1. Facteurs de la souffrance sociale

La souffrance psychique peut être divisée en deux parties, même s’il n’est pas possible de les distinguer totalement, les troubles psychiques et la souffrance psychologique réactionnelle.

La souffrance psychologique réactionnelle trouve son origine dans des conditions sociales (« déterminants sociaux ») et dans des évènements de vie : évènements potentiellement traumatiques, évènements de vie critiques… On constate ainsi une variabilité socio-historique de la prévalence de problèmes anxio-dépressifs.

Il n’est néanmoins pas possible de complètement distinguer ces deux facteurs. La positionnalité sociale d’une personne peut la confronter davantage à certains évènements de vie : la précarité économique expose davantage au chômage, le sexe féminin à des violences sexuelles ect…

A l’inverse, les compétences psychosociales individuelles ont un poids statistique moindre dans les souffrances psychiques que les facteurs sociaux et les évènements de vie. Les facteurs biologiques peuvent avoir un poids plus spécifique dans les troubles mentaux (ex : schizophrénie, bipolarités, dépressions chroniques…)

2. Souffrance sociale et éducation populaire

Or il existe une tendance à psychologiser la souffrance sociale. Cela se traduit par le fait que l’on va chercher à agir sur l’individu plutôt que sur la situation sociale, voire même à nier le poids des facteurs sociaux dans la souffrance psychique de la personne.

Il existe, entre autres au Quebec, avec l’intervention féministe ou les ressources alternatives en santé mentale, une réflexion sur le fait que ce type de souffrance sociale devrait être pris en charge non pas avant tout par une psychothérapie individuelle, mais par des pratiques d’éducation populaire collectives.

Ces pratiques reposent sur plusieurs dimensions :

– mises en commun des expériences de souffrances sociales pour prendre conscience qu’il ne s’agit pas d’un vécu individuel, mais d’un vécu collectif.

– pratiques de conscientisation qui visent à prendre conscience des déterminants sociaux de la souffrance psychique et de leurs liens avec les rapports sociaux de pouvoir dans la société (inégalités sociales, discriminations sociales ect…).

Ces pratiques de psycho-éducation populaire peuvent être rapprochées du reframing (recadrage) en thérapie systèmique.

– pratiques collectives de démythification des idées oppressives intériorisées (« flics dans la tête »).

Ces pratiques de psycho-éducation populaire peuvent être rapprochées des pratiques de restructuration cognitives en TCC.

– renforce de l’estime sociale du groupe: déconstruction du stigmate social, retournement du stigmate social…

– des pratiques d’empowerment qui visent à explorer les possibles d’une situation pour pouvoir agir sur la situation.

Ces pratiques peuvent être rapprochées des approches en thérapie humanistes-existentielles qui sont tournées vers l’action ici et maintenant orientée vers le futur en lien avec des valeurs.

Les pratiques d’éducation populaire visent en particulier à sortir les personnes de leur isolement social et à développer des pratiques d’entre-aide (soutien social) qui se caractérisent spécialement par un engagement pour la défense des droits collectifs : droits des personnes pauvres, droits des femmes, droits des personnes LGBT, droits des personnes racisées ect…

Ces différents groupes sont en effet plus à risques de vivre des situations de souffrances sociales.