Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Archive for octobre, 2018

Blog 21

Ceci est un complément à la page 55 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Des cahiers d’apprentissage pour apprendre les ressources

 

La structure Neo Alta existe depuis Septembre 2013. Dès l’origine, il a été prévu un temps de travail personnel, le Gr.App (Groupes d’apprentissages) en fin de journée, autant de fois que possible dans la semaine. Ce temps d’étude est au volontariat des élèves.

Deux exemples de cahiers d’apprentissage:    cahiers Camille Arthur

Très vite, il a semblé indispensable de cadrer ce temps de travail personnel face à la difficulté pour les élèves de rendre ce temps efficace. D’autre part, quelques membres de l’équipe souhaitaient mettre en œuvre l’idée suivante[1] : les leçons découvertes dans la journée pendant les cours doivent être réactivées le soir-même pour éviter un oubli trop important et donc un trop grand effort de mémorisation la semaine suivante.

Il a donc été mis en place un rituel de travail et un cahier dédié nommé « cahier d’apprentissages »[2]. Celui-ci est sensé servir en classe, par exemple en début de cours pour se remémorer ce qui a été travaillé au cours précédent et/ou ce qui était à apprendre ; ou bien en fin de séance pour prendre le temps de la réactivation immédiate, et non de la synthèse, plus difficile, à faire collectivement avec le professeur. Ou encore pour pratiquer des « Que sais-je ?[3] » Ce n’est pas actuellement fait régulièrement ; ce n’est pas devenu une pratique pédagogique généralisée à l’ensemble des enseignants dans Neo Alta.

Ce cahier d’apprentissages sert également le soir en Gr.App. puisque le rituel prévoit que les premières minutes sont consacrées à la remémoration de ce qui a été appris dans la journée. Individuellement dans un premier temps, très court ; puis en binôme pour enrichir, compléter ce qui a été retrouvé.

Ce qui est écrit pendant les premières minutes est bien souvent très court et ressemble à une petite liste au pire, à un catalogue au mieux.  (pour une suite, cf blog 22)

[1] Tony Buzzan, Une tête bien faite, Editions d’organisation, 2004, page 79.

[2] cf. les travaux de Jacques Crinon, relayés par les articles d’Anthony Lozac’h sur Ecole de demain,  https://ecolededemain.wordpress.com/2013/01/30/le-cahier-des-apprentissages-pour-remplacer-les-devoirs/ et https://ecolededemain.wordpress.com/2013/02/24/le-cahier-des-apprentissages-de-la-theorie-a-la-pratique-dans-les-classes/

[3] cf. Socle commun et compétences, pratiques pour le collège, ESF, 2011 (Di Martino et Sanchez), voir un exemple dans la Partie 3, chapitre 1 : les échelles d’évaluation

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Blog 20

Ceci est un complément à la page 55 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Apprendre par concept, un exemple en enseignement moral et civique

L’enseignement moral et civique est un programme de cycle. Pour le cycle 4, en conseil d’enseignement, il a été décidé dans le collège de l’auteure que « Reconnaître les grandes caractéristiques d’un Etat démocratique » serait traité en 3e. L’auteure a fait le choix d’une démarche à la Britt-Mari Barth. Des exemples « oui » et « non »[1]  sont projetés alternativement sur le TNI. Ce cours venant après l’étude des régimes totalitaires, les contre-exemples sont choisis dans l’URSS de Staline et en Allemagne nazie. Chacun prend des notes sur son cahier au fur et à mesure de la projection, en silence. Les exemples auraient pu être choisis parmi des chapitres étudiés les années précédentes (Athènes au Vème siècle ante- christum par exemple) mais l’auteure a choisi dans cette séance de réactiver les connaissances sur les caractéristiques des dictatures. Spirale, quand tu nous tiens… Ceci dit, cela aurait spiralé aussi avec la démocratie athénienne.

 

Quelques « exemples oui »

DDHC 1789 : Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme.

 

Constitution 1958 : La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum.

Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la Constitution. Il est toujours universel, égal et secret.

Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.

Le gouvernement est responsable devant le Parlement

Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire

 

Montesquieu, De l’esprit des lois : Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers.

 

Ensuite, ce sont des images qui sont projetées. La classe doit alors se demander, collectivement, en argumentant, s’il s’agit d’exemples « oui » ou « non ». Par exemple sont projetées des photos de manifestations (lycéens dans la rue selon l’actualité du moment, les anonymous), des reproductions de tracts syndicaux pris en salle des professeurs, des logos d’associations caritatives, des affiches de propagande, des portraits officiels (Kim Jong- Il, Pétain). Enfin, une dernière série de phrases est projetée, présentées comme exemples ou contre-exemples. Les élèves doivent expliquer pourquoi telle phrase est bien une caractéristique d’une Etat démocratique ou l’inverse.

 

Quelques « exemples non »

Montesquieu, De l’esprit des lois : Un gouvernement où un seul gouverne, mais par des lois fixes.

Un gouvernement où un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et ses caprices.

Diderot, article « autorité politique », Encyclopédie : Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres

Lénine, l’Etat et la révolution : La dictature du prolétariat apporte une série de restrictions à la liberté pour les oppresseurs, les exploiteurs, les capitalistes.

Là où il y a répression, il y a violence, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de démocratie.

