Contrôle des mesures sanitaires pour éviter la propagation de la peste

Le 17 janvier 1722, les autorités, placées sous les ordres du marquis de Brancas, accordent aux novais le droit de commercer à nouveau avec Châteaurenard.

Monsieur de Moustan, [représentant le roi dans la viguerie de Tarascon], commandant à Noves d’une part et messieurs du bureau de santé de l’autre.

Vues les précautions qui ont été prises pour la désinfection des maisons [depuis le 16 août 1721] qui étaient infectées et celles qui ne l’étaient pas,

Vus les parfums qui ont été donnés à tous les meubles après avoir été mis à l’air pendant vingt jours et vingt nuits […]

Vues aussi les quarantaines de santé et les vingt jours s’être écoulés sans avoir donné aucune marque de la contagion.

A ces causes, […] nous avons accordé aux habitants de Noves la liberté de commercer avec leurs voisins jusqu’aux barrières pendant un mois au bout duquel ils pourront entrer dans les villes et villages […].

Archives communales de Châteaurenard-GG18-Peste.

Face à la peste, restez vigilants

Face au relâchement des populations qui ne respectent plus vraiment les interdits et recommandations sanitaires, le commandant de la viguerie de Tarascon adresse un courrier à Châteaurenard dans lequel il demande, à chacun, de faire contrôler sa santé, dès la moindre alerte. Il faut attendre le mois d’août 1722 pour que l’épidémie soit enrayée et disparaisse.

« Ayant été informé que la tranquillité et la cessation de la contagion dont la viguerie de Tarascon jouit depuis quelques temps, fait relâcher les soins et les attentions que l’on doit avoir pour la conserver dans l’état ou elle est ; nous ordonnons aux consuls et bureaux de santé de faire publier et afficher que notre intention est que tous les habitants qui pourront avoir quelques maladies de quelques genres qu’il puisse être aille la déclarer dans le moment sans peine dans l’hôpital du lieu […]

Nous ordonnons encore […] qu’aucune marchandise, ni effet, n’entrera dans les villes et villages sans qu’elle soit attestée par les consuls des lieux ou elle aura été achetée ou quelle ne soit spécifiée sur les passeports des personnes préposées pour en donner. Il est défendu à tout médecin et chirurgien devoir de visiter et de traiter aucun malade sans qu’au préalable ils en aient fait leur déclaration aux consuls et bureau de santé.

Signé commandant de la viguerie, monsieur de Chasses, le 21 janvier 1722.

Archives communales de Châteaurenard-GG18-Extrait d’une lettre du commandant de la viguerie pour appeler à la vigilance face à la peste.

La peste à Châteaurenard : plan de mise en quarantaine

Un « plan de mise en place de la quarantaine » est indiqué aux châteaurenardais pour faciliter la gestion des entrées et sorties de la ville, ainsi que le ravitaillement des populations cloîtrées à domicile. L’appel à la solidarité est lancé en campagne pour alimenter, si possible gracieusement, les habitants enfermés et protégés par leurs portes et remparts.

« Les trois capitaines de quartier du village supérieur et inférieur et du faubourg, leurs lieutenants et leurs sergents seront tous respectivement revêtus de la charge de commissaire de quartier, exercée par chacun d’eux à tour de rôle […]. Ils recevront les demandes des habitants sur leurs besoins et [feront tout pour les satisfaire et] procurer la demande à l’inspecteur de la barrière […].

Pour pourvoir sur le champ aux besoins des habitants ou au transport des menus fruits et secours que ceux de la campagne voudront faire à leurs amis ou dont il sera fait des ventes, le commissaire de quartier sera accompagné de deux jeunes enfants agiles et de bonne volonté qui feront ce transport des maisons à la barrière et de la barrière aux maisons […] Ledit commissaire les mettra en marche deux fois par jour de 6 heures à 7 heures et de 16 heures à 17 heures […].

Un conservateur de santé à tour de rôle fera la visite une fois par jour sur les 5 heures du soir et plus souvent, pour concourir au service du public […]. L’inspecteur de la barrière ouvrira pour le commerce de 6 heures à 8 heures et de 16 heures à 18 heures. Il prendra soin particulièrement que les blés soient portés aux moulins et des moulins aux maisons de ceux a qui les farines sont destinées et meme que les pains a ceux a qui ils sont destinés […].

