Économie mondiale : la fin du rattrapage en un graphique !

L’Organisation internationale du travail (OIT), organisme placé sous l’égide de l’ONU, vient de publier son Rapport annuel « Emploi et questions sociales dans le monde 2016 ». Parmi les diverses questions étudiées, il y a celle de la croissance économique comparée des pays émergents et des pays développés. En se basant sur deux indicateurs macroéconomiques, l’investissement et les importations mondiales de marchandises, l’OIT met en évidence la fin du cycle de rattrapage des pays émergents vers les pays développés qui a été à l’oeuvre depuis les années 1990 :

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S’agissant des investissements, on voit que le rythme de croissance est différent pour les deux catégories de pays : entre 1991 et 2011, chaque année en moyenne, les investissements ont augmenté de 3,7 % pour les émergents contre seulement 1,6 % pour les pays développés (ce rythme décroit sensiblement pour les deux groupes sur la période 2012-2014). L’économie mondiale est clairement tirée à la hausse par les émergents sur la période considérée. Les deux dernières années laissent toutefois entrevoir une rupture de tendance à la baisse.

S’agissant du commerce mondial, l’évolution est spectaculaire : les échanges de marchandises liées aux pays émergents ont progressé de 9,4 % chaque année en moyenne entre 1991 et 2011 (contre à peine 5 % pour les pays développés). Sur les deux dernières années (2012-2014), la rupture est très nette pour les deux catégories de pays.

Quels enseignements peut-on tirer de ce graphique ?

  1. La croissance économique sans précédent historique qu’ont connu certains émergents depuis le début des années 2000 – entre 8 et 10 % de hausse annuelle du PIB pour la Chine – a été rendue possible d’une part par la qualité de leur insertion dans le commerce mondial (le marché intérieur des pays développés est devenu la principale source de débouchés pour la Chine et l’Inde notamment) et, d’autre part, par la montée en gamme progressive de leurs investissements ce qui leur a permis de « rattraper » en une décennie le peloton de tête composé des pays développés.
  2. Avec la prudence qui s’impose du fait de l’absence de recul historique, il semble apparaitre que : a) le marché intérieur des pays développés ne peut plus suffire à alimenter la croissance des émergents qui se heurtent aux limites de leur propre marché intérieur – ce phénomène se traduit notamment par le fléchissement des investissements – ; b) si le peloton (les émergents) a rejoint l’échappée (les pays développés), alors l’effet d’aspiration par l’imitation des technologies et la montée en gamme qui a prévalu depuis près de vingt ans est révolu et la croissance économique explosive des émergents arrive à son terme : cela donne lieu notamment au ralentissement spectaculaire des échanges mondiaux.
  3. L’économie mondiale se trouve donc face à une croisée des chemins : organiser le sentier escarpé d’une croissance plus vive pour les pays développés, plus faible mais également mieux maitrisée (avec le développement d’un marché intérieur) pour les émergents, le tout dans un contexte planétaire d’impérative maitrise des questions environnementales et climatiques.

Le lien vers le rapport complet de l’OIT est ici :

http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/—publ/documents/publication/wcms_443504.pdf

Bonne lecture !

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