« La liberté de chosir, l’engagement féministe » par Marine Legrand

La liberté de choisir, l’engagement féministe

  Le 15 novembre dernier, à l’occasion du Festival International du Film d’Histoire de Pessac, nous sommes allés voir deux films en rapport avec le thème “La liberté de choisir, l’engagement féministe” proposé cette année. Nous avons commencé notre journée par le documentaire Gisèle Halimi, la cause des femmes co-écrit par Jean Yves Le Naour et Cédric Condon. Ce documentaire nous a permis, à travers différentes images d’archives, d’en apprendre davantage sur la vie de cette femme engagée, sur ce qu’elle a incarné et défendu.

En effet, aujourd’hui peu connue de notre génération, Gisèle Halimi a pourtant eu un rôle majeur dans la défense des droits des femmes. Née dans une modeste famille juive de Tunis, dès l’âge de 8 ans elle décide d’entreprendre une grève de la faim car elle ne supportait plus les coutumes familiales à travers lesquelles elle était contrainte, en tant que femme, de servir les hommes de la maison, que ce soit son père ou ses frères. Cette injustice l’a poussée à devenir avocate. Dans l’exercice de ses fonctions, elle a notamment aidé beaucoup d’hommes et de femmes, en majorité provenant du FLN (Front de libération nationale), emprisonnés par les Français lors de la guerre d’Algérie qui se retrouvaient dans des situations remettant en cause les droits de l’Homme. 

Gisèle Halimi a, un peu plus tard, œuvré à la défense des femmes, en France, notamment celles victimes de viols et de poursuites pour avoir avorté illégalement car cela était interdit avant la loi Veil de 1975. Elle a travaillé main dans la main avec de nombreuses grandes figures féministes telles que Simone de Beauvoir ou Simone Veil. Ses affaires les plus connues sont les procès de Bobigny (1972) au sujet de l’avortement d’une jeune femme qui avait été violée et le procès d’Aix-en-Provence (1978) concernant un viol collectif sur deux touristes belges. 

En 1981, avec des ambitions féministes, elle se fait élire en tant que députée sous François Mitterrand. Ne pouvant mener aucun de ses projets dans une Assemblée trop patriarcale, elle a démissionné trois ans plus tard. Néanmoins, elle a continué en tant qu’avocate à lutter pour les droits des femmes jusqu’à qu’elle s’éteigne en 2020. 

A la suite de ce documentaire qui a été à la fois enrichissant et inspirant, nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec le réalisateur, Cédric Condon. Cet échange nous a notamment permis d’en apprendre davantage sur la motivation à produire ce documentaire, le temps passé à faire des recherches dans les archives ainsi que les modalités des rencontres des proches de Gisèle Halimi comme deux de ses trois fils que nous pouvons voir témoigner à différents passages du documentaire. Cette rencontre s’est terminée par une question adressée au réalisateur à laquelle chacun était impatient de connaître la réponse : comment être féministe en tant qu’homme ?

     Après une matinée enrichissante, nous avons poursuivi, en début d’après-midi par le film L’une chante, l’autre pas d’Agnès Varda. Toujours dans le thème du féminisme, celui-ci nous a plongés cinquante ans en arrière, dans les années 70. Pauline, 17 ans, va à une exposition de photographies représentant des femmes. Elles lui semblent attristées. Sur l’une d’elle se trouve Suzanne, la femme du photographe accompagnée de ses deux enfants. Les deux jeunes femmes vont rapidement se lier d’amitié notamment lorsque Pauline va aider financièrement Suzanne à avorter. Suite au suicide de son mari, Suzanne part vivre chez ses parents à la campagne et les deux jeunes femmes se perdent de vue. Dix ans plus tard, elles se retrouvent par hasard devant le tribunal de Bobigny devant lequel Pauline manifeste pour les droits des femmes. Ce passage marque un lien direct avec le documentaire sur Gisèle Halimi puisque ce procès a été un des plus importants de sa carrière, l’enjeu était de défendre une jeune femme, Marie-Claire Chevalier, qui avait illégalement avorté suite à un viol. Dans ce film, l’engagement féministe est notamment représenté par Pauline qui a elle-même avorté à Amsterdam, et qui, avec son groupe, sillonne la France pour chanter des chansons engagées au nom des droits des femmes. Pauline et Suzanne sont deux femmes qui, à leur manière, se sont engagées pour leurs droits et qui peuvent inspirer bon nombre de femmes et jeunes femmes comme la fille de Pauline qui, à la fin du film, se rapproche de la majorité.

     Ainsi, à travers ces deux films, nous avons pu découvrir des femmes qui se sont engagées toute leur vie de manière différente et qui ont lutté au nom des droits et des libertés afin d’obtenir davantage de parité. Notre rencontre nous a également permis d’échanger sur la manière dont chacun peut être féministe peu importe son genre. 

Marine LEGRAND Terminale G02

Le 6 décembre 2022

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *