La grammaire est l’internet de la langue.

La difficulté principale de l’apprentissage du français est la grammaire qui semble paradoxalement une matière où les enseignants sont les plus assurés.
Cependant, comme en témoigne la fréquentation de cette page, des incohérences leur apparaissent et ils ont besoin de repères.
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On peut distinguer quatre démarches :

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La grammaire orthographique

Cette grammaire traditionnelle sert de base à des règles qui paraissent indiscutables alors qu’elles ont été « simplifiées » ou privilégient les exceptions. Un certain nombre de ces règles sont même inutiles.
Les élèves passent beaucoup de temps sur des exercices qui ne leur sont pas profitables (et qui leur sont souvent néfastes) car il n’y a pas eu de temps pour observer et manipuler.
On observe aussi que les enseignants laissent peu les élèves parler alors que la phase orale est indispensable pour s’entrainer aux richesses de notre langue, rassembler et préciser les observations, valider et perfectionner les apprentissages.

La grammaire notionnelle
Les manuels indiquent une notion puis des exercices d’application et les enseignants restreignent souvent la grammaire à cette démarche.
Par exemple, on fait apprendre à des élèves de 7 ans qu’un nom commun est un mot qui désigne une personne, un animal ou une chose. Pas évident : les adjectifs qualificatifs peuvent être utilisés comme noms, les verbes à l’infinitif sont souvent homographes d’un nom, … Le silence est-il une chose ?
Cela oblige à n’utiliser que des phrases sélectionnées en raison de la variété des tournures écrites et orales.
Ces « notions » se contredisent souvent entre manuels, entre cours, et font l’objet d’une longue liste de particularités dans l’enseignement secondaire.
On pourrait regretter que les programmes français n’indiquent pas la différence entre un complément circonstanciel, un complément de phrase, un complément essentiel, par exemple, si on ne devinait pas que de telles définitions seraient utilisées comme des notions indiscutables amenuisant encore le temps de recherche et de découverte.*
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La grammaire structurale

On découpe la phrase en groupes puis on analyse ces groupes et leurs composants.
La différence entre la fonction et la nature n’apparait pas toujours clairement.
C’est cette démarche qui fait dire « le groupe sujet » alors qu’il n’y a généralement qu’un mot pour le sujet (pronom personnel, nom propre, …).
Le « groupe verbal » n’est plus indiqué dans les programmes français, contrairement, semble-t-il, au Québec.
Cette démarche d’analyse par boites, par tiroirs, par arbres, ne semble efficace que pour certains élèves.
Comme dans les deux précédents types de grammaire, il est souvent fait appel au sens (un complément circonstanciel indique le lieu, le temps, la manière, etc.) et à la construction (un complément circonstanciel peut être déplacé et supprimé) malgré les contradictions (Je mange un gâteau. Je mange. Je vais au jardin.)
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La grammaire par manipulations

Celle-ci a été privilégiée après mai 68, l’oral étant alors la panacée.
Les exercices tant à l’oral qu’à l’écrit rendaient les élèves actifs et leur permettaient de s’approprier les connaissances. (Remplacer le sujet dans « Ce travail est fatigant. » Courir est fatigant. Anastasien est fatigant. Ce que tu me dis est fatigant. Il était alors facile de rechercher la nature sans être limité par une définition préalable donc restrictive.
Il est indéniable qu’un temps de recherche et de mise en commun est indispensable.
Pourtant cette démarche est devenue rare.
L’enseignant se sent investi de la mission de transmettre un savoir et il reproduit souvent la manière dont il l’a acquis, en tentant d’en gommer les incohérences.
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Qui peut donner actuellement les règles du fonctionnement de l’internet ?
L’étude de la langue ne peut se résumer en des règles à appliquer même si une clarification des notions est indispensable.

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*Pouvez-vous analyser cette phrase ?

Évaluation et validation des acquis

Une évolution fondamentale dans l’enseignement français se profile avec la mise en place du livret personnel de compétences.

