Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Le train de 18h33

–          Je m’appelle Romain mais maintenant, on m’appelle Romane. Je prends ce train de banlieue tous les soirs, toujours le même, celui de 18h33. Je rejoins mon studio, tout en haut d’une tour, mais je vois loin… Je ne m’assois pas toujours à la même place, des fois en bas, des fois en haut de ces wagons qui sentent fort l’humanitude. Je m’appelle Romain mais on m’appelle Romane maintenant.

–          Bonsoir, je suis Sidibé. Je viens du Sénégal et je n’aurais jamais cru avoir si froid en France. Vous savez, cette impression que même mes os sont gelés. Je vais retrouver ma famille, ma femme sera déjà partie travailler, ma grande garde ses petits frères et sœurs. Je prends tous le soirs le train de 18h33. Je suis Sidibé et j’ai froid.

–          Allo ! Oui, c’est Mickaël. Comment ça va, gros ? T’es où ? Ah ! Moi c’est com’ d’hab’, dans le train de 18h33. Ouais, je passe ce soir chez ouate jouer à la PS4. Comment on va les défoncer à kolof … Allo ! C’est Mickaël.

–          Hein ? Oui, c’est pourquoi ? Attendez, j’enlève un écouteur. Josie, c’est mon nom. Ce que j’écoute ? C’te blague, c’est Djohny ! Ça fait une semaine que mes yeux y s’arrêtent pas de pleurer. Quand j’y pense, c’était comme un grand frère pour nous.  Le train ? Oui, tous les soirs le train de 18h33. Mon nom c’est Josie et j’écoute Djohny.

–          Je suis Jeanne, je rentre de mes cours de droit. En fait, j’aime bien prendre le train, je peux relire mes cours et quand j’arrive chez moi, j’ai moins de travail, alors c’est bien ! Je prends presque toujours le train de 18h33, ça dépend de mes cours. Je suis Jeanne et je suis en fac de droit.

–          Mesdames et messieurs, je vous demande votre attention. Je suis Jean-Daniel, le conducteur de votre train. Nous sommes arrêtés en pleine voie car la signalisation m’oblige à stopper. Je vous tiens au courant dès que j’en sais plus et vous prie de bien vouloir excuser ce contretemps.

–          Comment ? On est où ? J’ai loupé ma station ? je m’appelle Jacques et je crois bien que je me suis assoupi. Je pars vraiment tôt tous les matins. Ça m’a réveillé ce message. Mais c’est bien qu’il nous explique un peu. Je prends tous les jours le train de 18h33. Je m’appelle jacques et je suis fatigué.

–          Moi, c’est Michel. J’ai 73 ans. Je ne peux plus écrire, ma main droite tremble trop. Je suis sûr que tout le monde le voit, comme ma main tremble. Mais je la cale sur ma jambe et j’arrive à lire le « 20 minutes » en le tenant de la main gauche. Je prends souvent le train de 18h33 quand je rentre de chez ma fille. Moi, c’est Michel et je tremble.

–          Pardon ? Mon nom est Hélène, je vais vous demander de m’excuser mais il faut absolument que je termine ce travail sur mon ordi. Tiens, on est arrêté. Ça fait longtemps ? Oh la la, je vais être en retard ! Je m’y remets, désolée. Si cela ne vous dérange pas, pouvez-vous me prévenir quand nous arrivons ? Je ne prends jamais le train de 18h33, je termine plus tard d’habitude, mais ce soir j’ai un rendez-vous ultra-important pour mon job. Mon nom est Hélène et je suis stressée.

–          Je m’appelle Rose-Marie, je mange un morceau, c’est toujours long ces journées. J’aime bien prendre ce train de 18h33, et comme je m’assois toujours à la même place, je vois souvent les mêmes personnes. Je leur dis bonjour sans les connaitre et on parle du temps. Ça coupe le trajet. Je m’appelle Rose-Marie et je mange un morceau.

–          Attendez, je finis ma phrase. Oui ? je suis Patrick, je profite du train pour lire. C’est tranquille le train, oui sauf quand y en a qui parlent trop fort. Oui, je prends presque tous le jours le train de 18h33 et je lis. Oui, c’est le dernier livre de Grangé, vous connaissez ? oui, j’ai lu tous les autres. Je suis Patrick et j’ai lu tous les Grangé.

–          Mesdames et messieurs, c’est encore Jean-Daniel, le conducteur de votre train. Cela fait 20 minutes que nous sommes à l’arrêt en pleine voie. Je vous rappelle qu’il est formellement interdit de descendre sur les voies. C’est extrêmement dangereux. Je n’ai aucune information à vous donner car je n’en ai pas ! Vous avez remarqué qu’aucun train ne nous a doublé ou croisé depuis que l’on est arrêté. Personne ne me contacte et la nuit noire ne nous permet pas voir quoique ce soit. Je suis comme vous, j’attends …

Anne-Marie, septembre 2018

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