Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

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Ceci est un complément à la page 36 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Apprendre à développer son autonomie

Même si les occurrences du mot « autonomie » ne sont pas si nombreuses, on constate tout de même que la demande est là. L’institution attend bien des enseignants qu’ils mettent les élèves en situation de développer leur autonomie. Il s’agit de « développer l’autonomie » car on ne nait pas autonome, on le devient. Notre collègue formatrice et amie, Véronique Flipo, dans le cadre de stages autour de la différenciation pédagogique, explique volontiers que tant que nos élèves adolescents ne sont pas mûrs, ils ne peuvent être chargés de responsabilités. Sinon ils vont passer à côté du temps nécessaire à leur construction personnelle. Ils n’en sont donc pas responsables, c’est comme cela et la maturité va venir, petit à petit et qu’on n’y peut rien, ni les parents ni les professeurs et encore moins l’élève. C’est une question de temps.

L’avantage avec l’autonomie est qu’on peut y faire quelque chose. A la différence de la maturité, l’autonomie, cela s’apprend et peut se développer. Les élèves peuvent devenir plus autonomes, pour peu qu’on leur en donne la possibilité, par des situations pédagogiques qui s’y prêtent. Cela ne signifie pourtant pas qu’il faut les jeter dans le grand bain pour qu’ils apprennent à nager c’est-à-dire passer d’un travail complètement guidé à une séquence « sans filet » avec juste un énoncé. Alors, comment faire ? Ce qui suit n’est pas une solution miracle, seulement quelques réflexions sur du possible en classe. Il ne s’agit pas non plus d’une réflexion en profondeur sur la notion ou le concept d’autonomie[1].

Revenons à l’exercice « C’est à vous » (cf p 27 du livre). Peut-être avez-vous écrit quelque chose du style de ce qui suit ?

–          « Bidule est capable d’apprendre sa leçon et de restituer ce qu’elle a appris. Elle sait s’organiser dans son travail. Les devoirs sont faits avec sérieux : il y a des phrases complètes. Elle a toujours son matériel. Elle est capable de poser les questions nécessaires à sa compréhension.  En classe, elle est attentive même si elle peut bavarder lorsque les explications données ne lui servent pas. Elle capte l’essentiel. Elle n’est pas perdue lorsqu’on lui propose des activités atypiques, moins scolaires.

–          Machin n’est pas concentré : il n’écoute pas le cours, il est lent dans l’exécution des tâches demandées. Il ne sait pas prendre la parole en respectant celle des autres. Il fait ses exercices trop vite mais il est capable de poser des questions pertinentes par moments. Il fait ses devoirs « vite fait » : il est fréquent qu’il se trompe d’exercices, qu’il n’écrive pas dans son agenda. Il ne fait pas de lien entre ce qui est fait en classe et ce qu’il doit restituer pendant les évaluations. Il croit en la parole « magique » de l’enseignant voire des pairs[2]. »

Le profil de Bidule frôle la perfection scolaire. On aimerait en avoir plusieurs dans nos classes.

Vous pouvez continuer votre réflexion sur l’autonomie des élèves avec le portrait de Marie-Eve et de Marie-Pierre, deux étudiantes québécoises présentées par Lise St-Pierre[3].

 

Des indicateurs observables

A présent, vous disposez de suffisamment de matériaux pour lister des indicateurs de l’autonomie en deux colonnes : l’élève autonome/l’élève qui ne l’est PAS ENCORE.

L’élève autonome Celui qui n’est pas encore autonome
– Il a une bonne estime de soi.

– Il sait s’adapter aux situations scolaires ou extrascolaires.

– Il est capable d’interactions avec les autres.

– Il sait faire des liens avec les autres apprentissages.

– Il peut prendre des risques.

– Il est capable d’initiatives.

– Il sait cibler ses besoins.

– Il sait utiliser ses ressources.

– Il anticipe.

– Il est entreprenant.

– Il peut se projeter.

– Il se fait oublier.

– Il sait pourquoi il est là : sens des apprentissages.

– Il sait de quoi il a besoin : gérer le temps de concentration.

– Il est capable de faire des liens.

– Il est rapide.

– Il se met au travail seul.

– Il sait se relire.

– Il sait faire un brouillon.

– Il recherche seul des informations.

– Il fait usage des outils mis à sa disposition.

– Il pose des questions à bon escient.

– Il possède le matériel nécessaire.

– Il a confiance en ses capacités.

– Il établit un lien cognitif entre le cours et l’exercice.

– Il est organisé et méthodique.

– Il est à l’écoute de la parole du prof et de ses pairs.

– Il prend plaisir à ses apprentissages.

– Il est capable de s’adapter.

– Il a besoin de cadre, de soutien, de la validation des professeurs.

– Il a besoin d’être rassuré.

– Il doute.

– Il se repose sur la norme scolaire.

– Il n’a pas son matériel.

– Il se fait redire systématiquement la consigne.

– Il demande de l’aide en permanence.

– Il fait valider son travail étape par étape, parfois mot par mot.

– Il attend un signal pour se mettre au travail.

– Il doit être souvent surveillé.

– Il ne sait pas où chercher les informations.

– Il préfère rêver ou bavarder plutôt que d’apprendre.

– Il est passif.

– Il se bloque à la première difficulté.

– Il manque de confiance en lui.

– Il n’est pas organisé.

– Il a du mal à respecter les délais.

– Il est déconcentré.

– Il n’arrive pas à écouter correctement la parole des autres.

– Il a besoin d’étayage permanent et est perdu dès que l’on fait du desétayage.

– Il ne sait pas s’auto évaluer.

– Il ne parvient pas à utiliser des stratégies différentes.

 

 

 

A la lecture du tableau ci-dessus, on constate aisément combien est large le fossé entre ces deux profils d’élèves et on ne peut se contenter de le constater ; on ne peut laisser la situation perdurer. Il paraît nécessaire de permettre à celui qui n’est PAS ENCORE autonome de le devenir ou du moins de progresser vers un niveau d’autonomie minimum.

[1] Pour cela, se reporter à l’ouvrage récent de Philippe FOREY, Devenir autonome, apprendre à se diriger soi-même, ESF, 2016.

[2] Notes de stagiaires de Cergy en 2013. Merci à Léa tout spécialement. Les autres encarts seront également, en partie du moins, de cette source. Merci également à l’équipe de Bois d’Arcy qui fut « béta-testeuse » du dispositif décrit dans ce chapitre.

[3] Lise St-Pierre, Professeure de la faculté d’éducation – PERFORMA à l’Université de Sherbrooke, Développer l’autonomie des élèves…Pourquoi moi ? Comment ?     http://aqpc.qc.ca/sites/default/files/revue/St_Pierre_17_3.pdf

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