En France, les compositions n’étaient pas notées mais classées. Des places d’honneur étaient décernées aux premiers dans le but de provoquer une émulation entre les élèves. C’est en 1890 que la notation chiffrée est devenue obligatoire pour les compositions trimestrielles, en vue de faciliter la sélection d’une élite, avec une théâtralisation des résultats. L’arrêté de 1890 classe aussi la mauvaise note parmi les punitions autorisées, comme le devoir à refaire et la retenue…

La circulaire du 6 janvier 1969 a préconisé de remplacer les notes chiffrées par des appréciations globales, du « très satisfaisant » au « très insuffisant » et « si on le juge bon », des lettres (de A à E) ou des chiffres (de 1 à 5). Cependant, en juillet 1971 les notes sur 20 sont à nouveau prônées dans les classes qui comportent un examen (3ème, terminale).

L’usage des lettres se diffuse surtout à l’école primaire. D’autres symboles sont parfois utilisés : couleurs, smileys, voire même des scores de réussite. Au secondaire, petit à petit, les lettres sont devenues de faux chiffres avec des A++, A+, etc. L’échelle de notation s’est recomposée.

La note a du mal à disparaitre même si son utilité est fortement contestée.  « Est-ce que tu as de bonnes notes à l’école ? » La fonction sociale de la note résiste, surtout quand elle n’est pas remplacée par un autre repère compréhensible par le non enseignant.

Le carnet de notes disparait avec la Loi d’orientation de juillet 1989 qui organise les cycles à l’école maternelle et élémentaire et officialise le passage du bulletin au livret scolaire pour rendre compte des résultats des élèves.

La définition du socle commun s’accompagne maintenant de l’obligation de mise en œuvre d’un livret personnel de l’élève, destiné à suivre l’acquisition progressive de compétences. Cette exigence se renforce avec les comparaisons internationales des résultats scolaires, les élèves français paraissant de moins en moins performants.

Cette année scolaire, le livret personnel de compétences, devra être complété par les enseignants de l’école et du collège sur ordinateur (certains y passeront encore plus de temps vu la lenteur de l’internet dans de nombreuses zones) et consultable à tout moment par les parents.

Ce livret est ainsi présenté : « Le socle commun de connaissances et de compétences s’inscrit dans la logique des résolutions européennes sur l’orientation et la formation tout au long de la vie.

  • En France, le socle commun de connaissances et de compétences a été instauré par la loi d’orientation pour l’avenir de l’école de 2005.
  • Défini par le décret du 11 juillet 2006, il est constitué de 7 compétences.
  • Le livret personnel de compétences permet de formaliser la maitrise de ces compétences. »

On y trouve cette définition des compétences qui semble correspondre à celle de Meirieu :  « Maitriser une compétence, c’est pouvoir mobiliser et réinvestir des connaissances, des capacités et des attitudes afin d’atteindre un objectif précis dans une situation donnée. »

Ce qui entraine cette distinction entre évaluation et validation :

Évaluer… c’est :

  • donner une valeur graduée (8/20, 13/20, en cours d’acquisition / acquis / expert…)
  • un acte le plus souvent individuel d’un enseignant
  • un acte pédagogique
  • un acte renouvelable, évolutif, qui se pratique dans le cadre habituel des enseignements

Valider… c’est :

  • une déclaration binaire (oui/non)
  • la décision collégiale de l’équipe
  • un acte définitif : une compétence validée le reste
  • un acte institutionnel

On observe donc le retour à la distinction entre évaluation formative et normative, avec cette notion d’une compétence « acquise à vie ». L’évaluation normative avait fait l’objet de nombreux travaux locaux dans le dernier quart du 20ème siècle, mais il n’y avait pas eu de généralisation.

Cette année, les enseignants devront être non seulement des concepteurs de situations d’apprentissages mais aussi et surtout des évaluateurs. La validation collective s’opposera à l’esprit « classe gardée », mais amènera-t-elle enfin une mutualisation des pratiques enseignantes, une remise en cause de la suprématie pédagogique du « maitre » ? On peut supposer que cette phase sera suivie d’une « harmonisation » des pratiques.

