Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Ils auraient vendu 48 000 € de mauvais vin à une personne âgée

Il était une fois une très vieille dame, vraiment très vieille, qui vivait aux abords d’un village reculé du royaume des Sapins. Ce royaume n’avait pas d’autres arbres que des sapins comme son nom l’indique. Rien ne poussait dans ce royaume que des sapins. Et quand on aime bien boire un petit coup, comme cette très vieille dame, on est obligé d’acheter le vin à des marchands ambulants venant du royaume des Vignes. C’était toujours le même qui ravitaillait la très vieille dame. Il lui vendait du vin blanc issu de cépage Chardonnay, reconnaissable à son petit goût de noisette, très fin, qui se laissait bien boire …

Cette année-là, le marchand habituel tardait à passer et la très vieille dame voyait le nombre de flacons qui lui restait diminuer à vue d’œil. Tous les jours, malgré des jambes qui avaient du mal à la porter, elle se rendait en haut de la colline. De là où des sapins avaient été déplantés, elle tentait d’apercevoir un nuage de poussière sur la route qui aurait indiqué qu’un chariot n’allait pas tarder. Mais rien, pas un seul nuage de poussière, même pas un tout petit ! alors, elle repartait chez elle, dans sa petite bicoque de bois de sapin. Elle ouvrait un de ses derniers flacons et essayait de se consoler dans les vapeurs d’alcool. Sauf qu’elle avait le vin triste et elle se lamentait : « Mais comment vais-je faire ? il ne m’en reste plus que dix ! » puis que neuf, huit, sept, …

Arriva le jour funeste où elle s’aperçut qu’il n’en restait plus qu’un. Elle le but en pleurnichant dans son gobelet. Elle n’avait jamais connu de jour plus triste et angoissant depuis le jour de la mort de son mari. Elle se posait alors la même question de son devenir. Mais celle-ci avait été réglée facilement après la découverte d’un joli pactole que le défunt avait placé chez son notaire. Il s’élevait à plus de 50 000 euros. (Oui, c’était déjà le nom de la monnaie de base du royaume des Sapins ; l’euro étant le nom que dans ce royaume, on donne depuis toujours à la pomme de pin, je suis sûre de vous apprendre quelque chose !) Revenons aux aventures de la très vieille dame.

D’un pas encore plus lent que d’habitude, la voilà grimpant comme elle peut sur le sentier de la colline, tête basse, mains accrochées aux pommeaux de ses cannes en bois de sapin. Ses pauvres vieux yeux essaient de distinguer un rien de poussière sur le chemin. Le temps passe. Tout à coup, elle sursaute croyant mourir de peur : un grand gaillard vient de lui taper sur l’épaule en criant « Eh bien la mère ! qu’est-ce qu’on regarde comme ça ? » Elle ne l’a pas entendu arriver et se demande qui il peut bien être. Le gaillard lui redemande en criant ce qu’elle fait là toute seule, la nuit allant bientôt tomber. La très vielle dame, peu méfiante et soulagée de parler de son problème, lui explique qu’elle guette son marchand de vin. « Oh, la Vieille, ça tombe bien, nous venons mes frères et moi du royaume des Vignes et nous pouvons te vendre du vin comme tu n’en as jamais bu ! Nous sommes arrivés hier soir et fatigués comme nous étions de la route, nous nous sommes endormis et nous n’avons pas encore eu le temps d’écouler notre marchandise. »

Les deux redescendent vers le village. La nuit tombe. Des habitants se hâte de rentrer chez eux, ils prennent juste le temps de dévisager l’étranger et de demander à la très vieille dame ce qu’ils font ensemble. Celle-ci ne veut pas se faire soustraire de la marchandise avant d’en avoir pris son content. Elle répond donc que c’est un camarade de son fils, venue lui apporter des nouvelles de celui-ci. Ils arrivent devant la cabane et le grand gaillard annonce qu’il part chercher ses frères et le chariot. C’est dit, c’est fait. Les voilà qui déchargent des tonnelets de vin blanc chez la très vielle dame. Celle-ci n’en croit pas sa chance et voit la pile de tonnelets atteindre quasiment le plafond de sa cave. La voilà pourvue de munitions pour l’année. Tellement satisfaite qu’elle paie sans broncher la somme exorbitante que les gredins lui extorquent : 48 000 euros !

Les gredins ne demandèrent pas leur reste et se pressèrent de regagner le royaume du Blé dont ils venaient. Quant à la très vieille dame, elle finit sa vie dans un aimable brouillard vineux sans même s’apercevoir que ce vin était une abominable piquette. Son fils, revenu à temps pour recueillir son dernier soupir, ne comprit jamais où avait disparu l’argent laissé par son père et qu’il comptait utiliser à son profit. Il eut beau détruire planches après planches la vieille cabane, il n’y trouva que quelques tonnelets vides qui sentaient fort mauvais !

 

Anne-Marie, le 24/9/16

 

Suite à l’atelier d’écriture des Rencontres du CRAP de 2016, je me suis prise au jeu d’écrire un conte à partir d’un titre de faits divers, sans aucun rapport avec l’article en question d’ailleurs.

Pour ceux qui seraient intéressés, voici le lien : http://www.ouest-france.fr/normandie/le-havre-76600/au-havre-ils-auraient-vendu-48-000-eu-de-mauvais-vin-une-retraitee-4490838

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