Décret sur la presse (octobre 1917): Pourront être suspendus les organes de presse qui appellent à la résistance ouverte ou à la désobéissance au gouvernement ouvrier et paysan

 

Dans un dernier temps, chaque élève a dû se débrouiller seul avec un exercice d’application : retrouver parmi une dizaine de phrases, toutes « oui », les caractéristiques d’une démocratie.  Ainsi  » Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi » devient la liberté d’opinion et d’expression constitutive d’une démocratie.  Enfin, les élèves, à plusieurs, établissent le brouillon d’une rédaction sur le sujet puis, individuellement, font cette rédaction à la maison. De retour en classe, une activité d’amélioration de textes est menée avec segmentation en différentes parties et ajout de connecteurs logiques. Les arguments, les exemples et les citations sont mises en évidence par un jeu de couleurs.

 

Cette démarche se rapproche de la démarche d’auto-socio-construction chère au GFEN dont il a déjà été question dans cet ouvrage. Suivant le concept à enseigner, il n’est pas toujours facile de trouver ces exemples et contre-exemples pertinents. Mais au vu de l’efficacité de la méthode, on pourrait imaginer que des collègues, d’un même établissement ou pas, construisent ensemble ces outils. La mutualisation reste difficile dans notre profession de réputation individualiste, on ne peut que le déplorer.

[1] Ainsi l’auteure, toute jeune institutrice, n’ayant pas encore compris ce qu’est la formation continue et pestant qu’on lui « supprime » des cours, a vécu son premier choc pédagogique. Britt-Mari Barth elle-même (mais l’auteure confesse qu’elle ne savait pas qui c’était…) faisait vivre une séance sur la découverte de l’impressionnisme, avant la publication de sa thèse. Double choc: l’auteure ne savait pas non plus ce que c’est que l’impressionnisme. plus de trente ans après, elle n’a toujours pas oublié.

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Blog 19

Ceci est un complément à la page 53 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Un dispositif de classe : apprendre par un enseignement mutuel , un exemple en mathématiques

En mathématiques aussi, on peut aller plus loin en proposant aux élèves de faire le cours. Pour un chapitre qui peut être découpé en plusieurs parties, on demande aux élèves de choisir celle qui les intéresse le plus. Ils sont alors répartis en petits groupes qui ont pour mission de préparer puis de présenter le cours à la classe. Par exemple, un chapitre de 5e de géométrie sera découpé en : unités de longueurs, médiatrices, hauteurs, inégalité triangulaire, construction de triangles connaissant les trois longueurs des côtés. Des ressources sont mises à disposition : différents manuels, accès internet, possibilité de se rendre au CDI. Le professeur est lui-même une ressource bien sûr. Selon leur degré d’avancée et l‘ordre des parties de la leçon, les groupes présentent les résultats de leur recherche. La mise au propre de leurs notes est alors photocopiée et distribuée pour devenir la référence du cours. Parallèlement, chaque élève s’entraine aux exercices du plan de travail individuel dans le même groupe. Si une partie n’est choisie par personne, c’est le professeur qui la présente. Dans cette classe de 5e, dans laquelle la moitié des élèves était en résignation apprise mâtinée de perturbation du cours, la proposition de ce type de travail a permis à un grand nombre de se prendre au jeu, de s’apercevoir qu’ils étaient capables d’apprendre et de faire apprendre leurs camarades. De la résignation apprise, la plupart est passée à une implication qui a nettement amélioré le climat de la classe. Les élèves s’encourageaient et se félicitaient. Ayant repris confiance en eux, en leur classe et sans doute aussi dans leur professeur, la suite des cours de maths a été apaisée et plus efficace pour chacun.

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Blog 18

Ceci est un complément à la page 53 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Un dispositif de classe: apprendre par un enseignement mutuel, un exemple  en histoire

Et pour nos élèves ? Sans mettre les élèves dans le même dispositif, les auteures utilisent également une méthode qui s’en approche : « Apprendre par un enseignement mutuel ».

Voici un premier exemple en histoire. 2016- 2017, en 3e, la classe est rebelle, tour à tour apathique et agitée. Elle réclame du cours magistral ; celui-ci se déroule très bien ; le calme est impressionnant, on n’entend que les plumes glisser sur les cahiers d’écolier. L’auteure pense qu’une classe qui ne fait pas de bruit, à moins qu’elle soit en contrôle, est une classe dont les élèves ne travaillent pas. Le silence est alors le signe de l’électroencéphalogramme plat momentané. Donc, le magistral c’est bien mais on ne peut pas y passer l’année. Il va bien falloir que ces enfants se mettent en activité intellectuelle, s’impliquent, travaillent, apprennent. Ce qui suit se réfère à une très ancienne forme d’enseignement, l’enseignement mutuel[1]. Le maître faisait la leçon à quelques élèves plus avancés en âge ou en savoirs. Ceux-ci ensuite allaient la donner aux autres élèves, par petits groupes. L’auteure s’est demandé si cette manière de faire pouvait trouver sa place en cours de nos jours, comment cela allait se dérouler et avec quelle efficacité.

