Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 22 bis

Ceci est un complément à la page 83 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Outiller l’élève

Ce texte a été rédigé à la suite de la lecture de Curricula et apprentissages au primaire et au secondaire, la pédagogie de l’intégration comme cadre de pensée et d’action[1]. Ce qui suit est donc du Roegiers dans la première partie et un écrit personnel seulement dans la deuxième.

Là, on rend à Xavier Roegiers ce qui lui appartient :

Il faut évidemment ENTRAINER l’élève, le placer dans des situations qui lui permettent de s’entraîner à la mobilisation de ses ressources.

Il faut aussi OUTILLER l’élève. Il s’agit de lui fournir des outils intellectuels : tout d’abord des outils « physiques » comme guides de ses actions. Puis par un désétayage plus ou moins progressif, l’amener du savoir-faire (imposé, technique, qu’il reproduit) à un savoir-être (c’est-à-dire à une utilisation spontanée et personnalisée de la démarche précédente).

Roegiers évoque un outillage sur trois plans : la compréhension, le choix d’une démarche de résolution, la validation de la production.

  1. La compréhension : vérifier le sens des mots, déterminer l’intérêt, l’enjeu du travail, identifier la tâche, anticiper la production, chercher les implicites comme les données parasites.
  2. Le choix de la démarche de résolution du problème : la balle est dans le camp de l’élève. Le professeur a régulièrement proposé, fait travailler des démarches différentes, rapides, fiables, efficaces, expertes pendant les différentes phases d’apprentissage des ressources. MAIS lors des moments d’intégration, c’est l’élève qui en choisit une, sans intervention du maître. Tant pis si elle n’est pas efficace ou pas rapide ou pas experte. A priori, elle correspond au mode de pensée et d’action de l’élève. A posteriori, elle sera un sujet de réflexion à la fin du travail. La difficulté pour l’enseignant ici, comme d’habitude, est de se taire : les profs parlent toujours trop !
  3. La validation de la production : c’est le moment de l’auto-évaluation. Qui peut se faire elle aussi à l’aide de la liste des critères fournie par l’enseignant mais qui doit devenir une évaluation spontanée et personnalisée.

 

Ceci est à rapprocher des travaux de Yinger[2] et Tochon sur les routines procédurales[3]. On vise l’automatisation de procédures par l’utilisation réitérée d’outils concrets. Ces outils ne sont pas seulement des fiches- méthodes, des rappels de procédures, des listes d’informations à suivre dans l’ordre, des grilles avec moult cases. Ce sont réellement des outils à manipuler, par exemple, pour une dissertation une feuille avec des cadres plus ou moins importants à remplir intitulés « introduction, développement, conclusion » et contenant à l’intérieur du cadre des informations de structure.

 

Vers l’autonomie

On va vers l’autonomie de l’élève, par exemple en déterminant des moments d’intégration pendant lesquels l’élève ne pourra pas utiliser ces outils. Après la production, le retour aux outils pourra être l’occasion d’une observation, d’une auto-évaluation de la qualité de la production et surtout de métacognition, d’un retour réflexif par l’élève qui déterminera s’il a intégré ou non la démarche.

On va vers l’autonomie de l’élève, par exemple en déterminant une date-butoir après laquelle l’élève ne pourra plus du tout utiliser les outils lors des moments d’intégration. Cela paraît indispensable lors des années d’examen, des phases de certification. Ce qui ne signifie pas que l’élève n’a plus à sa disposition les outils ; il peut s’y reporter seul, chez lui lors d’un travail personnel par exemple mais il n’est plus question qu’il s’en serve en classe pendant les phases d’intégration.

 

Exemples d’outils

Il nous semble que l’on peut créer un outil de routine à mettre à disposition des élèves lors des premières phases d’intégration. En voici une version, très inspirée également des travaux de Philippe Meirieu et de Jean- Michel Zakhartchouk sur les consignes :

 

Tâche à accomplir ……………………………………………………………………….

Avant le ………………………………………………. soit …………… heures ou jours.

Comprendre la tâche :

Les mots importants sont :

Les mots qui méritent que je recherche une explication sont :

Le mot Ce que j’ai utilisé pour comprendre le sens du mot (= quel outil ? Où ai-je cherché ?) Sa définition
     
     

En quoi ce travail, cette tâche est-elle intéressante ?

Ce qui n’est pas dit mais qui est important ?

Ce qui est dit et qui ne sert à rien ?

A quoi va ressembler mon travail quand j’aurai terminé ?

Choisir une démarche : (comment vais-je m’y prendre pour réussir ?)

Par quoi vais-je commencer ?

Par quoi vais-je finir ?

Quels outils (fiches, livres, manuels, répertoire, ouvrages documentaires, site internet …) me seraient vraiment utiles ? (Si j’ai le droit d’utiliser autre chose que ma tête)

Qui pourrait m’aider ? (Si j’ai le droit à une aide extérieure)

A quoi verrai-je que j’ai terminé ?

De quels objets ai-je besoin ? (Papier, feutres, post-it, ordinateur, affiche, photocopies …)

Sous quelle forme puis-je réfléchir ? (Brouillon, tableau, carte heuristique, schéma …)

Valider sa production :

Ai-je terminé ?

Ai-je fait ce que j’avais prévu de faire ?

