Le Front : un film inédit sur la vie des soldats

http://centenaire.org/fr/video-darchive/apres-les-combats-de-bois-le-pretre

Ce film est un témoigne exceptionnel.  Il a été tourné par un soldat en 1915, Albert Gal Ladeveze, soldat du 168ème régiment d’infanterie, après les combats de Bois-le-Prêtre (en Meurthe-et-Moselle). Il montre, pour la première fois en images, le quotidien morbide des poilus de la Grande Guerre.

Loin des images diffusées à l’époque dans les cinémas, l’apparente habitude avec laquelle les combattants de la Grande Guerre côtoient la mort est inédite en vidéo, ce qui constitue l’originalité de ce document d’environ 15 minutes, mis en ligne par la Mission du Centenaire 14-18. Ce film est conservé par la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC).

Lettre d’un poilu sur les conditions de vie au front

« Cher cousin,

Rien de bien intéressant à t’annoncer. Depuis quelques temps j’ai le noir. Et je crois que c’est à peu près tous qui en sont atteints. Nous entamons le onzième mois et rien ne fait prévoir une fin prochaine. Les journaux parlent de la campagne d’hiver. Tu parles si il y a de quoi nous enlever le sourire. Nous avons chaque jour des blessés ou des morts au régiment. Attendront-ils que nous soyons tous crevés pour faire taire ces canons et fusils ? Enfin c’est long et désespérant. Quoique tout ça je me porte bien. Les intempéries, la mauvaise nourriture, le mauvais sang et les émotions n’ont pas beaucoup de prises sur mon tempérament. En attendant de vous voir le plus tôt possible, je t’embrasse ainsi que toute la famille.

Ton cousin Etienne. »

Archives communales de Châteaurenard, H21, lettre d’un poilu du 1 juillet 1915.

Lettre d’un poilu sur la censure

« Cher cousin,

Je comprends combien cela vous intéressait de savoir où je suis. Et c’est avec plaisir que je te raconterai beaucoup d’autres choses intéressantes si ce n’était pas cette censure militaire. Que veux-tu, ceux qui sont pris à dire où ils sont , ou à raconter les mouvements de troupes qui se font, sont punis de 15 jours de prison. Et comme nous n’avons ni prison ni cellule, la punition consiste à aller aux petits postes avancés.  […] Passer une nuit couché à plat ventre sur cette herbe continuellement mouillée et regarder à s’arracher les yeux, tressaillir à chaque bruit n’a rien de bien agréable. Voilà pourquoi je préfère me taire et je trouve bien bête tous ceux qui ne font pas comme moi […]

Etienne

Archives communales de Châteaurenard, H21, lettre du 5 juillet 1915.

Lettre d’un poilu sur les combats dans la tranchée

« Cher cousin,

Nous avons fait la relève hier soir. J’ai encore quatre jours à passer aux avant-postes. Le secteur où je suis est de moins en moins tranquille. Nos 75 tirent presque continuellement et les Boches ne restent pas beaucoup à la traîne à ce sujet. Dans la compagnie qui nous avait relevés dernièrement il y avait eu deux morts et quatre blessés et bien depuis, trois de ces blessés sont morts. J’ignore leurs noms mais il pourrait très bien qu’il y ait parmi eux quelques châteaurenardais, car nous y sommes très nombreux au 341. J’ai trouvé, et non sans raison, la nuit dernière très longue. J’étais à un petit poste aux écoutes, le plus avancé. Les Boches sont sans exagérer à pas plus de vingt cinq mètres et nous les entendions très distinctement faire leurs relèves et leurs sentinelles crier « huerter » ! qui correspond à notre « halte-là » ! car, comme nous, ils sont obligés de faire des appels à toute personne venant par derrière. Notre compagnie de gauche, la 17, ayant probablement vu quelque chose, a tiré pendant un certain temps quelques coups de feu. Alors là, j’ai vu quelques Boches passer devant moi pour aller répondre à la 17. Je me suis bien gardé de tirer sur eux parce que ces messieurs ne nous auraient pas laissé tranquille, car ils sont tenaces et rendent coup pour coup. J’ai mieux aimé leur laisser ignorer que nous étions là sûrement qu’ils auraient été capable d’envoyer quelques patrouilles nous dire bonsoir. Enfin tout s’est bien passé. Un peu avant le jour, à trois heures nous avons quitté notre poste et sommes en ce moment dans une tranchée abri où nous pouvons roupiller tout le jour si ça nous plaît pourvu qu’on ne se montre pas, il n’y a rien à craindre. Les trois autres nuits seront moins dangereuses. J’espère qu’il ne m’arrivera rien de fâcheux. Après nous aurons douze jours de repos relatifs et seize à passer en seconde ligne, sauf contrordre. Ton cousin dévoué. »

