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Soirée littéraire du 1er mars 2023

Vous trouverez ci-dessous les sujets apparus de façon chronologique tout au long de la soirée. Les noms annotés ci-dessous sont en lien avec un article Internet qui permet d’avoir accès à plus d’informations (biographie, portraits, portfolio, éditeurs, vidéos, etc.) et quand c’est possible, un résumé ou un synopsis de l’œuvre. Juste pour faire envie …

 « L’amour de Phèdre » de Sarah Kane : L’Amour de Phèdre (Phaedra’s Love) est une pièce de théâtre de Sarah Kane, créée le 15 mai 1996 au Gate Theatre de Londres. Elle fait partie du courant britannique du théâtre « In-Yer-Face ». Cette pièce, la seconde de la dramaturge britannique, est une version moderne et violente du mythe de Phèdre. Sarah Kane place l’action de sa pièce dans le monde contemporain, dont elle dénonce les excès, notamment à travers le personnage d’Hippolyte. Du mythe, elle ne retient que l’amour de Phèdre pour le fils de son mari et la fureur de Thésée. Elle introduit aussi de nouveaux personnages : un prêtre, un médecin et la sœur d’Hippolyte.

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« Le jeu des ombres » de Valère Novarina : Le théâtre est l’autre lieu. L’espace s’y appelle autrement : à droite la cour, devant la face, à gauche le jardin, au fond le lointain, au ciel les cintres, sous le plateau les dessous. Au singulier, « les dessous » deviennent le dessous, l’inférieur – qui, remis au pluriel, ouvre les enfers…Qui est dessous ? En dessous de tout ? – Le langage, le verbe, la parole. – Qui est descendu aux Enfers ? – Orphée, Mahomet, Dante, le Christ. Qui soutient tout, nous constitue, nous structure, nous porte ? nous supporte ? nous sous-tend ? Quel est notre sous-sol ? – Notre langue. C’est sur elle que toute la construction humaine repose. C’est par elle que nous avons été (légèrement, fragilement !) séparés des animaux. Nous sommes des animaux qui ne s’attendaient pas à avoir la parole.

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« Le voyant » de Jérôme Garcin : le visage en sang, Jacques hurle : « Mes yeux ! Où sont mes yeux ? » Il vient de les perdre à jamais. En ce jour d’azur, de lilas et de muguet, il entre dans l’obscurité où seuls, désormais, les parfums, les sons et les formes auront des couleurs. » Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyran est arrêté en 1943 par la Gestapo, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit Et la lumière fut et part enseigner la littérature aux États-Unis, où il devient « The Blind Hero of the French Resistance» . Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans. Vingt ans après Pour Jean Prévost (prix Médicis essai 1994), Jérôme Garcin fait le portrait d’un autre écrivain-résistant que la France a négligé et que l’Histoire a oublié.

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« Le réveil » de Laurent Gounelle : Tom, un jeune ingénieur, se retrouve confronté dans son pays à une situation inquiétante qui sème la peur dans la population. Dans ce contexte inédit, des mesures sont adoptées par le pouvoir, contraignantes et liberticides. Tom se retrouve pris dans la tourmente des événements, mais il a un ami grec qui l’alerte alors : les peurs des gens sont très utiles à certains. C’est en découvrant des vérités parfois dissimulées au grand jour, que l’on peut se réapproprier sa

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« Ici ou là et ailleurs aussi » de Bernard Friot (livre bilangue) : e recueil est conçu comme un jeu spatial particulièrement adapté à la petite enfance. Bernard Friot explore en mots poétiques et truculents les adverbes de lieu : où ? ici, là, dessous, derrière, dessus, en haut, en bas, dedans, partout, à travers, etc. Treize poèmes s’enchaînent comme une promenade, se répondent, se font écho comme des éléments dans l’espace. L’écriture de Bernard Friot est tout à la fois ludique, humoristique et par cette composition spatiale, elle devient philosophique. Nous avons longtemps cherché l’illustration de ces poèmes : une image narrative avec, par exemple, un chat en haut d’une armoire pour « en haut », serait-elle bienvenue ? Sans doute le corps enseignant apprécierait-il cette spatialisation graphique comme outil pédagogique ? Mais nous avons finalement choisi le travail graphique de Jérémie Fischer, qui est le premier illustrateur auquel nous avions pensé en lisant ces poèmes. Jérémie Fischer marche en montagne et, au retour de ses marches, colle des papiers. Ses collages sont presque abstraits, mais paradoxalement, en face des poèmes de Bernard Friot, ils deviennent presque narratifs et dans tous les cas, ils nous parlent d’espace. Héritières de Leo Lionni dans « Petit-bleu et Petit-jaune », les masses colorées de Jérémie Fischer libèrent ici l’imaginaire du (jeune) lecteur. Et le recueil nous semble plus riche.

