La Révolution française de Châteaurenard à Paris

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La Révolution à Châteaurenard est abordée essentiellement à partir des documents consultés aux archives communales. Les textes des fichiers joints donnent un aperçu des événements qui se sont déroulés dans la  Commune ; ils ont été recopiés dans le style et l’orthographe de l’époque. 

La présentation des sources est complétée  par des documents iconographiques et des extraits d’œuvres cinématographiques. Sans être exhaustif, ce site est un « outil » de découverte, qui propose des ressources très fiables, d’un grand intérêt historique.

La bibliographie proposée permet la contextualisation et la compréhension des événements révolutionnaires, de l’échelle locale à l’échelle nationale, elle offre aussi la possibilité d’approfondir les connaissances sur cette période historique.

La rigueur de l’hiver 1788-1789 et ses conséquences

L’hiver 1788-1789 a été exceptionnellement rigoureux en France.  Les récoltes ont été médiocres et les céréales manquent dans les greniers.  Dans les campagnes, les conséquences  sont importantes. La destruction quasi-totale des oliviers et l’inactivité qui en résulte provoquent le chômage et la misère des salariés agricoles. Le Conseil de la Châteaurenard tente d’éviter les révoltes en se procurant du grain, à prix négocié pour les plus pauvres,  mais aussi en obtenant de l’Intendant des délais supplémentaires pour payer les impôts.

« Les sieurs maires consuls exposent à la présente assemblée qu’ils ont été à Tarascon […] pour trouver par leurs moyens deux cents saumées de blé pour subvenir aux besoins des habitants. Ces messieurs nous ont juré qu’ils nous feraient trouver ce que nous leur avons demandé. En conséquence, il conviendrait de prendre les moyens pour prévenir toute émeute populaire et faciliter les habitants à avoir de quoi pourvoir à leur subsistances […] .  Le blé sera distribué aux pauvres habitants en le payant à raison de trente neuf livres la saumée, ce qui fait une remise en faveur des pauvres de six livres quinze sol par charge. Cette remise ne sera faite qu’en faveur de ceux que les sieurs consuls reconnaitront véritablement pauvres et ceux qui ne pourront pas le payer. […] ».

Archives communales de Châteaurenard-BB37-Conseils de 1781 à 1789-Extrait d’une lettre  de promesse de grain aux pauvres, le 4 avril 1789.

« Il est nécessaire d’envoyer à monseigneur l’Intendant l’état de toutes les dépenses et il ne faut pas oublier de l’instruire aussi de quatre vingt saumées de blé que la prévoyance du conseil avait fait distribuer aux pauvres habitants pendant cet hiver, à quoi nous sommes peut être redevables de la tranquillité du peuple, qui malheureusement ne s’est porté qu’a trop d’excès dans les autres pays.

Cette dépense excessive de trois cent trente saumées de blé soit du pays, soit de l’ étranger, dont la communauté est obligée de faire les avances et que la plupart des habitants ne pourront pas payer à l’échéance [nous pousse à] supplier [l’Intendant] de permettre, seulement pour cette année, de ne pas imposer au premier mai prochain […] les dix mille livres du remboursement. Et comme les habitants ont eu  une perte considérable due à la mortalité des oliviers , on suppliera encore sa grandeur de vouloir fixer les remboursements annuels à six mille livres au lieu de dix milles […] ; de cette façon, les habitants seront dans le cas de mieux payer les impositions qui seront extrêmement fortes à l’avenir […] ».

Archives communales de Châteaurenard-BB37-Conseils de 1781 à 1789- Extrait d’une lettre demandant une baisse d’impôt à l’Intendant de Provence, le 21 avril 1789.

Le cahier des remontrances et doléances de la commune

Le mercredi 25 mars 1789 s’est réunie l’assemblée du conseil général de tous les chefs de familles payant l’imposition, c’est à dire tous ceux nés français et âgés au moins de vingt cinq ans. D’après le dénombrement qui a été fait le 14 décembre 1788, Châteaurenard comptait alors 682 feux (foyers).

« Lorsque nous aurons messieurs, rédigé notre cahier de doléances, il faudra procéder à la nomination de nos députés qui doivent le présenter à l’assemblée générale de la sénéchaussée […]. En présence de tous les citoyens assemblés nous aurions exposé ce qui suit :

Messieurs,
La bienveillance du roi et la sagesse de ce ministre que nous regardons a juste titres comme l’ange tutélaire de la France, nous offre une occasion aussi heureuse qu’inespérée de concourir au bonheur public en rassemblant aujourd’hui l’ordre du tiers-état, si utile dans les campagnes, si intrépide dans les combats, si loyal dans le commerce, si distingué dans les arts les sciences et les belles lettres. |…] Cet ordre  va procéder à la nomination de ces députés pour l’assemblée de la sénéchaussée d’Arles.

[…] Le cahier a été remis aux députés afin de l’apporter à l’assemblée qui se tiendra le trente mars 1789 devant messieur le lieutenant général en la sénéchaussée d’Arles.

