La mort

Ce voyage à Naples, aux rues emplies d’une multitude de draps de couleurs, de mille et une senteurs de poubelles et de douces saveurs de pizzas, m’a amené à réfléchir sur la mort. Et pourquoi pas ! En effet, s’imaginer un paradis plus agréable qu’un restaurant napolitain, c’est difficile, et ça interroge franchement. Plus sérieusement, en présentant l’église Santa Maria delle Anime del Purgatorio à Naples, j’ai commencé à y réfléchir. Un édifice construit au XVIIe et érigé pour accueillir des messes à l’attention des morts. En particulier le peuple qui, lors d’épidémies de peste à la même époque, ne pouvait pas se payer d’obsèques et finissait, d’après les croyances chrétiennes, coincé au purgatoire. Cette église renferme pourtant un intérieur plutôt atypique, une sorte de crypte faiblement éclairée et décorée de crânes humains, de grandes croix noires et de chaînes. Dans cet environnement étrange va se développer la pratique d’un culte vénérant les morts. La mère de famille adoptait le crâne d’une sépulture, le choyait, lui faisait des offrandes et passait une sorte de pacte avec lui. Ce pacte et ce soin étaient censés réaliser les vœux de cette femme et de la famille. Donc, résumons, des gens trouvaient un crâne dans la rue, lui faisaient des câlins et espéraient un miracle en échange. Ce culte a perduré pendant des siècles à Naples. Il a finalement été interdit en 1969 (interdire ne veut pas dire supprimer). Ce rite m’avait surpris et je m’étais posé des questions sur les relations plus ou moins proches que l’on peut entretenir avec la mort. En effet, la mort fait peur, elle est tabou. Pourquoi en parler ? Pour effrayer ? Pour casser l’ambiance ?

Non, je vais montrer au contraire que l’on peut et que l’on doit en discuter, et l’occasion est parfaite : cet article est écrit sur un blog, un terme presque mort dans le vocabulaire des jeunes, et pour animer une option de langue dite morte. La mort donne un sens à notre vie, ou du moins nous pousse à en trouver un. « Philosopher, c’est apprendre à mourir », disait Montaigne, et j’irais plus loin : apprendre à mourir, c’est apprendre à vivre. C’est parce que l’on se sait mortel que l’on veut « faire » quelque chose de sa vie, la « réussir » : un but unique se pose alors, triompher de la fatalité de la mort, soit en devenant immortel, soit en étant le plus heureux possible. Ainsi, avoir conscience de notre mort, c’est saisir la valeur de notre vie. C’est commencer à exister, c’est sortir de ce qui reste figé (Ek-sisto). Agir et réagir, tout simplement.

Néanmoins, il ne faut pas considérer que notre conception de la mort comme cessation de la vie soit la seule. Une multitude de visions et d’histoires de celle-ci coexistent. Alors réitérons le voyage d’Ulysse au monde des morts, plongeons-nous dans toutes ses spécificités et essayons d’en ressortir grandis, plus aptes à mener une vie belle et heureuse.

