
Si l’on passe en revue chacune des régions, on observe que les départs vers la capitale sont toujours inférieurs aux départs vers le reste du pays (une seule exception : Ziguinchor).

 

3) La croissance migratoire de Dakar est-elle spectaculaire?
NON
3% de croissance migratoire en 10 ans, ce n’est pas explosif mais cela reste malgré tout significatif.

 

4) La proportion des migrants vers la capitale est-elle importante pour les régions de départ?
NON
Elle est en moyenne de 3%, on ne peut donc parler d’un exode massif.

 

5) Existe-t-il des régions au Sénégal recevant autant d’habitants de la capitale qu’elles n’en envoient?
OUI
2 cas à signaler : Thies (44 000 départs contre 43 000 arrivées) et Diourbel (30 000 départs contre 27 000 arrivées). Mentionnons que Diourbel renferme la capitale religieuse de la confrérie des Mourides (Touba), en pleine expansion.
3 régions seulement présentent un différientiel migratoire important en faveur de la capitale : Zinguinchor, Fatick et Kaolak.
Aucune région par contre n’a de solde migratoire positif vis à vis de la capitale.

 

CONCLUSION : l’étude des mouvements migratoires de la dernière décennie au Sénégal montre qu’il ne saurait être question d’afflux migratoire massif vers la capitale. Certes, Dakar reste de loin la région la plus attractive mais les flux interrégionaux hors capitale s’avèrent prédominants et consacrent par ailleurs le rôle non négligeable de pôles secondaires.

 

SCHEMA INTERPRETATIF de la matrice des migrations interrégionales (cliquer sur l’image pour télécharger le schéma animé)

schéma migrations internes