Cette semaine sera consacrée aux méthodes, du quantitatif au qualitatif.
Dans son domaine, Samuel Balti fera le tour des tableaux, et de l’importance de l’apport des statistiques dans l’enquête de terrain.
Noël Jouenne et Mohammed Zendjebil prendront le chemin du qualitatif pour accompagner les étudiants dans une découverte (ou redécouverte) des méthodes qualitatives.
Un événement particulier : Marjorie Hervé nous rejoindra pour l’occasion et pour la première fois (mais pas la dernière).
L’après-midi sera aussi l’occasion de dresser l’état des lieux des sujets et d’établir une bibliographie en bonne et due forme.
Les étudiants seront bientôt conviés à dévoiler leur sujet. Pour cela j’envisage de leur proposer un article chacun…
Jade est une étudiante de notre école, partie en Erasmus une année au bord de la mer. Elle a voulu apporter sa contribution sur le thème de la limite.
J’ai alors pensé au livre « Océan Mer », d’Alessandro Baricco, et je me suis dit que cela vous intéresserait peut-être. Peut-être aussi l’avez-vous déjà lu ?
Plusieurs personnages d’origines et histoires différentes, ayant tous un rapport singulier à la mer, habitent un hôtel sur la plage, à quelques mètres de l’eau, et s’y rencontrent. Un de ces personnages, c’est Bartleboom, est là car il écrit une « Encyclopédie des limites observables dans la nature, avec un supplément consacré aux limites des facultés humaines », et oriente à ce moment ces recherches sur les bords des océans.
page 44
« – C’est là que finit la mer.
La mer immense, l’océan mer, qui court à l’infini plus loin que tous les regards, la mer énorme et toute-puissante – il y a un endroit, il y a un instant, où elle finit – la mer immense, un tout petit endroit, et un instant de rien. [page 45]– La nature a une perfection à elle, surprenante, et qui résulte d’une addition de limites. La nature est parfaite parce qu’elle n’est pas infinie. Si on comprend les limites, on comprend comment le mécanisme fonctionne. Le tout est de comprendre les limites. Prenez les fleuves, par exemple. Un fleuve peut être long, très long, mais il ne peut pas être infini. Pour que le système fonctionne, ce fleuve doit finir. Et moi, j’étudie de quelle longueur il peut être avant de finir.
page 249
Son Encyclopédie des limites et caetera, il continua à y travailler jusqu’au dernier moment. Il s’était mis à la réécrire, maintenant. Il disait que la science faisait des pas de géant et que tout compte fait on n’en finissait jamais de mettre à jour, de préciser, de corriger, de peaufiner. Ça le fascinait, cette idée qu’une Encyclopédie sur les limites finisse par devenir un livre qui n’avait jamais de fin. Un livre infini. C’était absurde, quand on y pense, et lui ça le faisait rire, il m’expliquait ça, encore et encore, émerveillé, et amusé aussi. »
Ce qui est fini, ce qui ne l’est pas, quand est-ce qu’on décide que c’est terminé, ou non, est-ce qu’il y a des choses que l’on peut limiter et d’autres pas, cette absurdité de la fin aussi, un peu, des paradoxes, parfois. Puis, a-t-on toujours besoin de délimiter les choses pour qu’elles fonctionnent ? Un petit bout de pensées simples, en espérant que ça sera toujours quelque chose qui vous sera, sinon utile, amusant.
Clara Sandrini interviendra à propos des villes de l’Est.
Limites et frontières des transformations socio-spatiales européennes, 1917-2017 (titre provisoire).
La révolution russe inaugure une période nouvelle ou le mouvement moderne en architecture structure une pensée pour la ville, permise par la circulation des hommes et des idées. Dans les années 30, pourtant, ces idées se cristallisent différemment entre les pays de l’ouest et ceux de l’est.
Entre la Seconde Guerre mondiale et la chute du mur de Berlin, l’Europe a été coupée en deux : la modernisation de l’espace urbain s’y est effectuée distinctement, interrogeant ainsi les fondamentaux du « mouvement moderne » en architecture.
Depuis la chute du mur, les enjeux du développement durable se sont imposés en Europe occidentale et partout les projets architecturaux et urbains se disent respectueux de l’environnement et ouverts a la participation des habitants.
