Etude d’un texte de Kant

Voici la suite de l’article intitulé « Réfléchir sur les bonnes et mauvaises actions à partir d’un texte de Kant » où l’on étudie le texte du philosophe.
– Si tu crois que ça peut m’aider pour le comprendre, dit la jeune fille en acceptant ma proposition.
– Alors dégage de cet extrait, s’il te plaît, les thèmes principaux.
– Il est question du mensonge et de la vérité, répondit Julie.
– C’est pas faux, mais je ne crois pas que ce soient les thèmes principaux. Regarde mieux.
– Kant parle de ce qui est bien et mal.
– Exact, les thèmes sont la morale, le devoir, le bien et le mal, et en exemple est abordé le fait du mensonge. Dis moi à présent quelle est la thèse de ce texte, qu’est-ce que l’auteur soutient comme idée ?
– Comme ça direct, je ne vois pas bien, se plaignit Julie.
– Que comprends-tu ?
– Que parfois on peut mentir, mais que c’est pas toujours bien…
– Mouais… on est loin du compte…
– Tu vois qu’il est trop dur encore ton texte !
– Voyons quelques passages essentiels! Si je mens ou fais une fausse promesse, il y a deux façons de considérer mon geste, lesquelles ?
– C’est prudent ou bien c’est un devoir moral ?
– Voilà . La prudence renvoie à l’idée d’une sagesse pratique. Il peut être pratique, utile donc, de mentir sans que ce soit moral. (Utile tant que les autres ne mentent pas à leur tour ce qui peut m’être nuisible) Quant au devoir moral et au bien moral, ils se reconnaissent à quoi ?
– On fait le bien…
– Mais quel bien ? Mentir peut être un bien ou même « faire » du bien. Et pourtant aux yeux de la morale, c’est mal. Pourquoi ? Kant propose un critère ici pour reconnaître si mon action est bonne, et même avant toute action si mon intention est bonne elle-même. Lequel ?
– Je ne vois pas… se découragea Julie.
– Cherche, un critère comme une règle à suivre dans le texte.
– C’est quand il parle de « maxime universelle » ?
– Exact ! C’est quoi alors cette histoire de « maxime universelle » de mon action ?
– Déjà c’est quoi une « maxime » ?
– C’est la règle de ma conduite.
– Et universelle ?
– Qui serait la même pour tout le monde. Alors ?
– Je ne sais pas comment dire les choses.
– Eh bien Kant propose de rendre universelle mon intention. Puis-je vouloir que ma maxime soit étendue au-delà de mon projet, à tout le monde ?
– C’est ça son critère pour reconnaître le bien et le mal ?
– Schématiquement oui…
– Et donc je vais savoir si j’ai fait quelque chose de mal en mentant à ma meilleure amie alors ?
– Reprenons encore un instant notre étude s’il te plaît ; avant d’en tirer trop rapidement des conclusions. Si je mens par intérêt c’est très utile sur le moment, mais puis-je vouloir que cela devienne une loi universelle, puis-je accepter de justifier l’acte de mentir, sans remettre en question la valeur des intentions, des actes, des échanges, entre les êtres humains ? Non, je ne peux pas… Autrement dit je ne peux jamais justifier le mensonge même pour un cas particulier, sinon je le légitime pour toute situation. Accepter le mensonge une fois, revient à l‘accepter en toute occasion, cela n’est pas tenable.
– Et ainsi s’il n’y a pas d’exception à la règle, j’ai fait quelque chose de mal.
– Effectivement, Julie, d’après la morale Kantienne, tu n’as pas agi selon ton devoir qui était de respecter ton engagement.
– Je le savais! se lamenta Julie.
– Cela dit je voudrais attirer ton attention sur un dernier point. Kant parle lui-même d’une promesse que l’on fait avec « l’intention de ne pas la tenir ». Ce n’était pas ton cas ?
– Non… enfin j’aurais dû m’en douter quand même.
– Julie, une dernière chose : l’universalisation relève d’un travail de la raison. Cette morale est une morale de la rationalité. Elle suppose que l’on fasse un usage clairvoyant de la liberté se pliant aux exigences de notre raison. Cette faculté se construit à travers l’éducation, l’apprentissage, l’expérience. Pour Kant, pouvoir faire un usage éclairé de la rationalité, qu’il s’agisse d’un peuple ou d’un individu, c’est entrer dans l’âge de la majorité. Toi Julie, sans vouloir te vexer, tu n’y es peut-être pas encore! Tu ne te connais pas encore tout à fait! On n’attend pas d’un être qui ne possède pas pleinement sa faculté de liberté qu’il ne soit pas aveuglé par des penchants naturels, comme c’est encore le cas des enfants qui ne sont pas « responsables » au sens moral, ni au sens juridique d’ailleurs.
Julie hésitait entre soulagement de voir sa culpabilité levée et la déception de n’être considérée encore que comme une « mineure » qui a des excuses.
– Considérons donc, concluais-je, que tu n’as pas commis de faute morale, du fait que ta raison n’est pas encore entièrement acquise.
– J’attendrais donc de grandir et de me connaître mieux avant de m’engager dans une promesse la prochaine fois, décida avec dépit Julie.
– Je crois que ce serait plus sage…

A suivre

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