L’après confinement : faut-il y réfléchir avant ?

Place des Abbesses, Paris, juillet 2012, © NJ

J’ai envie de voir du monde. Comme cette belle journée de juillet à la place des Abbesses dans le 18ème. Voir des gens, voir des sourires, marcher librement, tout cela me manque.

La MJC du Roguet propose quatre contributions pour préparer à l’après confinement. Après Bruno Latour, sociologue, un autre sociologue, Michel Wieviorka, un économiste, Maxime Combes, et un photographe viennent à leur tour proposer une réflexion sur l’après. N’était-ce pas un peu prématuré ? A la radio Boris Cyrulnik évoque lui aussi l’après, et les relations humaines, notamment à travers la disparition des liens dus au deuil impossible. Nous voyons que la position de chacun a un sens : sociologue ou neuropsychiatre ? Photographe ou historien ? D’ailleurs demandent-on aux historiens comment sera demain ?

Bruno Latour propose de saisir l’opportunité que nous offre cette crise pour réfléchir à ce que nous avons fait, et à ce que nous allons faire. La vie pourra-t-elle reprendre le cours des choses comme si de rien n’était ? Ne faut-il pas plutôt s’arrêter et réfléchir à notre avenir ? Il nous met en garde :

« En effet, dit-il, car la crise sanitaire est enchâssée dans ce qui n’est pas une crise–toujours passagère–mais une mutation écologique durable et irréversible. Si nous avons de bonne chance de «sortir» de la première, nous n’en avons aucune de «sortir» de la seconde. Les deux situations ne sont pas à la même échelle, mais il est très éclairant de les articuler l’une sur l’autre. En tous cas, ce serait dommage de ne pas se servir de la crise sanitaire pour découvrir d’autres moyens d’entrer dans la mutation écologique autrement qu’à l’aveugle. »

S’arrêter un instant et réfléchir à l’absurdité de notre monde, et ensuite se poser de nouvelles questions sur notre avenir. « En nous posant ce genre de questions, chacun d’entre nous se met à imaginer des gestes barrières mais pas seulement contre le virus : contre chaque élément d’un mode de production dont nous ne souhaitons pas la reprise. » Bruno Latour part du constat qu’on ne peut plus fonctionner sur le mode de production capitaliste que l’on connaît et qu’une alternative s’ouvre à nous : il faut savoir la saisir !

L’économiste Maxime Combes, adepte de l’ère de l’homme – anthropocène – part du constat que l’arrêt involontaire du système de production va avoir des répercussions bénéfiques sur la pollution. Nous savons qu’en France, c’est 20.000 personnes qui meurent chaque année des effets de la pollution. En arrivera-t-on à ce chiffre cette année ? Si le Coronavirus va tuer malheureusement plusieurs milliers d’individus, la pollution restreinte « sauvera », de son coté, d’autres individus, faisant partie des catégories les plus pauvres et les plus à risque. Toutes proportions gardées, il n’est pas question de dresser une comparaison, mais d’espérer que cette « crise » climatique sera endiguée par cette autre « crise », imprévisible autant qu’inespérée.

« Il nous faut donc collectivement nous départir d’une illusion, nous dit Maxime Combes : les mesures brutales de confinement, de réduction drastique des transports et de l’activité économique ne sont acceptées que parce qu’elles sont perçues comme pouvant être immédiatement efficaces et comme temporaires. Elles ne pourraient et ne sauraient être simplement transposées pour lutter contre le changement climatique, au risque d’emporter l’ensemble de nos libertés publiques et de ce qui reste de notre démocratie. »

Nos sociétés doivent par conséquent se recentrer sur l’intérêt général. C’est un peu ce que dit Michel Wieviorka, qui est présenté comme un sociologue et que je pensais plutôt comme un historien. Pour lui, nos sociétés sont à repenser à travers de nouveaux projets politiques.

« Pour pouvoir se projeter vers un futur, nous dit-il, il faut des acteurs qui soient capables de transformer la situation, et pas seulement de s’y adapter sur un mode défensif. Des acteurs ayant une vision de ce que pourraient et devraient être les nouvelles formes de la vie collective. Qui soient capables d’entraîner derrière eux l’opinion, et donc de porter des attentes, des espoirs, des convictions. Il faut, autrement dit, des acteurs et des pensées politiques. »

 

Tour Eiffel Paris, – Vestiges #2 © Chris Morin-Eitner 2016

Une quatrième parole prend forme. Le travail de l’artiste photographe Chris Morin-Eitner réintroduit une dystopie questionnante à partir de montages où il explore la ville envahie par une nature qui a repris ses droits. Comment nature et culture peuvent-elles cohabiter ensemble ?

=> A partir de ces propositions et de ces réflexions (je vous conseille quand même de lire les textes), chacun d’entre vous pourra donc élaborer une sorte de « cahier des charges » pour un monde nouveau.

Le SIMPPS reste à la disposition des étudiants éprouvant des difficultés d’ordre social ou médical.

Etre utile à la collectivité

Horloge Nakache à un kilomètre de chez moi, © NJ 2020

 

Pendant le confinement lié à la Covid-19 qui coïncide avec les vacances de Printemps, voici une liste d’études statistiques réalisées par différents laboratoires de recherche. Quelques unes concernent des résultats déjà accessibles. De quoi passer son temps en étant utile :

__________________________________________________________________

Cyril ATKINSON-CLEMENT (Equipe Mov’It, ICM, https://icm-institute.org/fr/team/equipe-vidailhet-lehericy/ propose une enquête sur les représentations et sensibilités associées au Covid-19 en France.

Durée : moins de 10 minutes

Lien: https://forms.gle/KdL9xezz6jnAFPja9

_________________________________________________________________

Camille SANREY (Laboratoire de Psychologie Sociale, http://lps.recherche.parisdescartes.fr/propose une étude sur l’école à la maison pendant le confinement.

Durée : 10 minutes environ.

Lien : https://tinyurl.com/wu9nexz

__________________________________________________________________

Johan LEPAGE (Laboratoire Inter-universitaire de Psychologie, https://www.lippc2s.fr/propose une étude sur les conséquences psychologiques et sociales du confinement, sur les états de stress et d’anxiété, sur la santé (par exemple sommeil, poids, consommation d’alcool) et sur les conditions de vie (par exemple revenus, logement). Elle doit permettre d’évaluer l’impact du confinement, d’identifier des facteurs de vulnérabilité et des facteurs de résilience.

Durée : 30 minutes environ

Lien: https://ecostudies.frama.site/

_________________________________________________________________

Pellerin NICOLAS (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitivehttps://www.lapsco.fr/propose une étude sur le confinement, pour savoir comment le confinement et la crise sanitaire sont vécus en fonction des valeurs et des croyances des gens.