L’expérience a commencé en fait en 4e Neo Alta : les élèves sont prêts à tout et toujours partant. La professeure s’est fait la main puis a rectifié certains tirs. Nous étions dans la révolution française et l’enseignante voulait continuer le chapitre avec l’étude de deux acteurs Robespierre et Napoléon Bonaparte. La classe a été divisée en deux, chaque moitié travaillant sur l’un des deux personnages historiques. Ce travail a duré deux ou trois heures. La professeure a annoncé l’objectif : « Vous devrez préparer un cours d’un quart d’heure sur votre personnage historique.  Vous serez tour à tour professeur et élève ». Dans un premier temps, les robespierristes se sont rassemblés avec la prof pour une étude très, très guidée, de documents ; les élèves ayant pour mission de suivre, comprendre, poser des questions, prendre des notes s’ils voulaient. Les autres travaillaient seuls ou en duos pour compléter la fiche biographique de Bonaparte. Ensuite, les groupes se sont échangés. A la maison, à partir de leurs notes, de la fiche biographique et du travail avec la professeure, à la maison, chacun devrait préparer son cours. Dans un deuxième temps, le professeur a annoncé les duos et les cours ont commencé, par Robespierre. Au bout d’un quart d’heure, les élèves ont changé de rôle. La professeure a observé ce qui se passait. Chacun a pris son rôle au sérieux. Tous avaient préparé un cours. C’est d’ailleurs amusant de voir les élèves professer : ils reproduisent les représentations qu’ils ont (qu’ils voient, qu’ils vivent ?) de l’acte d’enseignement. Ils ont prévu des lectures, des questions, des études de documents, un résumé. Chacun a été engagé dans la tâche ; les « professeurs » ont accompli leur mission avec conscience ; les « élèves » ont suivi les indications et ont fait sérieusement ce qui leur a été demandé, l’auteure n’a pas eu à utiliser le « bras armé de la république ». L’expérience s’est arrêtée là, c’est sans doute un tort et c’est probablement pourquoi l’auteure a souhaité recommencer avec les 3e, avec quelques infléchissements dans le déroulement.

 

Le chapitre porte sur « Résistances et collaboration pendant la seconde guerre mondiale ». Une nouvelle fois la classe est séparée en deux cependant il n’y a pas d’apport fait par la professeure qui veut sortir d’une longue série de cours magistraux, cf. chapitre 2 sur l’autonomie ; les élèves prennent leurs informations à partir des leçons du manuel et d’un dossier documentaire ; ils peuvent également utiliser les manuels des autres éditeurs ou plus anciens à disposition dans la salle. Evidemment, la professeure est à leur disposition. Les élèves peuvent pour cette phase travailler à deux. En travail personnel hors de la classe, ils doivent à leur tour préparer un cours d’un quart d’heure en prévoyant à l’avance une trace écrite. L’heure suivante, les « cours commencent » avec Pétain et la collaboration. Première modification, à la suite de ce temps, la professeure a repris la main et invité les élèves à poser des questions. Il y en eut quelques-unes, des demandes d’éclaircissement essentiellement. Deuxième modification, chacun sur une demi-feuille a dû écrire ce qu’il avait compris sur la collaboration (en précisant s’il était élève ou professeur). Ensuite, les élèves ont changé de rôle. Et se sont succédés le « cours », les questions et le petit résumé sur ce qui a été compris de la résistance. Enfin, troisième modification, les 3e devaient conclure en écrivant s’ils estimaient avoir plus appris en étant « élève » ou en étant « professeur ». Les résultats de ce petit sondage sont sans appel : quatorze élèves ont déclaré avoir plus appris quand ils étaient professeurs. L’un d’eux le justifie en écrivant : « J’ai dû préparer sérieusement car je voulais être capable de répondre aux questions qui risquaient de m’être posées. » Une autre explique qu’elle a davantage appris car elle a tout d’abord fait les activités préparatoires puis elle a révisé en préparant son « cours » et enfin elle l’a revu quand elle a travaillé avec son binôme. Au final, elle a bien appris car elle a fait le travail trois fois. Sept élèves restent campés sur le fait qu’on apprend mieux en étant élève. Persistance des représentations ?

[1] Philippe Meirieu, Des lieux communs aux concepts-clés, ESF, 2013 et Claude Lelièvre, sur son blog, « Par-delà le dérapage » d’Antoine Prost, 7 mai 2016,  https://blogs.mediapart.fr/claude-lelievre/blog/070516/par-dela-le-derapage-dantoine-prost   

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Blog 17

Ceci est un complément à la page 48 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Une méthode très efficace pour retenir une longue liste de mots ordonnée est celle des loci terme latin pour lieux. Cette méthode est connue depuis l’antiquité et aurait permis à Cicéron de devenir le tribun que l’on sait :

  • On choisit un endroit que l’on connait bien, surtout s’il s’agit d’une évocation mentale, mais on peut choisir le lieu où l’on se trouve
  • On visualise un parcours dans ce lieu ; on peut également choisir un trajet familier
  • On associe aux éléments de la liste des détails de cet endroit dans l’ordre du trajet imaginé, derrière le cactus pour le premier élément, sur l’épaule de la statuette pour le deuxième et ainsi de suite
  • On peut privilégier des rapprochements sémantiques comme le cactus associé à quelque chose de piquant
  • On invente une histoire fantaisiste que l’on pourra se raconter dans le rappel ; plus l’histoire est fantaisiste, et mieux on peut l’évoquer.
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Blog 16

Ceci est un complément à la page 45 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Une progression annuelle calibrée

Plus généralement, la progression spiralée introduit une souplesse qui permet de s’adapter et de tenir compte des difficultés rencontrées par les élèves. Le découpage évite l’introduction brutale d’une masse de connaissances. Le thème sera travaillé en plusieurs épisodes en tenant compte des réactions des élèves. Rencontrer un même thème plusieurs fois dans différents contextes permet de donner du sens et participe à la construction du concept. On ne perd pas de temps avec des révisions inefficaces mais on réactive les connaissances sous un angle nouveau adapté au programme de l’année en cours.

