Ava, une adolescente en crise

Ava est une adolescente de 14 ans, inscrite en 4ème, issue d’un milieu social favorisé,  et qui incarne, pour les enseignants, ce qu’ils appellent « une élève difficile ». En effet, ses provocations et ses oppositions permanentes attaquent violemment le cadre scolaire et témoignent de soucis qui le dépassent largement.

Ava rencontre de grandes difficultés, tant au niveau du travail que du comportement.  

Si elle peut participer spontanément à l’oral de manière très pertinente, elle semble, en revanche, littéralement bloquée à l’écrit, ce que peut expliquer en partie la dyslexie pour laquelle elle est suivie depuis plusieurs années.

Ses résultats scolaires s’avèrent ainsi catastrophiques : elle ne parvient pas à se concentrer, ne note pas correctement le cours, ne fait pas le travail demandé et refuse souvent de composer, préférant rendre copie blanche plutôt que d’être évaluée.

Ava pose, par ailleurs, de nombreux problèmes de comportement. Elle ne respecte pas les règles de conduite élémentaires à suivre en classe, arrive en retard,  refuse de travailler, bavarde, se lève sans autorisation, met ses pieds sur la chaise, se maquille, embrasse son petit ami dans la salle de classe entre deux cours, etc.

Ava sollicite en effet constamment le regard de l’autre, le rendant témoin d’un comportement qui relèverait de l’intime. Elle extériorise aussi bien sa joie, son indignation, sa colère que sa tristesse, en passant d’un sentiment à l’autre avec une rapidité remarquable et remarquée.

Cette exubérance émotionnelle s’avère hautement problématique. D’une part, elle empêche Ava d’accéder à la stabilité nécessaire à la réalisation d’un travail régulier ; d’autre part, elle la pousse à rechercher les limites, ce qui la conduit à des passages à l’acte inacceptables (sorties de cours sans autorisation, insultes à l’encontre des élèves et des professeurs, confrontations physiques…). En dépit de manifestations de bonne volonté, Ava est donc sans cesse débordée par ses affects qui mettent à mal toute marge de progrès.

L’équipe éducative se trouve fort démunie face à ses attaques réitérées.

Les sanctions prises à son encontre semblent la laisser indifférente, « je m’en fous » constituant la réponse qu’elle donne invariablement aux adultes qui la réprimandent. Elle répète que les heures de retenue, les rapports et les exclusions ne lui font pas de « peine ». Elle semble ne saisir la sanction que dans sa dimension punitive, et nullement dans sa dimension éducative et réparatrice. De plus, bien qu’elle reconnaisse être incorrecte, elle dit n’éprouver aucun remords pour les actes qu’elle commet.

Les rencontres avec les parents permettent de dévoiler une situation familiale fortement toxique qui empêche Ava d’évoluer sereinement et qui annule en partie le discours encourageant tenu par l’école.

Divorcés depuis plusieurs années, ils entretiennent de très mauvais rapports, s’accusant réciproquement du comportement de leur fille et ne supportant pas de la voir en échec. Ava vit avec son père, professeur de français, qui dit ouvertement ne plus pouvoir s’occuper d’elle, la traitant de « nulle » et de « débile ». Elle refuse de séjourner chez sa mère, principale de collège, d’où elle a fugué pendant l’été. A la suite de cet épisode, un placement en foyer a d’ailleurs été recommandé par le psychologue qu’elle a rencontré, contrainte et forcée.

On comprend bien, à travers l’histoire d’Ava, que l’échec scolaire excède largement le rapport de l’élève à l’école. Dans le cas présent, celle-ci n’est que l’espace public où s’exprime un malaise personnel qui înhibe les capacités intellectuelles de l’adolescente et exacerbe son agressivité. Parce qu’elle ne maîtrise pas ses émotions, parce qu’elle ne parvient pas à intérioriser ni à gérer ses conflits, Ava se heurte de plein fouet aux adultes de la communauté éducative,  qui doivent cependant impérativement saisir qu’ils ne constituent une cible que par défaut.  

L’institution doit tenter, tant bien que mal, de maintenir un cadre contenant et cohérent dans les limites posées et dans le discours tenu, de manière à pouvoir aider cette jeune fille à sortir de l’échec et de la confusion dans lesquels elle est inscrite.

Ses conflits psychiques extériorisés constituent une forme d’appel à une aide qu’elle malmène mais qui ne doit pas lui être refusée. Les amitiés fusionnelles et les relations amoureuses qu’elle multiplie avec les jeunes de son âge, témoignent d’ailleurs d’une profonde demande d’amour et d’une recherche, par le biais du collage, d’un renforcement de son moi fragilisé .

Le décrochage scolaire d’Ava dépasse, par conséquent,  la responsabilité du collège dont les règles et le rythme ne correspondent pas au temps qu’elle demande pour évoluer.  L’école doit résister à la tentation de l’exclusion définitive, pour ne pas reproduire le rejet familial pathogène qui la fige dans une image dégradée d’elle-même et qui l’oblige à se battre seule, avec une énergie qui invalide momentanément tout investissement intellectuel.

Il est évidemment fort dommage que les collèges et lycées n’offrent pas des espaces d’écoute aux jeunes qui, comme Ava, auraient besoin d’un lieu et d’un temps pour élaborer des conflits psychiques qui les empêchent de réussir. Il serait en outre souhaitable que les adultes, enseignants et parents confondus, parviennent à prendre du recul face à l’échec et aux conflits, qu’ils évitent d’accabler l’adolescent en faisant de lui le seul responsable, et qu’ils puissent entendre qu’ils ont peut-être, eux aussi, un travail à faire pour pouvoir l’aider à se construire.

Nathalie Anton

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