Durée : 20 minutes environ

Lien : https://ufrpsycho.eu.qualtrics.com/jfe/form/SV_9KQQbFDKEYs4YAt

_________________________________________________________________

Sylvie DROIT-VOLET (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, https://www.lapsco.fr) propose une expérience sur la perception du « passage du temps » en dehors et au cours du confinement, et sur les facteurs psychosociaux impliqués à la fois dans cette perception et dans le respect des comportements de distanciation sociale.

Durée : 5 minutes environ

Lien: https://enquetes.lapsco.fr/index.php/689961?lang=fr

_________________________________________________________________

Thuilier JULIETTE (Laboratoire Cognition, Langues, Langage, Ergonomie, http://clle.univ-tlse2.fr) propose une expérience de linguistique, dans laquelle vous allez lire des phrases et les juger selon vos intuitions de locuteur natif.

Durée : 20 minutes environ.

Lien : http://spellout.net/ibexexps/pegah/rhododendron/experiment.html

__________________________________________________________________ 

Hoï-tong WONG (Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale, https://lapps.parisnanterre.fr/propose une expérience sur le traitement de l’information et plus particulièrement sur la description des pays dans le monde.

Durée : une dizaine de minutes.

Lien: http://grpps-lapps.fr/limesurvey/index.php/1?lang=fr

_________________________________________________________________

Vasiliki MYRODIA (Laboratoire des Sciences Cognitives & Sciences Affectives, www.scalab.cnrs.frpropose une expérience pour tester votre sensibilité à discerner des différences de qualité dans une image photo-réalistes.

Durée : 40 minutes 

Lien : https://diran.univ-littoral.fr/expe2/

Avec deux collègues du labo de sociologie de l’université de Reims, nous avons préparé un questionnaire sur les conditions du confinement des étudiant.e.s afin d’interroger la mise en oeuvre de la continuité pédagogique. La passation du questionnaire ne prend que 10 minutes (pas plus !). Serai-ce possible de lui donner la diffusion la plus large auprès de étudiant.es ?

Le lien pour répondre au questionnaire se trouve ici.
Merci de votre contribution !


Enquêter les répercussions de la pandémie COVID-19 et du confinement

La crise sans précédent à l’échelle humaine que nous traversons nous affecte ainsi que nos proches. Les recommandations de confinement et de distanciation sociale perturbent notre quotidien, et beaucoup s’inquiètent des conséquences collatérales. L’ensemble de la population est touché. Il nous semble, par conséquent, indispensable de mesurer l’impact psychologique et les répercussions du virus et des restrictions sur les personnes afin d’en prévenir les conséquences et développer des outils d’aide adaptés.

Un collectif interdisciplinaire de chercheurs des Universités de Toulouse propose une étude sur le vécu de la pandémie du COVID 19 et du confinement associé (en savoir plus sur le programme EPIDEMIC).

L’enquête diffusée ici concerne les répercussions émotionnelles, sociales, comportementales du COVID 19 sur les individus dans le temps, portée par le Centre d’Études et de Recherches en Psychopathologie et Psychologie de la Santé (CERPPS) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

Si vous êtes âgés de plus de 18 ans, et si vous logez actuellement en France, nous vous proposons de participer à une étude en ligne, en trois volets : dès maintenant ; puis, à la fin du confinement ; enfin, 3 mois après la fin de celui-ci. Cela prend 30 minutes pour remplir ce premier questionnaire.

Pour participer à l’étude : https://enquetes.univ-tlse2.fr/index.php/875689

Cette étude est portée scientifiquement par Florence Sordes (sordes@univ-tlse2.fr) et associe  Aurélie Croiset, Psychologue et Membre associé du CERPPS (EA 7411) ; Enzo Cipriani et Cassandra Guillemot, Etudiants en Master Psychologie de la santé.


Charlie Marquis
Coordinateur Plateforme Aapriss
Chargé d’animation scientifique IFERISS

Tél. : 05.61.14.56.15

Alfred Nakache, le « nageur d’Auschwitz », © NJ 2020

je me permet d’utiliser les listes de diffusion de SO-MATE et MATE-SHS pour vous transmettre un message un peu à la marge. Je m’en excuse par avance.

Il s’agit d’un lien vers une enquête sur le thème « Confinement et COVID ». J’ai participé au montage mais elle est destinée à trois étudiant.e.s stagiaires en sociologie dont les stages ont été bouleversé par la situation.

https://bit.ly/2JxM25D

Si vous pouviez y répondre, ce serait très sympa, et plus encore, diffuser à votre entourage !

Grand merci d’avance pour ce coup de pouce (je sais qu’il y a déjà plusieurs enquêtes qui tournent…)

J’espère surtout que tout le monde va bien dans le réseau.

Bon courage à tou.te.s et encore merci,

***
Quelques enquêtes : 
***

Sous les liens ci-dessous, vous trouverez les résultats d’enquêtes menées auprès des étudiant-es, de Dauphine, de Paris-Nanterre et de Paris 8 relativement au confinement.

Dauphine :

Paris 8 :

D’autres enquêtes ont été réalisées ou sont en cours dans différents établissements (Grenoble, Le Havre, Rouen, notamment).

Bien à vous,

Marie-Paule Couto

=============

En cette période si singulière, des chercheurs de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière (Institut du Cerveau) et de l’Université Gustave Eiffel (Laboratoire Ville Mobilité Transport) réalisent une enquête sur les représentations et sensibilités associées au Covid-19 en France.

Vous trouverez le questionnaire ici : https://forms.gle/KdL9xezz6jnAFPja9

L’enquête est anonyme, dure moins de 10 minutes et est ouverte aux adultes.

=============

Avec des collègues du Lisst, de Grenoble, d’Aix et de Paris, nous venons de lancer un questionnaire en ligne sur la vie sociale en situation de confinement.

https://sms.univ-tlse2.fr/parcours-de-vie-et-reseaux-personnels-/enquete-relations-sociales-et-solidarites-en-periode-de-confinement-confinement–729547.kjsp?RH=ACCUEIL_SMS

N’hésitez pas à diffuser le lien, de préférence en dehors des milieux universitaires.

Amitiés

Michel Grossetti, EHESS-CNRS

==========

Cher·es collègues,

 

Il y a quelques semaines, je vous ai fait part sur cette liste, de mon projet d’analyse concernant l’aménagement des espaces domestiques, de travail et d’apprentissages en période de confinement.

Vous avez été nombreux·ses à dire votre intérêt.


Cette période particulière de confinement se poursuit…

Derrière l’abstraction du mot et les portes closes de nos lieux de réclusion, il y a nos stratégies pour vivre le mieux ou le moins mal possible ce chemin de vie, nos agencements et nos aménagements de temps et d’espace, nos lassitudes, nos « empêchements », nos solitudes ou nos cohabitations …

 

Le questionnaire, essentiellement qualitatif, tente de comprendre comment, individuellement et collectivement, nous peuplons cet espace-temps du confinement.  

