Archive for mai 22nd, 2011

A propos d’Orphée:

dimanche, mai 22nd, 2011

Orphée, Eurydice et Hermès (Musée du Louvre)

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Le conte oriental au XVIII ème siècle: texte complémentaire

dimanche, mai 22nd, 2011

Molière, Le Bourgeois gentilhomme

Le Bourgeois gentilhomme (1670) Acte IV Scène III

Covielle déguisé en voyageur, Monsieur Jourdain, Laquais.


Covielle
Monsieur, je ne sais pas si j’ai l’honneur d’être connu de vous.

Monsieur Jourdain
Non, Monsieur.

Covielle
Je vous ai vu que vous n’étiez pas plus grand que cela.

Monsieur Jourdain
Moi ?

Covielle
Oui, vous étiez le plus bel enfant du monde, et toutes les dames vous prenaient dans leurs bras pour vous baiser.

Monsieur Jourdain
Pour me baiser ?

Covielle
Oui. J’étais grand ami de feu Monsieur votre père.

Monsieur Jourdain
De feu Monsieur mon père ?

Covielle
Oui. C’était un fort honnête gentilhomme.

Monsieur Jourdain
Comment dites-vous ?

Covielle
Je dis que c’était un fort honnête gentilhomme.

Monsieur Jourdain
Mon père ?

Covielle
Oui.

Monsieur Jourdain
Vous l’avez fort connu ?

Covielle
Assurément.

Monsieur Jourdain
Et vous l’avez connu pour gentilhomme ?

Covielle
Sans doute.

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Autour d’Orphée: Paul Eluard, La dame de Carreau

dimanche, mai 22nd, 2011

La Dame de carreau
P. Eluard, Donner à voir (19
39)

Les surréalistes: A gauche, André Breton; en haut, Paul Eluard; à droite, Benjamin Peret; en bas, Tristan Tzara.

Introduction :

Membre essentiel du mouvement surréaliste, fondé en 1924 par André Breton, Paul Eluard (de son vrai nom Paul Grindel) a accordé toute son attention aux manifestations de l’inconscient, aux rêves, aux rencontres hasardeuses, aux coïncidences. Ses oeuvres poétiques, outre ses engagements politiques importants (par exemple pendant la Seconde Guerre Mondiale, avec le très célèbre poème « Liberté »), sont souvent inspirés par les femmes aimées, Gala et surtout Nusch, qu’il a épousée en 1934 et dont la mort en 1946 le frappe très durement. Ce poème est extrait du recueil Donner à voir, publié en 1939. Sous la forme d’un poème en prose, le poète évoque ici le rêve d’une femme multiple et unique à la fois. L’amour apparaît ainsi comme la valeur suprême de toute la poésie de Paul Eluard.

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Le conte oriental au XVIII ème siècle: textes complémentaires

dimanche, mai 22nd, 2011

I L’image du sérail chez Montesquieu

Texte 1 : Les lettres persanes

Lettre 2

Usbek au premier eunuque noir, à son sérail d’Hispahan

Tu es le gardien fidèle des plus belles femmes de Perse ; je t’ai confié ce que j’avais dans le monde de plus cher ; tu tiens en tes mains les clefs de ces portes fatales qui ne s’ouvrent que pour moi. Tandis que tu veilles sur ce dépôt précieux de mon cœur, il se repose et jouit d’une sécurité entière. Tu fais la garde dans le silence de la nuit, comme dans le tumulte du jour ; tes soins infatigables soutiennent la vertu lorsqu’elle chancelle. Si les femmes que tu gardes voulaient sortir de leur devoir, tu leur en ferais perdre l’espérance. Tu es le fléau du vice et la colonne de la fidélité.

Tu leur commandes, et leur obéis ; tu exécutes aveuglément toutes leurs volontés et leur fais exécuter de même les lois du sérail. Tu trouves de la gloire à leur rendre les services les plus vils ; tu te soumets avec respect et avec crainte à leurs ordres légitimes ; tu les sers comme l’esclave de leurs esclaves. Mais, par un retour d’empire, tu commandes en maître comme moi-même, quand tu crains le relâchement des lois de la pudeur et de la modestie.

Texte 2 : Les Lettres persanes

Lettre 3

Zachi à Usbek (Zachi est l’une des femmes d’Usbek. Elle fait partie du sérail).

Nous avons ordonné au chef des eunuques de nous mener à la campagne; il te dira qu’aucun accident ne nous est arrivé. Quand il fallut traverser la rivière et quitter nos litières, nous nous mîmes, selon la coutume, dans des boîtes: deux esclaves nous portèrent sur leurs épaules, et nous échappâmes à tous les regards.

Comment aurais-je pu vivre, cher Usbek, dans ton sérail d’Ispahan, dans ces lieux qui, me rappelant sans cesse mes plaisirs passés, irritaient tous les jours mes désirs avec une nouvelle violence? J’errais d’appartements en appartements, te cherchant toujours, et ne te trouvant jamais; mais rencontrant partout un cruel souvenir de ma félicité passée. Tantôt je me voyais en ce lieu où, pour la première fois de ma vie, je te reçus dans mes bras; tantôt, dans celui où tu décidas cette fameuse querelle entre tes femmes. Chacune de nous se prétendait supérieure aux autres en beauté. Nous nous présentâmes devant toi après avoir épuisé tout ce que l’imagination peut fournir de parures et d’ornements. Tu vis avec plaisir les miracles de notre art; tu admiras jusques où nous avait emportées l’ardeur de te plaire. Mais tu fis bientôt céder ces charmes empruntés à des grâces plus naturelles: tu détruisis tout notre ouvrage. Il fallut nous dépouiller de ces ornements qui t’étaient devenus incommodes; il fallut paraître à ta vue dans la simplicité de la nature. Je comptai pour rien la pudeur; je ne pensai qu’à ma gloire. Heureux Usbek, que de charmes furent étalés à tes yeux! Nous te vîmes longtemps errer d’enchantements en enchantements: ton âme incertaine demeura longtemps sans se fixer; chaque grâce nouvelle te demandait un tribut; nous fûmes en un moment toutes couvertes de tes baisers; tu portas tes curieux regards dans les lieux les plus secrets; tu nous fis passer en un instant dans mille situations différentes: toujours de nouveaux commandements et une obéissance toujours nouvelle. Je te l’avoue, Usbek: une passion encore plus vive que l’ambition me fit souhaiter de te plaire . Je me vis insensiblement devenir la maîtresse de ton coeur; tu me pris; tu me quittas; tu revins à moi, et je sus te retenir, le triomphe fut tout pour moi, et le désespoir pour mes rivales. Il nous sembla que nous fussions seuls dans le monde: tout ce qui nous entourait ne fut plus digne de nous occuper. […]Mais où suis-je? Où m’emmène ce vain récit? C’est un malheur de n’être point aimée; mais c’est un affront de ne l’être plus. Tu nous quittes, Usbek, pour aller errer dans des climats barbares. Quoi! tu comptes pour rien l’avantage d’être aimé? Hélas! tu ne sais même pas ce que tu perds! Je pousse des soupirs qui ne sont point entendus; mes larmes coulent, et tu n’en jouis pas; il semble que l’amour respire dans le sérail, et ton insensibilité t’en éloigne sans cesse! Ah! mon cher Usbek, si tu savais être heureux!

Du sérail de Fatmé, le 21 de la lune de Mharran 1711

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