En Europe orientale, la privatisation des espaces bâtis et non bâtis a permis une libéralisation de la conception architecturale et urbaine. Elle a aussi engendré une prolifération d’opérations immobilières et un délaissé de gouvernance qui permet aux habitants de s’emparer des espaces libres pour participer a l’édification d’un espace collectif.
Si l’Europe aujourd’hui est unifiée, la comparaison de ces situations européennes amène a reconsidérer le processus de fabrication de l’espace urbain « soutenable ».
L’après-midi, Mohammed Zendjebil introduira les méthodes de la cartographie à destination de l’expertise des territoires.
Le diagnostic du territoire passe par comment appréhender le territoire sous toutes ses formes, ses coutures, sa démographie, sa géographie, pour une approche multidimensionnelle du territoire.
Il reviendra sur le parcours de la semaine dernière et les étudiants pourront exploiter leurs photographies pour une restitution par une mise en images.
Le planning du semestre a été révisé, maintenant que les uns et les autres ont réussi à caler leur emploi du temps.
Ce matin, nous sommes repartis sur le questionnement et avons poursuivi sur la définition de frontière, limite et marge.
La marge, cet entre-deux que l’on peut percevoir à travers la notion de liminarité, selon l’expression forgée par Arnold Van Gennep autour de la notion de rite de passage.
La notion de marge interroge celle, fondatrice et universelle, de limite posée par un acte volontaire qui permet de séparer le nous de l’autre. Pourtant, pour Georg Simmel, la frontière est d’abord « entre » : plus que séparer elle induit une réciprocité car elle se présente comme une interposition dans l’espace qui sépare deux mondes qui s’opposent. Georg Simmel voit dans les antagonismes une source de tension créatrice ; l’étranger reflète cette tension, car il est celui qui vient d’ailleurs et qui s’installe quelque part : il est donc à la fois à l’intérieur et à l’extérieur.
La notion de marge nous intéresse par sa capacité à mobiliser les notions de continuité et de rupture, ainsi que celle de « culture de l’entre-deux ». L’expérimentation de cette culture, celle du migrant, de l’étranger, d’un marginalité sociale, culturelle ou artistique, se perçoit aussi dans la mise en place des pratiques dans l’espace et des usages de l’espace, dans les lieux appropriés de la ville qu’il faudra explorer.
L’après-midi, nous avons fait un long parcours.
Chaque séquence correspond à un temps d’arrêt, à un moment de pause, à un regard porté sur la ville et ses caractéristiques. Quels sont les signes tangibles d’une limite, d’une frontière ? A quel moment pensons-nous nous trouver à un autre endroit ? Être attentif, observer, penser, voir… pour comprendre.
Nous avons sept minutes avant l’arrivée du bus n°14.
Premier contact avec la marge, la limite et/ou la frontière
L’atelier du matin sera centré autour de quelques définitions des marges, limites et frontières (MLF) à travers l’élaboration d’une carte mentale collective.
C’est aussi le démarrage des conseils de lectures. D’ici quelques semaines, les étudiants seront amenés à présenter leur lecture à l’oral. Exercice pas si simple.
L’après-midi, le groupe sortira en ville à la recherche de ces MLF. Par petits groupes ils se disperseront dans la ville et feront des croquis, des relevés et des photographies de situation de MLF. Ou bien nous partirons ensemble arpenter les limites de notre secteur. La limite des quartiers, passer d’un territoire à un autre, etc. Depuis les MLF physiques et clairement identifiables, nous chercherons à débusquer les MLF symboliques, invisible, ou bien là où on ne s’y attend pas.
De retour à l’école, nous dresserons le bilan de cette deuxième journée.
Débuter une recherche passe immanquablement par la recherche bibliographique. Il faut savoir s’il existe déjà des articles ou des ouvrages ayant un point commun avec le thème engagé.
La difficulté en architecture est de croiser les champs disciplinaires, ce qui multiplie des possibilités. Une fois l’état des connaissances effectué, l’étudiant pourra resserrer ses sources à quelques disciplines.
A partir d’un sujet énoncé, il sera ainsi possible de construire un objet de recherche.
Les mots-clés
La recherche bibliographique sur base de données s’établit à partir de mots-clés.