 

Voici le lien : https://urlz.fr/cnlK

 

Un grand merci à celles et ceux qui prendront le temps de répondre.

N’hésitez pas à partager le lien auprès de vos proches, et dans vos divers réseaux.

 

Excellent week-end à tou·tes.

Et vivement la vie d’après…

Dominique Chevalier

 

C’est les vacances ! Profitons-en pour faire plein de choses

Image du dilettante, © DR

Les vacances scolaires sont un moment pédagogique d’autant plus indispensable compte tenu de ce que nous traversons. C’est un moment pour soi, que l’on peut mettre à profit pour changer de point de vue, pour réfléchir à sa situation et à son avenir. C’est un moment à l’intérieur de cette parenthèse troublante du confinement.

Personne autour de nous ne peut prétendre avoir vécu de genre de situation auparavant. Il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale et être en situation d’exclusion sociale comme ont pu l’être les juifs, ou alors ceux qui ont vécu les couvres-feu, comme vont peut-être le vivre certains dans les quartiers toulousains.

Les vacances sont l’occasion de faire autre chose, comme de changer ses routines (heures de coucher et de lever), et quitte à s’ennuyer, il faut s’ennuyer et savoir en tirer partie. Le cerveau lui continue de travailler, il ne s’arrête pas. Ce moment apparaît donc incontournable dans la maturation pédagogique des idées. C’est un instant de respiration qui va permettre de rebondir par la suite, et d’aller plus loin.

Alors profitons de nos vacances pour aller plus loin, méditer sur notre être, plonger dans les romans, les aventures, regarder des séries, écrire et téléphoner à ses proches et à ses amis, faire de la musique, chanter, écouter les oiseaux (profitez-en, ça ne va pas durer), faire du sport, se détendre, ne rien faire, élaborer de nouveaux projets (pour après), faire la cuisine, de la couture, des tâches manuelles inhabituelles, faire du pain, des croissants (c’est pas si compliqué), rire, aimer. Réfléchir sur la vie, la mort, et qu’en définitives, le sens de tout cela ce n’est peut-être que

42 !

L’enquête par questionnaire (2)

L’espace public occupé aux 198os, décembre 2019 © NJ

 

« oui », « non », « peut-être » ou « ne sait pas »

Dire que la ville bouge est, en partie, un abus de langage. Même si les bâtiments changent, qu’ils se transforment ou que les places changent au fil du temps, les plus grands changements sont dus aux agents sociaux qui en composent la matière. Une parenthèse s’impose dans notre contexte très particulier de confinement, car à bien réfléchir, serait-il encore pertinent de mener des enquêtes dans l’espace public alors que celui-ci s’est rétréci au point que l’image montrée ci-dessus appartient au déjà passé. Pour le moment, elle ne serait plus reproductible, ou alors, dans un contexte de transgression.

Ces changements témoignent des époques qui nous traversent. Mais comme l’homme n’est pas éternel, ils servent aussi à mesurer les écarts entre les générations, par exemple dans les tenues vestimentaires, et plus généralement ce qu’on appelle la mode.

Mais à l’échelle individuelle, les changements affectent nos vies tout au long de notre trajectoire sociale, culturelle et territoriale. Il est donc important de relier les trajectoires des agents de manière à mieux comprendre les logiques et les mécanismes à l’œuvre, et, en définitives, ce que les gens font ensemble.

Ainsi, les sociologues se servent des catégories socio-professionnelles pour regarder les changements. Par exemple, en demandant quelle est la profession des parents d’un agent social, et en mettant en relation celle de l’agent social, on peut voir comment celui-ci s’est déplacé dans le champ social.

• Quel est la profession de votre père ?

• Quelle est la profession de votre mère ?

• Quel est votre profession ?

• Quelle est la profession de votre conjoint.e.x ?

Evidemment, ce type de question concerne davantage l’étude des trajectoires sociales ou de ce qu’on nomme la mobilité sociale. Mais rien ne dit que vous n’aurez pas besoin de ces informations, notamment sur tout ce qui touche à la gentrification et au changement de style d’un quartier.

 

L’espace public occupé, décembre 2019 © NJ

 

Encore une image irréalisable aujourd’hui, ce qui soulève de nouvelles questions car ici les liens entre les hommes sont patents, mais ils n’ont pas disparus pour autant. Où sont-ils donc aujourd’hui ?

 

On peut regrouper les individus par grandes catégories socioprofessionnelles (PCS), selon les nomenclatures établies par l’Insee. Mais un simple tableau à cinq entrées pourrait faire l’affaire :

1) Commerçant, artisan, chef d’entreprise

2) Cadre, profession intellectuelle

3) Employé

4) Ouvrier

5) Inactif, retraité

Si l’on veut maintenant faire ressortir le groupe des étudiants, généralement classés dans les inactifs (ce n’est pas moi qui classe), on ajoute une nouvelle rubrique. Si en plus les étudiants sont salariés à mi-temps, cela complique encore un peu les choses, et rend vraiment cette notion d’inactivité peu opératoire.

L’idée derrière ces questions est de connaître la position d’un agent social, et sa trajectoire. Cela est graphiquement très sympathique à représenter, et pour l’architecte, très efficace. Un exemple avec ce travail de cartographie mentale réalisé dans le cadre pédagogique avec le travail de Sarah Mekdjian et Marie Moreau. Ici, les chercheurs ont utilisé des données qualitatives, ce qui est beaucoup plus original qu’un simple camembert (même en couleur).

 

Re-dessiner l’expérience. Cartographie heuristique. Marie Moreau, Sarah Mekdjian, 2015

D’autres informations du même ordre sont importantes à demander, si l’on s’intéresse au niveau scolaire, au capital santé, etc. Le degré de précision dépend des raisons qui poussent à faire ces demandes. Par exemple, savoir si l’agent social est étudiant, savoir s’il est étudiant en école d’architecture, savoir s’il est étudiant en école d’architecture en quatrième année, etc.

On a plusieurs moyens à notre disposition :

a) Demander par une question ouverte qui nécessitera un encodage : Quelle est votre niveau scolaire exacte ? (L’encodage est la phase qui précède l’analyse dans laquelle nous allons regrouper les informations.)

b) Dresser une liste : parmi cette liste, trouvez-vous votre établissement universitaire ? (ENSA, INSA, IEP, ENAC, etc., Autre). Il ne faut pas oublier « autre » pour le cas où vous n’auriez pas pensé à tout. De même lorsque vous posez une question fermée, la réponse ne doit pas être oui/non, mais « oui », « non », « peut-être » ou « ne sait pas ».

Souvenez-vous que le plus important est de faire répondre les agents sociaux à des questions que vous vous posez. Inutile de poser des questions dont vous n’avez rien à faire. Cela dit, il faut encore insister sur le comment vous posez la question.