La peur sans limite de la mort est un concept nouveau et purement occidental. Nous avons expliqué qu’une conscience de soi était nécessaire pour appréhender le phénomène. Néanmoins, c’est parce que nous vivons aujourd’hui dans une société individualiste où le groupe est secondaire et la communauté, quasiment oubliée, que la peur d’une mort du «soi» est si accentuée. Épicure nous explique que « la mort n’est rien pour nous », puisqu’elle arrive quand nous ne sommes plus, et donc, par-là, elle est absence de sensation. Or, cette formule ne nous rassure qu’à moitié. Nous n’avons pas vraiment peur de souffrir en mourant. Ce qui nous effraie, c’est de « n’être plus », c’est de laisser un monde qui vit encore pendant que nous partons (Montaigne nous donne l’image d’un banquet que l’on quitte). La peur de ne plus être est une construction historique, un fait de culture. Philippe Ariès, dans son Essai sur l’histoire de la mort en Occident, du Moyen Âge à nos jours, tente de retracer cette mutation du collectif au singulier. Au XIIe siècle en France, et jusqu’au début du XXe siècle, mourir était un évènement ordinaire: « la chambre du moribond était un lieu public », la famille se joignait à la fin de vie de l’être cher, les adieux était prononcés, le testament signé. Il s’agissait de « bien mourir » en tranquillité, prêt, et acceptant la fatalité. Les cimetières peuplaient les villes, les rituels pour honorer les morts étaient quotidiens. Dans la Grèce antique, les Anthestéries consistait en une fête qui durait trois jours et pendant laquelle on considérait que les morts étaient présents, avec les vivants. On leur servait à manger, on parlait avec eux… La mort était alors apprivoisée («familiarisée»), elle faisait partie du collectif et de la vie quotidienne du peuple. Néanmoins, une nouvelle géographie de l’au-delà apparaît au XIIIe. Auparavant, le seul fait d’être chrétien suffisait pour s’assurer une vie éternelle. Désormais, avec l’invention de « la pesée des âmes », du purgatoire et du jugement dernier, la relation à la mort se modifie. Une vision comptable et moraliste de la vie apparaît. Il faut maintenant se faire confesser, avouer ses péchés, se pencher avec contrition sur sa vie. La mort est ainsi un drame où l’on approche d’un jugement impartial, un dernier événement qui nous éloigne des autres et nous rapproche de nous-même. A compter du XVIe, le défunt a le droit à une sépulture individuelle, où son nom est gravé (sauf dans les monastères). Notre finitude privée prend de l’importance. L’œuvre de Bosch illustre à merveille cette peur croissante de la mort et de l’au-delà dans l’imaginaire collectif. Ariès dit : « La mort est devenu le lieu où l’homme a pris le mieux conscience de lui-même. ». De même, le mouvement romantique déplorant la perte de l’être aimé, dramatise la mort : elle devient une rupture avecle monde des vivants. Pour accentuer une forme de dégoût à l’égard de la mort, Eros et Thanatos vont se mêler pour former une sorte de topos, d’où les « vanités » où se côtoient une belle jeune fille et un crâne. D’où Une charogne de Baudelaire où cependant l’enjeu change de sens puisque la mort redevient vie. Cette attitude se modifie encore, en une dépersonnalisation de la mort où elle est en quelque sorte neutralisée, on ne meurt plus chez soi entre ses proches mais à l’hôpital parmi des soignants et dans des soins dits palliatifs. Au point que cette neutralisation finira par une simple consomption (l’incinération), ou dans les paysages sereins des cimetières américains. On va jusqu’à cacher à un malade l’imminence de sa mort comme l’on cacherait à un enfant son existence. On est à mille lieux des cris poussés par le Cornette Rilke lors d’une mort qui tient éveillé tout un village.

L’homme, effaçant progressivement la mort de sa vie, ne fait en vérité que la repousser, soit par l’avancée de la technique, soit par une sorte d’amnésie volontaire. Celle-ci opère une contention de la peur. Ce processus ne fait que cacher le problème, le rendre plus incertain, plus obscur. Néanmoins, le refoulement ne peut être total, il nous faut extérioriser notre angoisse, et si nous ne pouvons le faire par la parole, il faut le faire par l’acte. Ainsi débute, dans notre société, une diffusion et une dissémination de la mort qui se glisse partout : la guerre est omniprésente, les violences se déchaînent plus que jamais, l’agressivité entre les classes s’accroît. Michel Serres nommera ce phénomène la Thanatocratie : « les fous dangereux sont déjà au pouvoir, puisqu’ils ont construit cette possibilité, aménagé les stocks, finement préparé l’extinction totale de la vie ». Pour lui, nous vivons plus que jamais au contact de la mort, cette tendance individualiste et progressiste de l’homme, contribuant toujours à nous éloigner d’une acceptation de la mort dans la vie, a rogné la place de la vie. Aujourd’hui se dresse un monde où l’extinction totale de l’humanité par la bombe atomique n’est plus seulement une possibilité, mais une quasi-certitude. Il suffira d’une erreur.