Voir aussi :

Grammaire d’hier et de demain

  • Grammaire française de M. Noël et M. Chapsal, 1842 :

571. Le participe présent est toujours invariable. Le temps est un vrai brouillon mettant, remettant, rangeant, dérangeant, imprimant, effaçant, rapprochant, éloignant et rendant toutes choses bonnes ou mauvaises. (Madame de Sévigné)

572. Il ne faut pas confondre le participe présent et l’adjectif verbal ; celui-ci terminé par -ant, s’accorde en genre et en nombre avec les mots qu’il qualifie. Des esprits bas et rampants ne s’élèvent jamais au sublime. (Girard)  La passion dominante de César était l’ambition.

574. L’adjectif verbal marque l’état, la manière d’être du mot auquel il se rapporte, et peut se construire avec un des temps du verbe être : Ce sont des hommes obligeants. Ces hommes prévoyants ont aperçu le danger. Les personnes aimantes ont plus de jouissances que les autres. On peut dire : des hommes qui sont obligeants ; des hommes qui sont prévoyants ; des personnes qui sont aimantes.

575. Le qualificatif en -ant est participe présent quand il a un complément d’objet direct, parce qu’alors il y a action, puisque ce complément est toujours l’objet d’une action : Cette réflexion embarrassant notre homme, On ne dort point, dit-il, quand on a tant d’esprit. (La Fontaine)

576. Le qualificatif en -ant est ordinairement adjectif verbal quand il n’a aucune espèce de complément, parce qu’alors il exprime presque toujours l’état : Un geste pittoresque et des regards parlants. (Fr. de Neufchâteau)  On apercevait sur la mer des mâts et des cordages flottants.

577. Le qualificatif en -ant qui n’a qu’un complément indirect est ou participe présent ou adjectif verbal : participe présent, quand le sens indique l’action, et adjectif verbal, lorsque le sens indique la situation, l’état :

_ On voit la tendre rosée dégouttant des feuilles. On voit la sueur ruisselant sur leur visage. Dans ces phrases le sens est : la rosée qui dégoutte des feuilles, la sueur qui ruisselle sur leur visage, c’est de l’action qu’il s’agit : dégouttant, ruisselant, sont donc des parrticipes présents et doivent rester invariables.

_ Voyez-vous ces feuilles dégouttantes de rosée ? Voyez sa figure ruisselante de sueur. Dans ces deux dernières, au contraire, c’est l’état, la manière d’être qu’on exprime ; car le sens est : qui sont dégouttantes de rosée, qui est ruisselante de sueur ; dégouttantes, ruisselante, sont conséquemment des adjectifs verbaux, et doivent s’accorder avec les substantifs feuilles et figure qu’ils qualifient.

  • Grammaire de 2020 :

Le participe présent est invariable sauf s’il est utilisé comme adjectif ou comme nom, ce qu’on vérifie par substitution.
_ Les apprenants étaient pris en charge par les sachants.  (Les nouveaux étaient pris en charge par les anciens.)
_ Les feuilles jaunissantes montraient les arbres dépérissants.  (Les feuilles jaunes montraient les arbres malades.)
_ Voyez sa figure ruisselante de sueur. (Voyez sa figure recouverte de sueur.)

(publié dans le journal de Gaétan Solo du 12 juillet 2010)



Conseils à une enseignante débutante.

Gaétan,

Je me permets de vous écrire pour vous féliciter du travail exceptionnel que vous fournissez et que vous acceptez de partager très gentiment avec les internautes. Je suis tout simplement admirative face à cette masse de travail.

Je vous envoie ce message pour vous demander si possible quelques conseils.

Je suis actuellement en PE2 et je suis chargée de m’occuper un jour par semaine d’une classe où tout se passe très bien maintenant, même si je ne vous cache pas que la gestion du double niveau était loin d’être évidente lors de mes premières semaines.

En plus de ce stage filé, je vais avoir pendant 3 semaines une classe.

L’enseignante que je remplace m’a déjà un peu aidée puisqu’elle m’a envoyé ce qu’elle souhaitait que je fasse (ses progressions) pendant son absence mais je ne sais pas du tout comment m’y prendre d’autant que les contenus me semblent parfois assez « costauds ».

