Être autiste et HPI au lycée – Témoignage d’une terminale

Avant de commencer la lecture de cet article, je tiens à vous informer, cher lecteur, que ce qui est décrit ci-dessous est un témoignage : je raconte seulement ce que j’ai vécu. Tout le monde vit différemment ses particularités et mon vécu ne reflète pas le vécu de tous. Cela me tenait juste à cœur de parler de sujet encore bien trop souvent tabou.

Connaissez-vous vraiment les HPI ? Et non, Morgane Alvaro de la série « HPI » n’est vraiment pas un bon exemple des Hauts Potentiels Intellectuels ! On n’est considéré comme HPI qu’après avoir passé des tests (notamment le WISC-V pour les enfants et la WAIS-IV pour les adultes) chez un professionnel de santé qualifié pour calculer votre Quotient Intellectuel. Si vous êtes au-dessus de 130 vous décrochez le jackpot et vous êtes dans les 2% de la population mondiale considérée comme HPI. Comme comparaison, 50 % des êtres humains ont un QI compris entre 90 et 110.

Je suis HPI. En effet j’ai passé le WISC-V il y a quelques années. Mais concrètement, ça fait quoi d’être HPI ? Parce que soyons honnête, ça ne donne pas de super pouvoirs. La première réponse que je donne instinctivement est : CE N’EST PAS COOL ! Là, normalement, on me répond : Mais non, c’est super, tout est simple pour toi !

Effectivement, j’ai des bonnes notes, une bonne moyenne, je n’ai jamais besoin de beaucoup réviser mes leçons ce qui est plutôt pratique, mais il y a un côté négatif extrêmement frustrant à cela. En effet, pendant les cours je m’ennuie très souvent. Je participe pourtant au cours, j’essaye de m’y intéresser, même si ça m’ennuie, mais comme les réponses me semblent souvent évidentes : je participe trop. Cela donne la cocasse situation du professeur qui attend que quelqu’un d’autre lève la main alors que je suis en train de rester le bras levé comme une idiote. On ajoute à ça une pression monstre sur les notes, que je me mets toute seule bien sûr, car mes standards sont plus hauts (pour moi, un 15 c’est une note moyenne).

Passons au croustillant du sujet : tu es différent donc tu es exclu (la société, on adore). Les gens te font bien comprendre que tu n’est pas comme eux même si ça s’atténue quand on grandit. Cependant tout ça est accentué par mon TSA : félicitations, vous venez de débloquer un nouvel acronyme !

Les Troubles du Spectre Autistique ou TSA sont des troubles neurodéveloppementaux liés à beaucoup de préjugés et d’idées toutes faites ! Déjà, tous les autistes sont différents et sont touchés à différent niveaux : c’est un spectre. Un autiste peut ne pas pouvoir vivre en autonomie et un autre peut ne même pas savoir qu’il est autiste. Dans mon cas, je suis ce qui était appelé auparavant les autistes « Asperger » (mais M. Asperger étant nazi, on a changé le nom pour TSA). Cela se reflète par des difficultés sociales comme un manque d’empathie ou l’incompréhension du second degré. C’est bien sûr involontaire car je ne déchiffre pas toutes les émotions correctement. Ça parait anodin mais ça pourrit la vie avec plein de quiproquos. Et c’est pire combiné avec une hypersensibilité émotionnelle qui fait souvent partie du starter-pack du TSA ! Donc, oui, je pleure H24 même quand je ne veux pas… Que je sois heureuse, triste, en colère, mon moyen de relâcher la pression c’est de pleurer. Sauf que c’est TRÈS MAL VU de pleurer, encore plus au collège et au lycée quand on est jeune. De plus que j’ai une très forte tendance à passer de « pile électrique super joyeuse » à « dépressive de la vie » en quelques secondes, ce qui est encore un exemple du TSA.

Ajoutons à tout ça l’hypersensibilité sensorielle. Moins connue que l’hypersensibilité émotionnelle, c’est le même principe mais pour les sens comme l’ouïe ou le toucher. C’est-à-dire que tu ressens tout plus fort que la moyenne et ça parait anodin mais ça devient vite compliqué. Prenons un exemple que je dois supporter à midi : la cantine. C’est normalement un endroit de convivialité où l’on se retrouve avec les amis pour parler des dernières nouveautés. Pour moi c’est le moment le plus épuisant de la journée car je suis sensible au bruit et je déteste être dans la foule. Imaginez-vous dans la longue queue de la cantine, oppressée, avec pour seule envie de partir en courant, rajoutez à cela un mal de crâne allant du mal léger à l’épuisement total à cause du brouhaha continu et enfin saupoudrez le tout de stress parce qu’on n’a pas le temps de manger ! Voilà, vous ressentez ce que je ressens tout les midis. À noter que l’hypersensibilité sensorielle peut toucher toutes les sensations y compris la douleur, le chaud et le froid.

Parlons du dernier sujet que je voudrais aborder : l’exclusion, sûrement le pire de tous les résultats causé par mon TSA. En effet, j’ai toujours été mise de côté par mes « camarades » de classe et je ne peux l’expliquer, sauf par des suppositions. Certes, on ne peut pas plaire à tous mais là je vous parle de journées entières passées seule sans avoir quelqu’un à qui pour parler, du stress pour trouver quelqu’un qui vous acceptera en travail de groupe (alors que je peux sûrement lui apporter une bonne note), de la solitude de ne pas pouvoir profiter d’une vrai amitié qui dure longtemps. Pour moi, ça a été longtemps le cas jusqu’à ma rentrée de seconde où j’ai eu la chance d’être avec une personne que je connaissais peu mais qui s’est avérée être la base de la bande d’excellents amis que j’ai maintenant. Car oui, juste une bande de 2-3 amis suffit à changer la vie d’une personne !

Donc je tiens à remercier sincèrement mes amis qui m’ont permis de rester la tête hors de l’eau et d’avoir enfin quelque chose à apprécier en cours, une raison autre que « j’ai besoin d’un diplôme pour pouvoir vivre plus tard » !

Pour conclure ce témoignage, je souhaite rappeler qu’être autiste n’est pas une maladie, ça n’a pas de symptômes, ça ne se transmet pas (ou seulement dans certains cas génétiquement), ça peut ne pas se voir et je vous en conjure : n’insultez pas les autres d’autistes ! Est-ce que vous traiteriez une personne de trisomique ? Eh bien, c’est pareil pour les autistes, on n’a pas choisi d’être différent. L’autisme est tellement connoté, et lié à des stéréotypes idiots que mes professeurs n’ont jamais été mis au courant de ma situation. Car il y a bien une chose que j’ai compris : la société ne s’adaptera pas à vous, c’est à vous de vous adapter à elle ! Mais il suffit de trouver les bonnes personnes avec qui s’entourer pour alléger son fardeau.

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