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« Correspondance avec Boris Pasternak / Souvenirs » de Varlam Chalamov : «  »La poésie… Je la considère depuis toujours comme la conversation que l’homme tient avec l’univers dans une sorte de troisième langage qu’ils comprennent l’un et l’autre, bien que leurs langues maternelles soient différentes ». C’est en tant que poète que Chalamov, le futur auteur des Récits de Kolyma, prend un jour la plume pour écrire à Pasternak. Il n’est alors qu’un inconnu sortant à peine de l’enfer des camps, mais il brûle de renaître, d’écrire, de créer. Ainsi débute une correspondance qui durera quatre ans, entrecoupée d’entrevues racontées par Chalamov dans les Souvenirs. Quatre années charnières non seulement pour lui, qui sera enfin réhabilité en 1956, mais aussi pour Pasternak, plongé dans la rédaction du Docteur Jivago, et pour le pays entier, secoué par les premiers remous du dégel qui suivit la mort de Staline en 1953″.

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 « Le pingouin » d’Andreï Kourkov : à Kiev, Victor Zolotarev, journaliste au chômage, et son pingouin dépressif Micha, rescapé du zoo, tentent péniblement de survivre. Lorsque le patron d’un grand quotidien offre à Victor d’écrire les nécrologies de personnalités pourtant bien en vie, celui-ci saute sur l’occasion. Mais un beau jour, ces « petites croix » se mettent à disparaître à une vitesse alarmante… Crimes commandités par la mafia ou règlements de comptes politiques ?

« Transperceneige » de Jean-Marc Rochette : le Transperceneige est une bande dessinée de science-fiction post-apocalyptique française en noir et blanc créée par Jacques Lob (scénario) et Jean-Marc Rochette (dessin). Elle est publiée d’octobre 19821 à juin 19832 dans le périodique (À suivre) avant d’être reprise en album en février 1984 par Casterman. Après la mort de Jacques Lob en 1990, le scénariste Benjamin Legrand reprend l’univers et deux nouveaux albums sont publiés en 1999 et 2000. Le premier album est récompensé du Prix Témoignage chrétien au festival d’Angoulême 1985. Le réalisateur coréen Bong Joon-ho l’adapte au cinéma sous le nom de « Snowpiercer, le Transperceneige », en 2013. Après le succès de ce film, Casterman publie Terminus, suite directe des deux albums précédents, puis Extinctions, début d’un nouveau cycle dans le même univers.

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« Ruptures » de Claire Marin : joyeuses ou tragiques, visibles ou cachées, les ruptures rythment notre existence. Comment les conjuguer avec l’idée de notre identité, une et constante ? Nous révèlent-elles les multiples facettes de notre être ou le fait que nous nous affirmions progressivement, au fur et à mesure de ces « accidents » ? Nous épurent-elles ou nous démolissent-elles ? Pour la philosophe Claire Marin, nous nous définissons autant par nos sorties de route que par nos lignes droites. Certes, naissances ou deuils, séparation ou nouvel amour fragilisent nos représentations, ébranlent nos certitudes. Mais ils soulignent aussi la place de l’imprévisible, et questionnent notre capacité à supporter l’incertitude, à composer avec la catastrophe et, en les surmontant, à parfois démarrer une nouvelle vie.

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« Trio des ardents » de Patrick Grainville : Isabel Rawsthorne est la créatrice d’une œuvre picturale secrète et méconnue. On a surtout retenu d’elle et de sa vie aventureuse qu’elle fut l’amante solaire et le modèle d’Alberto Giacometti. Francis Bacon confia qu’Isabel fut son unique amante. Elle fut encore son amie, son modèle, sa complice jusqu’à la fin. Elle posa d’abord pour le sculpteur Epstein, pour Balthus, Derain. Picasso fit plusieurs portraits d’elle sans qu’elle cède à ses avances.

À travers Isabel, son foyer magnétique et sa liberté fracassante, on assiste à une confrontation entre deux géants de la figuration, Bacon et Giacometti. Au moment même où triomphe l’abstraction dont ils se détournent avec une audace quasi héroïque. Bacon, scandaleux, spectaculaire, carnassier, soulevé par une exubérance vitale irrésistible mais d’une lucidité noire sur la cruauté et sur la mort. Giacometti, poursuivant sa quête d’une ressemblance impossible, travailleur obsessionnel jusqu’à l’épuisement. Chez Isabel, la mélancolie alterne avec l’ivresse vagabonde.