L’idée n’est pas nouvelle, Jérôme Bruner[1] en parle déjà en 1960 : « les curricula devraient être établis     de façon spiralaire en         sorte que les élèves construisent de    façon régulière sur ce qu’ils ont déjà appris. La métaphore de la          spirale signifie qu’apprendre est un processus continu qui suppose une reprise constante de ce qui est déjà acquis et une complexification progressive. La progression linéaire est impropre à exprimer que pour apprendre, les retours sur le déjà vu sont nécessaires pour aller plus loin.       »

Une progression spiralée permet de faire vivre un savoir dans la durée, multiplie les occasions de le rencontrer et fournit des chances à l’élève de se l’approprier. Le traditionnel chapitre clos sur lui-même est incompatible avec les objectifs de la progression spiralée. Il va être divisé en plusieurs micro-chapitres traités à différents moments de l’année. L’étude d’un thème doit être vécue par les élèves comme un chantier qui s’ouvre et ne se referme pas : l’évaluation doit s’adapter.

Par exemple, en mathématiques en 6e, le programme[2] a été divisé en 4 grands thèmes :

D : Travail sur les nombres décimaux                        GM : Travail sur les grandeurs et mesures

Q : Travail sur la notion de quotient               G : Géométrie

Les élèves disposent de fiches, collées dans le cahier qui détaillent les connaissances et capacités attendues. Voici le début de cette fiche :

 

S1 D écriture des décimaux

1. Utiliser la valeur des chiffres en fonction de leur rang dans l’écriture d’un décimal

2. Associer diverses désignations d’un nombre décimal : écriture à virgule, fraction décimale

3. Comparer deux nombres entiers ou décimaux, ranger une liste de nombres

S2 GM lectures tableaux, graphiques

1.       Lire, utiliser et interpréter des données à partir d’un tableau simple ou à double entrée.

2.       Lire, utiliser et interpréter des informations à partir d’une représentation graphique.

S3 Q tables de x, multiplications à trous, mult/div

1.       Réciter les tables de multiplication

2. Effectuer du calcul mental

S4 G points, droites, 1/2 droites, segments, milieux

1.       Utiliser les notations d’une droite, d’un segment et d’une demi-droite ;

2.       Reconnaître des points alignés et utiliser les symboles  et

3.       Reconnaître le milieu d’un segment sur une figure.

S5 D  fractions décimales, x 10, 100, 1000

1. Associer diverses désignations d’un nombre décimal : écriture à virgule, fraction décimale

(décomposition de décimaux)

2. Multiplier et diviser un décimal par 10 ; 100 ; 1000 .

S6 GM  unités, conversions

1.     Effectuer, pour les longueurs et les masses, des changements d’unités de mesure.

2.       Calculer des durées, calculer des horaires.

S7 D  comparaison de décimaux

1.       Encadrer un nombre, intercaler un nombre entre deux autres

2.       Placer un nombre sur une demi-droite graduée.

3.       Lire l’abscisse d’un point ou en donner un encadrement.

4.       Donner la valeur approchée décimale d’un décimal à l’unité, au dixième, au centième.

 

D’autre part, la progression est affichée dans la salle, sous forme de ruban pédagogique :

 

PERIODE MOIS n°SEM Séquences
PREMIER TRIMESTRE Sept 36 D   écriture des décimaux
37 GM  lectures tableaux, graphiques
38 Q  tables de x, multiplications à trous, mult/div
39 G  points, droites, 1/2 droites, segments, milieux contrôle 1
Oct 40 D  fractions décimales, x 10, 100, 1000
41 Tache complexe
42 VACANCES
43
44 GM  unités, conversions
Nov 45 Q  comparaison de décimaux contrôle 2
46 G  cercles, disques, tracés de triangles
47 D  addition, soustraction décimaux
DEUXIEME TRIMESTRE 48 GM périmètres des figures planes contrôle 3
Déc 49 Q  division euclidienne
50 Tache complexe
51 VACANCES
52
1 G  axe de symétrie, médiatrice
2 D  multiplication décimaux contrôle 4
3 GM  angles
4 Q  quotients  et fractions
Fév 5 GM  périmètres et aires contrôle 5
6 D  opérations sur les décimaux, pb à plusieurs op.
7 Tache complexe
8 VACANCES
Mars 9
10 Q  proportionnalité 1
TROISIEME TRIMESTRE 11 G  parallèles et perpendiculaires contrôle 6
12 Q  quotients décimaux
Avr 13 G espace 1 et volumes
14 G  figures usuelles et symétrie 1 contrôle 7
15 Tache complexe
16 VACANCES
Mai 17
18 Q  prendre une fraction de, un % de
19 GM  aires de figures usuelles
20 G  figures usuelles et symétrie 2 contrôle 8
21 Q  proportionnalité 2
Juin 22 GM organiser des données
23 G  espace 2 contrôle 9
24
25