 

L’espace public comme lieu de confrontation des points de vue, décembre 2019, © NJ

 

Howard Becker, dans une interview que l’on trouve sur le net, dit d’une manière un peu définitive qu’il ne faut jamais poser de question commençant par « Pourquoi », mais qu’il faut poser les questions en demandant « Comment ». C’est un point de vue qui ne fonctionne pas toujours, mais j’ai beaucoup réfléchi à cette proposition — venant de lui, ça paraît sérieux — et j’ai le plus souvent possible essayé de commencer mes questions par « Comment… »

Cela renvoie au fait qu‘il faut attacher beaucoup d’importance à la formulation de la question car un biais est toujours possible. Et cela a été montré par Jeannine Richard-Zappella dans les années 1990. Plusieurs études ont permis de mettre à jour le rapport étroit entre la formulation posée et la réponse. Mais le plus surprenant, c’est qu’en posant les deux questions : « Pensez-vous que Dieu existe ? » ou « Est-ce que Dieu existe ? », les résultats  affichent un écart de 15 points entre les réponses. Alors qu’ils étaient 81% à répondre « oui » à la question « Croyez-vous en Dieu ? », ils n’étaient plus que 66% à répondre « oui » à la question « Est-ce que vous croyez en Dieu ? ».  « Le « Est-ce que » diminue l’évidence de la croyance en Dieu, le fait de croire apparaissant moins comme la norme de référence » commente De Singly.

Armé de ces recommandations, vous voici plein de bonnes dispositions pour affronter l’enquête par questionnaire. A vous de jouer !

 

=> De Singly, François, Le questionnaire, Coll. L’enquête et ses méthodes, 2ème édition refondue, Armand Colin, 2007 (4ème édition 2016)

=> Richard-Zapella Jeannine, « Mobilisation de l’opinion publique par les sondages », in Mots, les langages du politique, 1990, 23, pp. 60-75

 

L’enquête par questionnaire (1)

La fameuse courbe de Gauss

 

En ces temps d’incertitude, nous voyons arriver des « enquêtes par questionnaire » destinées à mesurer l’impact du confinement sur les comportements et les modes de vie. Comme toutes les enquêtes quantitatives, elles se basent sur la construction d’un échantillon, réalisé à partir des réponses obtenues.

C’est cet échantillon qui va fournir la base sur laquelle nous allons nous appuyer pour valider ou invalider nos hypothèses. Cet échantillon est donc très important, et de sa constitution va dépendre sa représentativité.

La fabrique du questionnaire est un art. Elle repose sur une expérience et un savoir-faire. Il existe des ouvrages portant sur la construction du questionnaire, comme celui de François De Singly, et d’autres sur l’analyse des données quantitatives, comme celui de Olivier Martin. Cependant que l’étudiant en école d’architecture souhaiterait pouvoir recourir à un outil simple et rapide, dans l’espoir de valider ses a priori.

Mon propos ne sera pas de synthétiser les deux ouvrages présentés, mais d’essayer de donner quelques « trucs » pour réaliser un questionnaire efficace, simple et fonctionnel.

Comme le souligne François de Singly dans son introduction, « désormais ce sont plutôt les chiffres qui doivent orienter l’action des citoyens et qui servent d’argument majeur ». La production de chiffres est à la base de l’enquête quantitative, comme l’illustre la théorique courbe de Gauss. C’est la même courbe qui organise la distribution des A, des B, des C chez les étudiants. Comme vous pouvez le voir c’est une courbe très théorique et les scrutateurs attendent avec impatience que le pic des personnes atteintes du Coronavirus atteigne le plafond et redescende. (Même si la courbe des personnes contaminées n’est pas une courbe de Gauss, car elle est cumulative, on n’est bien d’accord.)

L’évolution des patients contaminés, guéris et décédés en France, https://gisanddata.maps.arcgis.com

Par exemple, le nombre d’hospitalisation ne fait que progresser, et nous sommes encore loin du plateau (ou du sommet) de la courbe. Dans la mesure où le confinement devrait permettre de réduire le nombre de personnes contaminées, l’amorce du plateau devrait se faire un jour, mais quand ? Pour nous aider à comprendre cette courbe, nous pouvons aller comparer d’autre courbes dans d’autres pays. Cependant, les politiques et le système de santé étant différents, nous ne pouvons pas comparer les données point par point.

Evolution globale du nombre de personnes atteintes du Coronavirus, https://gisanddata.maps.arcgis.com

Voyez la courbe générale des personnes contaminées par le Cornavirus qui amorce un début de cloche de Gauss. Si nous prolongeons cette courbe, par calque, plusieurs hypothèses se profilent. Mais nous n’avons aucune idée du sommet : se produira-t-il à 1, 2 ou 3 millions de personnes ?

Courbe des personnes atteintes du Coronavirus en Tchécoslovaquie, https://gisanddata.maps.arcgis.com

Cette courbe montre que dans un pays comme la Tchécoslovaquie, il est possible d’arriver au plateau après 2000 individus atteints et pas plus. Reporté à la population totale estimée, cela fait environ 18 cas pour 100.000 individus. C’est très approximatif. En France, nous sommes à 70 cas pour 100.000 individus. Cela soulève évidemment des questions comme la sincérité des chiffres et la validité des chiffres. Justement, c’est de cela dont il est question ici.

Je laisse le lecteur parcourir les ouvrages cités, pour aller plus loin. Dans l’enquête par questionnaire réalisés par les étudiants en architecture, la plupart cherchent en réalité à valider des hypothèses ou des affirmations, ou bien à chercher des points de vue différents, partagés, ou cumulatifs. La question de la légitimité de l’enquête ou de sa représentativité pèse peu, bien qu’elle soit toujours présente au moment du jury, par exemple lorsque les invités sont extérieurs à l’école.

Peut-on par conséquent s’affranchir de toute représentativité ou de toute légitimité ? Cela n’est pas certain, mais il faut alors expliquer en quoi l’enquête n’est pas représentative ou légitime.

L’idéal statistique et l’esthétique de la courbe de Gauss font défaut dans la crise que nous traversons à l’échelle mondiale. Car la politique de confinement vise à réduire le nombre de décès, estimé en première hypothèse à 2% de la population, soit 1.280.000 individus (j’ai entendu ça à la radio). C’est-à-dire que le plateau se situerait dans ce cas à la moitié, soit 640.000 décès, ce qui est énorme, et reprend les comparaisons que font les journalistes avec la grippe espagnole ou la peste. Les espoirs du confinement permettent d’envisager de réduire par 100 le nombre de décès dus au Coronavirus, soit 12.800 individus. Bien entendu, les chercheurs disposent d’outils beaucoup plus performants que la régression linéaire et l’extrapolation pour explorer les hypothèses.

Bref, un autre problème qui apparaît dans la constitution de l’échantillon, est le quota. Combien d’individus doivent participer à l’enquête pour établir une base solide ?

A l’échelle d’un quartier de milliers d’habitants, les étudiants se contentent souvent d’une dizaine de personnes. Par exemple, la population d’Empalot est estimée à 5.502 habitants en 2013.

