1. L’éducation populaire ne vise pas seulement la conscientisation, mais également la transformation sociale.

1.2. Il existe deux types de transformation sociale :

– les alternatives : elle se situe plutôt du côté de l’économie sociale et solidaires. Leur modèle est le mouvement coopératif.

– les actions conflictuelles : elle s’appuie sur des pratiques d’action directe. Leur modèle est le syndicalisme.

2. L’éducation populaire ne peut pas se réduire à du community organising. Ce dernier peut être considéré comme un ensemble de techniques d’action directe non-violente qui vise à faire pression sur une cible qui détient du pouvoir pour obtenir une revendication.

2.1. Mais si le community organising se limite à des techniques, il peut tout à fait être utiliser comme technique par des groupes et des mouvements d’extrême droite.

2.2. L’éducation populaire ne poursuit pas uniquement et avant tout un but d’efficacité. Certes l’éducation populaire vise à toucher le plus largement les populations socialement opprimées et à favoriser une transformation sociale. Mais elle ne peut pas mettre de côté une visée d’éducation et d’émancipation intellectuelle.

3. L’éducation populaire doit s’appuyer sur les sciences sociales critiques.

3.1. Les sciences sociales critiques s’appuient sur des enquêtes empiriques. Elles se distinguent des discours complotistes de l’extrême droite.

3.2. Lorsque les gouvernements critiquent le lien entre éducation populaire et sciences sociales critiques (comme par exemple l’intersectionnalité), ils favorisent le développement au sein de la population du complotisme. En effet, ils favorisent le développement d’une confusion entre les recherches scientifiques et les discours simplement idéologiques.

4. L’action directe culturelle est une forme d’action directe non violente qui constitue à la fois une action d’éducation populaire conscientisante et qui vise une action de transformation sociale.

4.1. L’action directe culturelle n’est pas nécessairement désobéissante. Elle vise à développer les capacités de chacun et de chacune à la dissidence. La zone de dissidence est celle de l’action directe non-violente légale. C’est par exemple le type d’action directe qui est mise en œuvre par le syndicalisme.

4.2. L’action directe culturelle n’est pas un spectacle ou une représentation. L’action directe culturelle attaque une cible qui a du pouvoir. Cela peut être par exemple le détournement d’une marque afin de nuire à l’image de marque d’une entreprise.

5. L’action directe culturelle s’appuie sur la recherche-créa’action. Elle prend la forme d’une action créative qui peut utiliser les ressources des pratiques artistiques.

5.1. On trouve des éléments d’action directe culturelle par exemple dans l’artivisme développé par le « Laboratoire d’imagination insurrectionnelle ».

5.2. Néanmoins l’approche du laboratoire était tourné vers la désobéissance et non pas la dissidence, de même il était tourné uniquement vers l’action, et non pas la conscientisation.

6. La formation des professionnels/elles de l’éducation populaire ne doit pas se limiter à la démocratisation culturelle. Elle doit viser la conscientisation et l’action directe culturelle.

6.1. Il est courant en France de prendre comme modèle (ex : le community organising) ou comme repoussoir (ex : le wokisme), les Etats-Unis.

6.2. Mais le Canada propose l’exemple de l’action communautaire avec une tradition qui s’appuie à la fois sur l’éducation populaire et l’action directe conflictuelle. L’Ontario aussi bien que le Quebec ont reconnu la notion de « racisme systémique » dans leur droit entre autres en lien avec la situation des peuples autochotones.

6.3. Le modèle du community organising pose problème dans le contexte français car la plupart des structures n’ont pas l’indépendance financière pour aller vers l’action conflictuelle.

6.4. Le modèle économique appuyé sur les fondations privées, qui est celui de l’entrepreneuriat social, impose une logique basée sur l’efficience avec une évaluation par les preuves.

6.5. L’action directe culturelle peut permettre à travers une action culturelle de mettre en œuvre une conscientisation et une action conflictuelle. Mais l’action directe culturelle ne se présente pas avant tout comme une action conflictuelle, mais comme une action culturelle.

6.6. La censure de l’action directe culturelle relève la véritable nature d’un régime politique. Jim Jordan parle de « l’art comme bouclier ».