Par conséquent auriez vous quelques conseils à me donner ? Des sites, pour un enseignant débutant en CM2 par exemple, à me recommander ? Je suis chargée de toutes les matières excepté le sport et la musique.

Pardon de vous demander cela d’autant que je me doute que vous êtes débordé de travail et rececez de nombreuses sollicitations de la part d’enseignants mais quelque chose me dit que vos conseils seront, je n’en doute pas, d’excellente qualité

En attendant une réponse positive je l’espère, je vous souhaite une excellente journée et un bon début de vacances scolaires.

Bonjour,

Tout d’abord, je vous remercie pour vos encouragements. Sur un million de visiteurs en 2009, vous êtes la cinquième à donner votre avis sur ce site…

Ce qui suit n’est pas « des recettes pédagogiques » (je n’ai pas de compétence particulière en ce domaine). Il ne s’agit que d’observations accumulées au cours de ma « carrière ». Chacun a son mode relationnel, sa manière d’être, de paraitre.

Premier jour dans la classe :

  • Dire aux èlèves inquiets qui vous interrogent dans la cour ou avant d’entrer : « On en parlera en classe. », ce qui évitera les déformations : « Il a dit que … »
  • Ne pas demander qui est absent mais appeler les élèves (avec le registre obligatoire) permet une première prise de contact.
  • Si vous commencez par dire : « Votre professeur m’a prévenu que … » ou « Si ça ne se passe pas bien, je … », les élèves penseront que vous n’avez pas confiance, que vous avez une image négative d’eux.
  • Présenter le déroulement de la journée. « Nous allons suivre l’emploi du temps habituel (quand il existe !) mais il pourra y avoir des modifications. »
  • Avant de commencer les activités, dire : « Avez-vous des questions ? »  Ne pas s’offusquer des redites ou du peu d’intérêt de ces questions, c’est souvent un moyen d’exprimer l’angoisse afférente à une nouvelle situation. Ne pas prolonger ce moment, mettre les élèves en activité est le meilleur moyen de les sécuriser.

L’élève qui sait tout, qui répond avant les autres, qui a fini son travail rapidement :

  • lui proposer de venir expliquer et justifier sa réponse devant les autres,
  • ne pas corriger son travail immédiatement, lui indiquer simplement le nombre de fautes (à lui de les trouver),
  • lui proposer de s’occuper de ceux qui n’ont pas fini, de les aider s’ils se trompent mais de ne pas leur dire les réponses.

L’élève qui parle fort ou en même temps qu’un autre :

  • Fixer la règle : « Je ne parle pas en même temps que toi, alors tu ne parles pas en même temps que les autres. »
  • J’ai remarqué que cela correspondait souvent à une séparation des parents…
  • Malgré la pénibilité des enfants sans gêne, les règles de vie doivent s’appliquer aux élèves comme aux enseignants.

Discipline :

  • « Ils en profitent parce que c’est un remplaçant. » Cette affirmation, commode pour les enseignants, est erronée. Les problèmes n’apparaissent pas ex nihilo. Bien sûr, une attitude autoritariste, un manque de préparation, des exigences inadaptées, créeront un ennui, un sentiment d’échec, une opposition. Mais il suffit de citer les élèves qui ont posé problème pour faire admettre que ce n’est pas nouveau.
  • Une menace de punition ne doit pas être répétée. Les punitions doivent être rares, courtes, écrites et vérifiées immédiatement (par exemple : 5 fois « Je n’empêche pas les autres de travailler. »)  Des punitions à faire à la maison ne le seront généralement pas et susciteront une hostilité des parents.
  • Il est interdit de priver un élève de la totalité de la récréation. Cette privation est le meilleur moyen de le rendre opposant et encore moins disponible. Cependant, un élève peut être isolé des autres quand son comportement est dangereux.
  • Il m’est arrivé de dire : « Je ne pourrai vous emmener en sports ou organiser des arts plastiques que s’il n’y a pas de nouveau problème de comportement. » Cette menace était normalement suffisante.
  • Une punition collective est absurde et inefficace. D’une façon générale, les sanctions doivent correspondre aux droits de l’enfant, ne pas être excessives ou dégradantes (cela semble une évidence et pourtant…).