La fiche émise par le SIG-Ville donne une répartition démographique de la population, en genre, en âge, qu’il faudra retrouver dans l’enquête, ou bien s’en distancer, et donne quelques indications pour notre questionnaire.

Nous devons savoir qui sont les enquêtés, homme ou femme, âge, avec une précision relative. Donc, quelques petites questions pour commencer :

• Genre; c’est important pour analyser par sexe (homme/femme);

• Date de naissance, juste l’année selon les besoins. Ce qui permettra de regrouper par tranche d’âge (0-4, 5-9, 10-14, etc. ou 0-14, 15-34, 35-54, etc.);

• Profession (ou le diplôme, le niveau scolaire, etc.);

Dans ce talon sociologique, on pose les questions essentielles pour pouvoir croiser les analyses.

Les étudiants en architecture cherchent davantage des variables qualitatives, qui sont souvent des points de vue, ou des idées nouvelles. Pour cela, il faut introduire des espaces de parole en commençant par :

• Selon vous, ou que pensez-vous de…

En mélangeant les questions quantitatives et les questions qualitatives, on obtient un amalgame qui permet à la fois de recueillir des idées nouvelles et de légitimer ses réponses. Les deux méthodes sont par conséquent complémentaires et bienvenues pour les architectes.

à suivre…

 

=> De Singly, François. Le questionnaire. Coll. L’enquête et ses méthodes, (1992), Armand Colin, 2006.

=> Martin, Olivier. L’analyse de données quantitatives, Coll. L’enquête et ses méthodes, Armand Colin, 2007

 

 

Chroniques d’un printemps perdu (2)

Claude Monet, Le printemps, 1886 © Fitzwilliam Museum, UK

 

par Marine Pradon

A Toulouse, Fer à cheval, Mardi 24 mars 2020

C’est le printemps, et c’est le premier printemps que nous passons confiné à la maison, pour tous. J’ai fait de France 5 et Arte mes chaînes de prédilection ces derniers temps, et si vous entendiez le nombre de podcast que j’écoute la nuit quand je ne trouve pas le sommeil, vous seriez surpris. Au final, ne va-t-on pas en sortir plus riches de cette crise ? Je crois que oui, parce que même en étant seul.e.s nous nous ouvrons aux autres. En tout cas, c’est l’effet que cela me fait. Je prends des nouvelles de mes proches. Je regarde des reportages sur l’histoire du monde et c’est fascinant. Quand on voit tous ces glaciers fondre et qu’on sait que c’est de notre faute, ça me brise le cœur. Je vous jure, j’ai peur.

Le monde entier a pris une pause dans un rythme effréné de transactions, de communications, de déplacements. Mais c’est un mal pour un bien, ça c’est certain. Pourtant, à la fin de cette crise combien serons-nous à avoir réellement pris conscience de ce qu’il s’est passé les 50 dernières années ?

J’habite la terre depuis 22 ans et j’ai l’intime conviction qu’elle souffre de plus en plus. Mais depuis 8 jours, le soleil brille et les oiseaux chantent à ma fenêtre. Les poissons sont revenus à Venise et l’eau est claire. J’ai peur qu’après cette pause imposée, tout reprenne son court habituel : destruction des forêts, extinctions d’espèces partout sur le globe, pollution, extraction de pétrole encore et toujours, discours politique « écologiste » sans jamais en voir un à la tête d’un pays. Ce ne sont que des exemples, mais je crois qu’il est temps d’accepter cette pause et de la prendre comme une chance. Sans oublier tout ceux qui se battent pour endiguer la propagation de ce virus et pour éviter de tuer nos proches, ou d’autres. On devrait tous se sentir concernés.

 

Jackson Pollock, Convergence, 1952, © DR

 

A Toulouse, Fer à cheval, Mercredi 25 mars 2020

Les rumeurs courent, mais le soleil brille toujours à travers les velux. Tout est toujours aussi calme, même si nous sentons que les esprits s’échauffent. Pays en ébullition, chaos incontrôlable diront certains. Mais tout repose sur nous, soyons des gens civilisés. L’annonce d’un confinement minimum de 15 jours a été prononcé il y a déjà 10 jours. Il a pris effet il y a 9 jours. Mais ce n’est que le début. Si les politiques peinent à prendre les décisions adéquates pour un confinement plus long et plus restrictif c’est simplement qu’ils réagissent en fonction de la population. Nous l’avons bien vu, le français n’est pas très discipliné, ça c’est certain. Et bien que le français tente de cacher son incompréhension en défiant les lois, il a peur. Alors c’est sans doute pour cela qu’on ne nous a pas annoncé un confinement immédiat de 6 semaines, ce qui se dessine pourtant à l’horizon. Parce qu’on a vu des milliers de gens se ruer dans les grandes surfaces à la recherche de PQ, de pâtes, et j’en passe… Imaginez alors l’ampleur que cela aurait pris si le président avait annoncé un confinement de 6 semaines. Etait-ce la bonne solution ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais aujourd’hui c’est que beaucoup ne comprennent pas, et que 15 jours cela paraît dérisoire à côté de nos amis chinois qui commencent à peine à sortir d’un confinement qui a duré 2 mois. C’est certain, un confinement de 15 jours fait bien moins peur qu’un confinement de 45 jours. Mais peut-être aurions nous réalisé l’ampleur de ce qu’il se passe sur notre territoire, et dans le monde entier.

Hier, mon cœur s’est arrêté de battre l’espace d’un instant. Madrid, ma ville de cœur, celle dans laquelle j’ai vécu 9 mois, est devenue un des foyers épidémiques les plus graves. Une patinoire a même été transformée en morgue. Cela me glace les veines, j’ai mal au cœur et j’ai envie de vomir.

 

Roy Lichtenstein :  » M-Maybe  » – 1965 – Huile sur toile, © DR

 

A Toulouse, Fer à cheval, Dimanche 29 mars 2020

Nous voilà confiné jusqu’au 15 avril (pour le moment…). Comme la solitude est anxiogène. Elle me permet de comprendre à quel point l’Homme est un être sociable qui puise sa force dans l’amitié, et l’amour. Le contact des autres commence à me manquer. J’ai envie de serrer ma mère dans mes bras, de rire avec mon père, d’embrasser mes amis. Bientôt 15 jours passés, je ne suis sortie que deux fois. Cette isolation nous pousse à nous tourner vers le seul lien qu’il nous reste avec l’exte?rieur : les médias et les réseaux sociaux.

