La frontière, un objet spatial en mutation.

La frontière, un objet spatial en mutation.
Peer-reviewed article | Article scientifique normé

Ce texte est présentée ici en réponse à l’article « Frontière » de Jacques Lévy, du Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, dirigé par Jacques Lévy et Michel Lussault.

Image1La « frontière » est habituellement comprise comme la « limite de souveraineté et de compétence territoriale d’un État » De nos jours, la prégnance de cette définition semble s’estomper à l’échelle mondiale, accompagnant ainsi le processus de relativisation multiforme de l’État. Il faut y voir l’effet de l’évolution des techniques de transport et de communication, la dynamique et l’ampleur des échanges économiques, mais aussi la prise en considération politique d’une plus grande interdépendance du système-monde. Dans cette perspective, la désactivation sélective des frontières intra européennes n’est qu’une manifestation particulièrement vive d’un processus beaucoup plus vaste, mais très inégal à l’échelle planétaire. Cette tendance ne signifie d’ailleurs en rien la disparition de l’objet même de « frontière ». S’estompant sous ses expressions conventionnelles, la réalité frontalière réapparaît ailleurs, sous d’autres formes, mais toujours en des lieux investis d’une forte capacité de structuration sociale et politique. C’est dans ce travail de renouvellement effectif de la notion que s’est engagé le Groupe Frontière. La démarche conduit naturellement à revenir sur un concept central de la géographie, mais moins à partir de formes attendues que de propriétés.

La frontière, une construction historique évolutive.

« Un peuple est libre quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l’homme, mais l’organe de la loi. »

« Il n’y a donc point de liberté sans lois, ni où quelqu’un est au-dessus des lois (dans l’état même de nature l’homme n’est libre qu’à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous). Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n’obéit qu’aux lois et c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu’on donne dans les républiques au pouvoir des magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l’enceinte sacrée des lois : ils en sont les ministres, non les arbitres, ils doivent les garder, non les enfreindre. Un peuple est libre, quelque forme que puisse avoir son gouvernement, quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l’homme, mais l’organe de la loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règne ou périt avec elles. »

Rousseau, Lettres écrites de la montagne

 

On a cependant reproché à Rousseau d’exiger le sacrifice de  l’individu au nom de la volonté générale dans son fameux contrat social, de penser la liberté comme un ancien négligeant les nouvelles aspirations des modernes.

Par exemple,  Benjamin Contant, auteur du discours De  la liberté des anciens comparée à celle des modernes   en 1819, écrivait : « je montrerai qu’en transportant dans nos temps modernes une étendue de pouvoir social, de souveraineté collective qui appartenait à d’autres siècles, ce génie sublime animé par l’amour le plus pur de la liberté, a fourni néanmoins de funestes prétextes à plus d’un genre de tyrannie »

 Mais est-ce une meilleure stratégie de sacrifier la volonté générale à l’individu et à l’égalité la liberté finalement ?

Benjamin Constant avait déjà pointé le danger:

« Le danger de la liberté antique était qu’attentifs uniquement à s’assurer le partage du pouvoir social, les hommes ne fissent trop bon marché des droits et des jouissances individuelles. Le danger de la liberté des modernes, c’est qu’absorbés dans la jouissance de nos intérêts particuliers , nous ne renoncions trop facilement à notre droit de partage dans le pouvoir politique »

Si on ajoute à cela la passion de l’égalité qui caractérise selon Tocqueville les sociétés démocratiques, alors la liberté est en danger!

C’est la question que posent  nos démocraties modernes et c’est cette mutation qui a changé notre  rapport au politique, son visage  et qui  pousse même à s’interroger sur  la possibibilité même d’une vie en commun.

Sur Arté au mois d’août 2009, le  documentaire La démocratie des mois  abordait  cette mutation du politique vu non plus comme celui qui occupe une fonction au nom de et pour tous,

mais

 comme un individu s’adressant à des individus leur parlant d’ individus,

comme un moi s’adressant à moi en parlant de toi.

En voici quelques  extraits éclairants:

 


La démocratie des moi [extraits] par clearsauldre


La démocratie des moi_2/3 par tchels0o


La démocratie des moi_3/3 par tchels0o

PETITE POUCETTE par M. Michel Serres

« Avant d’enseigner quoi que ce soit à qui que ce soit, au moins faut-il le connaître.
Qui se présente, aujourd’hui, à l’école, au collège, au lycée, à l’université ? »

Poucet et Poucette. C’est le surnom que donne Michel Serres (Académie française) aux jeunes d’aujourd’hui, capables de taper avec leurs deux pouces des SMS à une vitesse  incroyable. Justement Michel Serres parle de la langue. « Ils ne parlent plus la même langue. Depuis Richelieu l’Académie française publie, à peu près tous les quarante ans, le dictionnaire de la nôtre. Aux siècles précédents la différence entre deux publications s’établissait autour de 4 à 5 000 mots… Entre la précédente et la prochaine elle sera d’environ 30 000″. Tout au long de son exposé, M Serres souligne la rupture de génération qui vient de se produire, changement morphologique, familial, culturel. Le savoir « est partout sur la toile… Ne dites surtout pas que l’élève manque des fonctions cognitives qui permettent d’assimiler le savoir ainsi distribué, puisque , justement, ces fonctions se transforment avec le support ». Pour lui on vit une époque « incomparable », de mutation générale. Il faut « inventer d’inimaginables nouveautés ».