Travail :

  • Il faut distinguer le travail réalisé pour essayer (sur le cahier de brouillon) du travail de synthèse ou de systématisation (sur un cahier ou une feuille). Il est regrettable que de plus en plus d’enseignants ne corrigent pas les écrits des élèves (ou seulement les années d’inspection…), se basant sur une « autocorrection » qui doit certes être développée mais ne peut être suffisante. Vous constaterez une nette évolution de la qualité du travail, quand les élèves verront vos appréciations ou vos notes (même si « elles ne comptent pas pour le bulletin »).
  • Donc, limiter le travail sur le « cahier du jour » mais le corriger systématiquement ainsi que les synthèses en histoire, géographie, sciences, …
  • La difficulté est d’adapter la difficulté au niveau des élèves sans sous-estimer leurs compétences et sans en laisser en cours de route. Exemples : s’occuper d’un groupe d’élèves en difficulté dès le début des exercices ; regarder rapidement les premiers cahiers apportés et les garder pour une correction ultérieure permet de passer plus de temps avec ceux qui en ont besoin (et qui s’arrangent pour se placer au bout de la file d’attente).

Progressions :

  • Généralement, les progressions (quand elles existent) sont des programmations, des répartitions. Une notion ne se résume pas à une leçon (et encore moins à une photocopie). Il est dommage que des élèves quittent l’école primaire sans jamais avoir découpé une phrase en groupes pour les déplacer, représenté des fractions sur des droites et des fromages, effectué une recherche orale de sujets ou de compléments d’objet, et ce ne sont que des exemples. Ce n’est pas l’informatique qui apportera une solution avec des QCM…
  • Les manuels ont généralement le tort de présenter une règle ou un résumé d’une notion puis des exercices d’application ; les phases de découverte et de confrontation sont occultées. De plus, les explications sont différentes des cours précédents, quelquefois en opposition. Il suffit souvent d’écrire une phrase au tableau, de poser la question : « Qui peut dire … ? » et de laisser les élèves s’exprimer pour réorganiser les connaissances.
  • Dans certaines classes (souvent faibles), vous entendrez : « On l’a déjà fait ! ». Demandez-leur alors d’expliquer ce dont il s’agit et présentez-leur ce travail comme un moyen de montrer ce qu’ils savent. Vous constaterez que c’était nécessaire. Les élèves attendent du nouveau (comme pour leurs jeux vidéo) tant qu’ils n’ont pas compris que l’enseignement n’est pas un puzzle mais une construction progressive des connaissances.
  • Vous constaterez aussi le désintérêt d’enfants très suivis à la maison (l’exigence de « devoirs » est significative…) puisque, de toute façon, leurs parents leur expliqueront. La classe doit alors leur permettre de s’exprimer afin de resituer leurs connaissances.

Pour conclure, je dirais simplement de bien préparer sa classe, de ne pas se laisser envahir par un lexique inutile, de vérifier les exercices qui seront donnés, de prendre du temps pour les corrections. À ces conditions, il devient possible de s’adapter en fonction des élèves.

Cordialement.

Gaétan Solo

L’enfant sans gêne

L’enfant sans gêne :