Et je ne sais pas si cela nous est bénéfique. Tous les jours les mêmes discours, les médias contribuent à accroître cette atmosphère anxiogène. On nous parle de la situation alarmante en Italie, en Espagne, en France et surtout aux Etats-unis. Ces derniers sont touchés de plein fouet par ce « qu’ils » appellent « la vague épidémique ». Dans ce système inégal d’accès aux soins, les plus démunis sont en danger. Mais bien qu’aux Etats-unis l’accès aux soins soit réservés aux privilégiés, il s’agit d’un pays développé. Qu’en est-il de la situation dans les pays moins développés ? Qu’en est-il de l’Inde, de tous les pays d’Afrique, de l’Amérique Latine ? Ces pays où les conditions d’hygiène sont bien moins évoluées que dans nos pays occidentaux.

La moitié de la population du monde est confinée et je crois qu’aujourd’hui nous avons tous très peur. Hier, j’ai pris conscience que nous vivons dans un monde rude. Une crise sans précédent s’abat sur la terre entière, une guerre contre un ennemi invisible, pour citer Monsieur Macron. Les impacts de cette crise sont encore inconnus et sont à craindre. Et il y a une chose qui me fait particulièrement peur. Une conséquence de cette crise qui touche le fondement même de notre humanité. Hier soir, j’ai allumé la télé après avoir dévoré un livre de Jacques Expert, La théorie des six (un chef-d’œuvre soit dit-en passant). C’était l’heure du journal télévisé. A la fin de celui-ci, ils ont pris l’habitude de répondre aux questions des internautes en direct avec des professionnels de santé. Un homme a alors posé cette question : « Ma femme devient agressive avec les enfants, et les enfants deviennent envahissants, que faire ? » C’est alors qu’une psychologue prit la parole pour lui re?pondre. Et je suis choquée des propos tenus. Elle nous dit que évidemment ce n’est pas facile d’être une maman et d’avoir une profession, mais que c?a l’est encore moins dans ces conditions. Pourquoi ? Parce que la mère devient et je cite « une maman, la maîtresse d’école qui fait faire les devoirs, la cuisinière, la femme de ménage, la baby-sitter ». Elle dit ensuite que pendant ces temps de confinement, il faut essayer de partager les tâches du quotidien le temps de cette crise. Comment, aujourd’hui pouvons nous laisser un professionnel de santé dire de telles absurdités ? (professionnel, qui plus est, et une femme dans ce cas…) Non, la femme n’a pas à avoir cette étiquette, et encore moins dans ces moments. La femme n’est pas l’unique qui doit accomplir toutes les tâches du quotidien.

Comment la chaîne télévisée la plus regardée de France accepte-t-elle des propos comme ceux- là ? Non, la femme n’a pas à être réduite à cela. Et pour accentuer ce que je viens de vous raconter, figurez-vous que dans la même journée, au nom de la lutte contre la pandémie, de nouveau coronavirus Covid-19, les états du Texas et de l’Ohio ont ordonné la suspension de toutes les opérations médicales non-urgentes avec, dans leur viseur, les interruptions volontaires de grossesses (IVG). Manipulation idéologique ? Oui, je crois qu’on peut dire ça. Simone de Beauvoir disait « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse, pour que les droits des femmes soient remis en question ».

Maman, j’ai peur.

Vers une mobilité viable, confrontation entre deux villes

Metro de Barcelone, réglementation respectée, mais insuffisante (rampe, hauteur, espace entre quai et train). © X Droits réservés

 

Comparaison entre BARCELONE et TOULOUSE

 

par Choukri MEHDI

La mobilité est un terme assez vaste, mais elle recouvre un ensemble de dispositifs et de dispositions afin qu’elle soit possible partout et pour tout le monde. Est-ce une réalité ? Ce qui nous amène à la question d’accessibilité suivante : est-ce que la mobilité est accessible à tout type de personnes, et principalement aux personnes en situation de handicap, partout dans la ville ?

Il existe des règlementations aujourd’hui, en termes d’accessibilité, qui permettent d’adapter les villes, notamment les espaces publics, les transports en commun et les établissements recevant du public. Ces réglementations sont des directives auxquelles on se réfère lorsqu’on veut réaliser des travaux ou lors d’une construction nouvelle.

Les réglementations les plus anciennes en France datent de 1975 :

  • 30 juin 1975 : Loi 75-534 d’orientation en faveur des personnes handicapées.
  • 9 décembre 1975 : Adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une déclaration des droits des personnes handicapées.

Aujourd’hui, la loi la plus récente est celle du 11 février 2005, également appelée « Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » prévoyant qu’à compter du 1er janvier 2015, tout établissement recevant du public (ERP) doit être accessible à tous, y compris aux personnes en situation de handicap, quel que soit leur handicap. « Accessible » ne signifie pas seulement entrer et sortir de ces établissements, mais aussi que les prestations fournies doivent être adaptées.

Selon l’INSEE, 12 millions de Français sur 65 millions sont touchés par un handicap. Parmi eux, 80% souffrent d’un handicap invisible, 1,5 million sont atteints d’une déficience visuelle et 850 000 ont une mobilité réduite.

Personnes handicapées, souffrants d’une incapacité ou d’une limitation d’activité d’après l’Enquête HID de l’INSEE de 2001.

 

Brièvement, nous devons considérer tous les types de handicap : visuels, sensoriels, mentaux et physiques. Bien sûr, tout ceci sera détaillé dans mon mémoire.

La ville de Toulouse, est une ville en plein développement, qui tente devenir un exemple en ce qui concerne la mobilité, avec notamment la smart city. Une ville à petite échelle et avec moins de contraintes que des villes économiques comme Barcelone, où les circulations et les flux sont plus difficiles à gérer. Mais dans quels domaines la ville se mobilise pour devenir un exemple de capital de la mobilité.

En termes d’emplois, par exemple, il est intéressant de se pencher sur la ventilation des emplois réservés aux personnes handicapées. Comme nous le voyons dans le tableau ci-dessous, se sont les entreprises privées qui emploient le plus de travailleurs handicapés, ce qui tord le coup à une idée reçue qui concerne les emplois dans l’administration.

 

Du côté le l’école et de la scolarité, quelles placent sont réservées aux enfants handicapés durant toutes leurs études ? Le tableau ci-dessous donne une idée du nombre d’élèves concernés et de leur intégration dans le système scolaire ordinaire.

 

Les personnes handicapées face à la scolarité

La problématique d’aujourd’hui est qu’entre les réglementations et leur application  il y a parfois de gros écarts. C’est-à-dire que bien souvent, les réglementations sont respectées, mais elles sont inadaptées à leur usage. D’une manière, il faudrait vérifier et valider les différents cas pour pouvoir les utiliser sans difficulté ou sans être empêché de les utiliser. Comme l’illustre l’image en haut, il suffit d’un très léger écart pour que les accès soient inaccessibles.

Ce mémoire sera donc l’occasion pour moi de retravailler ces notions de mobilité, d’accessibilité et bien évidemment d’inclusion que l’on voit fleurir un peu partout comme si les choses étaient enfin réglées.

 

=> La loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées »

https://www.20minutes.fr/societe/1537391-20150211-loi-handicap-bilan-amer-dix-ans-apres-vote

Une ville juste est-elle possible ?