Lire la suite…

ART

Araignée ou araignée souriante, 1881
fusain, estompe, traces de gommage, grattage (rayures) et fixatifs sur
papier vélin chamois, 49,5 x 39 cm
musée d’Orsay Paris, © service presse Rmn-GP /
Jean-Gilles Berizzi

Odilon Redon a fasciné autant la génération symboliste que les nabis ou, plus tard, les surréalistes. D’abord auteur d’une abondante œuvre graphique aux ténèbres envoûtantes, il s’ouvre ensuite à la douceur du pastel, à la lumière et à la plénitude de couleurs époustouflantes. A l’occasion de l’exposition du Grand Palais, à Paris, l’historien Bertrand Tillier se penche pour nous sur une toile intitulée “Profil sur méandres rouges”, peinte vers 1900. Cliquez sur l’araignée pour en savoir plus…

Âme ou esprit, où êtes-vous?

 

Âme et esprit

 

Il y a 3 sens de cette notion:

âme esprit
  1. Propriété naturelle des organismes vivants: processus d’information du vivant qui tend vers la conservation de l’identité

    ARISTOTE

  2. « SPIRIT » Principe à connotation spirituelle

    RELIGIONS, les Pères de l’Eglise

  1. « MIND »

    a) le mental, la cognition: le no?s

    PLATON

    b)le principe de l’être connaissant (comprenant à la fois, le sujet connaissant, les actes de pensée (jugements, volitions, mémoire, projets) et les connaissances = la conscience, le Sujet, le Je et son activité

    DESCARTES

 

L’histoire de l’idée d’âme/esprit se caractérise par 3 temps:

    1. « dévitaliser » l’âme

    – avec Platon, l’âme n’est plus associée à un principe vital, elle est associée au mental, à l’activité de la pensée

  • pour bien distinguer CORPS et ÂME : corps « tombeau de l’âme »
  • pour bien distinguer MONDE SENSIBLE et MONDE INTELLIGIBLE: le monde sensible n’est qu’une pâle copie du monde intelligible, illusion
  • pour bien distinguer VIE et PENSEE : les valeurs de la vie ( satisfaction des besoins vitaux et recherche de l’agréable) détournent des valeurs de la pensée ( l’exercice de la pensée présuppose que l’on soit libéré des nécessités vitales, que l’on ne soit pas prisonnier des « désirs » du corps et que l’on mette au-dessus de tout le Vrai et le Bon)
  • pour bien distinguer ANIMAL et HOMME: nous ne sommes pas des animaux mais des hommes et nous nous devons de remplir nos devoirs et d’être à la hauteur de notre destination en tant qu’homme.

 

Platon soutient donc une position DUALISTE, l’âme est à la fois principe de connaissance et principe spirituel, mais n’est plus un principe vital.

C’est pourquoi on peut comme Russell penser que « le platonisme surtout dans ses formes tardives fût l’élément païen le plus important de la philosophie des Pères de l’Église »

Mais si Platon oppose clairement corps et âme, vie et âme, il distingue encore en un sens âme et esprit avec l’âme tripartite : le no?s (l’esprit, associé à un petit homme) , le thumos, l’épithumia ( allégorie du sac de peau)

     

    2. « désâmiser » l’esprit

    – avec Descartes, l’âme est clairement distinguée d’un principe vital (l ‘âme n’est pas «souffle », seul l’homme parmi les vivants a une âme) et perd clairement sa connotation spirituelle ( l’âme est « res cogitans » : chose pensante)

  • Descartes ne traite pas de l’âme en philosophe moral mais en physicien, en « géomètre » d’où idée que l’indivisibilité de l’âme peut donner « l’espérance d’une seconde vie après la mort » et que seul l’argument théologique du Dieu créateur et de l’incorruptibilité de son œuvre peut en assurer. La physique cartésienne bien que mécaniste ( ? vitalisme) est encore idéaliste: ce qui est reste production de l’esprit ( de Dieu)
  • Descartes ne distingue plus âme et esprit: l’âme n’est que substance pensante distincte de la substance étendue, sans connotation religieuse ou aspiration spirituelle ou transcendante)

Donc Descartes est dualiste ( le corps et l’esprit sont 2 substances distinctes et hétérogènes), pose que derrière l’activité mentale, se tient une substance qui fait l’unité du sujet pensant, du Je.

On a reproché à Descartes cette substantialisation de l’esprit ( la conscience est activité plutôt que substance), les impasses de son dualisme ( interaction entre le corps et l’esprit?) et sa réduction du vivant au mécanique.