  • dit tout haut au milieu de vos explications qu’il a envie de faire pipi quand les autres viennent vous le dire discrètement,
  • se plaint chaque jour de ne pas avoir de règle (en réalité, il en a le dernier morceau),
  • prend ses jeux ou ses poupées quand vous interrogez les autres,
  • vous montre par son attitude qu’il s’ennuie ou qu’il n’a pas envie de travailler,
  • se plaint bruyamment des autres à chaque activité collective,
  • continue à jouer ou à griffonner jusqu’à ce que vous confisquiez provisoirement ses figurines ou son ardoise,
  • reprend ce qui lui appartient sans même vous en parler,
  • se plaint immédiatement du moindre inconvénient,
  • vient en face du bureau et pose directement son cahier pour passer avant ceux qui attendent normalement,
  • veut toujours réciter sa poésie à l’avance même s’il ne la sait pas,
  • vient se plaindre régulièrement que les autres ne veulent pas jouer avec lui,
  • prend toujours le matériel avant les autres,
  • vous fait répéter cinq fois la consigne en vous regardant d’un air perplexe,
  • vous déclare qu’il n’a pas compris sans avoir essayé de lire,
  • ne commence pas son travail tant que vous ne l’avez pas sollicité personnellement,
  • parle pendant que les autres chantent,
  • discute avec son voisin qui, lui, n’a pas fini son travail,
  • vous fait remarquer la moindre anomalie (par exemple que son cahier n’a pas encore été corrigé),
  • a un air si gentil qu’on ne peut pas vraiment lui en vouloir et pourtant, pourtant, il monopolise la majorité de vos interventions et vous laisse une impression d’insatisfaction, d’échec relatif et de fatigue, en fin de journée. Bref, c’est un enfant, heureusement ce ne sont pas tous les enfants.

La réforme de l’orthographe : ceux qui en vivent et ceux qui la vivent.

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Cela va faire 20 ans que l’Académie française a proposé ses dernières rectifications de l’orthographe.

Cela va faire 20 ans que certains profitent de ce filon pour alimenter des polémiques stériles mais rémunératrices.
Cela va faire 20 ans que les médias nous infligent des formes surannées comme « il a été interpellé ».

Cela va faire 20 ans que les manuels scolaires refusent toute évolution et présentent des règles inintéressantes car non représentatives ou trop simplifiées, et des exercices basés sur des exceptions.

Cela va faire 20 ans que les enseignants attendent qu’au-delà des programmes, les notions à acquérir soient clairement définies tant en orthographe qu’en grammaire.

Alors, que faire ?

Souhaitez-vous prolonger ces diatribes médiatisées ?

Voici un bilan de la validité et des particularités des règles d’orthographe. Il est régulièrement complété. Vous pouvez y participer.

Des règles d’orthographe vérifiées et détaillées.

Version succincte imprimable.

Règles d’orthographe à imprimer

À cette adresse, vous pouvez voir et imprimer ces règles d’orthographe vérifiées et détaillées.

LE PLURIEL DES NOMS ET DES ADJECTIFS

LE FÉMININ DES NOMS ET DES ADJECTIFS

LES NOMS FÉMININS TERMINÉS PAR -TÉ, -TÉE, -TIÉ

DIX RÈGLES POUR L’ACCORD DU VERBE

CONJUGAISON : L’INDICATIF

CONJUGAISON : LE FUTUR ET LE CONDITIONNEL

CONJUGAISON : LE SUBJONCTIF

CONJUGAISON : IMPÉRATIF, PARTICIPE ET INFINITIF

LES VERBES EN -ONNER, -ONER, -AUNER

PARTICIPE PASSÉ EN -É OU INFINITIF EN -ER ?

L’ACCORD DE L’ADJECTIF ATTRIBUT OU DU PARTICIPE PASSÉ

LES VERBES EN -YER

LES VERBES EN -GUER

LES VERBES EN -ELER ET -ETER

LES ADVERBES EN -MENT

LE SON [s]

LE SON [k]

HOMOPHONES : SON, SONS, SONT

HOMOPHONES : A, À, AS, AH, HA

M OU N DEVANT B, M, P

-CIEL OU -TIEL

Les cours doubles, comment s’en sortir ?


Creative Commons License photo credit: Seb* [aka *]
…..La fermeture de classes conduit à développer les cours doubles, seule alternative pour ne pas avoir d’effectifs supérieurs à 30 élèves, cours doubles dont le nombre d’élèves est souvent supérieur à 25… Cette organisation, dont le CP/CE1 est une particularité, devrait susciter une réflexion généralisée tant elle pose de questions amplifiées par les nouveaux programmes.

Bonjour,

Je suis enseignante depuis 30 ans, dont 25 ans de CP….