Semaine de révision des 3èmes

(à confirmer)

26

[1] Jérôme Bruner, 1960, The Process of Education, Harward University Press ; cité par http://artsplastiques.discipline.ac-lille.fr/documents/reconnaitre-progression-spiralaire-apl.pdf

[2] Document du collège le Village, Trappes (78) progression établie en concertation de l’équipe des professeurs de maths, année 15-16 ; c’est le choix de l’équipe et non un modèle

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Blog 15

Ceci est un complément à la page 44 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Progression par chapitres, séquences

C’est celle qui est utilisée par la plupart des professeurs. On consacre « quelques séances pour une tranche de savoir. » Elles sont souvent ponctués par un contrôle-bilan ne concernant que la notion étudiée dans ce chapitre.

Avantages Inconvénients
–          Progression traditionnelle

–          Sécurisante

–          Facilement compatible avec le manuel et les collègues

–          Donne une impression d’achevé

 

–          Saucissonnage des notions

–          Mémorisation et évaluation par blocs

–          Limitation de la remobilisation des savoirs

–          Limitation de l’activité de l’élève et de la production de sens

–          Il faut un dernier chapitre !

–          Ne permettent pas toujours de finir le programme

–          Sont souvent plus en lien avec le manuel qu’avec le programme officiel

–          Ne nécessitent pas une analyse approfondie des programmes

 

Progression par objectifs

A chaque séance un objectif est mis en apprentissage.

Avantages Inconvénients
–          L’apprentissage est finalisé

–          Des objectifs transversaux sont pris en compte

 

–          Saucissonnage de notions ponctuelles

–          Juxtaposition des savoirs

–          Les savoir-faire sont techniques et laissent peu de place à l’enjeu et à l’activité de l’élève

 

On peut cependant limiter les inconvénients de ces deux types de progression en utilisant un objet créé par René Merckhoffer, IA-IPR de mathématiques : le ruban pédagogique. Il consiste en une programmation des contrôles-bilans toutes les trois semaines environ de manière à forcer la remobilisation des savoirs. La progression devient une programmation par semaine et comme n’importe quel sujet peut se traiter en une heure ou en un an, on comprend l‘apport de régulation obtenu ainsi.

Cette manière d’enseigner ne doit pas oublier de faire place au travail de mobilisation des ressources sur des activités complexes, dites à prise d’initiatives en maths.

 

Progression par situations-problèmes

C’est une progression préconisée dans plusieurs disciplines pratiquant la démarche d’investigation, le passage de la tâche initiale à la tâche finale, la séquence autour d’une problématique …

Avantages Inconvénients
–          L’apport des contenus est en réponse à des besoins

–          Possibilité d’approches interdisciplinaires

–          Cette progression nécessite un fort pilotage de la part du professeur

–          Risque de ratage d’institutionnalisation de certains contenus.

 

Progression spiralée ou par micro-chapitres

Chaque notion est commencée pour être enrichie tout en mettant en évidence les liens avec d’autres notions. On revient régulièrement sur une notion déjà étudiée pour la compléter, l’appliquer dans un nouveau contexte, l’insérer dans un cadre plus large … la faire vivre. Chaque grand thème d’étude est abordé tôt, au premier trimestre.

 

Avantages Inconvénients
Grâce au décloisonnement des chapitres :

–          Les savoirs et les savoir-faire se construisent toute l’année

–          Les liens entre les notions, la construction du sens sont facilités

–          Les élèves ont un temps d’appropriation, de mémorisation

–          Il y a une réactualisation et un réinvestissement continu des savoirs

–          Moins de stress généré par le contrôle du temps

–          Sachant que le thème va être repris, inutile donc de répéter encore et encore les exercices fondamentaux

–          Pas très sécurisant, surtout au début

–          Bonne organisation du professeur requise

–          Difficulté d’utilisation des manuels

–          Problèmes de relations avec les collègues de l’établissement

–          Emiettement possible des savoirs : prévoir des bilans réguliers pour faire le point

–          Difficulté de l’organisation matérielle pour l’élève : prévoir l’organisation du cahier des élèves et peut-être de faire le lien avec les différents chapitres du manuel utilisés

 

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Blog 14

Ceci est un complément à la page 39 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Métacognition et prise de conscience : trois niveaux et trois temps     

Il n’y a pas d’une part des élèves qui usent de métacognition et d’autre part les autres. Chacun l’utilise plus ou moins dans une sorte de continuité, suivant également les types d’activités dans lesquelles il est engagé.

On peut se demander maintenant si les effets de la prise de conscience par un questionnement ad hoc, dépendent du moment où il est posé. En distinguant le après, pendant et avant l’apprentissage. Il parait clair que cette prise de conscience s’appuie sur des ressources différentes et a des objectifs différents.

  • Après l’apprentissage, le questionnement de type explicitation va permettre à l’élève, comme on l’a vu,
  • Pendant l’apprentissage, l’élève gère en même temps le résultat qu’il cherche à atteindre mais aussi sa manière de faire dans son objectif d’apprendre. Il lui faut donc développer cette double compétence
  • Avant l’apprentissage, il s’agit essentiellement d’anticiper et d’organiser la tâche. Ce qui est compliqué par le fait qu’il ne connait pas l’apprentissage futur.