     

    3. « matérialiser » l’esprit : le monisme permet d’échapper aux questions insolubles du dualisme, l’idéalisme n’est plus crédible, le matérialisme apparaît sérieux et avantageux.

Une catastrophe monstre

En 1958, le philosophe allemand Günther Anders (1902-1992) se rendit à Hiroshima et à Nagasaki pour participer au 4e congrès international contre les bombes atomiques et les bombes à hydrogène. Il tint pendant tout ce temps un journal. Après de nombreux échanges avec les survivants de la catastrophe, il note ceci : « La constance qu’ils mettent à ne pas parler des coupables, à taire que l’événement a été causé par des hommes ; à ne pas nourrir le moindre ressentiment, bien qu’ils aient été les victimes du plus grand des crimes – c’en est trop pour moi, cela passe l’entendement. » Et il ajoute : « De la catastrophe, ils parlent constamment comme d’un tremblement de terre, comme d’un astéroïde ou d’un tsunami. » Continuer la lecture de Une catastrophe monstre

Une soirée de philosophie programmée par une association locale !

Bonjour à toutes,

Je vous transmets ce message d’une association qui organise des conférences-débât philosophiques, ci-dessous, le prochain évènement :

Rappel Information SAP :

Stéphane Hubac

Trésorier de la SAP

http://societealpinedephilosophie.over-blog.com/

Séminaire de printemps 2011


26 mars 2011, 14 h -18 h

Hexagone scène nationale de Meylan

Le mystère de la beauté

Qu’est-ce qu’une expérience esthétique ?

« …la peinture qui ne voulait d’autre expression que celle de nommer les « choses », et d’inscrire la main dans sa portée vers l’inconnu à l’inverse de celle qui scellait le connu. »
Anne de Staël, STAEL du trait à la couleur.

Il s’agit, avec ce séminaire de la Société alpine de philosophie, de questionner le statut, la signification et la fonction de la beauté, selon la généralité de cette catégorie : non seulement dans le domaine de la création artistique proprement dite, mais également dans d’autres registres de l’activité humaine tels que l’invention scientifique, ou plus généralement là où il est question de rapport renouvelé à des règles. Toutefois, celles-ci ne suffisent pas, à elles seules, à produire l’émotion esthétique. Par exemple, dans l’ordre juridique ou dans les jeux formellement construits comme les Echecs, ou en théâtre et en danse, que faut-il ajouter pour que surgisse le beau ? Il y a un véritable mystère de la beauté. On se demandera si le sentiment esthétique dépend du milieu dans lequel évoluent les sujets (milieu naturel ou environnement culturel), ou de leur effort personnel. Ce dernier, de quel nature est-il ? Invention de sens ou réaction chimique ? L’émotion esthétique apparaît comme le résultat de cette expérience : semblable au sentiment amoureux, tout à la fois elle perturbe la réalité et engendre la satisfaction d’un nouvel ordre – en tout cas, elle ouvre à un nouveau type de perceptions. Différents témoignages d’expériences esthétiques viendront nourrir notre réflexion sur ce thème.

Intervenants :

Anne Eyssidieux-Vaissermann, agrégée et docteur en philosophie, professeure en classes préparatoires aux grandes écoles, Lycée Berthollet, Annecy :

L’invention du goût

Loredana Gritti, guide-conférencière en histoire de l’art et artiste, Grenoble :

L’expérience de la beauté : un témoignage

Aurélien Barrau, Professeur d’astrophysique, Université Joseph Fourier – Grenoble 1, membre de l’Institut Universitaire de France, Laboratoire de Physique subatomique et de Cosmologie (CNRS-IN2P3), auteur de :

Cosmologie et philosophie, Dunod, 2010.

Multivers. Mondes possibles de l’astrophysique, de la philosophie et de l’imaginaire, Éditions La Ville Brûle.

Y a-t-il une spécificité de l’expérience esthétique scientifique ?

Francis Métivier, docteur en philosophie, professeur en lycée à Tours, auteur de :

Le Concept d’Amour chez Søren Kierkegaard, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2000.

La Question de l’Identité de la Personne dans le Cas des Xénotransplantations, Université de Tours, 2000.

L’Esprit du Vin — la Philosophie du Chinon, Chinon, L’Araignée, 1998.

Rabelais et la Nature, Études Rabelaisiennes, Genève, Droz, 1996

et de Rock’n philo, à paraître en mai prochain aux éditions Bréal.

L’expérience esthétique rock : l’exemple de la catharsis

A propos de la catastrophe nucléaire au japon

  En 1958, le philosophe allemand Günther Anders (1902-1992) se rendit à Hiroshima et à Nagasaki pour participer au 4e congrès international contre les bombes atomiques et les bombes à hydrogène. Il tint pendant tout ce temps un journal. Après de nombreux échanges avec les survivants de la catastrophe, il note ceci : « La constance […]

buy windows 11 pro test ediyorum