Des années 30 à la fin du siècle, telle est la destinée de ce trio passionné, d’une extravagance inédite, partageant une révolution esthétique radicale et une complicité bouleversante.

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« On était des loups » de Sandrine Collette (lu par Thierry Hancisse ) : ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d’une nature aussi écrasante qu’indifférente à l’humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l’instinct paternel et le prix d’une possible renaissance.

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« Contes de Grimm » édition Corti (2017)

                                                        Le garçon dans la tombe (lu par Nathalie)                       

« Il était une fois un jeune garçon berger. Il était pauvre et avait perdu ses père et mère, aussi fut-il placé par les autorités dans la maison d’un homme riche afin que celui-ci le nourrisse et se charge de son éducation. Mais cet homme et sa femme avaient le cœur méchant : en dépit de toute leur richesse, ils étaient avares et envieux, et ils enrageaient quand quelqu’un d’autre mangeait une bouchée de leur pain. Le pauvre garçon avait beau faire tout ce qu’il pouvait, on lui donnait peu à manger, mais à l’inverse, beaucoup de coups.

Un jour, il devait garder la poule et ses poussins. Elle se sauva cependant avec ses petits à travers une haie. Un autour fondit aussitôt sur elle et l’emporta dans les airs. Le garçon cria à pleins poumons :  » Voleur, voleur, coquin !  » Mais à quoi bon ? L’autour ne rapporta pas sa proie. L’homme entendit le bruit, accourut et, quand il apprit que sa couveuse avait disparu, il fut saisi de colère et donna au garçon une telle volée de coups que celui-ci fut incapable de faire le moindre mouvement pendant plusieurs jours. à présent, il devait garder les poussins sans la poule, et c’était bien plus difficile: l’un se sauvait par-ci, l’autre par-là. Il crut alors bien faire en attachant tous les poussins à une corde, pensant qu’ainsi, l’autour ne pourrait lui en voler un. Mais bien au contraire ! Quelques jours plus tard, tandis qu’il s’était endormi, épuisé par la faim et par le fait de devoir courir en tous sens, le rapace arriva et saisit l’un des poussins. Mais comme tous les autres étaient attachés à lui, il les emporta tous, se posa sur un arbre et les dévora. Le paysan rentrait justement chez lui et, à la vue de ce malheur, il s’emporta et battit le garçon si impitoyablement que celui-ci dut garder le lit plusieurs jours durant.

Quand il fut de Germain Nouveau sur pied, le paysan lui dit :  » Tu es trop idiot pour garder les bêtes, tu me serviras donc de commissionnaire.  » Il l’envoya donc chez le juge, à qui il devait porter un panier rempli de raisin, et lui donna une lettre en plus. Mais en chemin, la faim et la soif tourmentèrent si PaulFort le garçon qu’il mangea deux grappes de raisin. Il apporta le panier au juge, mais lorsque celui-ci eut lu la lettre et compté les grappes, il lui dit :  » Il en manque deux.  » Le garçon avoua de façon tout à fait sincère que, poussé par la faim et la soif, il avait mangé celles qui manquaient. Le juge écrivit une lettre au paysan et exigea qu’il lui envoie une nouvelle fois le même nombre de grappes de raisin. Ces grappes-là aussi, le garçon dut les porter au juge avec une lettre. Lorsqu’il eut de Germain Nouveau terriblement faim et soif, sa seule façon de remédier à son malheur fut de manger une nouvelle fois deux grappes de raisin. Mais auparavant, il sortit la lettre du panier, la mit sous une pierre et s’assit dessus, afin que la lettre ne puisse pas voir ce qu’il faisait et le trahir. Le juge le réprimanda cependant une nouvelle fois à cause des grappes manquantes.  » Ah, s’exclama le garçon, comment l’avez-vous su ? La lettre ne pouvait pas le savoir, puis- qu’avant, je l’avais mise sous une pierre.  » Le juge ne put que rire devant tant de naïveté et écrivit une lettre à l’homme où il lui ordonnait de mieux traiter le pauvre garçon et de ne pas le laisser manquer de nourriture ni de boisson. Il lui demandait également de lui apprendre ce qu’étaient la justice et l’injustice.

