Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 29

Ceci est un complément à la page 121 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

 

Un dispositif pour mettre en avant les réussites : Le mur de la fierté

 

Après la disparition de la classe de 3e d’insertion, l’équipe du collège d’une des auteures a proposé la constitution d’une classe expérimentale dite de « remotivation ». Celle-ci était suivie par la Mission d’appui aux expérimentations de l’académie de Versailles, CARDIE maintenant. Cette classe était ouverte aux élèves de niveau très fragile ayant besoin de reprendre confiance en eux sur la base du volontariat et demande de la famille.

Les causes du décrochage étant diverses, l’équipe a proposé plusieurs dispositifs de manière à concerner un maximum d’élèves de cette classe.

L’une des idées consistait à valoriser les réussites en les affichant comme cela se fait dans certains cours[1]. Les élèves s’en sont tout de suite emparés. Ils ont choisi le nom : le Mur de la fierté.

[1] Merci pour l’idée à Christine Vallin, aux Rencontres du CRAP à Sainte-Affrique en 2011

Chaque élève dispose d’une pochette plastique tenant au mur par de la « patafix » avec une étiquette portant son prénom sur l’un des murs de la salle de classe du professeur principal et y glisse les objets scolaires sources de fierté et selon son choix. On y trouve des maths, de l’histoire, de l’anglais, du français, la fiche d’évaluation de l’oral de stage, des sciences physiques …

Chaque élève est libre d’y mettre ou non des documents, ceux-ci portent des bonnes notes mais aussi montrent les progrès.

Voici quelques paroles d’élèves :

« Je suis fière de mes notes, même si elles ne sont pas toutes bonnes »

« Cela m’a apporté plus de fierté, on peut avoir de bonnes notes »

« J’ai vu que cette classe peut faire mieux car nous avons de la capacité, j’ai ressenti de l’émotion »

« En voyant mes bonnes notes, ça me motive, c’est bien »

« Ça m’a apporté un soutien pour mieux travailler »

« Il m’a donné l’envie de travailler plus car je suis capable d’avoir de bonnes notes »

La classe de 3e de Remotivation n’existe plus mais le dispositif reste proposé aux élèves de la classe dont l’auteure est la professeure principale. Cette année, une petite innovation a été apportée. La professeure a demandé cette fois à ses élèves de faire des étiquettes sous forme d’acrostiches les décrivant. Les objectifs étaient de leur permettre de faire connaissance, de s’approprier les pochettes. De plus, cela a permis aux quelques nouveaux élèves de cette classe de 3e de s’intégrer plus rapidement.

Tout au long de l’année, comme le mur de la fierté est en accès libre, on voit des élèves se lever pour aller déposer une nouvelle copie dans leur pochette. Un petit mot de félicitation les accompagne alors.

En fin d’année, seules trois pochettes sont restées vides. Les élèves concernés n’ont pas de difficultés particulières et ne ressentent sans doute pas le besoin de montrer leurs réussites.

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Blog 3

Ceci est un complément à la page 19 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Des registres comme grille d’analyse

A partir de ces recherches, E. Bautier, A. Boulin et P. Rayou proposent une analyse[1] mettant en jeu des dimensions différentes et complémentaires qu’ils nomment les registres de l’apprentissage scolaire. Ils permettent d’en comprendre les enjeux, en particulier pour les élèves en difficultés scolaires.

Le registre cognitif relève des fonctions intellectuelles qui permettent d’apprendre, de réfléchir, d’élaborer, de construire.

Le deuxième registre est dit culturel, il est constitué de savoirs académiques et de connaissances générales sur le monde non réductibles à la sphère scolaire, mais donnant lieu tout autant à des classements et à des hiérarchisations.

Le troisième registre relève des composantes identitaires et symboliques en jeu, volontairement convoquées ou non par l’élève, liées à ce que l’accès à un savoir requiert et construit un certain type d’identité personnelle et relie à une communauté pour laquelle il vaut et à laquelle justement l’élève veut adhérer ou non, consciemment ou non

L’enquête montre une grande diversité de répartition de ces trois registres parmi les élèves. Il semble que lorsque ces registres sont bien équilibrés entre eux, l’apprentissage se fasse de manière fluide, en mode sans échec comme dit l’ordinateur. Les difficultés sont perçues comme inhérentes à l’apprentissage et l’élève, en faisant preuve de persévérance, va s’en sortir peu ou prou.

Ce qui pose problème, ce sont les individualités d’élèves pour lesquels ces registres sont déséquilibrés. Cette grille d’analyse peut permettre de comprendre en quoi certains dispositifs d’aide ne fonctionnent pas avec eux. C’est le cas notamment lorsqu’ils jouent sur un registre inapproprié par rapport aux problématiques que rencontre l’élève. Par exemple quand le dispositif relève du registre culturel, par exemple un atelier théâtre, mais que l’élève n’y voit qu’un moment agréable passé avec ses camarades sans faire le lien avec des textes étudiés en classe. Pour d’autres, le troisième registre soutenu cette année-là par une équipe pédagogique à l’écoute et congruente, va permettre la réussite du jeune dans le registre cognitif.