Les élus sont : Bernard, le maire, Devilleller ancien officier d’infanterie, Ayme avocat à la cour, Vicary docteur, Rippert notaire royal, Ginoux ménager.

Archives communales de Châteaurenard-BB37-Extrait du procès verbal de l’assemblée du conseil général de tous chefs de familles payant imposition, le 25 mars 1789.

Transcription du Cahier des remontrances et Doléances de la commune :

Cahier des Remontrances et Doléances de Châteaurenard

L’application de la loi martiale pour empêcher tout débordement dans la ville

Les effets de la Révolution se propagent dans tout le royaume et pour empêcher les débordements, les autorités publiques font appliquer un décret de l’assemblée nationale, du 21 octobre 1789, permettant d’établir la loi martiale en ville.

Article premier : dans le cas ou la tranquillité publique sera en péril, les officiers municipaux des lieux seront tenus, en vertu du pouvoir qu’ils ont reçu de la commune, de déclarer que la force militaire doit être déployée pour rétablir l’ordre public, à peine par ces officiers d’être responsables des fautes de leur négligences.

Article II : cette déclaration se fera en exposant à la principale fenêtre de la maison de ville et en portant dans toutes les rues et carrefours un drapeau rouge et en même temps les officiers municipaux requerront les chefs des gardes nationales, des troupes réglées et des maréchaussées de prêter main forte.

Article III : au signal seul du drapeau rouge, tout attroupement avec ou sans armes deviendront criminels et devront être dissipés par la force.

[…] Article V : [..] seront autorisées six personnes pour exposer leurs réclamations et présenter leurs pétitions […] qui devront ensuite se séparer sur le champ et se retirer paisiblement.

Article VI : fautes par les personnes de se retirer immédiatement, il leur sera fait à haute voix, par les officiers municipaux ou l’un d’eux, trois sommations de se retirer tranquillement dans leur domicile […].

[…] VIII : si le peuple attroupé n’a fait aucune violence […] les moteurs et instigateurs de la sédition, s’ils sont connus, pourront seuls être poursuivis extraordinairement et condamnés , savoir à une prison de trois ans si l’attroupement n’était pas armé et à la peine de mort si l’attroupement était armé, il ne sera fait aucune poursuite contre les autres.

[…] XII : lorsque le calme sera rétabli, les officiers municipaux rendront un décret qui fera cesser la loi martiale et le drapeau rouge sera retiré et remplacé pendant huit jours par un drapeau blanc.

Le roi a sanctionné et sanctionne le sus dit décret pour être exécuté dans tout son royaume… »

Archives communales de Châteaurenard-BB37-Extrait du décret de l’assemblée nationale instituant la loi martiale, le 21 octobre 1789.

Élan patriotique : la plantation de « l’Arbre de la Liberté »

Pendant la Révolution, la commune de Châteaurenard est rebaptisée « Mont-Renard » et la population est invitée à participer à une fête civique dont le point d’orgue est la plantation de « l’arbre de la liberté. »

« Ce jourd’hui, vingtième ventose l’an second de la république une et indivisible, jour fixé pour la plantation d’un arbre vif, symbole de la liberté et de la fraternité, les instruments de musique et les tambours se sont faits entendre dès le grand matin pour annoncer aux paisibles et impatients habitants la fête civique qu’ils doivent célébrer avec toute la pompe et l’enthousiasme dont ils sont animés.

Par les dix heures, l’arbre désiré arrive porté par une charrette par laquelle les tambours et la musique battent et jouent tour à tour des airs guerriers précédés de plusieurs jeunes gens à cheval portant des branches de chêne du même arbre […]. La foule entourait et suivait en criant vive la Montagne, vive la République, vive la Liberté. A une heure de l’après midi, la municipalité en écharpe, les membres du conseil général, toutes les autorités constituées, la garde nationale armée de piques sont descendus avec ordres de la maison commune. [Ils] étaient précédés des vieillards vénérables et des plus jeunes citoyens et citoyennes […]. Des jeunes filles vêtues de blanc venaient après les tables des Droits de l’Homme , l’acte constitutionnel, les colonnes et statues de la Liberté et de l’Egalité et leurs attributs portés par des citoyens qui faisaient retentir les airs de leurs chants d’allégresse.

Plus loin, des jeunes citoyennes mêlaient agréablement leurs voix mélodieuses aux allées-venues de nos campagnards […] les chapeaux volent de toute part, on s’embrasse mutuellement, des larmes de joie coulent , on se serre autour de l’arbre, on chante et on danse sous les rameaux , la joie se peint, se voit et se renouvelle sans cesse sur tous les visages […]. Après quoi, le cortège s’est acheminé à la société populaire ou des nouveaux orateurs se sont succedés à la tribune.

