En décembre 2023, il a été permis aux classes de latinistes de se rendre en Campanie, plus précisément autours de Naples. Je vous propose donc une bribe de ce voyage à travers 5 poèmes décrivant chacun un épisode de celui ci.
Une virée dans la ville
Et ça grouille grouille grouille
Dans un marais de grenouilles
Elles accélèrent pétaradent
Comme des scooters qui s’évadent
Les insectes circulent
Les déchets s’accumulent
Et moi, au beau milieu de ce milieu
Mon foyer à milles lieues
Je me faufile et je file
Comme une fourmi dans la ruche
Comme l’aigle et la perruche
Et là, dans le brouhaha
Je vois
Une église encastrée entre les murs de saleté
Des vestiges romains dans une allée ensoleillée
Des portes ornées à côté de cloportes bornés
En bref, une beauté qui grouille grouille grouille
Comme une marée de grenouille
Qui accélère, lâche des pétales
Comme une fleur qui s’étale
Et quand je vois Maradona qui s’allonge entre deux nappes
Je ne peux que réaliser: mais oui ! je suis à Naples !
L’Hôtel
Une nuit à l’hôtel, pour laisser de côté les contemplations
Faire table rase de la fatigue, faire de ces murs une maison.
Un maison de fous, tout circule et se chamboule:
Quand le calme arrive dans nos habitations
Il subit trop rapidement la disparition.
Et on se posera dans la Grande Salle
Pour rien au monde magique
Mais ayant le mérite de nous servir pâtes et pomme de terres
Quand les Suisses nous envahissent
Dans notre nouvelle demeure
Nous restons dans nos chambres ou d’autres aussi demeurent
Car si ces nuits m’ont bien appris une chose
Ce qu’on ne peut être plus accueillant ou envahisseur qu’un étudiant dans l’ennui
Cherchant à faire sans répit, de ces nuits
Une source d’amusement infini
Alors quand je repartis, la tête dans les valises et les chaussures
Une petite voix me susurra
Ciao amico, a una prossima volta
Pompéi
Aujourd’hui comme hier et comme demain
Je marche, tu marchais, nous marcherons
Mais aujourd’hui, pas comme hier ou demain
Je fais face à un lieu qui attire mon attention
Des rues désertes vides de vies
Seulement ranimées par les titres des touristes
Des fresques ternes pas moins jolies
Ayant traversé les âges et les cris
Les théâtres eux aussi sont vides
On ne jouera plus ici aucune pièce d’Ovide
Et les étals de bois qui couvrait les places
Leur absence témoigne du passage de ce temps qui efface
Alors, pour ne pas me morfondre
Je remplace la nostalgie par l’admiration
Ces structures intemporelles ne me rappellent rien
Elles sont singulières, témoins d’une autre ère
Et resteront ancrée dans le pays,
Je me promène en admirant les ruines de Pompéi.
Paestum
Templum templum templum
Bienvenue dans les temples de Paestum
Visiter, vous le pouvez
Mais dans le respect vous vous garderez.
Templi templo templo
Bienvenue pour une condensation de beau
Une atmosphère austère
Immense, loin de la mer.
Templa templa templa
Ici l’histoire me contempla
Son œil perçant les anses
Et les colonnes immenses.
Templorum templis templis
Tu partiras d’ici, mais,
Si les souvenirs t’emplissent
Que les images des rocs lisses
Dans ton esprit rebondissent
Rappel toi que rien n’est éternel ;
Et vis comme ceux d’avant,
Comme ceux d’après,
Comme nos pères et nos fils
Comme les Grecs de cette cité.
Voyage retour
Le silence ; seulement chatouillé pour un bruit de moteur
Une lueur bleue pas céleste nous fait parvenir sa moiteur
Les paysages noirs et étoiles défilent sur 7 lieux.
Et voilà qu’une ville, semblable à une comète
Laisse sa trace aux fond de mes yeux,
Le temps de l’arrêt nous fait savourer un temps glacé
Un air balayé par les fumées que l’on ne fait qu’expirer
Et l’aire illuminée de sa blancheur tapante
Nous expose ses entrailles : marchandises empilées à reflets de brocante.
Long sera le trajet, le jour se levant on entend s’élever les rires et bâillements
Le soleil illuminant de sa blancheur tapante
Nous frappe dans la nuque et nous rougit les tempes.
Maintenant que l’ère de nuit a fait place à l’aire de jeux
L’ambiance se réchauffe, encore plus que l’habitacle
Et si nos gouttes de sueurs pourrait former une flaque
L’arrivée à notre port, bien qu’il soit le bon
Fera couler de certaines pupilles un autre liquide salé.
Alors à toi qui lis cette dialyse de notre trajet
Retiens bien ce dicton bidon mais teinté de vérité :
L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage.
Adel