Tous ceux qui ont des puits dans leur maison ou un homme ou un enfant de plus de 12 ans ne pourront prétendre qu’il leur soit distribué de l’eau publique pour boire, cuisiner ou nettoyer leur linge.

Dans les maisons où il n’y a que des femmes, l’eau sera fournie convenablement à leur nécessité par le commissaire de quartier qui est chargé d’agir avec équité et charité […]

Archives communales de Châteaurenard-GG18-Extrait d’une lettre de recommandation pour la mise en place de la quarantaine.

La peste à Châteaurenard : mise en quarantaine des migrants suspects

Après avoir tué entre 30 et 40 000 personnes à Marseille, la peste s’est rapidement diffusée en Provence et les villes doivent appliquer des recommandations strictes pour protéger leurs administrés.

Lettre d’instruction pour les vigueries et communauté de Provence, par rapport aux conjonctures présentes, reçue à Châteaurenard le 30 septembre 1720.

M. de Jossaud, qui commande dans la viguerie ou terroir de Tarascon fera établir des gardes bien exactes dans chaque ville, bourg ou village muré […] dont il fera fermer toutes les portes et n’en laissera qu’une ouverte, la plus convenable pour la commodité des habitants Dans les lieux qui ne sont pas murés, il tâchera de les fermer en barrant les rues, et ne laissant qu’une seule avenue pour entrer et sortir.

Les consuls de chaque communauté feront la visite de tout leur terroir deux fois la semaine, et plus souvent si la nécessité le requiert. S’ils trouvent des vagabonds, gens sans aveu, venant des lieux suspects, et qui ne soient munis de certificats de santé authentiques, ils les feront arrêter, sans souffrir qu’ils aient aucune communication avec personne et les feront conduire dans le lieu qui leur sera marqué à cet effet. […] Des vivres leur seront fournies jusqu’à ce qu’ils aient été remis à celui que sera préposé pour les recevoir, en retirant de lui un certificat du nombre de gens qu’ils auront conduit, afin que la dépense qu’ils auront faite pour leur subsistance soit tenue en compte à la communauté.

Il sera établi dans chaque viguerie une maison convenable dans un endroit écarté des villages […] où tous ces gens sans aveu et fugitifs seront reçus à faire quarantaine […]. Il ne pourra sortir personne pour aller d’un lieu à un autre sans porter un certificat de santé, signé des consuls ou de ceux qui seront proposés pour cela […].

Toutes sortes de hardes seront visitées à la porte ou à la barrière par l’officier garde, et s’il trouve des effets suspects ou des marchandises de contrebande, il les arrêtera et sera conduit sur le champ dans le lieu désigné pour la quarantaine […] et fera avertir les consuls qui se porteront sur les lieux sur le champ et feront porter lesdites marchandises dans un magasin dans la maison de ville ou ailleurs qui sera fermée à clef […]

Archives communales de Châteaurenard-GG18-Extrait d’une lettre d’instruction pour les vigueries de Provence.

La Peste des années 1720-1722 à Châteaurenard

La Peste est arrivée à Marseille en mai 1720, et malgré un dispositif de protection sanitaire strict, la maladie se diffuse rapidement en ville, puis en Provence. L’extrait suivant présente brièvement les premières recommandations envoyées aux châteaurenardais, par le  consul de Tarascon, qui réclame la prudence avec les inconnus et l’arrêt du commerce avec les marseillais.

« Messieurs, vous avez reçu un exemplaire de l’arrêté du parlement de cette province, du 31 juillet, à l’occasion de la contagion qu’on soupçonne être [présente] dans la ville de Marseille et des précautions qui sont à prendre pour ne pas commercer avec les habitants de cette ville.

Vous devez, messieurs, tenir soigneusement la main à la caution de l’arrêt, et prendre garde qu’aucune personne, étrangère, ne s’approche de nos villes et lieux sans un certificat de santé bien authentique. Nous ne devons pas laisser partir de chez nous aucun de nos habitants sans leur faire expédier un certificat de santé. Supposez qu’elle soit chez nous, [si cela était le cas, nous nous exposerions] à des peines très rigoureuses.

Votre très humble et très obéissant serviteur, le consul de Tarascon, Bruneau Bertrand, le 5 août 1720.

Archives communales de Châteaurenard-GG18-Extrait d’une lettre d’instruction pour la mise en quarantaine des suspects.

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