QUESTION PROBLEMATISEE (guidée) – Des mobilités généralisées

Cf. : Leçon sur DES MOBILITES GENERALISEES et fiche de méthode de la QUESTION PROBLEMATISEE

Sujet : (Une question… : ) Pourquoi les mobilités internationales sont-elles un des principaux facteurs de transformation du monde?
(… problématisée : ) Vous décrirez les différents types d’espaces et de flux de personnes dans le monde (y compris le tourisme) ainsi que les transformations territoriales qu’elles entraînent.

CORRECTION :

1. Un travail de préparation du plan est nécessaire, rapidement au brouillon (pas plus de 5 mn).

2. Rédigez l’INTRODUCTION  :

  • La problématique, fournie par le sujet qui est déjà une question. La formule « question problématisée » indique que la problématique n’est pas à construire;
  • La présentation du plan choisi pour la réponse :

Les mobilités internationales sont un des phénomènes géographiques les plus marquants de notre époque : aujourd’hui, plus de 250 millions de personnes sont des migrants : c’est à dire des personnes ayant quitté leur pays d’origine pour une longue durée. Et le nombre de touristes internationaux n’a jamais été aussi important. Nous allons présenter la diversité et la complexité des différents espaces où ces flux de personnes se réalisent ainsi que les transformations territoriales qu’elles entraînent.

3. Rédigez directement au propre votre DEVELOPPEMENT en deux ou trois parties, à partir de votre plan au brouillon.
Appuyez-vos idées générales sur les notions et le vocabulaire spécifique ainsi que des exemples précis (dates, acteurs, lieux…):

Les migrations touchent la plupart des régions du globe. Certaines régions font office de repoussoir : les pays en guerre (Afrique centrale, Moyen-Orient), les zones en crise économique durable (pays enclavés, PMA) constituent les principales régions émettrices. D’autres régions sont réceptrices. Elles se situent généralement à proximité des précédentes : Nigeria ou Afrique du sud en Afrique, Turquie, Liban ou Jordanie au Moyen-Orient. Entre les deux, on trouve des pays de transit tels que le Mexique, le Maroc ou la Turquie. Certains espaces concentrent de fortes mobilités liées au travail, telles que l’Afrique de l’Ouest, l’Amérique du Nord ou l’Europe, qui constituent aussi avec les pétromonarchies du Golfe persique, les destinations les plus prisées.L’espace Schengen constitue un espace unique de libre circulation de ses habitants, qui intéresse aussi beaucoup les voisins d’Europe de l’Est (migrations « Est-Ouest »). Enfin, le réchauffement climatique et la montée des eaux promettent d’engendrer de fortes migrations à partir des littoraux.
On distingue parmi les migrations différents types en fonction des parcours mais aussi des motivations. Les migrations contraintes de pauvres entre les espaces en tension et leurs espaces voisins sont dites « Sud-Sud », nombreuses dans les régions les moins avancées. Les migrations voulues de riches (« Nord-Nord » ou « Nord-Sud ») se distinguent par l’emploi du terme « expatriation ».
A ces changements de résidence, il faut aussi ajouter le tourisme international, constitué de mobilités de moins de un an. Il concerne les populations riches des pays développés et des pays émergents (Chine, Inde, Brésil…) qui se dirigent de préférence vers l’Amérique du Nord et les Caraïbes, L’Europe et la Méditerranée et l’Asie du Sud-Est-Pacifique. Leurs destinations sont le plus souvent les régions balnéaires et les espaces concentrant un grand nombre de sites d’intérêt culturel. La Méditerranée, premier espace touristique mondial, est une excellente synthèse des deux. Elle a aussi la particularité d’être un espace d’intenses migrations, souvent clandestines, d’Afrique et d’Asie vers l’Europe. Elle reflète donc les fortes inégalités entre riches qui se déplacent légalement pour le plaisir et pauvres qui migrent illégalement sous la contrainte.

