Portrait du mois : Suemin, une Coréenne en Afrique…

Le 20 mai 2017 // Suemin – Sébastien

J’ai rencontré Suemin à la médiathèque où elle venait travailler très régulièrement. Aujourd’hui, elle est venue m’annoncer que son séjour en France se terminait, qu’elle allait rentrer chez elle… en Corée ? Oui, quelques jours, mais surtout en Afrique, au Rwanda ! Cette spécialiste des programmes de santé dans les pays en développement travaille en effet depuis de nombreuses années comme chef de projet dans divers pays africains de la région des grands lacs (Rwanda, Burundi, Congo, Malawi…). Comment une Coréenne est-elle devenue une nomade des temps modernes ? C’est ce qu’elle m’a raconté…

Après ses études en Corée, Suemin a pu aller aux États-Unis pour y obtenir un master en Santé public et comme elle désirait travailler pour des ONG, elle y a ajouté un second diplôme en Relations internationales, le tout en anglais évidemment ! Elle a également effectué un séjour au Mexique où l’apprentissage de l’espagnol l’aide maintenant pour celui du français.

C’est avec ce bagage, cette expérience et tout son courage, qu’elle est partie travailler et vivre dans divers pays de la région des grands lacs (Rwanda, Burundi, Congo, Malawi…). Toujours mandatée par une ONG, elle participe à la mise en place d’un programme de santé en soutien à un ministère de la santé de tel ou tel pays. Certaines maladies contagieuses – comme le sida qui touche beaucoup de personnes en Afrique – sont bien connues mais c’est moins vrai d’autres maladies touchant les yeux comme le trachome qui atteint d’abord la paupière puis, en l’absence de traitement, provoque des « lésions cornéennes irréversibles pouvant mener à la cécité. » (source : Wikipédia).

Source image : site de la fondation Heart to Heart : http://www.heart-heart.org/eng/
Source image : site de la fondation Heart to Heart : http://www.heart-heart.org/eng/

Avec ses nombreuses missions dans plusieurs pays africains, Suemin a désormais un regard nuancé sur le rôle des ONG dans ces pays. Car s’il est vrai que, ponctuellement, elles peuvent contribuer à limiter les défauts, le manque de moyen des systèmes de santé, elles n’ont que peu d’influence sur les carences structurelles de ces pays. Selon elle, le premier problème est celui de l’organisation des ressources (matérielles et humaines). Le clientélisme, la corruption, le manque de management, tout cela réduit l’efficacité des politiques publiques.

Le dialogue entre les ONG et les ministères de ces pays n’est pas toujours facile, ces derniers gardant le contrôle de l’application de tel ou tel programme, du secteur géographique où il va prioritairement être déployé. Pour choisir entre deux ONG, la « politique des résultats » leur sert souvent de boussole unique : combien de médicaments distribués, combien de personnes soignantes, de personnes soignées. Cette vision quantitative (celle des chiffres) ne correspond pas toujours aux besoins réels des populations et à la mise en place de structures plus fiables (solides) à long terme. Cette mise en concurrence des ONG face aux donneurs d’ordre (décideurs) que sont les ministères de la santé, aboutit à ce que même les ONG jouent le jeu des chiffres.

Mais parfois aussi elles sont amenées à s’associer comme ce fut le cas au Malawi entre la grande ONG britannique Sightsavers et l’ONG sud-coréenne Heart to Heart dont Suemin est la directrice régionale pour l’Afrique. Ces deux ONG ont en effet réussi à collaborer pour un programme de traitement des personnes atteintes du trachome, la plus grande profitant ainsi de l’expertise acquise par la plus petite lors d’une campagne similaire en Tanzanie.

Alors, en dépit de toutes ces difficultés, j’aimerais savoir Suemin ce qui te donne cette force de continuer à croire dans une amélioration possible ?

Suemin : L’histoire de mon pays. J’ai vécu dans un pays, la Corée du sud qui, après la guerre, était très pauvre, on dirait un pays « sous-développé », et j’ai grandi en voyant les progrès dans la vie des gens. Aujourd’hui, la Corée est un pays riche. Toutes ces améliorations ont été possibles par la volonté et aussi parfois par la lutte.

Je vois des personnes se rassembler aujourd’hui sur la place de la République à Paris pour lutter contre le gouvernement mais nous en Corée faisons cela depuis longtemps. Il faut aller demander aux Coréens comment on fait pour mener une lutte sérieusement ! (Rires).

Je remercie chaleureusement Suemin d’avoir partagé avec nous ces expériences de vie et son énergie et je lui souhaite une bonne continuation comme citoyenne du monde !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

buy windows 11 pro test ediyorum