JARDINS

« Presque partout, au centre de la maison, est un jardin grand comme un salon, au milieu un bassin de marbre blanc avec une fontaine jaillissante, à l’entour un portique de colonnes. Quoi de plus charmant et de plus simple, de mieux choisi pour passer les heures chaudes du jour ?

Dans la plus vaste de ces maisons, celle de Diomède, des orangers, des citronniers, semblables probablement à ceux d’autrefois »

 Pompéi n’était qu’une ville de province sans grand intérêt de 10 000 à 1 5000 habitants : sa destruction l’a fait entrer dans l’Histoire.

Quelle meilleure phrase d’accroche que celle de l’académicien Hippolyte Taine pour initier mon récit. Comme attendu, je vous parlerai des JARDINS.

Les Jardins, c’est pour le moins surprenant de traiter des jardins dans cet océan de pierres qui nous a été donné de voir. Le fait est que, « les cailloux » bien que témoins du passé, ne sont plus très vivants. Quelle fut donc ma surprise lorsque, abasourdi, j’appris que les buis, les citronniers, les cédratiers qui brillaient dans la lumière de cet hiver doux (oui il ne pleuvait pas:)), étaient les clones, littéralement les clones de ceux qui ombragèrent un jour les après-midis Pompéiens. En clair, que ces êtres VIVANTS étaient là, à cet endroit, depuis aussi longtemps que les pierres. Mais comment retrouver des racines sous l’océan de lave qui déferla sur la ville en l’an 79 ? Je n’ai pas le début d’une réponse à cette question.

Cultiver le cédratier - Promesse de Fleurs

Toutefois, l’on sait que des agrumes tels que le citronnier et le cédratier se sont acclimatés au milieu méditerranéen au début de notre ère -bien qu’antérieurement cultivés par les Juifs et les Egyptiens-. Ce qui est sûr c’est que le Grand Théophraste (oui oui c’est bien lui qui a écrit les Caractères, le père spirituel de la Bruyère, d’ailleurs saviez-vous que la bruyère poussait surtout dans les sols siliceux ? Coïncidence ? j’en doute), nous donne une description précise du fameux cédrat, que l’on retrouve à Pompéi : « On n’en mange pas le fruit, mais il est fort odorant, de même que les feuilles de l’arbre, et, si on le place au milieu de vêtements, il les conserve à l’abri des vers ».  A cette époque, le cédrat n’est pas encore consommé, on lui trouve en outre 16 utilisations différentes, dont celle de CB12 antique… Très justement, ce qui me fascina, et qui continue de me troubler, c’est la justesse avec laquelle les arbres alors plantés répondaient aussi précisément aux besoins des hommes, et, il semblerait que c’est ce même détail qui retint l’attention de notre ami Hippolyte : « Plus on essaye de réformer ces mœurs [comprendre ici les jardins] dans son imagination, plus elles semblent belles, conformes au climat, conformes à la nature humaine. ».

En effet, comment ne pas s’émerveiller devant l’omniprésence des jardins dans cette cité, si prééminents qu’ils se trouvaient au milieu des maisons, qu’ils ceinturaient la vie des citoyens.

Pompéi l'éternelle | Globe-trottine

A vrai dire il nous a été donné de voir de somptueux édifices, certains se suffisaient à eux-mêmes, je pense à Paestum, d’autres, et je parle seulement d’apparence, n’étaient que l’ombre de ce qu’ils avaient un jour été, je pense à la Villa Oplontis.

Une chose ne quittait alors plus mon esprit, ce lieu manquait cruellement de jardins. Le béton avait remplacé l’herbe, les barrières les arbres. L’on ne voyait alors qu’un terne amas de pierres, bien agencé certes, mais un amas presque industriel, au milieu des HLMs. Les fresques piégées dans ces murs ne parvinrent pas à m’ôter cette impression. Là où les arbres, cédrats, citronniers, buis… exhalaient leur parfum, exposaient leurs couleurs, révélaient les pierres de Pompéi ; le gazon tondu et les buis fraîchement coupés, faisaient de la villa un arbre chétif dans une jungle de béton.

Villa des Vettii (merci à l’élève de première pour cette superbe médiation)

Similairement et pour clore, si j’ai été troublé par l’absence d’arbre pendant le voyage ; si de tout temps les hommes en plantèrent ; si le vieil homme de Giono « jugea que son pays mourait par manque d’arbres » c’est bien parce qu’il fait profondément parti de nous, qu’il nous est indispensable. L’adage du poète prend alors sens : « L’arbre humanise mieux un paysage que ne le ferait l’homme », il fait le monde à notre image.   

ELIAS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

buy windows 11 pro test ediyorum