Ils s’appellent Benjamin, Camille, Candida, Daniel, Guillaume, Juliette, Laury, Luisa, Romane, Rosemarie, Vincent, Yvanna, et ont rejoint le séminaire.
Au cours de la matinée, sont abordés les thèmes du retournement, de la transversalité, de l’articulation aux pratiques hybrides, ou encore la question de l’héritage. Nous commençons tranquillement, sans saturer de lectures ou d’auteurs, laissons venir…
Chacun des étudiants est animé par une sensibilité, un attrait, une idée qui reste encore assez vague. Par trio, ils ont commencé à discuter de leur perception des limites, des marges et des frontières et commencent à entrevoir des sujets possibles.
Parmi les nombreux questionnements, nous retrouvons celui du rapport entre riches et pauvres au Brésil, ou bien celui de la zone et de la perception (perçu/vécu), celui des seuils entre privé et public, un autre sur « l’entrée de ville », ou encore celui sur la ségrégation dans les mobilités et les déplacements et jusqu’à « l’entre-ville ». Ces questionnements doivent être enrichis, développés, discutés, pour être adaptés à la faisabilité d’un mémoire de Master 1. Il y a du bon là-dedans.
Je donne à lire deux textes : Un article de Daniel Terrolle, intitulé « Zones d’ombres et de lumières : de la transmutation du déchet au recyclage social », paru dans la revue Les Carnet du Paysage, n°29, Actes Sud, 2016, pp. 64-81, ainsi qu’un entretien inédit d’un chiffonnier né en 1923 et ayant vécu dans la zone parisienne.
Les enseignants se présenteront et illustreront à leur manière les attendus de ce séminaire.
Chacun prendra le temps d’exposer son point de vue, à travers son expérience et sa discipline, et développera un axe ou un thème en rapport avec le thème général : Marges, Limites, Frontières. Le but : donner des idées et créer des pistes que les étudiants pourront s’approprier. Cela permettra de donner le coup d’envoi d’une année prometteuse.
De leur côté, les étudiants commenceront leur présentation, sous forme de mini-atelier, par binôme. Afin de mieux apprendre à se connaître, chaque étudiant en présentera un autre. Par recoupement, on pourra ainsi constituer des petits groupes (enfin je l’espère) sur des thèmes conjoints.
L’après-midi débutera par la soutenance en deuxième session des étudiants de l’année dernière. Seront-ils trois ou quatre ?
La soutenance se poursuivra par un échange entre les étudiants. J’ai prévu que les aînés viennent à d’autres moments dans le semestre découvrir le travail de cette promotion et échanger avec eux.
En fin de journée, un atelier sera proposé dans lequel chacun rédigera un petit texte sur ses attentes et ses envies. S’agira-t-il de questionner les frontières invisibles d’une ville, de cerner les marges, de poser une limite entre soi et le reste du monde ? A quelle échelle souhaite-t-on travailler ? Quel sujet souhaite-t-on développer ?
On abordera bien sûr la question de la bibliographie, le choix des livres à lire, et aussi comment arriver à produire son mémoire…
Le séminaire « Voir la Ville » propose d’initier l’étudiant à la recherche en croisant un thème personnel à la question des marges, des limites ou des frontières. Il permet de développer une réflexion critique sur la notion de ville, de son image, à partir du positionnement des territoires : physiques et sociaux. La recherche des limites réelles ou imaginaires, physique, politiques et/ou sociales permet de dresser des constats et de dégager les logiques à l’œuvre.
A la fois centrée sur les grands enjeux de la post-modernité, la réflexion s’organise autour de la démarche des sciences sociales (géographie, sociologie, anthropologie), de l’architecture et de l’art, sans négliger la dimension historique : le mur à travers la ville.
L’urbanité est questionnée sous ses formes conflictuelles. Sont ainsi mises en questions les notions de gentrification, le phénomène NIMBY, les processus de patrimonialisation, le partage des espaces urbains, la conception est l’histoire des grands ensembles, la résidentialisation, etc. L’espace urbain est questionné dans sa requalification public/privée, tout comme le sont les oxymorons développement durable, espace public ou démocratie participative. Cette déconstruction permettra une meilleure réappropriation des concepts, voire leur dépassement.