On peut voir cette peur infuser dans toutes les strates de la société : les enfants jouent à la mort, les films, les jeux-vidéos, les jeux de société (Black stories…) sont saturés de mort. Nous avons accès à des images toujours plus violentes… Néanmoins, dans ce climat, la société refoule toujours le deuil, la dépression… On n’accepte plus la souffrance. La société doit être toujours dans un mouvement positif. Ces émotions apparaissent comme un manque de savoir-vivre. Ainsi, comment faire ? Comment sortir de ce cercle vicieux qui nous mène doucement vers des sociétés toujours plus individuelles où l’homme devient un esclave d’un capitalisme fondé sur le progrès scientifique et technique. La dystopie de 1984 illustre ce genre de société, où l’expression de la sensibilité est réprimée, la sensualité interdite. Les sociétés antiques et une multitude de peuples jugés à tort «primitifs» nous apprennent à reconsidérer la mort et par-là le sens de la vie. Si nous considérons certaines visions du monde comme des « superstitions » (l’idée de mort comme simple passage vers un nouvel état), alors nous devons aussi nommer « croyance » l’idée selon laquelle la mort est cessation totale de la vie. Délivrons-nous d’abord de ce tabou et essayons de ré-intégrer la mort comme processus normal de la vie : sans mort, la vie n’existe pas (le second principe de thermodynamique décrit toutes énergies comme devant se dissiper tôt ou tard).

Les rituels autour de la mort sont une manière de discuter de cette fatalité. Dans certaines sociétés, les morts sont au centre de la vie des hommes. Ils dictent les principes à suivre, ils doivent être respectés en permanence, ils sont honorés par des rituels non dénués d’humour et d’énergie. Par exemple, L‘enterrement à la Nouvelle-Orléans où l’on escorte le mort par une orchestration lugubre avant d’entamer un swing effréné en revenant du cimetière. La plupart du temps, la mort survient à un âge où l’homme a déjà parcouru une partie d’une vie riche et ne peut plus récriminer contre le destin. La mort peut également constituer une vraie délivrance pour ceux qui souffrent. Pour eux, la mort est un drame ou une libération ? Elle est souvent la fin d’années de douleur. C’est généralement la famille qui s’attache presque égoïstement à la vie de la personne. Elle projette inconsciemment sa peur de la perte de l’autre sur la souffrance que pourrait ressentir le premier concerné. La mort n’est donc pas un drame si elle survient à un âge avancé : elle intervient dans l’ordre des choses. Pour autant, la souffrance de la perte d’un être cher est légitime. Cela nous interroge aussi sur les questions de l’euthanasie, du suicide assisté…

L’exemple de l’animisme considère la mort comme un simple passage dans la vie. Il consiste en la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants, les objets, mais aussi les éléments naturels, comme les pierres, le vent… Les hommes peuvent communiquer par le rêve avec toutes les forces qui les entourent (ou par la musique, c’est le cas à Cuzco). Leur monde est ainsi une unité plurielle entre nature et culture. Leur culture honore tous les éléments extérieurs et la nature influence positivement ou négativement le destin des hommes. Par là, tous les êtres, organiques ou inorganiques, interfèrent en permanence avec l’homme. C’est une conception holiste du monde, qui infléchit la vie de l’homme d’une manière très différente de celle que l’Occident nous a enseignée.

Tout d’abord, cette société est un véritable « corps organique » pour reprendre Popper, où le moi est effacé au détriment de la communauté. ll ne choisit pas son métier, ses passions, il se plie à la volonté commune. Si l’on demandait à un membre de ces sociétés qui es-tu ? Il répondrait forcément en utilisant le « nous » . Il n’est qu’une part indissociable de sa communauté. S’il meurt, elle continue, elle, d’exister. Alors, sa mort ne serait qu’une transformation où l’homme passe d’une action directe sur le réel, à une action indirecte. Le dessin animé Coco l’illustre. Les morts ne disparaissent réellement que quand ils sont oubliés. Avant cela, le défunt continue d’influencer sa famille, ses habitude. Chez les Aborigènes, il existe huit sous sections de parenté. Chacune confèrent un rôle précis à l’homme. Ses principes infusent sur son entourage qui reproduit ses actions. Ainsi, des peuples mangeaient leurs morts, un culte qui nous semble à priori très étrange, néanmoins ce rite était vu comme une façon de porter en soi une partie du membre perdu. En le mangeant, on le porte matériellement. Sans aller jusque là, le simple souvenir permet cette continuité d’influence du mort sur la vie. Notre existence dépasse alors son caractère immanent et se transcende dans la communauté par l’immanence même.