Dans la suite, des exemples porteront sur ces trois temps.

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Blog 13

Ceci est un complément aux pages 38 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Autonome dans le travail à la maison ?

Il n’a été question jusqu’ici que de pratiques en classe. Est-ce que l’on pourrait envisager que l’autonomie se construit également, non pas en-dehors de l’école mais aussi en-dehors de l’établissement ? C’est ce que l’auteure a voulu savoir en tentant l’expérience suivante. En 2015- 2016, il a été proposé à trois classes de faire leur travail personnel en choisissant un degré d’autonomie. Cette expérience s’inscrit dans le droit fil des conférences de l’IFE sur le travail personnel de l’élève[1]. Chaque classe s’est vue proposer de faire ses devoirs non pas de manière classique (le professeur donne les devoirs et les élèves en font tout … ou partie) mais selon un degré d’autonomie choisi par l’élève lui-même. Les devoirs sont indiqués grosso modo pour un chapitre entier et non pas d’un cours pour l’autre. En début de chapitre, l’expérience est expliquée à la classe, chaque élève détermine son degré d’autonomie. Le professeur met alors en ligne sur l’ENT les documents nécessaires, un document par degré d’autonomie. Le cours se déroule normalement selon ce qu’a prévu le professeur. Cependant, les élèves sont invités à montrer au fur et à mesure ce qu’ils ont appris. En fin de chapitre, chacun doit remplir un petit bilan de son travail personnel, qui est ramassé. A quoi ressemblent les consignes, cf un autre article sur un autre blog. [2] ?

En 6e, nous commençons « les débuts du judaïsme », pour le degré 1 (le plus bas), « je fais ce que le professeur demande », lire § C p 50 (de la leçon dans le manuel), mémoriser les définitions de « Les Juifs » et « La diaspora », noter le repère « début de l’écriture de la Bible : VIIIème siècle A.C. » dans le cahier et en faire une phrase, apprendre la leçon dans le cahier.

En 4e, en Géographie sur le chapitre des « pays les moins avancés », en degré 2, « je choisis ce que je veux faire pour apprendre parmi les activités proposées dans le tableau ». Ces activités sont organisées autour de quatre entrées : lire, écrire, apprendre et autre. En lecture, en sus de leçons dans le manuel est proposée la consultation d’un ouvrage documentaire sur le Mali à choisir grâce à e_sidoc. En rédaction, le professeur demande d’établir une liste d’informations sur le Bengladesh à partir des documents du manuel ou encore d’analyser un graphique ou bien d’inventer un quizz. Pour ce qui est d’apprendre les propositions vont du vocabulaire à l’apprentissage d’une carte ou d’un résumé. Enfin, dans la colonne « autre », les élèves peuvent choisir de regarder une vidéo du site.tv ou d’aller au CDI établir une biographie sur un PMA.

En 3e, nous commençons le chapitre « effondrement et refondation de la république ». Il s’agit d’étudier les réactions des français pendant la seconde guerre mondiale. Pour le degré 3, la consigne est simplement « je me débrouille. A moi de jouer ou plutôt de faire ce qu’il faut pour apprendre ».

Quelles sont les résultats de cette expérience ? Ce qui suit n’a aucune valeur scientifique, il ne s’agit pas d’une enquête menée avec la rigueur sociologique nécessaire. Ce sont seulement quelques constats. Tout d’abord, quel degré d’autonomie les élèves ont-ils choisi ? Dans les trois classes c’est le degré 2 qui a recueilli le plus de suffrages. En 6e, quatre élèves ont choisi le degré 1 et aucun le degré 3. En 4e et en 3e, un seul a voulu faire ce que préconisait le professeur et un seul également a souhaité se débrouiller seul pour apprendre. Le nombre d’activités choisies et prévues montre les « appétits » différents des élèves et 2 à 8 sur 15 en 6e, de 4 à 11 sur 12 en 4e et de 3 à 8 sur 14 en 3e. En 6e, on a choisi plutôt dans la colonne « lire » et « apprendre » est la moins cochée. En 3e, est-ce parce qu’il s’agit d’une classe d’examen pour l’histoire-géographie, presque tous les élèves ont sélectionné des activés dans le « apprendre » et tous au moins une leçon du manuel à travailler.

Mais les élèves ont-ils fait ce qu’ils avaient prévu ? En fait, non. Ils sont très peu nombreux à avoir fait plus ou autant que prévu. L’écrasante majorité en a fait moins. Mais, souvent, on n’est pas loin du compte (4 sur 5 ou 6 sur 8). En 3e, plusieurs font le constat qu’ils n’ont effectivement pas ENCORE fait ce qu’ils avaient prévu mais qu’ils n’avaient pas terminé. Ce qui est surprenant est que certains ont sélectionné des activités puis en définitive en ont fait d’autres. En 3e, T. reconnait qu’il a tout fait, mais « pas très sérieusement la mémorisation des deux dernières définitions ». En 3e toujours, L. a choisi le degré 3 et s’est établi un programme de travail incroyable avec quatre eurécartes[3] de synthèse des leçons du manuel puis trois activités sur dossier pour approfondir la défaite de la France, le rôle de de Gaulle et un mouvement de résistance ; enfin, elle a travaillé sept notions-clés. Et elle a fait tout ce qu’elle avait prévu. Evidemment il s’agit d’une exception. Cependant, tous les élèves se sont prêté au jeu, ont fourni un travail de qualité, plus abondant dans l’ensemble que ce que le professeur aurait donné comme devoir. Au fil des cours, les élèves étaient invités à montrer leurs connaissances, à expliquer ce qu’ils avaient fait pour les acquérir. C’était très intéressant et riche. Parfois, cela a été une bonne surprise : S. dont l’activité principale cette année-là était de profiter du temps qui passe s’est montré, enfin, un élève intéressé tenant des propos intéressants qui faisaient réellement avancer le travail de la classe.