L’apport théorique se construit à partir des échanges et d’une réflexion collective. De la modernité tardive (Harmunt Rosa) à l’accélération du temps, en passant par la modernité liquide (Zygmunt Bauman), le séminaire est ponctué par des rendez-vous mensuels (cycle de conférences) et/ou une journée d’étude annuelle.
L’étudiant participe au séminaire par son implication et produit un mémoire de Master conforme aux attentes de l’école.
Organisation pédagogique sur l’année (S7 et S8)
Les semestres s’organisent de manière continue en S7 et S8 selon une progression en trois volets : un apport théorique (exposé, cours magistral, film avec débat), un apport méthodologique associé à une mise en application. Une évaluation continue, et deux rendez-vous d’évaluation du mémoire.
Le travail de terrain débute dès octobre et est suivi par un des enseignants du séminaire.
L’équipe
Noël Jouenne, anthropologue
Samuel Balti, géographe
Carl Hurtin, artiste-plasticien
Clara Sandrini, architecte
Mohammed Zendjebil, géographe
Marjorie Hervé (doctorante en architecture)
Méthode adoptée
La méthodologie adoptée vise à développer l’autonomie de l’étudiant par une succession de choix (photos, images, terrain, méthodologie, mise en forme) qui l’entraîne dans un processus d’aller-retour, du terrain à la théorie, en passant par l’échange et le partage des connaissances.
Les séances de TD sont consacrées à la formalisation de représentations de la pensée (photomontages, dessins, schémas, films, …) : ces images deviennent les illustrations et servent de supports à l’écriture du mémoire. Les études comportent plusieurs volets : esthétique, urbain, architectural, historique, sociologique et géographique : une grille d’analyse est proposée aux étudiants, dans laquelle ils doivent choisir les éléments les plus appropriés à leur problématique.
Repère bibliographique
Bauman Zygmunt, Le présent liquide. Peurs sociales et obsession sécuritaire, Paris : Seuil, 2007
Niel Frédéric, Contre les murs, Paris : Bayard Culture, 2011
Rosa Hartmut, Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive, Paris : La découverte, 2012
=> Objectif pédagogique
Acquérir des notions nouvelles dans les différents champs disciplinaires autour de la question de comment voir la ville à travers ses marges, ses limites et ses frontières.
=> Un contenu pluridisciplinaire
Les cours sont une proposition d’engager le séminaire dans une réflexion autour de la question des marges au sens large. De l’histoire des murs à travers le monde aux gated communities, nous assistons dans notre société post-moderne à une accélération du temps, à un rétrécissement des espaces et à la naissance d’une obsession sécuritaire. Alors que le discours politique s’anime derrière un vocabulaire où riment euphémismes et oxymores, nous dresserons le constat de ce qu’est une ville et de comment la voir.
Les cours sont menés à plusieurs voix pour favoriser le développement d’une pensée interdisciplinaire.
=> Un travail sur le terrain
Les ateliers méthodologiques posent les outils nécessaires à la réalisation de l’enquête de terrain : relevés sur le terrain, prise de notes, observation et entretiens. Chaque séance fait le point sur un outil nouveau qui sera appliqué par un exercice.
Les cours visent à effectuer un retour sur la pratique de terrain. Ils permettent d’effectuer une synthèse entre la construction théorique du 1er semestre et du travail de terrain.
=> Un support d’analyse
Analyse et traitement des données, rédaction du mémoire, production de l’iconographie et des cartes. Suivi dans la réalisation du mémoire.
Un travail collectif permet de dégager une problématique que l’étudiant doit articuler et argumenter par son travail personnel et l’apport théorique. Des points d’étape permettent de mesurer l’avancée du travail et de corriger les objectifs à atteindre.
=> Une bibliographie adaptée
AGIER, Michel. La sagesse de l’ethnologue, L’œil neuf, 2004
BEAUD, Stéphane ; Florence WEBER. Guide d’enquête de terrain, La Découverte, 1998
COPANS, Jean. L’enquête ethnologique de terrain, coll. 128, Nathan, 1998
PEREZ Patrick, Petit guide d’introduction aux techniques de recherche et publication, EAT, nd
POIRIER, Jean; Simone CLAPIER-VALLADON. Les récits de vie: théorie et pratique, PUF, 1993
=> Une année bien remplie
Se préparer à la soutenance du mémoire. Savoir présenter un argumentaire, clarifier ses propos.