Etienne M.

[SIC]

Archives communales de Châteaurenard, H21, lettre d’un poilu le 21 avril 1915

Demande de sursis pour le directeur de la Minoterie du Moulin Neuf

Dans une lettre adressée à monsieur le Général commandant la 15ème région territoriale à Marseille, le maire de Châteaurenard réclame le prolongement du sursis accordé au minotier Mathieu, directeur du « Moulin neuf », marié et père de trois enfants. Monsieur le maire affirme que, sans lui, l’alimentation de base des châteaurenardais ne pourrait être assurée…

La minoterie Mathieu est assurément l’une des plus importantes de la région, livrant des farines non seulement à la commune et dans le canton, mais encore au delà.

L’arrêt de ce moulin causerait une perturbation pour l’alimentation de notre population, et afin de parer à cet inconvénient je viens vous solliciter et vous prier mon général de bien vouloir accorder un nouveau sursis d’appel à cet homme […]. le 9 février 1916.

Archives communales de Châteaurenard-H21-Guerre de 1914-1918-Extrait de lettre demandant des sursis d’appel.

Le monument aux morts pour la Patrie : une histoire à rebondissements. Acte 3

Acte 3 : le choix revient aux châteaurenardais

Le dernier rebondissement de cette « affaire » se déroule le 21 novembre 1920. Tout commence par un droit de réponse du maire Chapelle aux critiques portées par certains administrés. Le maire semble excédé mais fait preuve d’esprit de conciliation en proposant un nouveau site, celui du cimetière, qui est en train de s’agrandir et qui dispose de suffisamment de place pour accueillir la nouvelle construction.  L’opposition du comité étant trop vive, monsieur le maire décide de donner la parole aux citoyens. Ils doivent s’exprimer sur le choix du site et donner leur préférence entre les Allées, la place de l’église et le cimetière…

« Messieurs, dans notre délibération du 5 août dernier nous avions décidé de faire ériger le monument aux Allées, depuis, vous le savez on a voulu m’accuser de faire renaître les questions de quartier […]. Pour ne pas proposer un emplacement qui aurait pu aller à l’encontre des désirs des femmes, pères et mères de nos grands morts, j’ai demandé à toutes les familles de vouloir bien nous faire connaître par écrit leur idées sur ce sujet. J’ai donné connaissance du résultat de ce vote qui se décompose comme suit : 186 familles consultées, 159 ont donné leur signature pour le projet du cimetière, 14 ont désigné une place publique et 9 seulement ont approuvé le projet du boulevard du 4 septembre [souhaité par le comité du monument] . Vous avez maintenant à vous prononcer d’une façon définitive sur le choix de l’emplacement ou sera élevé le monument de nos grands morts […]. Sur 16 conseillers présents 14 déclarent voter pour l’emplacement du cimetière et deux se sont abstenus. »

Le choix du cimetière est donc retenu définitivement pour accueillir le monument aux morts pour la Patrie.

Archives communales de Châteaurenard-D26-Registre des délibérations 1912-1926-Extraits des délibérations concernant l’emplacement du monument aux morts pour la patrie.

