Rencontre avec la réalisatrice Karine Guiho !

Le 5 mai 2021, les élèves de la prépa JPPJV du lycée Daguin ont rencontré la réalisatrice de films documentaires, Karine Guilho. Après une réflexion sur la notion de travail dans une séance précédente, ils ont pu s’interroger sur le film, La Casse Ouvrière tourné en 2011 à la fonderie du Poitou.

L’intervention de Karine Guilho a débuté par la présentation de ses parcours professionnel et personnel. Elle évoqua l’environnement social dans lequel elle a grandi : la classe ouvrière. Karine Guiho est parvenue à suivre sa passion et à s’éloigner du parcours de ses parents. Après le lycée, elle étudie aux Beaux Arts et se plaît alors à peindre et à expérimenter de diverses manières. Plus tard, elle découvre la photographie et cherche à s’échapper de la presse de masse en transmettant de réelles émotions comme en immortalisant des réfugiés avant leur traversée de la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni. La plasticienne, tout en continuant à travailler la peinture et la photographie, finit par entrer dans le monde du cinéma du réel. À la différence du reportage, la subjectivité du point de vue du réalisateur a un rôle majeur dans ce genre cinématographique. Karine Guilho parvient alors à créer son empreinte artistique. On trouve dans ses documentaires des portraits de personnes souvent atypiques livrés avec une grande sincérité et cherchant à peindre leurs situations sans artifices. La réalité devient son matériau d’expression comme pourrait l’être la peinture.

Suite à cette mise en contexte de la vie de l’auteure et de son travail en explorant notamment ses nombreux projets présentés sur son site Web, le film La Casse Ouvrière répondant à la problématique du travail chez L’Homme est exploité. Ce film documentaire de 65 minutes porte à la caméra des ouvriers de la fonderie de Poitou, en 2011, lors de leur lutte syndicale. Leurs témoignages sont particulièrement révélateurs de leur condition. Ils livrent leurs ressentis à propos d’une usine aliénante. Répéter sans cesse les mêmes gestes rend les ouvriers impuissants et les affaiblit progressivement jusqu’à ce qu’ils ne soient presque plus capables de penser. Le rôle et les enjeux de la technologie dans les usines sont également mis en lumière, et bien qu’on puisse penser que ces avancées technologiques constituent un progrès et une révolution pour les travailleurs, il n’en est rien. L’automatisation n’enlève pas le sentiment d’impuissance propre à cet esclavage moderne. Le rapport à la machine comme celui d’une mère nourricière perverse est tout aussi éclairant du paradoxe entre le fait que cette machine les nourrit et les emprisonne.

Enfin, les élèves ont pu poser leurs questions concernant le contexte, la réalisation et les messages véhiculés dans l’œuvre. Ils apprennent que le travail de Karine Guilho appartient à la catégorie du « cinéma du réel ». Elle est passionnée par son art et passe de longs moments au sein d’un même environnement afin de le connaître parfaitement, d’y être presque intégrée et de finalement le représenter avec le plus de fidélité possible. Chaque tournage lui prend entre 2 et 8 ans et tous les milieux dans lesquels elle se rend tels la maison de retraite qu’on retrouve dans Les Assis ou la fonderie du Poitou constituent une réelle part de sa vie. Ses œuvres s’apparentent à des expériences sociales desquelles le spectateur sort grandit. A travers sa caméra, elle cherche avant tout à capturer des instants magiques dont la spontanéité est rare et de ce fait, précieuse.

Grâce aux explications riches et détaillées de Karine Guilho, la rencontre a permis aux élèves d’en apprendre davantage sur ce qu’est un film documentaire et comment il est produit. En outre, ils ont pu réfléchir sur la condition ouvrière et ses enjeux.

Julie Colliou 1G11

Le site internet de Karine Guiho

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