Archive for décembre, 2018

Placebo

lundi, décembre 17th, 2018

Il prenait ces pilules blanches tous les jours.
Lui qui s’était toujours enfermé ou retrouvé enfermé était enfin sorti de là : il avait trouvé une échappatoire. Ces pilules blanches avaient effacé toutes les pensées noires, cette bête noire qui lui rongeait le crâne ; éclairant les marques blanches de ses bras. Il avait appris à relever ses manches, et souriait dorénavant. Plus rien ne pouvait l’empêcher de sourire maintenant. En ayant été aussi bas, il ne pouvait que remonter, n’est-ce pas ? Et ces pilules représentaient ses appuis pour sortir de là. Il avait poussé son bourreau du haut de la falaise, comme celui-ci l’avait fait à tant de personnes, pour enfin se débarrasser de ses dernières chaînes.
Il allait mieux. Il avait l’air d’aller mieux.
Seuls ceux proches de lui étaient exposés aux changements, et ces derniers les prenaient en pleine tête sans rien pouvoir faire. Sa maigreur en avait alerté plus d’un, tout cela dû aux effets secondaires auxquels il n’avait jamais pensé.
Quoi que…
Si, justement. C’est justement parce qu’il y avait pensé que cela arrivait.
Il était devenu migraineux. Celles-ci s’accentuant toujours plus, rendant son suivi en classe de plus en plus compliqué. Il sentait comme un pic-vert percer son crâne à répétition pour atteindre son cerveau. Son sang battait tapait dans ses tempes à une vitesse hallucinante.
« Ça va ? » lui demandait souvent son voisin de classe. Ce à quoi il répondait toujours par un simple sourire, représentant pour lui la plus belle des réponses, lui qui n’avait plus souri aussi facilement depuis si longtemps.
Parce qu’il allait mieux.
Ses heures de sommeil avaient grandement réduit, s’étant parsemées d’insomnie. Pour lui qui n’avait jamais été insomniaque et étant d’ailleurs plutôt attaché à son sommeil, ne plus pouvoir dormir l’affectait beaucoup, et sous tous les angles. Le tic toc de l’horloge le rendait fou, malade. Sa perte de poids excessive s’expliquait par ses nausées nocturnes, causant aussi en grande parties ses insomnies. Il n’avait jamais eu de problèmes de boulimie, même au plus bas.
Tout cela s’était installé petit à petit, jusqu’à en devenir une routine malsaine.
Il était conscient que tout se passait dans sa tête, juste à cause de ces pilules blanches. Seulement, elles lui avaient tellement apporté qu’il ne les arrêterait pour rien au monde. Elles avaient pris ses inquiétudes, ses doutes, ses différentes crises, et surtout lui permettaient d’être près d’elle. Elles l’avaient rendu addict à la vie. Alors il préférait se tromper encore un peu avant de se décevoir lui-même.
« C’est quoi ces pilules blanches que tu prends tous les jours ? » lui demanda-t-elle un jour.
– Un placebo. »

Rencontre avec Delphine Coulin

vendredi, décembre 14th, 2018

Notre classe participe à L’Echappée littéraire 2018-2019, le prix littéraire des lycéens de Bourgogne Franche-Comté.

C’est à cette occasion que nous avons reçu l’auteur Delphine Coulin pour son livre « Une fille dans la jungle » et que nous avons pu l’interviewer après lui avoir proposé plusieurs suites que nous avions imaginées à son histoire !

-D’où vient son goût pour l’écriture et le cinéma ?

Photo P. Brérard, Journal du Centre

-Elle écrit depuis l’âge de 8 ans. Tout a commencé dès son plus jeune âge avec des contes de princesse ! Un peu plus tard, elle découvre la BD mais elle manque de talent en ce qui concerne le dessin. Son goût pour le cinéma apparaît vers l’âge de quinze ans. Elle lit depuis toujours, particulièrement de la fiction, de la littérature japonaise et américaine. En revanche, elle n’aime pas le fantastique.                                                                                                             

-L’adaptation de Samba au cinéma

-Elle se reconnaît parfaitement dans l’adaptation de Samba au cinéma. Même si le film est une comédie alors qu’au contraire le livre est sombre. Elle n’a pas de préférence, ce sont deux objets différents.

-Comment se déroule l’écriture d’un roman ?

L’écriture d’un livre lui prend à peu près trois années dans lesquelles sont comprises des périodes de réflexion, de recherche, d’écriture et de pause par manque d’un regard objectif. Pendant sa période de recherche, Delphine s’est inscrite en tant que bénévole pour aider les migrants (rédiger des recours pour le tribunal), elle a donc pu rencontrer plusieurs migrants et enregistrer différentes informations qui lui ont permis d’écrire « Une fille dans la jungle ». En revanche, elle n’a jamais rencontré de passeurs. Elle écrit dans la journée, elle a gardé une discipline, comme « des horaires de bureau ».

-Pourquoi ce thème des migrants ?

L’idée d’écrire un roman lui est venue en prenant conscience qu’au court des trois dernières années, plus de 100 000 migrants avaient disparus, cela a été un choc.

Pourquoi une couverture si épurée ?

-Cette présentation est tout simplement celle de la collection dans laquelle il est paru. Mais l’année prochain, « Une fille dans la jungle » sort en édition de poche et Delphine a déjà des idées d’images de couverture, par exemple la photo d’une jeune migrante éthiopienne qui dégage une force incroyable.

– Une fin ?

-Pour la fin de son livre, elle a souhaité qu’Awa ait une fin très lumineuse, son enfant né en France lui assurant une protection. Tandis que pour les autres personnages, c’est une fin plus ouverte pour que les lecteurs soient créatifs. Elle n’a jamais pensé à faire une fin, les personnages appartiennent aux lecteurs et c’est à eux de créer leur propre fin.

Merci à elle d’être venue répondre à nos nombreuses questions !!!

 

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