L’auteure pensait prendre des risques en lançant cette expérience, les résultats ont montré que non. Au final, les élèves se sont investis. Les 6e ont produit des questionnaires et des quizz réutilisables pour d’autres classes par exemple.

Qu’en disent les élèves ?

Enfin, cette expérience s’est conclue par un travail en petits groupes avec la classe de 4e [4]. Ce chapitre finit donc comme il commencé puisqu’il s’agissait pour eux de réfléchir à ce qu’est un élève de 4e autonome. Qu’en disent-ils ?

« Un élève qui n’est pas autonome n’est pas capable de travailler sans obligation ni aide quelconque. Il est également incapable de prendre des décisions seul » (pour trois élèves).

« Un 4e qui n’est pas autonome ne prend pas de responsabilité et demande toujours ce qu’il faut faire. Il ne rend pas ses devoirs à temps, il ne peut pas travailler seul. Il ne s’avance pas dans ses devoirs, les fait la veille. Il ne fait pas ses devoirs jusqu’au bout ou alors rapidement » (pour quatre élèves).

« Un élève qui n’est pas encore assez autonome a besoin d’aide mais lorsqu’il a compris, il peut se débrouiller seul » » (pour quatre élèves).

« Un élève un peu autonome travaille mais n’aime pas trop le faire en autonomie. Il ne sait pas vraiment le faire avec les conseils du professeur » (pour trois élèves).

« Un élève de 4e autonome s’avance dans ses devoirs sans qu’on le pousse à le faire. Il prend des initiatives et ne sollicite pas les professeurs. Il sait faire ses devoirs tout seul et fait parfois plus que ce qu’on lui demande » (pour quatre élèves).

« Un élève autonome peut se débrouiller seul, est capable de se donner du travail et de s’y tenir, sait s’organiser sur ce qu’il doit apprendre. Il peut distinguer ce qui est le plus important à apprendre, ce dont il a impérativement besoin. Il choisit pour quand et quand il doit faire son travail » (pour quatre élèves).

 

L‘analyse un peu plus haut de cette expérience montre que ces élèves n’ont pas toujours fait ce qu’ils avaient prévu. Cependant, l’autonomie, ils savent ce que c’est, ils savent la décrire et nul doute qu’ils atteignent assez rapidement un très haut niveau de maîtrise de cette compétence. Si on considère qu’apprendre c’est tout d’abord comprendre puis mémoriser puis transférer alors on peut penser que ces élèves ont compris ce qu’est l’autonomie ; qu’ils vont progresser petit à petit par le biais de mise en situation de la développer et de s’autoévaluer ; et qu’ils vont tôt ou tard transférer cette maîtrise de leur liberté individuelle vers d’autres situations. A l’école et dans la « vraie » vie.

[1] Cf. une conférence de Patrick Rayou au printemps 2016 (http://formations.inrp.fr/2016-05-03%20p-rayou.mp3  et https://www.youtube.com/watch?v=Z_1nBdUAaBM ) et les ressources très nombreuses mises en ligne depuis (https://www.reseau-canope.fr/education-prioritaire/agir/item/ressources/laccompagnement-du-travail-personnel-des-eleves-organise-et-adapte-a-leurs-besoins.html ).

[2] Pour les documents entiers, voir sur le blog https://lewebpedagogique.com/anniedimartino/2018/11/04/travail-personnel-developper-lautonomie-des-eleves/

[3] Appellation « maison » des cartes heuristiques, parfois écrites eurékartes d’ailleurs.

[4] Il s’agit de la 4ème Neo Alta, une expérimentation menée dans le collège de l’auteure dont un des axes est précisément le développement de l’autonomie chez les élèves. Cf un petit film tourné par Thierry Foulques « Neo Alta un dispositif innovant », https://www.youtube.com/watch?v=XGlNDa0JrrA

 

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Blog 12

Ceci est un complément à la page 37 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Concevoir des situations de classe (pour développer l’autonomie des élèves): le brouillon

Il va donc falloir réfléchir à des situations de classe conçues spécifiquement pour cela. Arrivé à ce point, en stage, l’auteure fait lire des textes extraits de Blanquart et Walkowiak dans Réussir l’école du socle[1] , de Hadji dans Comment impliquer l’élève dans ses apprentissages[2] puis deux textes de Philippe Meirieu sur l’autonomie[3]. C’est le moment pour les équipes de commencer à élaborer des situations de classe. En général l’auteure fait concevoir ces situations d’enseignement-apprentissage en utilisant la démarche E.A.Sy’R présentée au chapitre 3 « Apprendre les ressources du programme » de cet ouvrage. Les collègues, à plusieurs, choisissent un des points des listes proposées dans les textes lus et bâtissent une séquence.