Le monument aux morts pour la Patrie : une histoire à rebondissements. Acte 2

Acte 2 : l’intégrité du maire remise en cause

Suite à ce vote controversé (lire l’article précédent-Acte 1), des critiques concernant l’intégrité du maire ont occasionné, le 24 octobre 1920, le vote d’un ordre du jour de confiance à monsieur Chapelle  :

« Contre certaines insinuations malveillantes de certains membres du comité du monument qui tentent de jeter la discussion du choix de l’emplacement sur le terrain politique. Engage monsieur le maire à continuer de se montrer ferme et conciliant comme il l’a toujours fait jusqu’à présent dans toutes les réunions du comité (voté à l’unanimité). Il vote également des félicitations à monsieur le maire, conseiller général, pour toutes les subventions obtenues en faveur de la ville de Châteaurenard, ainsi que pour la défense des intérêts communaux au conseil général. »

Fort de cette confiance renouvelée par ses conseillers, le maire va t’il confirmer son choix des Allées ?                                                                  La suite dans l’Acte 3, la semaine prochaine.

Archives communales de Châteaurenard-D26-Registre des délibérations 1912-1926-Extraits des délibérations concernant l’emplacement du monument aux morts pour la patrie.

Le monument aux morts pour la Patrie : une histoire à rebondissements. Acte 1

L’étude du registre des délibérations des années 1920 montre à quel point le choix de l’emplacement de ce monument a été source de querelles entre les châteaurenardais. Certains souhaitaient sa construction place des Allées, alors que d’autres le voulaient place de l’église ou encore Boulevard du 4 septembre. Les partis pris et les éclats de voix ont échauffé les esprits et les mauvais mots concernant les élus n’ont fait que retarder  le début des travaux. Lisez plutôt pour connaître le fin mot de l’histoire…

Acte 1 : le choix des Allées

Le 5 août 1920, le conseil municipal s’est réuni sous la présidence du maire Chapelle qui rappelle la teneur d’une réunion avec le comité du monument :

« Le comité du monument, composé de 110 membres s’est réuni le 28 juillet, mais 36 personnes seulement étaient présentes […]. Deux propositions d’emplacement ont été faites […]. Le maire fait connaître que l’emplacement des allées lui a toujours paru plus favorable [par rapport à son espace et son accessibilité ] et que le comité a entendu un long plaidoyer fait par monsieur le curé qui concluait par la désignation de la place de l’église comme emplacement le plus favorable. Finalement, après de longues discussions, le comité passait au vote et par 23 voix contre 13 désignait la place de l’église. Ce vote n’est qu’une indication, mais il est a remarquer qu’il se manifestait un certain parti pris. Quoiqu’il en soit, c’est au conseil municipal qu’il appartient en dernier ressort de décider du choix de l’emplacement ».

Le conseil municipal souhaitant revenir sur cette décision du comité passe alors au vote et les résultats proclamés sont contraires aux précédents : 11 voix pour les Allées, 3 voix pour la place de l’église, 2 blancs (le maire « pour ne pas faire pression sur le choix du conseil » et M. Poulhon qui aurait préféré que le comité ait la responsabilité de ce choix).

Les Allées, décision adoptée jusqu’à nouvel ordre…la suite dans l’Acte 2, la semaine prochaine.

Archives communales de Châteaurenard-D26-Registre des délibérations 1912-1926-Extraits des délibérations concernant l’emplacement du monument aux morts pour la patrie.

Quand l’école Pic Chabaud devient « l’hôpital pour blessés militaires 69 bis »

Quelques billets émanant du Comité de Solidarité et d’Assistance de l’enseignement primaire des Bouches du Rhône, dont le siège social se trouvait à  Marseille (Brasserie Colbert), font état de mandats de plusieurs dizaines de francs destinés à l’entretien de lits dans l’hôpital municipal de la commune. L’école des garçons s’est donc transformée, pendant la première guerre mondiale, en « hôpital volontaire 69 bis pour blessés militaires ».

Archives communales de Châteaurenard-H21-Guerre de 1914-1918.

Demande de démobilisation pour un père de famille en 1915

Le 15 décembre 1915, le  maire de Châteaurenard s’adresse à Monsieur le Directeur de la Poudrerie Nationale afin de solliciter un emploi pour un châteaurenardais combattant dans les Dardanelles. Cette démarche n’est pas un cas isolé, tout comme la demande de prolongation de sursis d’appel, c’est un moyen d’obtenir le retour rapide d’un père de famille.

 Archives Communales de Châteaurenard-H21-Guerre de 1914-1918.

buy windows 11 pro test ediyorum