(Phrase de transition : ) Ces mobilités plurielles (résume la partie précédente) entraînent inévitablement des transformations des territoires (partie à venir…) qu’elles concernent. Les migrations clandestines posent de nombreux problèmes économiques, sanitaires ou sécuritaires. Les pays pauvres n’ont souvent pas les moyens de les contrôler. Les pays riches, eux, ont tendance à les criminaliser dans une logique d’immigration « choisie ». Cela conduit à un surveillance accrue de certaines zones de passage : par l’organisme européen Frontex en Méditerranée ou par la construction de murs sensés protéger les Etats-Unis, l’Afrique du Sud ou certains pays d’Europe centrale. Ces aménagements conduisent le plus souvent à accentuer l’insécurité sur ces itinéraires tenus par des groupes criminels (Gibraltar, Cyclades, frontière EUA-Mexique…), et favorisent de nouvelles routes migratoires.
Dans les pays récepteurs, les migrants on tendance à se regrouper en quartiers « ethniques » qui entraînent la ségrégation et la ghettoïsation, l’économie informelle, l’exploitation et l’insécurité. En France, ce phénomène touche en particulier les « cités », grands ensembles architecturaux des années 1960-1970. Certains peuples traditionnellement tournés vers l’émigration constituent de véritables diasporas (50 millions de Chinois hors de Chine, Indiens, Libanais…) qui constituent autant de réseaux favorisant de nouvelles migrations.
Dans les pays émetteurs, les effets de l’émigration se traduisent par le dépeuplement relatif de certaines régions (Sicile touchée par le phénomène depuis plus d’un siècle) mais également par les retombées des rémittences. Cet argent envoyé à leurs familles par les émigrés y constitue une bonne part des revenus et permet de se nourrir, de construire et d’investir.
Le tourisme international connaît une croissance spectaculaire avec le développement des pays émergents et s’est parfois massifié. Les aménagements qu’il suppose (transports, hébergements, services) et des flux de plus en plus importants posent la question de la dégradation des sites (littoraux balnéaires) ou des nuisances (Barcelone, Venise) : on parle désormais de surtourisme.

4. La CONCLUSION doit fournir des éléments de réponse à la question posée : elle doit utiliser les termes de la question :

La croissance démographique rapide et les progrès en matières de transports ont entraîné une généralisation et une accélération des mobilités sous toutes ses formes à l’échelle mondiale : plus ou moins lointaines, plus ou moins durables, plus ou moins désirées. Ces flux de personnes sont l’un de principaux levier des échanges mondiaux, l’une des principales composantes de la mondialisation. Leur croissance rapide marque profondément les territoires et soulève de nombreux débats qu’on peut résumer en une question : les migrations sont-elles une opportunité (Ex.: transfert de main-d’oeuvre vers l’Europe viellissante) ou un fardeau (Ex. surtourisme)?

ANALYSE DE DOCUMENT – Le modèle britannique et son influence (XVIIe-XVIIIe siècles)

Cf. : Leçon sur LE MODELE BRITANNIQUE ET SON INFLUENCE (XVIIe-XVIIIe siècles et fiche de méthode de l’ANALYSE DE DOCUMENT(S)

CONSIGNE : A partir des documents et de vos connaissances, montrez que ces auteurs, en prenant exemple sur l’Angleterre, critiquent implicitement le régime politique français.

Documents :

CORRECTION :

Les textes soumis à notre analyse sont deux brefs extraits tirés des Lettres philosophiques (1734) de Voltaire et de L’esprit des lois de Montesquieu (1748). Ces deux auteurs sont considérés comme faisant partie des chefs de file de la philosophie des Lumières, un mouvement intellectuel avant-gardiste européen qui donnera son nom au XVIIIe siècle. Ce siècle est d’ailleurs une période d’opposition entre la France et l’Angleterre, tant géopolitique que politique. Les deux puissances européennes incarnent en effet deux modèles diamétralement opposés.
Nous montrerons qu’en prenant résolument exemple sur l’Angleterre, ces auteurs formulent une critique acérée du système français.

