4H2 – L’Europe des Lumières

I. Les idées des Lumières

A/ Qu’est-ce que les Lumières ?

Au XVIIIe siècle la science a fait de grands progrès, notamment en physique, en chimie et en botanique. L’Anglais Isaac Newton découvre la loi de la gravitation universelle et le Français Antoine Lavoisier analyse la composition chimique de l’air, il fonde la chimie moderne. Les esprits cultivés sont intéressés par les travaux des savants et cherchent à vulgariser ces nouveaux savoirs.

En France, des philosophes décident d’user de la raison au-delà du seul domaine scientifique. Ils exercent leur raisonnement et leur esprit critique sur l’Église et la religion, l’organisation de la société d’Ancien Régime ou encore la façon dont les souverains gouvernent leur pays. Ils s’appuient notamment sur le modèle anglais où les libertés sont plus avancées et le partage du pouvoir royal plus équitable (Parlement anglais).

Ces savants et philosophes font partie du mouvement des « Lumières ». Ils veulent éclairer le peuple et le sortir de l’ignorance. Le but avoué est de faire progresser l’humanité et d’apporter un bonheur public, à tous les hommes.

B/ Contester l’absolutisme

Les philosophes critiquent vigoureusement l’Église catholique et ses abus, ainsi que toute forme de fanatisme religieux. Voltaire notamment prône la tolérance religieuse.

Les philosophes critiquent aussi la société d’ordres inégalitaire. Ils montrent que les hommes sont naturellement égaux et qu’ils doivent donc disposer des mêmes droits. Ils souhaitent une abolition des privilèges que seuls jouissent la noblesse et le clergé, que ce soit en matière d’impôts, d’emplois ou de justice.

Ils remettent en cause la monarchie absolue. Les philosophes rejettent le principe selon lequel le roi a tous les pouvoirs et décide comme il le veut. Selon eux, le roi devrait avant tout penser à ses sujets. Montesquieu propose ainsi un partage équitable des pouvoirs avec un Parlement (sur le modèle anglais) tandis que Rousseau est plus favorable à un gouvernement du peuple (une démocratie). Tous réclament une justice beaucoup plus humaine, condamnant fermement la torture.

Enfin, les philosophes des Lumières revendiquent toutes les libertés dont hommes et femmes sont privés sous l’absolutisme : liberté d’expression, d’opinion, de presse, de culte. Ils dénoncent l’inhumanité et le caractère absurde de l’esclavage dans les colonies.

Lecture de la tragédie “L’Orphelin” de la Chine » de Voltaire dans le salon de madame Geoffrin par
Anicet Charles Gabriel LEMONNIER (1743 – 1824)

II. La diffusion des idées des Lumières

A/ La circulation des idées

Les philosophes des Lumières ont rédigé de nombreux ouvrages, généralement courts et accessibles pour toucher un large public (essais, contes, pièces de théâtre, romans). Cependant, l’interdiction de leurs écrits plane et ils risquent la prison (Voltaire), ils restent donc prudents dans leurs propos.

Les lieux de rencontre pour discuter des idées des Lumières se sont multipliés : les salons tenus par des femmes de la haute société (Mme Geoffrin), les académies royales des sciences et des lettres, les loges maçonniques (Franc-maçonnerie) et les cafés mondains (le Procope à Paris). Les œuvres des Lumières se retrouvent aussi dans des bibliothèques publiques fondées par des particuliers.

L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert rédigée de 1751 à 1772 a connue un immense succès partout en Europe. Composée de 28 volumes, elle compile toutes les connaissances de l’époque et permet la diffusion des idées des Lumières.

B/ Le despotisme éclairé

La langue française étant alors à cette époque la langue internationale, les ouvrages des philosophes connaissent une diffusion européenne sans précédent.

De grands souverains européens s’intéressent à ces idées des Lumières : Frédéric II de Prusse (1740-1786) ou encore Catherine II de Russie (1762-1796). Ils échangent régulièrement des lettres avec les philosophes et vont parfois jusqu’à les accueillir chez eux (Voltaire et Frédéric II de Prusse). On dit de ces souverains qu’ils sont « éclairés ».

Les despotes éclairés appliquent certaines idées des Lumières. Ils favorisent le développement économique, réorganisent l’administration, soutiennent l’enseignement, prônent une tolérance religieuse et humanisent la justice. Mais de fait ils n’abolissent pas les privilèges et renforcent davantage encore leur pouvoir absolu.

C/ Une nouvelle opinion publique

En France, ces idées nouvelles se diffusent surtout dans les villes, au sein des couches sociales les plus aisées (nobles et bourgeois). Les paysans, souvent analphabètes, ne sont que peu concernés.

A partir de 1750, l’opinion publique se montre critique à l’égard de la monarchie absolue. Sous Louis XVI (à partir de 1774), cette pression de l’opinion publique entraîne un relâchement de l’absolutisme : la censure se fait moins présente et la torture est abolie.

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