La séance levée, le public s’est répandu dans les rues en chantant et dansant la farandole, la gaieté était générale, il y a eu le soir un feu de joie, soupé patriotique, bal et illuminations, l’ordre et la décence ont couronné cette fête civique qui s’est prolongée bien avant dans la nuit de tout quoi nous avons dressé le procès verbal dont un extrait est envoyé au directoire du district, le second au représentant du peuple Maignet* et le troisième à la convention nationale ainsi que l’offrande du citoyen villes, à Mont- Renard,  le vingtième ventose an deux de la République française une et indivisible.

*Maignet , représentant du peuple français, envoyé dans les départements des Bouches du Rhône et de Vaucluse pour organiser le Gouvernement Révolutionnaire. »

Archives Communales de Châteaurenard-S1- Extrait du folio « plantation de l’arbre de la liberté », 1793.

Le château saccagé et pillé

L’onde de choc de la Révolution Française se répercute dans tout le royaume et les nobles locaux sentent leurs intérêts et leurs biens toujours plus en danger. Face à la menace, le seigneur de saint Paul en appelle au Parlement de Provence pour se protéger des violences.

« Requête de mars 1790 au Parlement de Provence, acceptée au nom de M. de Saint Paul qui sollicite une protection efficace contre les actes de la Commune. Qu’il plut au Parlement de mettre tous les biens, droits et propriétés du suppliant en quoi qu’ils consistent et puissent consister, ainsi que tous ceux dont il est en possession sous la protection et sauvegarde de la loi et de la justice avec défense d’y attenter, sous peine de droit. Le 2 mars 1790, affichage sur la porte de l’église et sur la maison commune de Châteaurenard »

Accord Archives Communales de Châteaurenard-D48-Extrait du registre Procès du Seigneur 1790-1856. 

 

Rien ni personne n’a pu empêcher le saccage et le pillage du château. Voici un extrait du procès verbal constatant les dégâts faits à la maison haute du sieur Thomassin, du 8 avril 1792.

« Le 8 avril 1792 à deux heures après midi, nous Guillaume Michel Angelier Maire , Jean Pécoult François Ginoux, Jean Joseph Muratory, Alexandre Louys Beraud officiers municipaux et Alexis Richard procureur de la conmmune.
Disons que le six et le sept du courant et avant midi de ce jourd’hui des malfaiteurs et plusieurs soldats de la troupe d’Aubagne ont causé des dévastations à la maison haute du sieur Thomassin, ce qui nous a été impossible d’empécher, le maire et le procucureur de la commune étant en état d’arrestation par ordre du sieur Camoin, commandant un détachement des gardes nationales d’Aubagne de quatre cent hommes qui étaient venus en cette ville sans réquisitions, pendant que nous jouissions de la plus grande tranquillité et dans la seule vue de nous fouler.

Nous, officiers municipaux, n’avons osés nous présenter, pour empêcher ces dévastations parce qu’en nous présentant, dans le temps que cette troupe acharnée était ici, notre vie aurait été en danger. Ce jourdhui, huit avril à la dite heure, ayant appris qu’on commettait des nouveaux dégâts à la dite maison haute, nous avons fait une réquisition au sieur Marchel commandant un détachement de garde nationale de Marseille et de Tarascon venus en cette ville pour repousser celui d’Aubagne d’envoyer un détachement à la dite maison haute pour dissiper les méchants qui commettaient ces dégâts.

Nous nous y sommes rendus décorés de notre écharpe, escortés par un détachement des gardes nationales de Marseille et de Tarascon et en arrivant sur la première terrasse au rez de chaussée nous y avons trouvé plusieurs personnes que la curiosité y avait sans doute attirées. Nous avons [vu que ] les vitres des fenêtres des petits appartements étaient brisées, que les contres vents de même, que les portes d’entrées des appartements avaient été arrachées et enlevées. Nous avons ensuite pénétrés dans l’intérieur de la dite maison et nous avons été dans la plus grandes surprises de voir l’état de délabrement où il avait été mis ; on avait enfoncé tous les placards, détaché et enlevé les portes et les étagères. N’y ayant rien trouvé dedans, nous sommes ensuite montés dans tous les autres appartements et parcourus les uns après les autres. Nous les avons trouvés dans le même état que les premiers, entièrement délabrés, les briques et pierres de tailles de cheminée dévastées, le bastique en pierre de taille qui entourait la terrasse à plain pied de la grande salle renversée et les pierres brisées de la plupart des portes et fenêtres et ferra-mentes enlevées, les crénaux des tours renversés en partie, les grands escaliers à moitié brisés, des toits écrasées et du tout avons dressé le présent procès verbal et nous nous sommes soussignés à Châteaurenard l’an et le jour sus dit le 4ème de la liberté Angelier Maire, Pecoult officier municipal, Ginoux off. Municipal, JJ Muratory off. Municipal, richard p.d.l.c. Extrait pour servir lors jugement. Giraud greffier. »

Archives Communales de Châteaurenard-S1- Extrait du dossier Révolution 1789-1790-1799.

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