 

Un exemple d’expérimentation : 3e de remotivation

Cette expérimentation[2] a été proposée à la suite d’un constat : l’année précédente avait été marquée par un fort pourcentage d’élève de 3e désinvestis du travail scolaire et une vingtaine d’élèves du même profil était signalée par les équipes de professeurs des classes de 4e. S’y ajoutait la suppression de la classe de 3e d’insertion, ce qui permettait de disposer d’une équipe de professeurs volontaires, habitués à travailler en collaboration et face à des élèves en grande difficulté. L’équipe administrative et pédagogique a décidé de monter un projet de classe pour ces élèves. Les efforts ont porté sur la prévention du décrochage et le travail scolaire des élèves de manière à ce qu’ils puissent obtenir une orientation choisie. La maîtrise du socle commun et le Diplôme national du brevet étant visés également à ce titre.

Cette classe était une 3e générale dans laquelle les horaires étaient le mêmes que les autres 3e. Elle a concerné une vingtaine d’élèves chaque année.

Les causes de démobilisation étant multiples, l’idée était de proposer des projets d’ordres variés de manière à toucher le plus d’élèves possibles. L’auteure dirait maintenant travailler sur les trois registres.

–          Cinq journées de découverte des métiers et d’entreprises au premier trimestre.

Elles ont été construites avec l’association de bénévoles retraités AGIRabcd[3], qui fait partie de la Réussite Educative de la ville de Trappes. L’objectif était, en plus des découvertes, de donner la possibilité de faire des stages dans des entreprises qui auraient été difficilement accessibles et d’essayer de se projeter dans d’autres métiers que le commerce.

Les bénévoles de l’association proposaient des possibilités de visites d’entreprises grâce à leurs réseaux personnels. Ils se sont mis à disposition avec leur voiture pour emmener des petits groupes de 3 ou 4 élèves (jusqu’à six pour la SNCF) et pour les cinq journées.

–          Stage de deux semaines au deuxième trimestre

–          Présentation orale du stage

Elle avait lieu devant un jury comprenant un membre de l’association AGIRabcd, et était également prise en compte pour l’évaluation d’items du socle.

–          Stage facultatif d’une semaine au troisième trimestre

–          Présence des élèves au conseil de classe du 2e trimestre

Chaque élève était présent au moment concernant leur cas.

Le conseil de classe était précédé d’un entretien[4] individuel de préparation avec le professeur principal et un membre de l’association AGIRabcd.

–          Travail autour de la connaissance et de la présentation de soi

–          Le mur de la fierté[5] 

Chaque élève avait une pochette plastique à son prénom sur l’un des murs de la salle de classe du professeur principal et y glissait les objets scolaires de fierté et selon son choix.

–          Projet en atelier arts-plastiques

–          Des ateliers pour travailler autrement[6]

Proposés par trois professeurs, en tiers de classe, choisis sur des compétences à améliorer ou des thèmes qui les intéressent.

–          Un atelier de mobilité

En mini-groupes, chacun devait se rendre, dans une demi-journée en début d’année, sur un lieu de formation (lycée ou CFA) avec déplacement en train, bus et à pied. Chaque groupe était encadré par un professeur et/ou un membre de l’association AGIRabcd.

–          Sortie de début d’année

–          Projet de sortie organisée par les élèves

Les élèves se renseignaient par petits groupes sur des sorties possibles (contraintes de coût et de date) et présentaient le résultat de leurs recherches à la classe. Celle-ci votait et le projet choisi était organisé avec le soutien du professeur principal.

–          Formation aux premiers secours (PSC1)

Titre : les différents projets proposés en 3e de Remotivation

Une concertation était prévue environ une fois par mois pour un bilan et l’avancée des projets. Suivant l’ordre du jour et la disponibilité de chacun, elle était ouverte aux professeurs, au CPE, au chef d’établissement, à tout membre de la communauté éducative et bien sûr aux bénévoles de l’association.

Un bilan a été proposé à la MAE (Mission d’appui à l’expérimentation, devenue CARDIE) chaque année avec les indicateurs choisis, tant quantitatifs que qualitatifs comme des questionnaires aux élèves, familles, professeurs.

Au bout de trois années de fonctionnement, il a été décidé de proposer plusieurs de ces de dispositifs à toutes les classes de 3e. Certains perdurent encore dans l’établissement.

 

Ce n’est bien sûr pas un modèle mais un exemple de ce qui peut être fait, à relativement bas coût. Cela a donné aux élèves concernés la possibilité de ne pas décrocher, d’obtenir une orientation moins imposée. Et pour ceux qui sont revenus voir leurs anciens professeurs au collège, une poursuite d’étude pour certains inespérée. En témoigne cet élève se présentant devant son ancien professeur principal en lui disant « Vous ne devinerez jamais ce que je fais maintenant … : comme vous ! je viens d’être engagé comme professeur ». Après une classe de BEP, il a obtenu un Bac professionnel suivi d’une licence professionnelle. On ne saura jamais l’impact réel de cette classe sur son parcours, mais ce qui est observable, c’est qu’effectivement, il n’a pas décroché en 3e, et que son orientation lui convenait.

[1] Dans Qu’est-ce qui soutient les élèves, Dispositifs et mobilisation dans divers établissements scolaires ; Coordination AM Benhayoun IFé ; Les registres de l’apprentissage scolaire E. Bautier, A. Boulin, P. Rayou

[2] Collège Le village, Trappes (78) de la rentrée 2011 pendant trois ans, expérimentation suivie par la Misson d’appui aux expérimentations de l’académie de versailles

 

[3] http://www.agirabcd.org/

[4] Dispositif décrit dans la partie 3, chapitre 5.

[5] Dispositif décrit dans la partie 3, chapitre 2.

[6] Dispositif décrit dans la partie 2, chapitre 4.

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