Mettons que les collègues aient choisi « Les élèves sont-ils capables d’utiliser correctement un brouillon, sans le recopier à l’identique lors de la production finale, mais en étant capables de tester plusieurs solutions avant de choisir celle qui leur semble la plus appropriée ? »

Avec cette proposition, on est au cœur du socle et des programmes ainsi qu’une petite lecture le démontre. Selon le socle commun, cela devient « l’élève gère les étapes d’une production, écrite ou non » (domaine 2). Cela apparaît dans les programmes de Français cycle 3, dont un des attendus de fin de cycle est la pratique du « brouillon » ou écrit de travail. Idem en fin de cycle 4 : (l’élève doit) utiliser l’écrit pour lire et pour penser (par la) réalisation d’écrits préparatoires. Cette notion de « brouillon » ou écrit de travail dit encore préparatoire se retrouve en histoire-géographie : une des compétences travaillées, tant en cycle 3 qu’en cycle 4 est « pratiquer différents langages en histoire et en géographie ». Un des descripteurs en est « écrire pour construire sa pensée et pour apprendre ». Enfin, dans une publication de la DGESCO d’Octobre 2016, le document d’accompagnement pour l’évaluation des acquis du socle[4], on va le retrouver plusieurs fois. « Pour attester d’un niveau de maîtrise satisfaisant en fin de cycle 3, l’élève parvient à recourir à l’écriture de manière autonome pour (…) réfléchir ». Citer toutes les références serait fastidieux. En revanche, ce qu’il est intéressant de souligner est que toutes les disciplines sont clairement appelées à mener ce travail.

La proposition suivante concerne donc toutes les disciplines, en particulier celles dans lesquelles l’écrit, la rédaction sont une des tâches attendues. La séquence suivante pourrait être menée dans le cadre de l’accompagnement personnalisé, idéalement pris en charge par plusieurs matières.

Après un premier cours, il est demandé à l’élève de produire un brouillon. Le relevé montre une variété de situations : des rédactions déjà rédigées, des listes, des « gribouillis », un plan, une sorte de brainstorming fléché. Dans un deuxième temps, la classe analyse en petits groupes un corpus de brouillons d’une autre classe ou de l’année précédente. Les élèves réfléchissent à l’efficacité à chaque brouillon. La séance suivante se passe en partenariat avec le professeur-documentaliste en demi-groupes. Au CDI, les élèves recherchent différents exemples de brouillon, d’écrivains, de scientifiques. Après ces deux séances d’analyse et de recherches, les élèves doivent pouvoir commencer à caractériser un brouillon efficace qui soit un écrit pour réfléchir, un travail préparatoire à la rédaction. La suite se passe en classe, le professeur demande aux élèves de refaire un brouillon sur le sujet de départ, ou sur un autre selon l’avancée des programmes. Au fil de la séquence, ils vont être amenés à essayer différents types de brouillon à partir de différents sujets. Idéalement, toutes les matières s’y mettent et tous les professeurs demandent à leurs élèves de précéder chaque écrit d’un brouillon.

On pourrait enchaîner avec un autre exemple, à partir cette fois d’une proposition de Meirieu : « être autonome c’est être capable d’analyser un échec, de chercher pourquoi telle ou telle méthode n’a pas été efficace et mettre en place de nouveaux moyens : aidons-nous nos élèves à faire ces analyses, les faisons-nous avec eux ? » Cette fois, on pourrait commencer, pour rester dans le même domaine, avec la projection d’un brouillon d’élève anonymé, d’une autre année afin de ménager les susceptibilités et préserver l’estime de soi des jeunes présents. Les élèves disposent par ailleurs de la photocopie de la rédaction avec les commentaires du correcteur. Ceux-ci montrent clairement que la production n’est pas réussie. Le travail consiste alors à repérer toutes les erreurs commises par le rédacteur. Il serait intéressant de les lister sur un paperboard et les afficher dans la salle, au moins dans un premier temps, comme pense-bête de ce qu’il faut éviter. La suite consiste à se demander pourquoi ou comment l’élève a fait ses erreurs, à quoi cela nous fait penser et comment on pourrait éviter de faire les mêmes. Ceci fait, l’élève est invité à prendre une de ses productions récentes et à y rechercher s’il n’a pas commis le même genre d’erreurs, quelles sont celles qu’il fait le plus, afin de se construire un petit vade-mecum personnalisé de ce à quoi il doit être particulièrement attentif.

[1] Francis Blanquart et Céline Walkowiak, Réussir l’école du socle, p 107, ESF, 2013

[2] Charles Hadji, Comment impliquer l’élève dans ses apprentissages, ESF, 2014

[3]https://www.meirieu.com/DICTIONNAIRE/autonomie.htm    https://www.meirieu.com/CLASSEAUQUOTIDIEN/formationautonomie.htm

[4] https://cache.media.eduscol.education.fr/file/College_2016/33/9/RAE_Evaluation_socle_cycle_2_643339.pdf

https://cache.media.eduscol.education.fr/file/College_2016/74/4/RAE_Evaluation_socle_cycle_3_643744.pdf  https://cache.media.eduscol.education.fr/file/College_2016/74/6/RAE_Evaluation_socle_cycle_4_643746.pdf

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