L’Angleterre exerce une attraction sur les philosophes français. Les écrits de Thomas More (L’utopie) ou de John Locke ont connu une diffusion internationale et les événements du XVIIe siècle (régicide de Charles 1er et Glorious Revolution) ont eu un immense retentissement en Europe. Son développement économique rapide fait leur admiration. Voltaire a même séjourné plusieurs années à Londres.
Il insiste sur le rôle de la Chambre des Communes (document 1, ligne 3). Moins prestigieuse que celle des Lords qui forme avec elle le Parlement, elle a davantage de légitimité selon lui (doc. 1, l. 4), car ses représentants sont élus (au suffrage censitaire). Cela exprime le principe politique de la délégation et du parlementarisme (parlementer pour trouver un consensus par des décisions collégiales, généralement par le vote).
En effet, depuis la Glorieuse Révolution et le Bill of Rights (1689), sorte de constitution, les rois d’Angleterre voient leur pouvoir politique limité. Le Parlement détient en fait le pouvoir législatif et vote le budget de l’Etat (dont l’impôt (doc. 1, l. 4), les rois conservant néanmoins le pouvoir exécutif permettant d’appliquer les lois.
Selon nos philosophes, ce système permet l’adoption de lois justes car précises (doc. 2, l. 2 et 3), un impôt pour tous (principe d’égalité fiscale) mais réparti progressivement en fonction de la richesse (doc. 1, l. 5 à 7). Le système judiciaire qui fait appel à des jurés fait lui aussi l’admiration de Montesquieu (l. 4 à 6). Depuis l’Habeas Corpus de 1679, les sujets anglais bénéficient de la sûreté qui les protège contre les jugements arbitraires.
Un roi qui gouverne, des représentants qui légifèrent, des jugements indépendants : la monarchie constitutionnelle et parlementaire anglaise incarne le principe de la séparation des pouvoirs, cher à Montesquieu (L’esprit des lois).

Derrière cette description favorable de l’Angleterre, on devine une critique implicite de la France. Sans jamais la citer, on l’entrevoit derrière la référence aux « Etats despotiques » (doc. 2, l.1) et à l’absolutisme de la monarchie française, qui sert alors de modèle à de nombreux Etats européens, où les rois depuis le XVIe siècle ont conquis et accaparés la plus grande partie des pouvoirs, politique, judiciaire, militaire et économique.
AU XVIIIe siècle, ils ont définitivement domestiqué les grands seigneurs, réduits à faire la cour et dont le conseil féodal a perdu ses attributions au profit de conseils nommés par le souverain. Par l’administration, l’impôt et la guerre, les rois de France imposent leurs prérogatives au Royaume, mises en scène de façon grandiloquente à Versailles.
Le pouvoir des rois, «  de droit divin », sans partage, autorise le souverain à exercer lui-même la justice, de façon la plus « arbitraire » (doc.1, l. 7) grâce aux lettre de cachet qui lui permettent de faire incarcérer n’importe-qui sans motif précis, de rendre et de faire appliquer des jugements à discrétion. Ce système judiciaire injuste se reflète dans la plupart des tribunaux où les juges en dehors de tout cadre légal peuvent laisser libre cours à leurs interprétations personnelles.
Si les philosophes prennent la précaution de ne pas citer explicitement le Royaume de France, c’est précisément parce-que, la liberté d’expression n’y existant pas vraiment (au contraire de l’Angleterre depuis 1695…), toute attaque directe peut y conduire au cachot et à l’échafaud, sur simple lettre de cachet signée par le roi.

Nous avons donc vu comment l’Angleterre s’impose comme un modèle de bon gouvernement aux yeux des philosophes français du XVIIIe siècle, au travers de la délégation, du parlementarisme ou de la justice. La France absolutiste des Bourbons, « despotique » et « arbitraire » fait figure de repoussoir. En 1734, Voltaire publie ses Lettres anglaises popularisant un modèle anglais qui influencera profondément les revendications de la Révolution française (1789-1799).