Le préfixe ab-, abs-

ab-, abs-

ab– (ou abs– souvent devant c et t) signifie l’éloignement ou l’écart.

  • abarticulaire « qui est en dehors de l’articulation »
  • abduction « mouvement qui écarte un membre ou une partie quelconque du plan médian du corps »
  • abhorrer « détester, sentir une vive répulsion pour … »
  • abject, e « digne du plus grand mépris, qui inspire une violente répulsion » (primitivement « jeté à part »)
  • abjurer « abandonner solennellement une opinion religieuse »; « renoncer solennellement à la religion que l’on professait »
  • ablégat « commissaire chargé d’une mission par le pape » (primitivement « envoyé de »)
  • abnégation « sacrifice volontaire de soi-même, de son intérêt, éloignement de son propre intérêt »
  • abroger « déclarer nul (ce qui avait été établi, institué), annuler, casser, révoquer, supprimer »
  • abscission « perte passagère de la mémoire et même de la connaissance, due à un excès de fatigue … »
  • absence « le fait de n’être pas dans un lieu où l’on pourrait, où l’on devrait être »
  • absorber « engloutir » (primitivement « faire disparaitre en avalant »)
  • s’abstenir « ne pas faire par volonté délibérée » (primitivement « se tenir éloigné »)
  • abstraire « isoler par la pensée (un objet, une personne) »
  • un abusage : [matériaux / verre et céramique] une formation d’éraflures à la surface d’objets en verre, qui est due au frottement de ces objets entre eux ou se produit au contact des équipements de conditionnement ou de manutention. En anglais : scuffing. Journal officiel de la République française du 25/04/2014.
  • signifie « hors de », mouvement de l’intérieur vers l’extérieur : abréaction, en psychanalyse, « réaction d’extériorisation par laquelle un sujet se libère d’un refoulement affectif »
  • exprime un écart quantitatif : abuser « user mal, avec excès ; outrepasser »
  • exprime le point de départ dans le temps : aborigène « personne qui vit dans son pays depuis sa naissance »
  • exprime l’arrêt : ablactation « cessation de la lactation, considérée par rapport à la mère ».

La plupart des dérivés en ab- sont des termes spécialisés. On peut aisément déterminer leurs aires d’emploi qui rendent compte à la fois des quelques mots analysés en synchr. et des mots où le préf. n’est plus analysable :

  • en droit : abdiquer « renoncer à » (au trône) ; abolir « supprimer, abroger, annuler » (abolir une loi) ; abroger
  • en géologie : ablation « perte de substance subie par un relief » ; abrasion « usure mécanique d’une roche par l’eau chargée de débris »
  • en médecine : abcès (d’abcéder) « amas de pus collecté aux dépens des tissus environnants détruits ou refoulés » ; abduction ; aberration « dérangement, déviation hors de l’état normal » ; ablactation ; ablation « action d’enlever chirurgicalement une partie du corps » ; abortif « qui est venu avant terme » « se dit des substances dont l’absorption passe pour provoquer l’avortement » ; abrasion « séparation ou excision de petits fragments muqueux superficiels » ; abréaction ; abruption « fracture transversale d’un os avec des fragments rugueux » (à comparer cependant avec abrupt) ; abscission ; absence (et aussi l’emploi courant du mot) « perte passagère de la mémoire et même de la connaissance, due à un excès de fatigue, ou à une intoxication … » ; abstème.
  • en morale et psychologie : abhorrer « avoir en horreur, détester au plus haut point » ; abjection « extrême degré d’abaissement, d’avilissement » ; abominable « qui inspire de l’horreur, affreux, atroce, horrible, monstrueux »
  • en philosophie et didactique : abscons « difficile à comprendre » abstraire.

Tous ces termes ont une valeur superlative. Quand ils ne sont pas spécialisés, ils relèvent d’un style soutenu.

Ce préfixe présente en latin une forme simple : ab– et une forme élargie : abs-.

Actuellement ab- n’est productif que dans la langue scientifique. Pourtant il est analysable dans un nombre relativement élevé de mots : abarticulaire, abjurer, ablactation, abnégation, abréaction, abscission, abuser, abstenir, (abs-),… On trouvera parfois l’opposition ab- / ad-.

Le préfixe ab- s’oppose, du point de vue sémantique, à ex-, qui marque le mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, et à de-, qui peut exprimer le mouvement de haut en bas, ou la diminution. La langue semble avoir préféré de- à ab- et ex-.

en savoir plus : CNRTL.

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