Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Archive for décembre, 2018

Blog 29

Ceci est un complément à la page 121 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

 

Un dispositif pour mettre en avant les réussites : Le mur de la fierté

 

Après la disparition de la classe de 3e d’insertion, l’équipe du collège d’une des auteures a proposé la constitution d’une classe expérimentale dite de « remotivation ». Celle-ci était suivie par la Mission d’appui aux expérimentations de l’académie de Versailles, CARDIE maintenant. Cette classe était ouverte aux élèves de niveau très fragile ayant besoin de reprendre confiance en eux sur la base du volontariat et demande de la famille.

Les causes du décrochage étant diverses, l’équipe a proposé plusieurs dispositifs de manière à concerner un maximum d’élèves de cette classe.

L’une des idées consistait à valoriser les réussites en les affichant comme cela se fait dans certains cours[1]. Les élèves s’en sont tout de suite emparés. Ils ont choisi le nom : le Mur de la fierté.

[1] Merci pour l’idée à Christine Vallin, aux Rencontres du CRAP à Sainte-Affrique en 2011

Chaque élève dispose d’une pochette plastique tenant au mur par de la « patafix » avec une étiquette portant son prénom sur l’un des murs de la salle de classe du professeur principal et y glisse les objets scolaires sources de fierté et selon son choix. On y trouve des maths, de l’histoire, de l’anglais, du français, la fiche d’évaluation de l’oral de stage, des sciences physiques …

Chaque élève est libre d’y mettre ou non des documents, ceux-ci portent des bonnes notes mais aussi montrent les progrès.

Voici quelques paroles d’élèves :

« Je suis fière de mes notes, même si elles ne sont pas toutes bonnes »

« Cela m’a apporté plus de fierté, on peut avoir de bonnes notes »

« J’ai vu que cette classe peut faire mieux car nous avons de la capacité, j’ai ressenti de l’émotion »

« En voyant mes bonnes notes, ça me motive, c’est bien »

« Ça m’a apporté un soutien pour mieux travailler »

« Il m’a donné l’envie de travailler plus car je suis capable d’avoir de bonnes notes »

La classe de 3e de Remotivation n’existe plus mais le dispositif reste proposé aux élèves de la classe dont l’auteure est la professeure principale. Cette année, une petite innovation a été apportée. La professeure a demandé cette fois à ses élèves de faire des étiquettes sous forme d’acrostiches les décrivant. Les objectifs étaient de leur permettre de faire connaissance, de s’approprier les pochettes. De plus, cela a permis aux quelques nouveaux élèves de cette classe de 3e de s’intégrer plus rapidement.

Tout au long de l’année, comme le mur de la fierté est en accès libre, on voit des élèves se lever pour aller déposer une nouvelle copie dans leur pochette. Un petit mot de félicitation les accompagne alors.

En fin d’année, seules trois pochettes sont restées vides. Les élèves concernés n’ont pas de difficultés particulières et ne ressentent sans doute pas le besoin de montrer leurs réussites.

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Blog 28

Ceci est un complément à la page 106 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Le niveau auquel on évalue

 Quelle différence faites-vous entre ces deux consignes relevées dans un sujet de français :

  • « Quels sont les deux temps utilisés dans ce texte ? Relevez-les et justifiez leur emploi. (2 points) »
  • « Dans le geste de Roger (premier paragraphe), montrez ce qui a provoqué la colère de Gabrielle. (0,5 point) »

Quelle est celle qui a le plus haut degré de difficulté ?

 

C’est à ce sujet qu’après la seconde Guerre Mondiale, le gouvernement fédéral américain a confié à Benjamin Bloom[1] une recherche sur la pertinence des examens pour les étudiants d’université. Ce psychologue américain (1913-1999), spécialisé en pédagogie, a donc dirigé un groupe de psychologues à l’université de Chicago.

Cette recherche a débouché en 1956 sur « une hiérarchie de comportements intellectuels qui facilitent l’apprentissage et favorisent la maîtrise des concepts »[2]. Elle s’appelle la taxonomie des objectifs cognitifs de Bloom. Elle est traduite en français en 1969. Elle est liée au courant du behaviorisme qui correspond à la conception de l’apprentissage dite pédagogie par objectif (PPO).

La taxonomie est étymologiquement une loi de classement. Il s’agit donc ici de la hiérarchie entre les différents types de questionnements lors d’une évaluation. Elle ne fixe pas une hiérarchie entre les méthodes d’apprentissage. Chaque individu a un fonctionnement différent pour ce faire.

 

La taxonomie de B. Bloom

Niveau 1 : Mémoriser

Au sens strict : mémoire lexicale

Se constituer un vivier de connaissances par l’apprentissage par cœur

Faire resurgir, réciter comme un perroquet, chanter en japonais sans connaitre la langue

Niveau 2 : Comprendre

Au niveau le plus élémentaire

Pour la tester, on donne le matériau : exercices à trou, exercices sous forme de question vrai/faux ou exercices à modèles

Niveau 3 : Appliquer

Nécessite une lacune à combler

3 temps : identifier la situation, trouver l’abstraction (règle, propriété, définition, …), l’appliquer correctement au problème posé

Niveau 4 : Analyser

Extraire d’une situation complexe ou décomposer une situation en sous situations et les hiérarchiser

Niveau 5 : Synthétiser

Réunir les éléments pour former un tout (ex rédaction)

Production d’œuvre personnelle, de plan d’action, généralisations en mathématiques, …

Niveau 6 : Évaluer ou imaginer

Formuler des jugements, établir des critères, comparer des œuvres, …

Travailler sur la rigueur et la cohérence

 

Toujours d‘après Benjamin Bloom, les trois premiers niveaux forment le stade de la connaissance et les trois derniers le stade de la maitrise.