Une approche de la pauvreté à travers le logement

par Amandine Wartel

Depuis plus de 15 ans les gouvernements et leurs politiques d’une « ville sociale » (nous pouvons par exemple citer la loi Borloo ou encore récemment la loi Elan) ont échoué à faire diminuer la pauvreté, et l’on même aggravé; or globalement les pauvres sont en ville.

On compte 5 millions de logements sociaux(1) en France, il n’y en a jamais eu autant. Pourtant nous nous trouvons dans une « crise du logement » depuis une vingtaine d’années. Engorgées, saturées, les villes deviennent de plus en plus inaccessibles. Le parc du logement social insuffisant conduit les plus précaires à s’éloigner de plus en plus des centres, s’excluant chaque jour un peu plus.

 

Toulouse, métropole de l’Occitanie n’échappe pas à cette règle. Avec un taux de pauvreté de 18,6 % et un taux de chômage de 17,6 %(2), la ville rose abrite 73.000 pauvres(3). Cela fait d’elle la 3ème métropole hébergeant le plus de pauvres en France, après Paris et Marseille. La question de l’évolution du parc social se pose donc afin de perdurer et redonner une forme de mixité à cette dernière.

Toulouse compte douze Quartiers Prioritaires de la Ville. La construction massive dans ces lieux entre les années 1950-1989 où pas loin de 21.132 logements sociaux ont vu le jour pose aujourd’hui des questions de rénovations et de réhabilitations. Par la suite, l’essoufflement de ces hébergements pour les personnes à faibles revenus, entre les années 1989-2010, ont amené les politiciens à prendre des mesures afin de garantir un minimum de construction de logements sociaux. Malgré 12.573 bâtiments réalisés depuis 2010, ce parc reste insuffisant et pas loin de 14.800 personnes étaient toujours dans l’attente dans logements fin 2019.

 

 

« Dans le grand théâtre de la métropole, les injustices sociales se révèlent toujours plus sous la forme d’injustices spatiales. ». La Ville des Riches et la Ville des Pauvres : Urbanisme et Inégalites – Bernardo Secchi

(1) Insee 2018
(2) L’estimation des volumes et de la répartition des populations pauvres est réalisée par croisement entre les taux de pauvreté (données Insee), la population fiscale de 2013, les populations fiscales par critéres socio – démographiques issues des données de revenus fiscaux de 2011 et la population par type de ménage issue du recensement au 1er janvier 2013.
(3) Insee 2016

La recherche en archives numérisées

Maison de Maurice Archambaud en 1936, © Google Maps 2020

De chez soi, il est possible d’accéder aux archives numérisées d’un grand nombre d’établissements, comme des musées, des bibliothèques ou des archives municipales et départementales. Lorsque l’on travaille sur la ville, l’accès aux archives départementales peut nous être utile, comme par exemple, dans le cas des recherches des personnes.

Les registres d’Etat-civil conservent des données précieuses lorsque l’on souhaite faire la généalogie d’une famille. L’acte de naissance nous permet de connaître, selon l’époque, l’adresse de la résidence des parents, ainsi que les noms, l’âge et la profession des parents. En outre, l’acte peut comporter en mention marginal des annotations comme un mariage, un divorce et le lieu et la date du décès.

Les actes d’Etat-civil concernent également les actes de mariage et les actes de décès. De mon point de vue, c’est l’acte de mariage qui donne le plus d’informations, puisqu’il permet d’avoir les noms, prénoms, date de naissance, profession et adresse des parents des mariés. Cependant, il est difficile à trouver si n ne connait pas précisément la date du mariage.

L’acte de décès donne peu d’information, hormis le lieu et la date du décès. Il est souvent recopié en mention marginale sur l’acte de naissance, ce qui évite une recherche supplémentaire (mais pas toujours). Mais l’acte en lui-même renvoie à une date précise. Lorsque l’on ne connaît pas de date précise, on doit d’abord rechercher sur des tables décennales où sont enregistrées tous les actes, classés par Naissance, Mariage ou Décès (NMD) par ordre alphabétique et par période de dix ans.

Dans le cadre d’une recherche sur un grand coureur cycliste, Maurice Archambaud pour ne pas le nommer, je suis partie d’articles de presse diffusés sur Gallica, et des sources fournies par Google. Le site Wikipedia donne pour date de naissance le 30 août 1908 à Paris 14ème. L’année a été corrigée car il était indiqué 1906, comme on peut le voir sur d’autres sites. Pour vérifier cela, j’ai utilisé la table décennale du 14ème arrondissement de Paris.

Par bonheur, nous trouvons également le nom et la date d’une certaine Marguerite, née plus tôt et que nous supposons être sa sœur. Une vérification sera nécessaire directement à partir de l’acte de naissance.

8ème ligne lire : Archambaud Maurice Georges 1 septembre 1908

Dans les registres de l’Etat-civil, nous allons voir à la date du 1 septembre 1908 qui correspond au jour de déclaration de la naissance. Le père de Maurice, qui s’appelle Georges, a trois jours pour venir déclarer la naissance. Sur l’acte, c’est bien la date du 30 août qui est écrite.

Une bonne vue et de la patience sont des atouts nécessaires et utiles. La page des actes de naissances au 30 août 1908

L’acte de Maurice Archambaud se trouve en bas à droite. Il faut noter également que pour la ville de Paris, les actes sont répartis en deux volumes, numérotés pairs et impairs, ce qui multiplie les recherches, et les espoirs.

Acte de naissance de Maurice Archambaud, registre d’Etat-Civil du 14ème arrondissement de Paris

Voilà l’intérêt des mentions marginales, car nous y apprenons deux mariages, le divorce et le décès. Avec un peu de patience, parfois de chance et d’obstination, on arrive à construire un arbre généalogique qui, dans mon cas, me sert dans la négociation d’informations plus récentes avec un des fils encore vivant.

Extrait de l’arbre généalogique de la branche Archambaud, © NJ 2020

J’ai procédé de la même façon pour récupérer les informations sur ses deux femmes, Réjane Belval et Lydie Briant, à partir des actes de mariage. Comme il s’agit d’un personnage illustre, champion du record du monde de vitesse en novembre 1937, il est facile de recouper ces informations avec d’autres types d’archives, notamment celles du journal L’Auto ou le Miroir des sports que l’on trouve sur Gallica.

Pour arriver à la photo du pavillon de Clamart qui est présenté en première illustration, j’ai dû balayer le registre du recensement de 1936 de Clamart, en espérant trouver parmi les milliers d’habitants, le nom d’Archambaud.

Registre du recensement de 1936, page 130. Noter qu’il y a trois registres.

En haut de la page, nous avons le nom de la rue, et le numéro à gauche correspond au numéro de la maison. Les informations correspondent : nous avons bien Maurice né en 1908 et Réjane née en 1911 à Lille, une information qui, par ailleurs sera donné dans la presse au moment du mariage.

