Mon téléphone sonne. Je décroche au bout de la troisième sonnerie et je manque de le faire tomber dans mon bol de muesli. J’entends alors la voix de Vincent mon subalterne qui enquête à mes côtés depuis deux ans.
– Allô ?
– Oui ?
– Bonjour, j’ai un cas qui va peut-être vous intéresser !
Cette simple supposition suffit à éveiller ma curiosité.
– Dis-moi en plus…
– Un couple en vacances a découvert un cadavre dans la forêt de Breuilles.
– D’accord, envoie-moi les coordonnées exactes où il a été découvert et j’arrive au plus vite !
Je me dépêche d’enfiler une chemise et un jean. Entre-temps, je reçois les coordonnées. Je prends mes clés et ferme ma porte à double tour puis je pars en direction de ma voiture. Je rentre les coordonnées dans le GPS et je prends le chemin qui mène à la forêt de Breuilles.
Au bout d’une quinzaine de minutes, j’arrive à quelques mètres de ma destination, je coupe le contact et je sors de la voiture, non sans mal car à peine ai-je posé un pied dehors que je sens une odeur immonde et indescriptible. Pourtant, je la reconnais cette odeur nauséabonde… Cela sera mon deuxième cadavre en état de décomposition.
Une vingtaine de mètres plus loin, je me trouve face à un corps recouvert de mouches. Les tissus et les os sont pour certains visibles. La scène me paraît si affreuse que je ne saurais dire si elle est réelle ou non. En regardant précisément les différentes personnes qui m’entourent, j’aperçois Vincent, quelques mètres plus loin. Je le rejoins. Il finit de converser avec un homme en combinaison blanche puis se tourne vers moi. Je remarque alors son teint blafard. Je suppose que tout cela est assez éprouvant pour lui. Je sais qu’il préférerait ne pas avoir à faire à ce genre d’horreur mais cela fait partie de son métier.
– Bonjour Inspectrice, dit-il avec un appui qui m’impressionna vues les circonstances et ses appréhensions.
– Bonjour Vincent, vous avez des informations à me donner ?
Tout en disant cela, je sors mon bloc-notes dans lequel je récolte habituellement les informations sur les différentes enquêtes que je mène.
– Nous connaissons l’identité de la victime, elle s’appelait Claire Duval, nous avons retrouvé son portefeuille dans l’une des poches de sa veste. Et nous supposons que, l’état de décomposition étant avancé, la victime est décédée il y a au moins une semaine. Le corps présente un impact sur la tempe. Nous pensons que la victime s’est donnée la mort. En effet, un pistolet était dans sa main quand nous l’avons trouvé. Dans l’optique où ce serait un suicide, nous pensions trouver un mot, une lettre, mais rien.
– Merci pour ces informations Vincent. Je vais partir à la gendarmerie pour continuer les recherches. Je pourrais interroger les personnes qui ont découvert le corps ?
– Oui bien sûr, je vais vous rejoindre dans une petite heure le temps d’avoir toutes les informations. Je vous tiendrai au courant s’il y a du nouveau.
– D’accord, pas de souci.
Je rejoins ma voiture et prend le chemin de la gendarmerie. En route, une succession de questions sont face à moi. Pourquoi se donner la mort au milieu de la forêt ? Pourquoi ne pas laisser un mot d’adieu ? Pourquoi la famille de la victime n’a-t-elle pas signalé la disparition ? J’ai commencé ma carrière il y a maintenant cinq ans et je pense que tout cela est une mise en scène, mais dans quel but ? J’arrive sept minutes plus tard car la gendarmerie se trouve à mi-chemin entre la forêt et mon domicile.
En arrivant, je m’installe directement à mon bureau. Je m’aperçois alors que je suis arrivée trente minutes avant ma prise de service. Je ne comprends pas tout de suite mais je me rend compte que j’étais d’astreinte aujourd’hui. Je comprends alors pourquoi, à part moi et Vincent qui était également d’astreinte, personne de mon équipe n’était présent.
Avant d’interroger les personnes qui ont découvert le corps, je pense que je vais effectuer des recherches sur l’identité de la victime…
