L’effet de la fée Super Nanny

Voici les propos de François Jost, sociologue des médias, tenus  sur Canal Plus dans l’émission « L’Edition spéciale » du 27 janvier, à propos de l’émotion suscitée par le décès de Cathy Sarraï, qui incarnait sur M6 le personnage de « Super Nanny » :

« Cette Super Nanny était un super héros, (…) tout simplement une fée : elle donne un coup de baguette magique et laisse derrière elle une situation réconciliée ; on ne verra jamais, d’ailleurs, le désordre se réinstaller ».

Cet « effet Super Nanny » recherché par de nombreux parents qui se sentent en difficulté face aux réactions de leurs enfants  relève évidemment de la fiction, comme en témoigne la structure même de l’émission agencée comme un récit traditionnel :

Situation initiale : des parents s’aiment et décident d’avoir un enfant  ;

Perturbation : cet enfant se transforme en monstre ;

Péripéties : il saccage sa chambre, recrache sa soupe, vocifère dans les supermarchés, monopolise la télécommande en deuxième partie de soirée ;

Résolution : arrivée de Super Nanny et de son index réprobateur-baguette magique ;

Situation finale : l’enfant est exorcisé, la famille réconciliée, et Super Nanny prête à s’envoler vers de nouveaux foyers.

Ce schéma narratif, constitutif des contes de fées, diffère largement de notre quotidien dans lequel les situations, les relations et les personnalités mettent beaucoup plus de temps à se construire et à évoluer (d’autant plus que si l’on aimerait que l’autre change, on n’est pas toujours prêt à travailler sur soi, ce qui ralentit voire invalide parfois totalement le processus engagé…).

« Super Nanny » appartient donc bien à la « télé-réalité », mais au sens étymologique du terme,  à savoir ce qui est loin (mais vraiment très loin !) de la réalité.

Nathalie Anton

 

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