 » Je m’en vais te montrer la différence entre les deux, dit cet homme implacable, mais si tu veux manger, il faut que tu travailles, et si tu fais quelque chose d’injuste, tu seras instruit par autant de coups qu’il le faudra.  » Le lendemain, il lui confia un travail pénible. Il devait hacher menu cinq ballots de paille pour en faire du fourrage pour les chevaux. L’homme le menaça :  » Je serai de retour dans cinq heures, dit-il. Si la paille n’est pas hachée, je te battrai jusqu’à ce que tu ne puisses plus bouger.  » Le paysan partit à la foire avec sa femme, le valet et la bonne, et il ne laissa rien au garçon hormis un petit morceau de pain. Le garçon s’installa devant le coupe-paille et se mit à travailler de toutes ses forces. Comme cela lui donna chaud, il enleva son habit et le jeta sur la paille. Angoissé à l’idée de ne pas venir à bout de son travail, il coupait celle-ci sans relâche et, dans son zèle, il coupa son habit en même temps que la paille, sans s’en rendre compte. Ce n’est que trop tard qu’il s’aperçut de ce malheur qu’il ne pouvait réparer.  » Ah, s’écria- t-il, à présent, je suis perdu. Ce méchant homme ne m’a pas menacé pour rien. Si, à son retour, il voit ce que j’ai fait, il me tuera. J’aime mieux m’ôter la vie moi-même. « 

Un jour, le garçon avait entendu la paysanne parler ainsi :  » J’ai un pot de poison sous mon lit.  » Mais elle n’avait dit cela que pour en éloigner les gourmands, car c’était du miel qu’il y avait dedans. Le garçon se glissa sous le lit, sortit le pot et en mangea tout le contenu.  » Je ne sais pas, dit-il, les gens disent que la mort est amère, mais moi, je la trouve douce. Ce n’est pas étonnant que la paysanne souhaite aussi souvent mourir.  » Il s’assit sur une petite chaise, bien décidé à rendre l’âme. Mais au lieu de faiblir, il sentit ses forces accrues par ce mets nourrissant.  » Ce ne devait pas être du poison, dit-il. Mais le paysan a dit, un jour, que dans son coffre à vêtements, il y avait une bouteille avec du poison à mouches. Voilà certainement le véritable poison qui m’apportera la mort.  » Cependant, ce n’était pas du poison à mouches, mais du vin de Hongrie.

Le garçon sortit la bouteille et en but le contenu.  » Cette mort aussi est bien douce « , dit-il. Cependant, comme le vin se mit à lui monter à la tête peu de temps après et à l’abrutir, il crut que sa fin approchait.  » Je sens que je vais mourir, dit-il. Je vais aller au cimetière et me chercher une tombe.  » Il s’en alla en titubant, atteignit le cimetière et s’allongea dans une tombe fraîchement creusée. Ses sens l’abandonnaient de plus en plus. Non loin de là se trouvait une auberge dans laquelle on fêtait un mariage. Quand il entendit la musique, le garçon crut qu’il était déjà au paradis, jusqu’à ce qu’il finisse par perdre totalement connaissance. Le pauvre garçon ne se réveilla pas : l’ardeur du vin brûlant et le froid de la rosée nocturne eurent raison de sa vie, et il resta dans la tombe dans laquelle il s’était lui-même couché.

Lorsque le paysan apprit la nouvelle de la mort du garçon, il prit peur et craignit qu’on ne le traîne devant le tribunal : son angoisse fut telle qu’il perdit connaissance et s’effondra. Sa femme, qui se trouvait près du fourneau avec une poêle pleine de saindoux, accourut pour lui porter secours. Mais la poêle prit feu, puis les flammes s’attaquèrent à la maison tout entière et, en l’espace de quelques heures seulement, celle-ci fut réduite en cendres. Les années qu’il leur restait à vivre, ils les passèrent dans la pauvreté et la misère, torturés par les remords. »

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« L’anomalie » d’Hervé Le Tellier (prix Goncourt 2020), « il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension. « En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte. Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai. Roman virtuose où la logique rencontre le magique, L’anomalie explore cette part de nous-mêmes qui nous échappe.