Tour de France 1937, Lille-Charleville, 1er juillet, Maurice Archambaud (à dr., équipe de France) vainqueur de l’étape et Robert Godard (Individuel français) arrivée deuxième [K274787] BNF-Gallica 2020
Ce travail qui peut paraître long n’est qu’une étape de cette recherche qui porte sur les valeurs mises en avant à travers la presse écrite pour qualifier l’épreuve de la course cycliste. Par là même on obtient une idéologie de l’abnégation, de la souffrance, de la ténacité, et de tous ces qualificatifs qui font du coureur cycliste et du sportif de compétition en général, un être extra-ordinaire.

Recherche en cours…

 

Chroniques d’un printemps perdu (1)

© Marine Pradon 2020

 

A Toulouse, Fer à Cheval, vendredi 20 mars 2020

par Marine Pradon

Aujourd’hui, je sens que la nature reprend ses droits. Le cosmos rétablit l’ordre des choses, il nous met en garde.

Enfermée depuis 4 jours maintenant, dans 17m2, je trouve un réconfort qui m’était jusqu’à présent inconnu. Bien que la solitude ne soit pas une habitude pour moi, je prends le temps de regarder par la fenêtre. La vue est dégagée, je vois au loin qu’il n’y a aucun nuage. Le chant des oiseaux, et le vent qui fait crépiter les feuilles sont les seuls bruits que j’entends, mère Nature qui se réveille ? Ou est-ce plutôt moi qui enfin écoute ce que jusqu’ici je n’entendais pas ? Tout est plus calme, tout est plus tranquille. J’ai pris le temps ces 4 derniers jours de lire un livre. Ce livre je l’ai traîné partout avec moi depuis deux ans, il m’accompagnait dans des voyages fous à l’autre bout du monde, au Pérou, en Bolivie, à Chicago.

Et pourtant je ne l’avais jamais ouvert. Vous savez pourquoi ? Parce que chaque minute était comptée, que le temps était toujours à autre chose. Le rythme de nos vies bouscule tout. Je me souviens alors d’un livre que j’ai lu il y a déjà bien 7 ans. La guérison du monde de Frédéric Lenoir. Bien que le discours soit alarmiste sur notre situation, nous disant que notre monde est malade, il nous conduit pourtant à voir qu’il y a des voies de guérison, une autre logique que celle quantitative et mercantile. Il plaide une redécouverte des grandes valeurs universelles : la vérité, la justice, le respect, la liberté, l’amour, la beauté. Il nous fait également part dans ce livre d’une réflexion, qui me semble doit entrer dans nos consciences, la conscience collective. A l’époque de nos grands-parents, les personnes se mariaient jeunes, la plupart d’entre elles ne connaissaient qu’une fois l’amour. Elles ne déménageaient que 1 ou 2 fois dans leur vie.

Aujourd’hui, nous nous marions, puis divorçons, peut-être plusieurs fois même. Quand je me rends compte qu’à 22 ans j’ai déjà déménagé 11 fois, je sens que quelque chose cloche. A l’heure où la terre s’est considérablement rétrécie, quand il ne nous faut pas plus de 6 heures pour rejoindre New York. Aujourd’hui nous retrouvons le temps, comme infini, que nous avons cru perdre et jamais retrouver. Ce temps on doit le saisir, et calmer le jeu. Cette pause imposée est une bénédiction, une respiration qui fait battre notre cœur plus grand. Hier soir j’ai vu une solidarité qui m’a émue. La nuit venait de tomber, j’ai alors passé la tête par la fenêtre. Toutes les lumières face à moi étaient allumées. C’est alors que j’ai aperçu des centaines de silhouettes au bord de leurs fenêtres et de leurs balcons. Dans un tumulte d’applaudissements qui faisait vibrer la ville entière, j’ai souri.

© Marine Pradon 2020

A Toulouse, Fer à Cheval, Lundi 23 mars 2020

Aujourd’hui je me réveille avec un mal de crâne colossal. Les allergies ont eu raison de moi. Évidemment en ces temps de confinement, apre?s e?tre passée au travers de l’épidémie du covid-19 (je crois), ce sont les allergies qui frappent à ma porte. Ce matin, j’ai pris des nouvelles de ma mère. Elle est si forte. Ma maman est infirmière. Tous les soirs elle part travailler à l’hôpital ; elle enfile sa tenue, son masque, ses gants et elle veille toute la nuit sur les patients de cardiologie. Récemment certains lits ont été réservés pour les patients souffrant de la pandémie qui ravage le monde en ce moment. Et vous savez, j’ai peur. J’ai peur toute seule dans mes 17m2 que ma mère soit infectée à 700 kilomètres de moi et que je ne puisse rien y faire. Hier je suis allée faire les courses et je suis indignée. Je n’avais pas mis le pied dehors depuis 6 jours car je n’en avais pas la nécessité. Mais les frigos étudiants ne sont pas extensibles. Alors hier, je suis partie, attestation dans la poche, acheter quelques légumes. On était dimanche, et j’ai croisé tout un tas de personnes faisant leur jogging, traversant le pont Saint-Michel à vélo, en voiture les fenêtres grandes ouvertes. Et là je suis restée quelques secondes dans le flou. C’était un dimanche comme un autre au final. Les gens continuaient leurs vies. Et je suis indignée. Quelles satisfactions tous ces gens retirent-ils de défier les paroles d’un politique, quelles que soient leurs aspirations ? Quelles satisfactions tirent-ils à braver les règles, tandis que tant d’autres s’efforcent d’endiguer cette pandémie et restent chez eux, confinés, comme prescrit ?

Les soignants nous mettent en garde tous les jours. Ils se tuent à la tâche et demandent sans cesse au gouvernement de renforcer les mesures. Et ma maman, elle est de ces gens-là. C’est ma maman, et je ne veux pas qu’elle fasse partie des victimes, ça non. Alors je reste chez moi, comme elle me le dit. Je lui écris tous les soirs avant qu’elle parte travailler. Je lui dis que je l’aime et de faire bien attention. Et du mieux que je peux de ma petite personne, je reste confinée pour ma maman et pour tous les autres, tous ceux qui sont là à faire en sorte que notre confinement ne soit pas un enfer. On ne manque de rien, en tout cas je ne manque de rien, et merci à tous ceux qui ont permis cela. Il n’y aura sûrement pas assez de ligne pour les citer tous. Mais aujourd’hui, j’ai envie de crier à celui qui se balade sans raison qu’il a tort et qu’il est égoïste. J’ai envie aussi de crier à ceux qui nous aident un grand merci. Et ces applaudissements, chaque soir, sont la preuve que la solidarité existe encore. C’est le cri de solidarité d’une ville que j’entends tous les soirs à 20h et qui me fait du bien.

buy windows 11 pro test ediyorum