Le dollar US et l’économie mondiale

Dans le numéro de décembre 2015 de la lettre du CEPII, les économistes français Michel Aglietta et Virginie Coudert montrent la place controversée que l’USD (dollar des Etats-Unis) occupe dans l’économie mondiale actuelle.

http://www.cepii.fr/CEPII/fr/page_perso/page_perso.asp?nom_complet=Michel+Aglietta

http://www.cepii.fr/CEPII/fr/page_perso/page_perso.asp?nom_complet=Virginie+Coudert

En l’absence de monnaie internationale de jure, il existe une monnaie internationale de facto : l’USD. En leur temps déjà J.-M. Keynes puis quelques années plus tard R. Triffin avaient mis en évidence le paradoxe qui existe pour une monnaie à être à la fois nationale et internationale. Les politiques de change et monétaire américaine répondent avant tout à des objectifs internes, propres à l’économie des Etats-Unis. La hausse récente des taux directeurs de la Fed (Banque centrale américaine) par exemple qui a mis fin à une longue période dite de politique monétaire accommodante (autrement dit de faibles taux d’intérêt, dans le cas d’espèce de taux d’intérêt nuls ou quasi-nuls) dont le but était d’alimenter le crédit et de soutenir l’activité conduit notamment à accroitre les flux internationaux de capitaux (FIC) entrants sur le territoire US et à apprécier le dollar (toute chose égale par ailleurs, la demande d’USD augmente sur le marché des changes). Les conséquences sur l’économie mondiale sont nombreuses et problématiques. Les auteurs indiquent notamment :

  • La fuite des capitaux depuis les pays émergents (avec dépréciation de leur taux de change)
  • un maintien d’un haut niveau d’endettement dans la plupart des pays dont les émergents depuis la crise de 2008 (alors que typiquement c’est l’inverse qui est observé après une crise). Le graphique ci-dessous illustre ce processus : on voit qu’entre 2007 et 2014, pour tous les PDEM concernés le niveau de dette totale (publique + privée) s’est accrue passant de 280 % à plus de 340 % du PIB pour la France par exemple.

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Ce mécanisme n’est évidemment pas seulement et directement imputable à la hausse de l’USD. Cela montre toutefois, comme le soulignent Aglietta et Coudert, que tant que les politiques économiques seront conduites de manière unilatérale (c’est à dire exclusivement orientées vers les intérêts du pays considéré) plutôt que coordonnées, les mécanismes de disfonctionnement resteront la norme dans l’économie mondiale.

Le lien hypertexte vers le numéro de la lettre du CEPII :

http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/lettre/abstract.asp?NoDoc=8512

Bonne lecture et bonne reprise !

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