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« Le voleur de nostalgie » d’Hervé Le Tellier : il y aurait, de nos jours, paisiblement installés dans le confort d’un appartement parisien ou d’un pied-à-terre à Florence, préparant leurs coups avec le soin et la méticulosité de joueurs d’échecs, une nouvelle race d’aventuriers. Ces modernes flibustiers se servent de leur plume comme d’autres, avant eux, maniaient l’épée ou la hache d’abordage. Aussi dénués de scrupules que des pilleurs d’épaves, ils volent des sentiments. Pour décrire cette guerre feutrée, secrète, où les armes blessent souvent à retardement, Hervé Le Tellier emprunte le chemin du roman épistolaire agrémenté d’une touche culinaire. C’est un genre qui permet toutes les ruses, les faux-semblants, les effets de miroir, les trappes à double ou triple fond. On y joue à qui perd gagne, au jeu de la vérité et du mensonge, de l’amour et du hasard. Un jeu où, parfois, tel est pris qui croyait prendre…

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« Magellan » de Stephan Zweig : en 1518, un Portugais exilé du nom de Magellan convainc le roi d’Espagne, Charles Quint, d’un projet fou : « Il existe un passage conduisant de l’océan Atlantique à l’océan Indien. Donnez-moi une flotte et je vous le montrerai et je ferai le tour de la terre en allant de l’est à l’ouest. » Partie en 1519, l’expédition reviendra trois ans plus tard, disloquée, victorieuse. Malgré les fausses cartes et les mutineries, le froid, la faim et les maladies, Magellan a forcé le détroit qui porte aujourd’hui son nom et vaincu le Pacifique, inconnu à l’époque. Un destin héroïque magistralement conté et réfléchi par Zweig.

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Bibliographie

Alexandre Soljenitsyne et la maison des morts liberté…Le trilemme : Un trilemme est une situation qui offre le choix entre trois alternatives menant à des résultats différents et dont les partis sont d’égal intérêt. Dérivé du dilemme, il se distingue de ce dernier par le nombre d’alternatives impliquées. Généralement, les possibilités offertes sont présentées aussi attirantes ou repoussantes les unes par rapport aux autres. En logique, un trilemme peut être exprimé de deux manières équivalentes : il peut être un choix entre trois options défavorables ou un choix parmi trois options favorables. Le concept est également utilisé en philosophie et en économie.

La notion de Crédit social  : le système de crédit social est un système de notation des entreprises et citoyens chinois ou résidents mis en place par le gouvernement de la république populaire de Chine, inspiré partiellement du « Credit score (en) » des États-Unis.

Roger Planchon à Voix Nue.

« Les furtifs » de Damasio : Les Furtifs est un roman de science-fiction d’Alain Damasio, publié aux éditions La Volte en 2019. Dans un futur proche (2041), le roman décrit la quête d’un père à la recherche de sa fille disparue, qu’il croit avoir été enlevée par les furtifs, des créatures à la grande vivacité et quasiment invisibles. Comme les précédents romans d’Alain Damasio, le récit est écrit à la première personne, et les événements sont présentés en alternance à travers le regard et les paroles de six personnages. Il s’agit d’un roman d’anticipation qui s’intéresse à la perception, à la société de contrôle, au militantisme, au big data, au phénomène de la Vie en tant que telle, etc.

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« Propaganda » de Edward Bernays : souvent mentionné comme le père de la propagande moderne ou, plus précisément, de la propagande politique institutionnelle et de l’industrie des relations publiques, et par suite comme celui du spin, autrement dit de la manipulation de l’opinion

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«Charte de bidermann » : La charte de Biderman de la torture psychologique, également appelé principes de Biderman, est un tableau élaboré par le sociologue Albert Biderman en 1957 pour illustrer les méthodes de torture chinoises et coréennes sur les prisonniers de guerre américains pendant la guerre de Corée. Ce tableau répertorie huit principes généraux et chronologiques de torture qui peuvent briser psychologiquement un individu.

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« Lingua Tertii Imperii » de Victor Klemperer, LTI – Lingua Tertii Imperii: Notizbuch eines Philologen (« Langue du Troisième Reich : carnet d’un philologue ») est un livre de Victor Klemperer, paru en 1947. Remanié à partir du journal que Klemperer tient entre 1919 et décembre 1945, LTI se veut un bref essai sur la manipulation du langage par la propagande nazie depuis son apparition sur la scène politique jusqu’à sa chute. Il comporte en proportions variables une alternance de tentatives de conceptualisation, dialogues et récits tirés du quotidien d’un patriote allemand qui entend le rester tandis que le pays qu’il a toujours considéré comme sien le marginalise en raison de ses origines juives.

