« Pas de caricature sans culture »

Cette phrase est l’une de celles qui ont retenu notre attention lors de la venue d’Emmanuel Chaunu à l’ESPE de Caen. Voici comment nous l’avons comprise :

Pas de caricature sans culture! Cette expression m’est restée dans la mémoire. Chaque caricature est toujours le reflet des problèmes de notre société et de notre culture. La caricature n’a pas  de sens si son idée ne repose pas sur la question de la culture. Par exemple à cause de caricature sans culture le peuple juif a souffert. Il était dessiné que les juif aiment l’argent, mais ce n’est pas vrai. Les caricatures doivent être justes. Nous n’avons pas le droit de dessiner n’importe quoi. (Venera, Russie)

Pendant sa présentation Emmanuel Chaunu a dit cette phrase « Pas de caricature sans culture ». Il veut dire que le dessinateur ne peut pas faire les caricatures sans bien connaître la culture, c’est-à-dire la vérité. Il cite un exemple quand pendant Seconde Guerre mondiale les fascistes provoquent  la haine des juifs parce qu’ils auraient trop d’argent. En fait ce n’était pas la vérité. Par conséquent plusieurs juifs ont été victimes  du fascisme. Ainsi Emmanuel Chaunu indique que c’est très important de connaître une vraie situation et de vrais faits avant de faire une caricature (Anastasia, Russie)

Avec cette phrase emblématique, Chaunu a défendu son métier et son art : la caricature est loin d’être un dessin pour s’amuser ou  amuser. Elle est plutôt le résultat d’une pensée produite a posteriori sur un sujet, après une très riche documentation. Cette documentation ne sert pas tout simplement à s’informer ; il s’agit de se renseigner d’où les faits du présent viennent. Il faut donc en chercher l’origine, analyser  les  nombreuses dynamiques qui font qu’ un  évènement particulier se produit. Pour se moquer de quelqu’un, il faut tout d’abord en connaitre les caractéristiques. Après on peut « s’amuser » à exagérer les traits (ce qui en fait la façon dont le stéréotype nait). La caricature est le point final d’un travail d’information, questionnement, et prise de position qui nécessite une profonde culture préalable.  Prendre en compte la culture veut dire également prendre des précautions contre les possibles conséquences d’une caricature qui provoque, le cas étant le cas échéant, une religion fondamentaliste. (Irene, Italie)

Qui êtes vous Emmanuel Chaunu ?

A l’occasion de la venue d’Emmanuel Chaunu à l’ESPE, nous avons fait quelques recherches sur ce dessinateur, et travaillé sur un des dessins qu’il a fait paraître suite aux attentats de janvier en France et notamment sur celui-ci :

Dessin-Chaunu

 

Chaunu a dessiné les journalistes attachés à leurs crayons qui sont en train de mourir. C’est le poteau d’exécution. Intentionnellement, Chaunu ne dessine pas  les visages des personnes, il n’indique pas leur nationalité en soulignant ce que cela se passe partout. D’après moi ces personnes ressemblent à Jésus de Nazareth avec la croix qu’il a monté au Golgotha. Ils gravissent  leur calvaire malgré tous  leurs malheurs et même la mort. Chaunu nous présente le métier de journaliste comme un martyre (Anastasia, Russie).

Avec ce dessin, Chaunu a voulu caricaturer les évènements du 7 janvier passé. En fait, il s’agit d’une métaphore dont le dessinateur a exagéré les traits (qui, d’ailleurs, est le but de toute caricature). Ce qui a condamné à mort ces hommes dessinés c’est justement leur crayon en tant que dessinateurs. Chaunu a bien montré que le 7 janvier on est passé du « caricaturer » au « caricatuer », ce qui est bien évidemment contre toute légitimité. (Irene, Italie)

La question est si c’est la liberté pour de bon? Tout le monde dit que les journalistes, la presse en général, les caricaturistes sont libres dans leurs mots et dessins mais en réalité ce n’est pas comme ça. Dans l’image les crayons en même temps signifient deux choses. Premièrement  ils symbolisent la profession des dessinateurs, qu’ils aiment beaucoup, mais deuxièmement, par contre, c’est  le supplice où ils peuvent mourir. (Natalia, Russie)

Cette image montre l’absence de la liberté d’expression. Beaucoup de gens pensent que la presse et les caricaturistes sont libres dans ce qu’ils font. C’est le contraire. Dans cette image Emmanuel Chaunu a montré des personnes qui n’ont pas encore le droit  à la liberté d’expression. Ils sont attachés aux crayons. Emmanuel Chaunu n’a pas dessiné les visages  parce qu’il veut montrer que nous sommes tous égaux. On peut voir aussi que la ligne ne s’arrête pas. Il y a beaucoup de monde  qui ne peut pas s’exprimer. (Maxime, Pays-Bas)