Revenons à nos exemples de départ.

  • « Quels sont les deux temps utilisés dans ce texte ? Relevez-les et justifiez leur emploi. (2 points) » ; niveau compréhension puis application.
  • « Dans le geste de Roger (premier paragraphe), montrez ce qui a provoqué la colère de Gabrielle. (0,5 point) » ; niveau analyse.

 

Une première remarque, les verbes utilisés étant des traductions littérales de l’anglais, ils prêtent à interprétation. En particulier le dernier « Évaluer » qui parle plutôt d’esprit critique et de créativité. De même, la mémorisation est ici lexicale, elle ne correspond pas à une mémorisation de compréhension qui est faite des liens avec ce qui est déjà connu.

Cécile Delannoy[4] ajoute maintenant un niveau intermédiaire entre les niveaux 1 et 2 qui est « Automatiser ».

 

Cette hiérarchie n’existe pas entre les niveaux 4 et 5. En effet, on est ici dans le fonctionnement individuel. Pour certains d’entre nous l’analyse est plus facile alors que pour les autres c’est la synthèse qui le sera. Le travail scolaire permet de travailler les deux niveaux donc à un stade assez élevé d’études, nous sommes autant capables de l’un que de l’autre.

Un petit test, utilisé en formation, permet de le vérifier en stage.

« Que voyez-vous dans ce dessin ? » :

A la question, les stagiaires donnent deux types de réponse :

Réponse 1 : une montagne, une tente, un triangle, un bec de canard vu avec une narine, un chapeau de clown, une pyramide …

Réponse 2 : une montagne avec un homme en bas, une tente avec l’entrée, deux segments avec un point, un chapeau de clown avec le nez, l’entrée d’une pyramide …

Au premier regard, certains ont une image synthétique de la globalité alors que les autres voient les éléments qui la composent et sont sur le niveau analyse. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Mais on peut penser que chaque professeur a tendance à demander à ses élèves ce qui lui semble le plus naturel ou à l’inverse ce qui lui semble le plus difficile … de plus, il peut aussi éprouver des difficultés à comprendre les erreurs des élèves qui sont les plus éloignés de sa manière de fonctionner. Il faut alors faire attention aux jugements abusifs.

 

Que peut-on utiliser pour mieux maitriser le niveau des consignes posées aux élèves ?

Pour évaluer, le professeur a besoin d’observer la production de l’élève. Celle-ci est déclenchée par un verbe d’action. En contre-exemple, la consigne « Trouvez les axes de symétries de figures géométriques » ne permet pas cette observation. Un élève qui dit ou écrit « J’ai trouvé » a-t-il réussi ce que la consigne demandait ? La réponse est embarrassante. En toute honnêteté, il faudrait répondre oui alors qu’il est impossible de savoir ce qu’il a effectivement trouvé. Les consignes de ce type sont maintenant très rares et à la place, on trouve : « Écrire sous la figure combien elle a d’axes de symétrie et les tracer lorsque c’est possible ». Cette fois, les réponses sont observables et peuvent être évaluées.

On devrait donc pouvoir repérer le niveau de difficulté d’une consigne aux verbes d‘action utilisés. Certains classent directement les actions dans le niveau taxonomique correspondant. C’est le cas de :

  • « Réciter le théorème de Pythagore » ou « Écrire la date de la bataille de Marignan » pour le niveau 1.
  • « Calculer la longueur AB en utilisant le théorème de Pythagore » ou la même question sans indication de la propriété à utiliser mais à la fin du chapitre la concernant. On est alors au niveau 3.

D’autres consignes impliquent de passer d’un niveau à l’autre. C’est le cas par exemple des études de document qui impliquent le niveau analyse suivi d’une rédaction de la réponse au niveau de la synthèse.

François Muller[5] propose sur son site un tableau pour identifier le niveau de complexité des objectifs pédagogiques. La richesse des différents niveaux à travailler avec les élèves est imposante.

Cette taxonomie permet de prendre conscience des exercices le plus souvent demandés à ses élèves et ainsi de s’obliger à varier pour que chacun puisse progresser sur tous les types d’exercices.

[1] Taxonomy of Educational Objectives, 1956, trad. : Taxonomie des objectifs pédagogiques, vol. 1 : Domaine cognitif, Presses de l’Université du Québec, 1975.

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Bloom

[3] Alain Lieury Cerveau & Psycho, n°41 S, 2010

[4] C. Delannoy, Une mémoire pour apprendre, Hachette éducation, 2007.

[5] http://francois.muller.free.fr/manuel/definirunobjectif/apports.htm

 

 

 

 

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