Est-ce bien ce qui m’est demandé ?

Est-ce que je l’ai bien fait ? (Par exemple, c’est propre, complet, esthétique …)

Qu’est-ce qui me plait ?

Qu’est-ce que je regrette ?

Qu’est-ce que je pourrais améliorer si j’avais le temps ?

 

L’outil proposé ci-dessus est extrêmement généraliste et peut plus ou moins s’adapter à toutes les disciplines. Il faudrait probablement le doubler ou le compléter avec la liste des ressources disciplinaires à utiliser. Par exemple, en Histoire, les « acteurs – événements/dates – définitions/vocabulaire – documents » indispensables à réutiliser.

Déterminer les ressources disciplinaires à réutiliser :

Quelle discipline est concernée par la tâche à accomplir ? (Par exemple l’Histoire)

Quels sont les incontournables de cette discipline ? (Il faut situer dans le temps, citer ses sources etc.)

(Réflexion à mener autant de fois qu’il y a de disciplines concernées par la tâche complexe à accomplir)

Qu’est-ce que j’ai appris dans cette discipline que je choisis d’utiliser pour mener à bien mon travail ? (Titre de chapitre, de leçons, notions-clés …)

 

Cet outil amène à formuler quelques remarques.

Tout d’abord, il est long à utiliser, il y a beaucoup de pistes à suivre. L’enseignant doit prévoir une durée suffisante pour son utilisation, peut-être une heure entière la première fois que les élèves le découvrent.

D’autre part, en raison de sa longueur mais pas seulement, il est compliqué ; il faut donc envisager que le professeur guide les élèves dans son remplissage par exemple en lisant les consignes, éventuellement en les explicitant ou en les faisant reformuler. Une fois, peut-être deux fois. La troisième voire la quatrième fois, on pourrait imaginer que les élèves l’utilisent en groupes. En effet, il faut que les élèves intègrent l’outil d’intégration.

Si on utilise régulièrement cet outil d’intégration dès la 6e puis tout au long du collège, il semble que, dès la 4e, il doit être possible de le garder à porter de main, dans le portfolio ou le cahier, pour s’y reporter quand le besoin s’en fait sentir mais sans que ce soit systématique afin que, grâce à ce travail de routine procédurale, en 3e, l’élève n’en ait plus besoin. On peut aménager une phase intermédiaire avec un outil laconique qui ne montre plus que le titre des quatre parties : comprendre, choisir une démarche etc. Dès le milieu de la 5e pour les plus autonomes ? Ou en début de 4e pour les autres ? De toute façon, dès le deuxième semestre, il ne devrait plus avoir le droit de l’utiliser car on entre alors dans la phase de certification.

 

La dernière remarque sur l’outil a valeur de conclusion. Une fois cet outil créé, il faut tout de suite l’oublier, sa seule vertu est le moment de réflexion qu’il a permis. Il n’est pas question de créer une quelconque « méthode d’intégration ». Le lecteur a probablement remarqué que chaque partie de cet outil se termine par trois petits points. Etant donné que la démarche d’intégration est personnelle, l’idéal est que l’élève choisisse le plus souvent possible une option qui n’est pas proposée par l’enseignant !

 

Un exemple de routine

Il a été donné par Muriel Misplon[4] pour la dissertation en Seconde (merci d’imaginer que cet outil occupe la totalité d’une page voire d’une feuille). Cet outil n’est pas seulement un « modèle » de référence pour l’élève, il s’en sert physiquement en remplissant les cadres au fur et à mesure. Ensuite, il n’a plus qu’à recopier !

 

Introduction :

 

Sujet : ………………………………………………………………………. Problématique : ………………………………………………… ……………………………………Parties du plan : .……………………………………… , ……………………………………, …………………………………………………………………… ……………………. …

 

Développement :

 

Tout d’abord (ou autre connecteur), ………………………………………………………………………………. 

………………………………………………………………………………………………. 

Etc.

 

 

 

Ensuite (ou autre ), …………………….. etc.

 

 

 

 

 

Enfin (ou…), ……………………. Etc.

 

 

 

 

 

Conclusion :

Résumé rapide de ce qui précède ………….. Réponse à la problématique …………………..

Ouverture sur un autre aspect du sujet ……………………………………………….

 

[1] Xavier Roegiers, 2011, Curricula et apprentissages au primaire et au secondaire, la pédagogie de l’intégration comme cadre de pensée et d’action[1], De Boeck, pages 248 et suivantes.

[2] Yinger, Robert, (1979), Routines in teacher planning. Theory into practice. Ainsi que : Tochon F. (1993). L’enseignant(e) expert(e). Paris : Nathan. Non lus mais connus par des stages suivis par l’auteure.

[3] N.B. Cet article a été écrit juste avant la lecture de « Quand l’école prétend préparer à la vie : développer des compétences ou enseigner d’autres savoirs ? » de Philippe Perrenoud, ESF, 2011. Page 51, l’auteur évoque « une sorte de routinisation de la mise en synergie des ressources. Un peu plus loin, il estime qu’il faudrait y passer un tiers du temps scolaire.

[4] Collègue formatrice à la DAFPA de Versailles dans l’équipe « Pédagogies et apprentissages » avant de devenir I.E.N.

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