Seulement voilà, je me sens frustrée chaque année un peu plus de lâcher mes bambins à qui j’ai appris à lire et à écrire, j’aimerais pouvoir aller plus loin avec eux. Malheureusement mon école ne permet pas d’avoir un CE1 mais un CP CE1. Je n’ai pas osé franchir le pas car le cours double m’impressionne (pas pratiqué de puis 28 ans!)

J’ai trouvé votre site par hasard et sa lecture m’a beaucoup intéressée. Vous semblez avoir une expérience solide dans ce domaine. Pourriez-vous m’en dire plus ?

Amicalement.

…..Il est un impératif immuable quelles que soient les méthodes et démarches pédagogiques : l’élève a besoin de repères dans la journée, dans la semaine, donc d’un emploi du temps respecté, et par rapport à son travail. Le temps passé pour les déplacements, la vie familiale, les réunions, ainsi que le sentiment de saturation peut amener des enseignants à négliger les corrections du travail individuel alors que l’élève attend des appréciations. Les bulletins sont rares, tardifs et ne permettent pas à l’élève de se situer. En ajoutant le temps destiné au soutien, la saturation psychique, le burn-out, il deviendra de plus en plus difficile d’assurer ce suivi individuel primordial. Corriger le travail pendant la classe est certes préférable mais impossible pour 25 élèves. Si des «moyens de contrôler l’orthographe sont mis progressivement en place», ils supposent qu’il n’y ait pas délégation de cette exigence sur les seuls élèves.

…..Pourquoi est-ce si important ? On constate souvent que dans les classes difficiles, les rôles ne sont pas clairement définis. L’élève ne peut pas mesurer son évolution, ce qui l’amène à «se mesurer» à l’adulte. Les problèmes de comportement se généralisant, la violence devenant ordinaire («On ne se bat pas, on s’amuse.»), le recours à «l’occupationnel» apparait comme le seul moyen de «gérer sa» classe. L’enseignant s’enferme dans sa «classe gardée», craignant d’exposer ses difficultés. La démotivation ne l’incite pas à s’investir et les élèves le ressentent. Les éclats de voix se multiplient mais n’apportent pas de réponse durable.

…..Beaucoup de parents se substituent, consciemment ou non, aux enseignants. Il est fréquent que l’enfant acquière plus de connaissances par ses parents ou par le biais de son ordinateur et déconsidère le temps passé à l’école.

…..D’autres difficultés se généralisent : la majorité des élèves n’a pas le matériel nécessaire (crayon à papier, gomme, stylo, règle) ; des parents, transposant leur scolarité sur leur enfant, deviennent justiciers ou considèrent l’enseignant comme un prestataire de services qui doit leur rendre des comptes ; des collègues refusent la moindre remise en cause de leurs certitudes ou cachent leur angoisse par une attitude de blocage ; les enseignants changent fréquemment de poste ; les mi-temps augmentent la complexité de l’enseignement et du suivi scolaire ; des élèves sont insolents (l’enfant roi devient tyran quand il n’a pas compris qu’il a des droits mais pas tous les droits) ; …

…..De nombreux jeunes enseignants déclarent qu’ils n’exerceront pas ce métier pendant 40 ans, ni même 15 ans…

…..Comment gérer l’ingérable ? Comment prendre en compte les attentes des élèves en préservant son équilibre psychologique et sa disponibilité ?

…..Souhaitons qu’une priorité soit l’échange d’informations entre enseignants concernant l’application des programmes dans un cours double. En effet, il est indispensable de commencer l’année avec une répartition des notions à étudier dans l’année et de pistes pour les mettre en place. Cette programmation sera nécessairement modifiée en fonction de l’évolution des élèves mais elle évitera le stress de la «page blanche» et la quête de photocopies (inutiles le plus souvent). Elle est d’autant plus indispensable que le temps et la disponibilité mentale feront souvent défaut. En ce sens, la répartition des notions à étudier par cours est un progrès même si elles seront de toute évidence régulées par l’usage. (Pourquoi ne pas en donner une copie aux parents ?)

