Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Archive for août, 2018

Deux enfants de trois ans disparaissent devant une école

Deux enfants de trois ans disparaissent devant une école (d’après un fait divers publié dans Ouest France)

Il était une fois deux enfants, les meilleurs amis du monde. Ils s’appelaient Dandio et Devrim. Ils avaient trois ans, habitaient dans des maisons voisines et allaient à l’école ensemble. Ils avaient l’habitude de jouer tous les deux, des fois dans le square, sinon chez l’une ou chez l’autre. Ils étaient nés le même jour, dans la même clinique, ça crée des liens … La maman de Dandio, une grande femme élégante, s’habillait de magnifiques boubous en Bazin brillants richement colorés. Tant qu’ils avaient les mains propres, elle les laissait jouer dans l’armoire où ils passaient de bons moments à s’envelopper dans les tissus des robes suspendues. La maman de Devrim, elle, était plutôt courte sur pattes mais qu’est-ce que ses gâteaux au miel, amandes et pistaches étaient bons. Baklavas, kadaïfs, riz au lait, de vraies merveilles. Maman-Devrim avait aussi de grandes étoles brodées de fils d’or dans lesquelles on pouvait s’enrouler pour faire la sieste. Dandio et Devrim aimaient autant aller ici que là, l’important était d’être ensemble. Jamais de chamailleries, toujours des rires, des parlotes à n’en plus finir et des câlins. Les deux mamans s’étaient mises d’accord pour emmener les enfants chacune leur tour à l’école, pas loin, au bout de la rue.

 

Ce jour-là, c’était un jeudi, Maman-Dandio emmenait les deux bambins en poussant le landau de son petit dernier. Celui-ci était très en colère mais c’est toujours difficile de savoir pourquoi un bébé est en colère, n’est-ce pas ? Pendant que Maman-Dandio était penchée au-dessus du landau, Devrim remarqua une bague par terre. Il s’en saisit et la montra à Dandio. Celle-ci la regarda attentivement puis la passa à son pouce pour qu’elle tienne bien. Elle donna à nouveau la main à son petit compagnon et ils glissèrent dans un autre monde, ensemble. C’était un peu comme dans un nuage, léger mais opaque. On pouvait passer les mains dedans et pourtant s’y asseoir. Etrange …

 

Dandio et Devrim se regardèrent : qu’étaient-ils en train de vivre ? que leur arrivait-il ? Dandio se rappela un environnement identique, c’était quand la famille était retournée dans le pays de sa maman. Même si alors, c’était l’avion qui était dans le nuage, elle fut sûre et certaine de ce qui se passait. Elle raconta à Devrim que le nuage allait sûrement les emmener là où la terre est rouge et qu’il fallait juste dormir le temps d’arriver. Devrim était très fier que Dandio ait si vite compris ce qui leur arrivait. Ils s’installèrent confortablement, nichés l’un contre l’autre.

 

Pendant ce temps, devant l’école, Maman-Dandio s’affolait : « Mais où sont-ils donc passés, je ne me suis baissée qu’un instant, c’est pas possible ! » Des voisins, entendant ses cris et ses lamentations étaient sortis pour l’aider. Les maitres et maitresses de l’école avaient fait rentrer les enfants pour leur demander s’ils avaient vu quelque chose. Rien ! Rien de rien, personne n’avait rien vu ! Des policiers et des journalistes débarquèrent, interrogèrent ou interviewèrent tout le monde. Le journal local titra : « Deux enfants de trois ans disparaissent devant une école ». Une alerte enlèvement fut diffusée sur les chaines de télévision. Rien ! Rien de rien, personne n’avait rien vu ! Maman-Devrim et Maman-Dandio pleuraient dans les bras l’une de l’autre. Maman-Devrim n’en voulait pas à Maman-Dandio. Toutes les mamans du monde savent que ce n’était pas sa faute, elle ne pouvait pas les menotter à la poussette quand même ! Alors, elles attendaient …

 

Dandio et Devrim ouvrirent les yeux ensemble. Le nuage avait disparu. Ils étaient allongés sur la berge d’un fleuve. Dandio eut peur de perdre la bague, elle l’enleva de son pouce et l’enfouit dans la poche de son pantalon. De grandes pièces de linge séchaient non loin d’eux, des pirogues attendaient pour aller pêcher le poisson-capitaine. Des hommes battaient le linge dans l’eau peu profonde. On entendait le bruit de la ville, des vélomoteurs pétaradaient et des voitures klaxonnaient. Ebahis, les bambins se levèrent et se dirigèrent vers la route. Des femmes vendaient des mangues sur le bas-côté.

