L’Hybris

Qu’est ce que l’hybris ?

L’hybris, qui est également appelé hubris ou ubris, est une notion grecque. On le traduit par « démesure ». Ce terme désigne un sentiment ou un comportement violent qui est inspiré par des passions : l’excès de pouvoir par exemple, mais particulièrement l’orgueil ou l’arrogance. Pour les Grecs, ces termes étaient opposés à la tempérance et la modération, atteignables grâce à la connaissance de soi et de ses limites.

L’hybris à travers les mythes

Le mythe de Prométhée :

Dans la mythologie, Prométhée est un messager divin. Ce dernier était chargé, avec son frère Épiméthée, de distribuer aux hommes et aux animaux les dons nécessaires pour qu’ils puissent survivre. Cependant, Épiméthée donna tous les dons comme la force, le courage, l’agilité et la rapidité aux animaux, et lorsque ce fut au tour des hommes, il ne restait plus rien. Pour réparer l’erreur de son frère, Prométhée décida de dérober le feu aux dieux pour le distribuer aux hommes. Cette action fâcha Zeus, le dieu des dieux. Il décida donc de punir Prométhée. Ce dernier sera attaché sur le mont Caucase, et chaque jour, un aigle viendra lui dévorer le foi, qui repoussera chaque nuit. Ce supplice est donc la punition de Prométhée pour avoir gouté à l’hybris en se pensant supérieur aux divinités.

Le mythe d’Icare :

Dans la mythologie, le roi de Crète avait conçu un labyrinthe pour y enfermer le Minotaure. Cependant, Dédale a aidé le jeune héros grec Thésée à retrouver le chemin pour sortir du labyrinthe grâce à un fil. A sa sortie, Thésée s’enfuit avec Ariane, la fille du roi, car cette dernière était tombée amoureuse du jeune héros qui avait tué le minotaure. Furieux, le roi se vengea en enfermant Dédale et son fils Icare dans le labyrinthe. Alors, pour fuir la Crète, Dédale fabriqua des ailes avec de la cire et des plumes. Il interdit à Icare de s’approcher trop près du Soleil car la cire pourrait fondre. Mais ce dernier, grisé par le vol, oubli l’interdit et prenant trop d’altitude, la chaleur fit fondre la cire et les plumes se détachèrent. Alors, Icare descendit en chute libre et se noya dans la mer.

On remarque alors qu’Icare aurait été victime d’un orgueil démesuré en pensant pouvoir dépasser la limite fixée.

Le peintre Pieter Brueghel l’Ancien a fait de ce mythe, une huile transposée sur toile : La Chute d’Icare. On y voit l’être humain, environné de la nature. Il aménage son environnement : la culture en terrasses, les villes…. Il reste cependant soumis aux rythmes naturels : le jour, la nuit, les saisons…. Enfin, si l’on se concentre bien, on aperçoit Icare en train de se noyer dans la mer. On remarque alors que personne n’y fait attention, même pas les animaux. Ce n’est qu’un détail du tableau alors que ce dernier porte son nom. Il est presque invisible. Voilà ce que son orgueil démesuré lui a apporté. Il ne mérite que la mort.

Nous pouvons aussi analyser la notion de l’hybris à travers le regard des philosophes antiques pour comprendre sa complexité. L’hybris, relié à l’idée de démesure et d’autres notions sont traditionnellement jugées de façon négative, notamment critiquée par Platon. Ce dernier bannit l’idée de démesure et d’injustice et possède une volonté de montrer ce qui est juste à dire à propos des dieux et des héros, dans un but d’éduquer à la vertu. Platon est donc définitivement contre l’idée de l’hybris, contrairement aux sophistes de Calliclès et de Thrasymaque considérant l’hybris comme l’accomplissement de soi. En effet, selon eux, l’ évolution de l’histoire humaine est en partie grâce à l’acte démesuré, en détruisant un ancien ordre, on en crée un nouveau. Calliclès affirme que la nature impose une loi, une justice : celle du plus fort. De ce fait cela est devenu une norme, définissant le juste selon la nature et c’est pourquoi il défend l’idée de l’hybris, de la démesure des désirs et des passions comme accomplissement de soi et quête du bonheur qui considère les autres comme un obstacle.C’est précisément cette ambivalence de destruction / création que critique Platon. Les objectifs de Platon sont d’exclure la démesure chez les dieux, de dénoncer l’ambivalence de la démesure dans les récits mythiques et les tragédies et d’exclure les modèles de démesure des récits mythiques proposés aux citoyens dans un but de préservation.

Cette notion peut également être constatée durant notre époque, par exemple, en 1979 Raymond Aron, philosophe français, a dit à propos de Valéry Giscard d’Estaing, qu’un chef d’État a beau être intelligent et instruit, il échoue dès lors qu’il imagine pouvoir régler tous les conflits en oubliant que l’Histoire lui échappe : « on peut donc être atteint d’hybris, autant en se livrant à la folie de la domination qu’à la conviction de pouvoir la régenter par une illusoire maîtrise rationnelle de toutes les situations. » Nous pouvons aussi remarquer l’hybris chez les différents chef d’états autoritaires durant l’histoire, prônant leurs idées démesurées comme normes et voyant comme obstacle toutes personnes obstruant leur quête vers le pouvoir. 

Léna et Paul

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