L’art est aussi une façon de perdurer à travers le temps. Dans La mort des amants de Baudelaire, les «  étranges fleurs sur des étagères » sont le recueil des Fleurs du mal qui seront « écloses pour nous sous des cieux plus beaux ». Les deux bien-aimés peuvent périr, mais la poésie qui a dessiné leur amour continuera toujours d’envoyer son « rayon spécial », pour reprendre Proust. Enfin, dans ces sociétés, l’idée de régénération (métempsycose) est principale. Ce n’est donc pas la vie qui s’oppose à la mort mais la naissance. Imaginons une forêt ni domestiquée ni dérangée par l’homme. Non seulement l’on verrait une vie extraordinairement abondante, mais l’on rencontrera aussi, à chaque pas, des arbres tombés et des feuilles en train de pourrir. « En y regardant de plus près, vous découvrirez que le tronc et les feuilles en décomposition, non seulement donnent naissance à une nouvelle vie, mais sont eux-mêmes pleins de vie » Eckhart Tolle. Chez les Nahuas au Mexique, les morts étaient essentiels aux bonnes récoltes. Leur perception du temps, n’étaient pas linéaire mais cyclique. Ainsi, chaque temporalité se superposaient et s’influençaient.

En somme, tout indique que la thanatocratie est une invention récente et que toute la tradition ethnographique s’y oppose ainsi que le monde des animaux. La philosophie, le voyage…, sont des moyens de re-considérer la mort, et par-là de réenchanter la vie.

Restent néanmoins certaines questions que l’on ne pose que très rarement. Le cas de la violence sur les animaux est un sujet tabou et pourtant majeur à notre époque. Rappelons que chaque année soixante-dix milliards de poulets sont tués. De même, les conditions d’élevage comme d’abattage sont déplorables et nous questionnent sur la cruauté de l’homme face au monde extérieur. Il serait alors nécessaire de se rappeler que l’animal a une conscience de sa vie comme de sa mort (une sentience même chez les arbres et les animaux inférieurs). Les éléphants possèdent un rituel des morts. Ils recouvrent les cadavres de branchages et se recueillent autour d’eux.

Benjamin

Sénèque, le Jedi Stoïque

Dans une époque lointaine, très lointaine où les légendes naissaient sous les auspices du destin, émergea un homme dont la sagesse éclipsait même la lumière des étoiles elles-mêmes : Sénèque, le Philosophe Jedi Stoïque.

Au cœur des temps anciens, dans l’immensité de l’Empire romain, Sénèque a fait son entrée tel un éclat de comète, brisant les frontières du connu avec ses mots d’une sagesse transcendante.

Né dans les confins de Corduba, sa destinée était écrite dans les étoiles, mais c’est avec sa plume et son esprit vif qu’il a tracé son propre chemin à travers les méandres de l’histoire.

Guidé par la force intérieure de la philosophie stoïque, Sénèque s’est élevé au-dessus des tumultes de son époque, jonglant avec les idées comme un Jedi manie un sabre laser. Sa maîtrise des enseignements stoïques lui conférait un pouvoir indomptable sur les aléas de la vie, et il devenait ainsi un phare de sagesse dans une galaxie d’incertitudes.

Dans sa vie de Chevalier Jedi, Sénèque eu un padawan, Lucilius. Ils échangèrent des lettres aujourd’hui célèbres, dans lesquelles Sénèque apprenait la force de la sagesse à Lucilius.

Mais ce n’était pas seulement sa sagesse qui captivait l’attention des masses. Sénèque était aussi un maître de la répartie, lançant des éclairs de sarcasme et d’ironie contre le sénateur Palpatine.

Ses mots étaient des lumières dans l’obscurité, illuminant les esprits de ceux qui avaient soif de vérité et d’humour.

Tout comme les héros de la saga intergalactique, Sénèque a affronté des épreuves titanesques, luttant contre les forces du mal et de l’injustice avec la bravoure d’un guerrier de la lumière. Même face à l’adversité la plus sombre, il est resté imperturbable, tel un roc face à la tempête galactique.

Ainsi débute l’épopée de Sénèque, le philosophe dont la sagesse résonne à travers les étoiles. Son histoire est celle d’un héros, d’un sage, d’un Jedi de la pensée, dont l’héritage transcende les frontières du temps et de l’espace, illuminant les hommes de sa sagesse éternelle, mais vous en apprendrez plus avec notre maître Jedi à nous, Mme Velot.

Que la sagesse soit avec vous.

Axel

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