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« La métamorphose » de Kafka : La Métamorphose (Die Verwandlung) est un roman court écrit par Franz Kafka en 1912 et publié en 1915. Il s’agit d’une de ses œuvres les plus célèbres avec Le Procès. Cette longue nouvelle décrit la métamorphose et les mésaventures de Gregor Samsa, un représentant de commerce qui se réveille un matin transformé en un « monstrueux insecte ». À partir de cette situation absurde, l’auteur présente une critique sociale, aux multiples lectures possibles, en mêlant thématiques économiques et sociétales et questionnements sur l’individu, le déclassement, la dépendance, la solidarité familiale, la solitude et la mort. Le lecteur prend progressivement conscience que la métamorphose décrite dans l’histoire n’est pas celle de Gregor Samsa mais celle de ses proches.

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L’émission « A voix nue ». Une émission qui recueille les paroles, les réflexions de celles et ceux qui marquent leur temps. De lundi au vendredi, entretien à deux voix, les auditeurs écoutent les confessions de ceux qui marquent leur époque : philosophes, artistes, créateurs.          

« Vie et Destin » est un roman de l’écrivain soviétique Vassili Grossman. Achevé en 1962, censuré en Union soviétique, il est publié pour la première fois en 1980, en Occident. Vie et Destin constitue le magnum opus de son auteur. Pour Simon Markish, « par son absolue pureté de ton, par sa totale absence de fausseté, d’artifice, d’affectation, Vie et Destin est une œuvre qui n’a pas d’égale dans la littérature russe de notre temps ».

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« Une soupe aux herbes sauvages » d’Émilie Carles : « Une soupe aux herbes sauvages » est tiré, en l’adaptant avec une grande fidélité, d’un livre autobiographique d’une institutrice, en contact permanent avec le milieu populaire dont elle est issue, où Émilie Carles raconte la vie des montagnards, notamment les travaux quotidiens et les améliorations apportées par le progrès aux villages éloignés, qui dépend des récoltes et de la santé du bétail. C’est d’abord un témoignage sur la vie des paysans des Hautes-Alpes dans l’entre-deux-guerres : premiers poêles à charbon, raccordement au réseau électrique, amélioration de l’équipement ménager. Le livre raconte les longues veillées d’hiver et l’entraide dans les moments difficiles.

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« Psychanalyse du conte de fée » de Bruno Bettelheim : À travers plusieurs contes populaires tels que Blanche-Neige ou La Belle et la Bête, Bettelheim y analyse le contenu psychanalytique des contes pour enfants, s’attachant en particulier à de grands thèmes comme le complexe d’Œdipe ou encore la rivalité fraternelle chez les enfants. Il montre comment ces contes répondent aux angoisses des enfants en les informant sur les épreuves à venir et les efforts à accomplir avant d’atteindre la maturité. Il met en perspective différentes versions des contes et montre quelles sont celles qui correspondent le mieux à la structuration psychologique de l’enfant. Ainsi, telle version des Trois Petits Cochons permet au jeune enfant d’intégrer la nécessité, pour grandir, de passer du principe de plaisir (régi par la prévalence du monde imaginaire, de la toute-puissance infantile) au principe de réalité (régi par les contraintes de la vie quotidienne, liées à la socialisation) ; ce que ne permettent pas, d’après Bettelheim, d’autres versions. Bettelheim soutient que « Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu’exige notre passage de l’immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d’abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts ». Les mythes mettent en scène des personnalités idéales qui agissent selon les exigences du surmoi, tandis que les contes de fées dépeignent une intégration du moi qui permet une satisfaction convenable des désirs du ça.

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« Amerigo » de Stephen Zweig : l’Amérique, chacun le sait, aurait dû s’appeler Colombie. Amerigo Vespucci, qui lui donna son nom, n’avait en rien contribué à sa découverte, ni même revendiqué ce privilège. Alors, pourquoi lui ?

Dans cet essai écrit en 1941 – au moment où il s’installe en Amérique –, Stefan Zweig reconstitue l’enchevêtrement des circonstances, des hasards et des malentendus qui sont à l’origine de cette étrange erreur.

Écrivain constamment soucieux d’élargir son horizon, il nous invite ici à voir le monde avec les yeux des hommes du XVe siècle, leurs connaissances, leurs incertitudes, leurs mœurs. Un an avant sa mort volontaire, il nous fait mesurer, aussi, l’incommensurable distance qui se creuse entre le vécu et la mémoire, entre les perceptions du présent et ce que les siècles futurs retiendront de nous…

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Ce qui sera présenté la prochaine fois :

« Moisson Rouge » de Dashiell Hammett, un polar et

« Impossible » d ‘Erri de Luca

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