…..L’urgence est de rechercher des situations communes aux deux cours, ce qui laissera un temps suffisant de recherche puis permettra de laisser un cours en autonomie. Ce sera ardu pour un CE1/CE2… Ne pas se laisser entrainer dans la spirale de la multitude d’exercices de certains fichiers sans réserver du temps pour approcher une notion autrement que par 4 ou 5 réponses dont la plupart seront le fait du hasard.

…..Il est possible de modifier le «rapport de forces» dans la classe.

  • Traditionnellement, les élèves plus rapides monopolisent le temps de correction, une file d’attente diminue la durée de travail et crée des tensions. Une technique est de dire aux premiers «Tu as __ fautes.» sans leur indiquer lesquelles. On ne leur donnera un travail complémentaire qu’au vu de l’achèvement du premier.

  • Une autre technique est d’appeler, dès le début de l’exercice, les élèves en difficulté pour les guider et vérifier s’ils sont «sur la bonne route».

  • Quand les élèves ont admis que «aider ce n’est pas dire les réponses», ils se sentent responsabilisés si on leur demande d’expliquer à ceux qui n’ont pas fini ou d’un autre cours, et c’est souvent plus profitable qu’un soutien individualisé.

  • Penser aussi à interroger des élèves qui se manifestent peu, tout en admettant qu’ils n’aient pas toujours une réponse à proposer. Si l’on n’y prend garde, certains élèves ne s’expriment jamais en classe.

…..Enfin, ce n’est pas une photocopie qui fait une leçon. L’étude des homophones est généralement une perte de temps. La répétition des leçons de grammaire n’apporte rien. Il est des situations simples qui suscitent la participation des élèves et la confrontation de leurs connaissances. Bien distinguer le temps de recherche, sur l’ardoise ou sur le cahier de brouillon (qui n’est pas corrigé mais qui sert à l’élève pour présenter ses recherches ou justifier ses résultats), le travail écrit de synthèse ou d’évaluation qui doit être court, vérifié par l’enseignant et corrigé (progressivement) par l’élève.

…..Des aides institutionnelles seraient appréciées : Pourquoi, par exemple, est-ce aux enseignants d’établir une liste de mots à acquérir par cours ? Les apports pédagogiques du ministère, ainsi que les modes de passation des évaluations normalisées, pourraient tenir compte des contraintes des cours multiples. La simplification de l’orthographe pourrait-elle être adoptée et appliquée par le ministère ?

…..Alors, cours double ou pas ? Fréquemment, le choix n’existe plus et c’est regrettable. La classe unique était exténuante pour l’enseignant mais profitable à la majorité des élèves grâce au suivi et à l’individualisation des méthodes. Les contraintes et les exigences actuelles obligent maintenant au regroupement de regroupements scolaires où les classes à un cours deviennent pourtant rares. Cela amènera-t-il à réfléchir à une nouvelle organisation de la classe où l’hétérogénéité serait un facteur positif ?

Voir aussi :

Ressources pédagogiques.
Que faire en CP/CE1 ?
Le français sans se prendre la tête : grammaire, conjugaison, orthographe, vocabulaire.
Ermel dans une classe de CP/CE1 ?

Homophones

~ Chaque année, les élèves doivent choisir, à l’aide d’exemples, entre des homophones (a/à, son/sont, …) pour compléter des phrases, ce qui est inefficace.

  • D’une part, constituons des relevés de phrases ou groupes nominaux avec à, ou, où, …, auxquels ils pourront se référer.
  • D’autre part, passons du temps à revoir les verbes être et avoir aux formes affirmative, négative, interrogative et comme auxiliaires, car ils constituent la majorité des erreurs de ce type (ai, aie, aient, aies, ait / es, est / et ; suis / suit / suie ; son / sont ; a, as / à, on / ont).

~ Enfin, n’oublions pas que la langue française est en grande partie idéographique avec peut-être 30000 homophones (dictionnaire des homophones).

Le passif

~ Pour gagner du temps, associons le passif à l’étude du COD.

  • Dès le CE2, à l’oral, c’est un moyen efficace de reconnaitre le COD. « Le chat attrape la souris. La souris est attrapée par le chat. »
  • Au CM, cela met en évidence les accords d’une façon naturelle.

~ Des suggestions.

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