Voici ma traduction personnelle d’un magnifique extrait des Géorgiques de Virgile étudié en classe, dans lequel l’auteur liste des phénomènes naturels vus sous un œil antique, illustrant le mystère de la Nature à une époque où l‘imagination des Hommes apporte plus de réponses que la Science.
Qui oserait accuser le soleil de mensonge ?
C’est lui qui si souvent nous prédit les troubles qui planent,
La tromperie, les choses cachées et les guerres qui gangrènent ;
C’est lui qui, plaignant Rome à l’extinction de César,
A tissé sur sa tête étincelante
Une toile de rouille assombrie,
Et des générations impies
Craignirent la nuit éternelle.
Bien qu’en ces temps aussi la terre et les plaines marines,
Les obscures chiennes et les oiseaux sinistres
Donnassent des signes.
Combien de fois avons-nous vu bouillonner l’Etna,
Inondant les plaines des cyclopes,
Déchirant ses fournaises,
Projetant des tourbillons de boules de flammes
Et de roches liquéfiées !
Dans tout le ciel, la Germanie entendit le fracas des armes,
Les Alpes tremblèrent de mouvements anormaux.
Une voix énorme fut aussi entendue à travers les silencieux bois sacrés,
D’étranges et pâles fantômes furent vus dans l’obscurité de la nuit,
Et les animaux se mirent à parler,
Horreur indicible !
Les rivières se figèrent et les terres s’entrouvrirent.
Et dans les temples l’ivoire pleurait,
Et le bronze suait.
L’Eridan, roi des fleuves, balaya en tournoyant les forêts de ses remous
Et emporta à travers tous les champs
Les troupeaux avec leurs étables.
En ce temps, ne cessèrent ni les fibres menaçantes d’apparaître dans les tristes viscères,
Ni le sang de couler des puits,
Ni les hautes villes de résonner des hurlements des loups.
Jamais ailleurs la foudre ne tomba autant du ciel pur,
Jamais ailleurs ne brûlèrent si souvent de terribles comètes.
Nathan