 

L’une d’elle demanda dans son dialecte aux enfants s’ils en voulaient. Elle portait un boubou comme Maman-Dandio mais moins joli. « Tu vois, je t’avais bien dit qu’on allait au pays de ma maman. » En entendant la petite parler, la femme reprit dans un français chantant : « Mais comment ça se fait que vous êtes ici tout seuls, d’où venez-vous ? » Devrim répondit poliment qu’ils venaient du nuage et que leurs mamans étaient restées à côté de l’école. La jeune femme se dit avec raison qu’il se passait quelque chose d’étrange avec ces enfants et que pour le moins, il fallait les emmener en sûreté et essayer de savoir ce qu’il en était de leurs familles. Elle donna ses mangues à ses voisines en leur expliquant qu’elle allait s’occuper des petits. Donnant la main à chacun, elle leur expliqua la grande ville : « Vous êtes à Bamako et derrière vous, c’est le fleuve Niger. » Ils marchaient sur un trottoir en terre rouge entourés par des petites maisons ocres et de grands arbres aux feuillages d’un vert intense. Devrim ouvrait grand ses yeux, enchanté de découvrir une partie de la vie de sa copine qu’il ne connaissait pas. La jeune femme les fit entrer chez elle. Elle les fit asseoir sur des nattes et leur servit du riz et du capitaine avec une sauce à la tomate. Le poisson était délicieux et les deux enfants ne tardèrent pas à s’assoupir. Dans un demi-sommeil, Dandio confia la bague à Devrim. Celui-ci la passa à son tour à son pouce. Il se pelotonnèrent l’un contre l’autre et ils glissèrent dans le sommeil … dans un nuage. La jeune femme ne comprit jamais comment il se fit que les enfants ne soient plus là à son retour mais comme personne ne parla d’eux dans les journaux, elle se dit qu’ils avaient retrouvé leur famille.

 

Les enfants se réveillèrent cette fois au pied d’un arbre, dans un grand jardin. Frottant leurs yeux, ils se levèrent et rejoignirent des personnes qui regardaient au loin appuyées à un parapet. Se hissant sur la pointe des pieds, ils aperçurent un immense bateau avec des grandes caisses de toutes les couleurs qui faisait route sur ce qui devait être un fleuve. En contrebas, ils virent des remparts. Derrière eux se dressaient des bâtiments magnifiques : colonnades de marbre, arches de pierres ornées d’or, faïence bleues … et beaucoup de monde ! « Mais on n’est plus à Bamako, où on est maintenant ? » Pour Devrim, ce paysage faisait remonter à la mémoire un souvenir vague. Il avait déjà vu ce fleuve, sa maman lui avait dit qu’il s’appelait le « Bosse-quelque chose ». Il en était sûr maintenant : ils étaient arrivés au pays de SA maman.

 

La jolie jeune fille aux yeux verts avait entendu les deux gamins parler en français, sa langue aussi. Elle se retourna vers eux et leur sourit. Dandio lui demanda où ils se trouvaient. « Etrange !» pensa la demoiselle. Elle leur rappela qu’ils se trouvaient au palais de Topkapi à Istanbul et qu’ils regardaient le Bosphore. Elle leur demanda s’ils voulaient qu’elle les emmène retrouver leurs parents qui ne semblaient pas être dans les parages immédiats. « Mais non, tu ne peux pas, ils sont restés à la maison pendant que nous venions dans le nuage … » dans le nuage ? et où pouvait bien se trouver cette maison ? ici à Istanbul ? ou bien, comme elle commençait à le soupçonner, à plus de trois heures d’avion de là ? elle décida de tirer cela au clair et emmena les petits s’asseoir sur des bancs devant un bâtiment dont les grilles dorées défendaient l’entrée comme au temps du sultan. Elle alla rapidement leur chercher à boire et leur dit : « Maintenant, vous me racontez tout ! ». Ce qu’ils firent avec leurs mots, un peu soulagés quand même car ils ne comprenaient pas bien ce qui leur arrivait. Et qui l’aurait compris ?

 

Or il se trouva que par le plus grand des hasards, ils avaient eu la chance de rencontrer la fille de Mary Poppins qui vivait en France. La jeune fille étala son écharpe sur le banc et demanda aux enfants de se placer dessus. Elle même s’y installa et refermant l’écharpe sur eux trois, elle la fit s’envoler. Cette fois-ci, ils virent des paysages merveilleux défiler sous leurs pieds. Ils longèrent un beau fleuve bleu, des plaines fertiles et des montagnes aux sommets enneigés.

 

Enfin, ils arrivèrent en vue de leurs maisons. La jeune fille aux yeux verts les fit descendre et sonna chez Maman-Dandio. Elle raconta qu’elle les avait trouvés devant leur école. Des cris de joie raisonnèrent dans tout le quartier. Les deux mamans pleuraient cette fois de joie en serrant leur petit contre elle. Des policiers et des journalistes débarquèrent, interrogèrent ou interviewèrent tout le monde. Mais personne ne comprit ce qu’il s’était passé. Le journal local titra : « Deux enfants de trois ans réapparaissent devant une école ».

 

La jeune fille aux yeux verts avait pensé à récupérer sa bague avant de repartir …

 

Anne-Marie 18/09/2016

Suite à l’atelier d’écriture des Rencontres du CRAP de 2016, je me suis prise au jeu d’écrire un conte à partir d’un titre de faits divers, sans aucun rapport avec l’article en question d’ailleurs … Pour ceux qui seraient intéressés, voici le lien : http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/cholet-49300/la-seguiniere-deux-enfants-de-3-ans-disparaissent-de-lecole-4493383

 

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Début d’organisation?

Dans lequel on commence à faire du lien.

Bientôt la rentrée.

Les choses bougent, lentement.

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